Par Jean-Claude Boyer Calcutta, le 19 mai 1985. Mon séjour de trois mois et demi en Inde s’achéve. Le trajet du centre-ville 4 l’aéroport, 1 heure de bus, cotite 5 cents. Achat des derniéres cartes postales-souve- nirs et paiement de la taxe de départ (6.$). Je ne garderai en devises indiennes que quelques billets et de la menue monnaie pour mes neveux collectionneurs. ‘Le préposé au change me remet 8.$ américains pour les 110 roupies qu'il me reste. Encore une bonne heure d’attente avant de m’envoler vers Chittagong (Bangladesh) . Je me mets en quéte de piéces de monnaie, a la fois anciennes et bien conservées. La banque en a peu alors que le magasin de revues et les boutiques n’en ont pas du tout. La poste, en revanche, en a une pleine boite dans laquelle on me permet de fouiller. Je prends bien mon temps. Je vais ensuite chercher -mon sac a dos a la consigne. Le préposé m ‘invite a lui donner mes impressions sur l’Inde. Nous bavardons avec . enthousiasme lorsque, tout a coup, je me rends compte qu'il est déja 15h55: mon avion part dans 20 minutes. En me précipitant vers le comptoir d’Air India, j‘essaie en vain de me rappeler un seul départ en Inde qui n’ait pas été retardé. Dieu merci, je n’ai pas a attendre, et pour cause. On m’envoie d’abord au comptoir de l’Immigration. L’agent a du mal a trouver le formulaire d’usage. Je n’ai pas fini d’écrire mon nom qu'il demande a voir ma carte d’embarquement : je n’en ai pas. « Vous ne Vavez. pas? Mazs le bureau est maintenant ferme! » Il s‘empresse d’ajouter qu'on m’en donnera une. quand méme. Jaccours donc au Boarding Card Office. Quelques employésm’y accuedl- lent avec des too late. J‘insiste : « L' Immigration m’a dit que vous fertez exception. » On riposte : « Ce nest pas de ses affaires. » Jinsiste de- plus. belle : «Je ne peux pas prendre le prochain avion [dans trots jours] : mon visa arrive a terme aujourd’huz et des amts m/’attendent ce soir a - Chittagong.» « Retournez a U’Immigration. » Jy cours. Je demande 4 l’agent s'il peut venir avec moi. au Boarding Card Office. « Cela ne nous concerne sur lequel j’ai déja griffonné mon nom. Le bon Indien relit le tout sans se presser, retracant ici et la quelques lettres. Pendant ce temps, un autre agent me demande si j'ai encore des roupies. Ma réponse négative le Récit d’un tour du monde S aE | ell aad et Shee pas, » me répond-il. « Why are you late? - No reason. » Je sens sourdre en moi des vibrations volcaniques. Je me précipite de nouveau vers l'autre bureau. Un employé me demande pourquoi je suis en retard. « No time to explain. I’m Sorry.» Et je dramatise la situation : « J‘az été drogué. On m'a volé mon passeport et mon argent. Des amts m’attendent a Chittagong pour*me secourtr. » Les employés se mettent a parler entre eux dans je ne sais quelle langue. On finit par s’en remettre a un grand maigre qui me demande, cinglant : you late? » Je me contente de le dévisager, le regard en feu : j'ai enfin compris qu’ils pensaient me soutirer de l’argent. « Vous devez dabord aller payer la taxe de départ, » ajoute-t-il aprés un bref silence. Je lui montre mon regu. Ses gestes nonchalants m’exas- pérent. Il me donne enfin ma carte d’embarquement. Retour a l’Immigration, trans- portant toujours mes sacs au dos et en bandouliére. L’agent, cette fois, m’affirme qu'il est trop tard, que tout est fermé. Je lui présente quand méme et ma carte et mon passeport, ouvert. a la page estampillée par le Haut-Gommis- sariat bangladeshi a-Calcutta. « Ow est votre visa? Ceci n'est pas un visa, Vous avez besoin d’un autre document.-» Je lui déplie alors le papier demandé et je remplis en cursive le formulaire « Why are_ rend presque agressif : « Donnez- lui quelque chose. N%mporte quot. Vous devez lut donner quelque chose, » me dit-il en désignant son collégue. Je reste ~ interdit. J’ai les nerfs en boule. Je suis sur le point de cracher des flammes. Me voici maintenant au comptoir d’enregistrement des bagages. « Too late, » me dit-on. C'est le comble! Les préposés échangent quelques mots que je ne comprends pas, en me regardant de travers. L’un d’eux déclare que je devrai monter 4 bord avec mes sacs. Un autre m'interroge : « Vous avez des devises tndtennes? - Non. Des dollars américains? - Out, 8.$. - Seulement 8.$? » Je ne donne ni réplique ni bakchich. « Trans- portez-vous une arme? - Non. - Un couteau? - Non. - Vous avez lair nerveux. Calmez-vous, Vavion n'est pas partt. Ouvrez vos bagages.» Jouvre les -neuf fermetures éclair de mes deux sacs qu'il ne touche cependant pas, sauf mon rasoir électrique et mon appareil-photo qu'il tatonne avec curiosité. I] est 16h15, Vheure du départ. Je passe alors le dispositif de sécurité - qui ne fonctionne plus - pour me diriger vers un groupe en attente. Me rendant compte que ces voyageurs ne vont pas @ Chittagong, je déboule l'escalier qui méne vers la seule: sortie possible. Je devance de justesse une dame 4gée; elle monte la derniére, péniblement, dans le bus bondé. Je remarque, a travers les sueurs qui m’aveuglent, l’air étonné des gens devant mon sac a dos bombé. M’asseoir enfin confortable- ment prés d’un hublot : plaisir indicible! Une hétesse me remet un formulaire d’entrée au Bangladesh, et je lui demande de bien vouloir m’apporter un verre d’eau, et un deuxiéme, puis un troisiéme. Je suis en nage. Mon formulaire, 4 moitié rempli d’une main tremblante, est imbibé de sueur . (La tablette elle-méme dégoutte.) L’hétesse m’en appor- te un autre que je glisse dans mon sac du bout des doigts. Suit une délicieuse collation qui com- prend, entre autres, une petite boite de cachous. On me sert un jus d’orange. J’ose en demander un deuxiéme aprés avoir installé mon baladeur { Walkman] pour écouter des divertissements de Mozart. Ce vol, de Calcutta au sud du Bangladesh, durera une heure. Les multiples méandres qui sillonnent a perte de vue ce pays plat me fascinent. La splendeur du panorama et l’exubérance du divin Mozart ont tdét fait de me détendre comme si je sortais d’un sauna. J’en oublie mon petit drame éphémére pour m’assou- pir un moment sur les ailes du réve. ais ae ‘ z. AS La sécurité en mer, il y a deux fagons de l'apprendre. Il est toujours possible de faire son apprentissage en se heurtant a la dure réalité, mais il y a une autre fagon beaucoup plus facile, qui consiste a suivre des cours avancés de sécurité nautique. Ces cours peuvent vous sauver la vie. Des professionnels donnent une formation de base, avancée ou de recyclage en techniques de survie, de sauvetage, de lutte contre l'incendie et de via i oe ee! ae ee 1 | Oui, j’ is en savoir di tage sur les cours | | avancés de sécurité nautique offerts dans ma région. | | Garde cétiére canadienne | | 224, Esplanade ouest, Vancouver nord (C.-B.) V7M 3J7 | | Nom | [4s | | Localité | | Province | | Code postal | (Se ee ee RS 4 premiers soins. Si la navigation est votre gagne- pain, ces cours vous apprendront des choses qui vous resteront pour la vie. Certains de ces cours sont gratuits et ils se donnent a intervalles fréquents, dans toutes les régions du pays. Pour en savoir davantage sur Ce que vous ignorez de Ia navigation pourrait vous codter la vie! ceux qui sont offerts dans votre région, remplissez le coupon ci-contre et retournez-le a la Garde cétiére canadienne. 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