4, TELE-SOLEIL. Vendredi 22 Juillet 1977 PULSION Dans un monde oii le travail est devenu une corvée pour trop de gens, il est récon- fortant de rencontrer quelqu’un qui nous dise que, pour lui, tra-_ vailler n'est pas travailler. C'est ce qu‘affirme Pierre Lé- tourneau, §auteur-compositeur bien connu. En quinze ans, il a enregistré neuf microsillons, il Ss on a «J’ai voulu écrire des chan- sons chez moi puis aller les chanter devant le plus de mon- de possible. Mais je n‘ai jamais pensé réussir ma carriére.» En I'écoutant parler, on se rend compte qu'il désire davan- tage partager et communiquer que décrocher le plus grand succes ou jouir d'une grande _ Pierre Létourneau a fait de |'animation a la radio et a la télévision et il a joué dans quelques films. Mais tou- tes ces activités, il les a faites par plaisir plus que par obliga- tion ou par ambition. Reflets d’un pays Dans le cadre de la série quo- tidienne Reflets d'un pays, il sera question des entreprises d'autogestion, a |'émission du _ lundi 25 juillet & 13 h 35. Ca- mille Gauthier a rencontré pour vous des responsables de quel- ques entreprises d'autogestion et de coopératives qui existent dans l'Est du Québec, entre au- tres Les Imprimeurs associés de Rimouski et une coopérative de pécheurs a Les Méchins. -Cette émission sera réalisée a Rimouski par Viateur Lavoie. L'émission du mardi 26 sera consacrée a la ville de Mataga- mi. Quatre personnes qui ont choisi d’habiter cette ville du Nord viendront expliquer’ les raisons de leur choix et les avantages qu’ils trouvent a vi- vre dans une ville neuve. Cette émission en provenance de Rouyn sera réalisée par Marcel F. Garneau. Dani@le Ouimet animera \’é- mission du mercredi 27 et nous présentera une ferme expéri- mentale de Lennoxville. Il sera: renommée. C’est sans doute la raison pour laquelle il n’a pas toujours bien planifié sa carrié- re. Mais aprés tant d’années, il en arrive aujourd'hui @ compren- dre que cela peut étre une né- cessité. «Je veux planifier un peu plus la concrétisation de La chanson, comme tous les autres domaines de la création, n'apporte pas souvent la sécu- rité. Mais Pierre Létourneau n'est pas un inquiet ni un grand angoissé. «Je pense que je sau- rai toujours quoi faire de mes énergies», dit-il. Sans savoir a l'avance ce qu'il fera ni com- bien il gagnera, Ht continue sans trop s'en faire pour l'avenir. En- tre l’animation, les tournées, l'enregistrement d'un microsil- lon ou la création de nouvelles chansons, il avoue qu'il vit’com- me il a envie de-vivre. Il n'y a donc pas a s’étonner de le voir si détendu et souriant. En sa présence, on pourrait croire que l'anxiété est un produit de |'i- magination et le stress, une ma- ladie bizarre. On se prend a pen- ser que si chacun vivait exacte- ment comme il le veut, on ver- rait un peu moins de visages crispés. Pierre Létourneau est aussi un gfand réveur; il peut facile- ment donner |'impression qu'il est dans les nuages. Conscient de cette tendance qu'il a a vi- vre davantage dans son monde intérieur que dans la réalité, il sent le besoin de bien se si- tuer dans le monde, d’en garder le contact et d’y participer en mes chansons sans pour au- tant avoir |’appétit de devenir une super-star.» Avant tout, il aime le monde de la chanson. C'est d'ailleurs pour cette rai- son que le travail d’animateur lui plait. En présentant les chan- sons des autres, comme il fait a Pulsion, ij] se retrouve encore dans son univers. Et bien qu'il s'agisse d'un travail, ce n’est pas comme ga qu'il le vit. «C'est un état d’esprit, dit-il, une dis- ponibilité pour parler au mon- de.» tant qu’individu. Cet été, les téléspectateurs peuvent le voir animer Pulsion, une nouvelle émission, a la chai- ne francaise de Radio-Canada. Cette série regroupe douze jeu- nes chanteurs qui ont été choi- sis dans tous les coins du Ca- nada. Dix de ces artistes sont des auteurs-compositeurs et tous se sont déja fait connaitre dans leur région. Ils ont fait un disque et des spectacles mais n'ont jamais eu la chance de se faire entendre par un vaste au- ditoire. Ces jeunes représentent en quelque sorte la nouvelle gé- nération de chansonniers et on peut prévoir que certains d’en- tre eux seront de futurs Fer- land ou Vigneault ou Michel. Les émissions de cette série ont été enregistrées a |’Odéon Y faut pas le dire! Dans la série le Son des Fran- cais d’Amérique, réalisée pour Radio-Canada par André Gladu et Michel Brault, les téléspecta- teurs ne devraient pas manquer l'un des plus dramatiques docu- mentaires portant sur les Aca- diens, Y faut pas le dire, qui sera présenté le lundi 25 juillet a 22 heures. Mais qu’est-ce donc qu'il ne faut pas dire? C’est que les Acadiens de Tracadie se sen- tent mourir et croient conjurer le destin par une conspiration du silence. Et c'est ce silence que André Gladu et Michel Brault ont écrit en images. Non pas le silence qu'impose |’igno- rance des situations, mais celui beaucoup plus grand, beaucoup plus éloquent de la lucidité et qu'on appelle stoicisme. Les Aca- " diens désespérent de sortir de la longue nuit de leur histoire. Car il ne semble pas que les enfants poursuivent la lutte de leurs péres. On assiste @ une soirée a Tracadie ou la jeunes- se est absente. Et ceux qui nous livrent les trésors du fol- klore acadien ont largement dé- passé la quarantaine. Le son des Acadiens est-il le glas de... chut! Y faudrait pas le dire. Tout au long de ce documen- taire’ intervient la folkloriste Charlotte Gormier qui vous dira des choses que tout Québécois devrait savoir. Et sur cette toile de fond dramatique, la féte con- tinue. Joseph Savoie, pécheur et bicheron, y va de sa chan- son a boire; Lazare Hébert nous raconte en chantant une mésa- venture amoureuse, tandis que Jérémie Hébert entonne une chanson dont le theme est une «bonne cuite». Les derniéres images de ce film sont d’un symbolisme a pei- ne voilé. On y voit Normand - Basque, de Sheila (N.-B.) exécu- ter la Derniére Gigue. Ce gi- gueux prend l'allure d'une espe- ce de marionnette vivante agi- tée par des ficelles usées et prétes a se Casser. _ L'excellent montage de ce do- cumentaire donne a l'ensemble des images un rythme et un élan soutenus qui les fixeront dans vos mémoires. question de l'implantation de cette ferme, de son historique, de ses principes et objectifs. Les téléspectateurs pourront voir comment fonctionne une ferme de ce type, parallélement Marjolaine Saint-Pierre a une ferme ordinaire. Peter In- gles est le réalisateur de cette émission qui nous parviendra de Sherbrooke. : Reflets d’un pays du jeudi 28 juillet vous aménera dans le comté de Témiscouata, a Jal, nouvelle municipalité fondée a la suite du regroupement de - trois petites villes. En compa- gnie de Denise Roussel, vous. découvrirez les essences Jal, une huile dont on se sert pour différents produits pharmaceu- tiques et qui est extraite des pointes de sapin, d’épinettes et autres coniféres. Vous visite- rez ensuite le centre écologique de Port-aux-Saumons. L’émission _se terminera par une visite a Riviére-Bleue, petite municipali- té située a la frontiére du Qué- bec et des Etats-Unis. Le mu- sée rustique que |’on vous fera voir vous rappellera la maniére de vivre des pionniers. Cette émission en provenance de Ri- viére-du-Loup sera réalisée par _ Claude Aubé. L'émission du vendredi 29 vous présentera le village de Saint-Victor, en Saskatchewan. Cette communauté entiérement francophone est aujourd'hui me- nacée par le départ de la com- pagnie d’assurance qui est pro- priétaire & 90% des_installa- tions du village. L’animatrice Marjolaine Saint-Pierre vous pré- sentera ensuite Jérome Béchard, cultivateur et inventeur. A lage de 65 ans, il a été invité par les Russes et Jes Chinois pour leur faire part de ses connaissances. Cette émission sera réalisée a Winnipeg par Martin Cloutier et Léo Foucault. Daniéle Ouimet © Une fenétre sur le monde vous amenera au Ceylan, le di- manche 24 juillet 4 14 heures. Dans l’ile de Sri Lanka (autre- fois Ceylan), vous assisterez & l'entrainement que suit un gar- con de douze ans pour devenir cornac. Geren de l'Université d’Ottawa ot la réalisatrice Maryse Bourdeau a choisi de réunir les artistes. Cette initiative a provoqué de multiples rencontres' en- tre les chansonniers qui ont pu ainsi voir les autres travailler. Pierre Létourneau les a pour sa part interviewés et il mise beau- coup sur plusieurs d’entre eux. Son incertitude majeure est que certains ne persévérent: pas dans un. métier connu pour étre difficile, surtout au début. Pulsion est diffusée le mardi soir 4 20 h 30. Aprés avoir ap- plaudi Daniel Lavoie, Raymonde Breault, Yvon Pépin, Lyne La- pierre, Louise Bernier, Marcel Tanguay, Suzanne Jeanson et le duo Jerry et Ziz, les téléspecta- teurs pourront voir et entendre, pour la derniére émission, le 26 juillet, Denise Guénette et Do- nat Lacroix, accompagnés d'un orchestre dirigé par Richard Grégoire. On aime beaucoup dire que le pays fourmille de talents,. mais on se donne pourtant trop rarement la peine de leur ac- corder |'attention dont ils au- raient besoin pour se dévelop- per. La série d’émissions Pul- sion remédie temporairement a ce probléme, en plus d’offrir des spectacles que le grand public -apprécie. TERRES ET MOISSONS Sous le titre /’'Aide, et sous le theme: «La Communauté internationale et son aide finan- ciére aux pays en voie de dé- veloppement», nous verrons, le jeudi 28 juillet 4 22 heures, la dixigme émission de la capti- vante série Terre et moissons, télévisée a Radio-Canada. D'éminents invités participe- ront a cette émission; ce sont: MM. David Hopper, président du Centre de. recherches en dé- veloppement international; Paul Gérin-Lajoie, ex-président de l’Agence canadienne de déve- -loppement international; Louis Sabourin, directeur de I'Institut de coopération internationale; Michel Dupuy, président de |'ACDI; Rolland Poirier, vice-pré- sident (conseillers -spéciaux), de |'ACDI, et Léopold Sedar Senghor, président du Sénégal. Depuis 1960, le Tiers monde a recu, des pays riches non com- munistes, la somme globale de 102 milliards de dollars, au cha- pitre de l'aide publique au déve- loppement. De ce montant, 49 milliards ont été distribués par les Etats-Unis, 15 milliards par la France, 9 milliards par |’Al- lemagne et 3.7 milliards par le Canada. Il faut rappeler que l'objectif des Nations Unies pour l'aide au développement — est de 0.7% du produit national brut des pays contributeurs, et que quelques pays seulement ont atteint cet objectif, dont le — Canada. Quant aux Etats-Unis, sa contribution est depuis quel- que temps moins généreuse. Au cours de l’émission on vi- sitera, dans divers pays en voie de développement, quelques projets d'aide d'organismes tels que |’ACDI, la FAO, Je CRDI. Il sera également question, entre autres, de la contribution de la Banque mondiale qui investit dans de multiples domaines dont l’agriculture; de l'aide de fondations privées, telle la Roc- kefeller Foundation, qui ont joué un réle déterminant dans la Ré- - volution verte. Recherche et textes: Gustave Larocque. et Frangois Dallaire; narrateur: Yvon Leblanc; réali- . sateur:. Jean-Guy Landry, .