12, Le Soleil de Colombie, 25 octobre 1974 le ventilateur office de la ‘anave. francaise aa EXTRAIT DU "CANADIAN FORUM". ENVOYE PAR Léon HURVITZ «++. Approximativement 80% des textes venant de l’étranger parviennent (sc. & la presse anglophone du Canada) des services a- méricains. Pour les quoti- diens frangais, la majorité de ces nouvelles (54%) sont . de source francaise. La vision du monde d’un canadien anglais est donc définitivement trés diffé- rente de celle d’un canadien frangais. . «Cette variation entre Anglais et Francais ne touche cependant pas la radio et la télévision. Ici, les média francais, com- me les anglais, dépendent vraiment de sources amé- ricaines. Parce qu’il n’y a pas de service de produc- tion francais, les média de diffusion (radio, TV) sont™ forces de se servir d’é- missions traduites de l’an- glais, ce quiélimine bien souvent la force de frappe d’une telle émission dans l’actualité puisqu’elle ne parvient que bien plus tard au réseau francais. Donc, par le truchement de la télévision, les Cana- diens-frangais voient le monde par les yeux des E- tats-Unis, en n’écoutant que les traductions des versions originales améri- ‘ caines. Bureau 383-3242 PIERRE’S J=NTERPRISES LTD. ENTREPRENEUR GENERAL 2414 rue Mowat, VICTORIA C.B. d J Res. 598-1763 LA PHOTO Quoi de plus beau que de vous sentir libre de vous é- lancer a la limite de vos i- dées et peut-étre plus loin encore. Un appareil S.R. 35mm. avec ses optiques variées met fin 4 toute attache con- ventionnelle créée par 1]’il- lusion optique. Chosir un sujet, peu im- porte que ce soit une per- sonne, un animal, une fleur etc. . .et prendre alors un point de repére. Depuis cette position, changer vos OPTIQUES et dugrandAn- gle, lenormalet le télé- photo, vous vous rendrez par Lucien’ BELLIN : compte que vous avez la trois photographies bien différences; de plus, l’an- gle de vue vis-a-vis du su- ‘jet vous donne une variante et si, A cela, vous jouez a- vec les filtres pour la satu- ration des couleurs, il est facile de constater que seul ~ le ciel peut arréter votre i- Magination. Transcrire tout cela con- crétement, sur papier, vaut bien toutes vos manipula- tions photographiques. De- _ venez créateur Avos heu- res, a l’échelle de vos pen- sées. elo coin de foffice de la langue francaise O OuUsS mien V direz tant ‘par Louis-Paul Béguin Les boissons de société 3) Le thé J’ai gardé pour la fin la boisson sociale par excel- lence: le thé. Dans un de ses films, le grand comique américain, Danny Kaye, - déguisé en homme du mon- de, prend le thé chez une lady de la haute société? - **Du thé’’, demande la da- me - Un doigt, répond Danny, trés humain. Du lait. - Un nuage’’. ‘‘Du sucre - Un soupgon’’ con- tinue Danny. La dame lui tend la tasse. ‘‘Merci, je n’en bois jamais’’, conclut le comique. Autrement dit, le fait de participer 4 la cérémonie du thé, ‘‘revue’’ par les Anglais, mais née en Ex- tréme-Orient, était plus satisfaisant, en lui-méme, que le fait de boire la tas- se préparée. Ce quiest ré- vélateur du ‘‘rdle social’ du thé dans le monde. C’est incontestablement la boisson la plus bue. En Asie, en Amérique et en Europe, y compris la Rus- sie, on boit du thé. Onl’ai- me. fort, vert, noir, avec du sucre, sans sucre, avec ou sans lait. Quin’a jamais bu de thé. Ma foi, il me semble. que tout le monde a dégusté cette infusion blon- de et pale que 1’on prépare de nos jours, 6 sacrilége, 4 partir de petits SA- CHETS qu’on appelle chez nous, incorrectement, des poches de thé. Les Russes ont leur SA- MOVAR et les_ Canadiens ont leur THEIERE. Les Chinois connaissaient et appréciaient déjA le thé dans l’antiquité. Un demi- dieu, Chen Nung, souverain aimé et craint, ordonne en 2737 av. J.-C. de faire bouillir l’eau par mesure d’hygiéne. Un jour od il procédait 4 cette opération, a l’ombre d’un arbre sau- vage, quelques feuilles de l’arbre tombérent dans I’ eau bouillante; Oh, mira- cle! Le résultat fut déli- cieux. L’ardéme, le goft de la boisson obtenue ra- virent le demi-dieu. L’ar- bre était un THEIJER. Le mot ‘thé’? vient d’un mot du dialecte d’Amoy qui se pronongait TAY. A Canton, on pronongait ‘‘chah’’ et le thé se répandit sous ce nom au Japon. La cérémo- nie du thé au Japon est, comme on le sait, d’origi- ne religieuse. Il existe un véritable culte du thé. En- suite, le thé devint une dis- traction fameuse et fitson entrée dans l’art et la poé- sie. Un poéte, Lu Yu, vi- vant au temps de la dynas- tie Tang a décrit l’histoi- re du thé et son idéalisa- tion qui imprégna les ci- vilisations chinoises et japonaises pendant des sié- cles. La préparation du thé fut parfois bien compliquée: on passait les feuilles 4lava- peur, on en faisait un ga- teau. Om mélangea méme, c’est la vérité, les feuilles de thé avec de la viande de chévre. “On a connu plus tard les routes du thé, qui mirent des civilisations en con- tact, car le thé était mé- _ changé contre des denrées, contre des chevaux et des fourrures. Des caravanes allant en Russie y amené- rent le thé de Mongolie. Au Japon, les prétres Zenré- pandinent l’usage du thé, pronant sa vertu. Il y eut plus tard des concours de thé. Il fallait deviner la provenance du thé servi 4 des invités. Ce jeu était la TACHA. Puis l?Occident se mit au thé. Marco Polo le ramena de ses voyages. En Angle- terre, le thé apparut dans le commerce en1657.I1 devait connaftre un succés fabu- leux qui dure encore .Mais lorsque 1’Angleterre frap- pa de taxes élevées le thé vendu aux colons améri- cains, ceux-ci se révolté- rent. Ils jetérent 4alamer, 4 Boston, la cargaison de thé (342 caisses) apportée par 3 navires anglais, le 16 décembre 1773. Ce fut la premiére journée révolu- ’ ne biscotte trempée dans du ‘tait 14, recapturé par sa tionnaire. Le thé entrait dans la politique. Depuis ce temps, les Américains ont bu plus de café que de thé. Celui que les Américains considérent comme le plus grand écrivain du XXe sié- cle, Marcel Proust, aimait le café, je l’ai dit. Mais, un jour de l’année 1909, le premier janvier je crois, alors que dehors la neige tombait et que Marcel, ren- tré tard, avait froid, sa bonne, Céline, (ce n’était . pas encore Céline Alba- ret) insista pour lui ser- vir du thé. Elle lui en ap- porta, avec quelques bis- cottes. Lorsque Marcel trempa sa biscotte dans le thé et la porta 4 ses lé- — vres, le goft du thé et du pain ramolli déclencha soudain tout un univers ou- blié. Le jardin de son grand-oncle lui apparut soudain, miraculeusement préservé par lasaveur d’u- thé. (La biscotte sera une. madeleine dans le livre de ~ Proust). Le temps perdué-. > mémoire. Dans son livre, — Proust deécrit le jardin se. -. déployant dans la tasse” ‘“‘comme des fleurs japo-. naises’’. C’est en France, pays | des amateurs de café, que l’on boit le moins de thé. Mais le the fut vraiment la boisson Me société au Canada depuis le XVIlé siécle. Alors qu’en France, on parle de CUILLERE A CAFE, ici, nous avons no- tre CUILLERE A THE. Si- gne de l’importance du thé dans notre pays. Les Anglais, lorsqu’ils arré- tent toute activité pour boi- re leur thé, continuent A leur fagon, la cérémonie © japonaise et formaliste du thé: le CHANOYU. Ce der- nier représentait l’harmo- nie et la paix avecsoi-méme et avec autrui. Toute une: philosophie contenue dans une tasse de thé. : SEGRERTSEE ae LIBRAIRIE FRANCAISE 3 " 1141 RUE DAVIE VANCOUVER 5, B.C as at ,