Le Moustique Volume 2 12° édition Décembre 1999 Page 10 | M O N O LOG U E ... Suite du mois de novembre «C'était un age difficile»... Je sentis la joie me submerger. Haletant d'excitation, les mains tremblantes d'impatience, je sortis de mon repére, agitant les bras au- dessus de la téte et essayant cependant de me contrdler afin de ne pas effrayer ces visiteurs tant attendus. Figée par la surprise, une énorme civette blanche, a taches et marbrures noires, me fixait de ses yeux brillants. Soudain, avec un crachotement rauque, elle fit un énorme bond sur place, puis disparut dans l'obscurité, laissant derriére elle une forte odeur de musc. Sale béte ! J'avais été trahi. Trahi dans mes espoirs les plus vifs. J'ai eu soudain le sentiment que plus rien ne se passerait désormais et suis rentré désappointé. J'y suis cependant retourné réguliérement les semaines suivantes et puis, progressivement, j'ai espacé mes visites. Le doute s'était installé. Le feu sacré s'était éteint. Pourtant, j'y avais cru avec ferveur. II est vrai qu'une chose étrange s'était passée quelques mois auparavant. A une époque ou l'on parlait énormément de soucoupes volantes, mon pére, un jour, était rentré a la maison tout agité et trés déconcerté. II en avait vu une en effet ou, a tout le moins, il avait été témoins d'un phénoméne étrange et inexplicable. Au-dessus de la cité africaine, un objet ovale ou ellipsoidal, était apparu subitement. Pendant un long moment, il avait vibré lentement au cceur d'un halo aux couleurs et ondoiements boréaux. Puis soudain, comme un éclair magnésien, il avait fuit vers I'horizon dans un silence insupportable. De la population africaine, d'abord tétanisée, avait monté une rumeur exprimant une angoisse profonde. Puis la folie l'avait gagnée. Hystériques, les Africains s'étaient mis a hurler et a s'échapper dans toutes les directions. Mon pére avait été beaucoup plus impressionné par tous ces visages africains, cendreux, marquées par l'épouvante, que par le phénoméne lui-méme. Cette réaction unanime conférait a l'événement une signification et une dimension intolérable. D'autant plus qu'aucune explication satisfaisante de l'incident n'avait été trouvée. De toute la journée, un ciel exceptionnellement clair, sans nuage ni poussiere, était resté vierge de tout accident météorologique et n'avait été traversé par aucun ballon sonde en maraude ou par aucun avion en difficulté. A cette époque ou l'on ne savait pas encore ce que spoutnik signifiait, il était raisonnable d'avancer que dans toute son acception scientifique, l'objet observé par des centaines, voire des milliers de personnes, était tout au plus un "objet volant non identifié". Ce qui était déja suffisamment inquiétant. Aux noirs affolés qui lui demandaient une explication, mon pére n'avait pas été capable d'élaborer davantage. Aussi, ne reconnaissant dans cette aventure aucune expression de leurs croyances animistes ni aucune marque liée aux pratiques des sorcelleries locales, la population se rassura en pensant qu'il s'agissait encore de quelques diableries de blancs qu'il était mieux d'ignorer. Si l'incident c'était rapidement effacé des mémoires, il m'avait fortement marqué et dans ma soif de comprendre, j'étais convaincu que ces étres extra-terrestres devaient détenir une plus grande sagesse que la nétre ou en tous les cas une plus grande connaissance. N'étaient-ils pas parvenus jusqu'a nous alors qu'a cette époque, nous nous élevions a peine au niveau de notre propre stratosphére ? Ces visiteurs devaient posséder les réponses a toutes mes questions. Ils devaient savoir s'il était exact que le monde avait un début et une fin