2, Le Solei de Colombie, 10 Septembre 1976 200 CONSEIL D'ADMINSITRATION A. Piolat J. Baillaut ~N. Therrien DIRECTEUR: André Piclat REDACTEUR: Marc Béliveau SECRETAIRE: Marguerite Batut MISE EN PAGE:Danielle Leclaire PHOTOGRA PHE: Yann Geoffroy OE PUBLEE. ‘PAR. LE SOLEIL DE ie sity DE $ANG RUE PEANCAISE E COLOMBIE ; BRITANIQUE MAIS A PART CA, MADAME LA MARQUISE, TOUT VA TRES BIEN... par Marc PILON (S.0.P.)—Avez-vous jeté un coup d’oeil sur les nouvelles, dans les journaux, ou 4 la télévision, ou encore avez-vous écouté les nouvelles a la radio récemment? II est encore surprenant que Ion retrouve des gens qui ne sont pas lit- téralement rendus malades par les nouvelles que Ion re- trouve chaque jour, en provenance.des quatre coins du monde. Tout d‘abord, dans certains continents I’on se rend compte qu’il survient une série de séismes, de cataclys- mes, de volcans, de tremblements de terre, des raz de ma- rées et d’autres événements exceptionnels. Pour certains individus, ces 6vénements, qui sont pourtant assez habi- tuels, surviennent avec une étonnante régularité, depuis quelques années; doit-on y chercher une explication par- ticuliére ou peut-on simplement supposer qu'il s‘agit la d‘un cycle que l'on retrouve 4 des périodes réguliéres, 4 chaque centaine d‘années? En plus évidemment, de. ces activités remarquables, du point de vue physique, lesquelles ont occasionnées des - centaines de milliers de morts (les tremblements de terre en Chine, et aux Philippines), il ne faut oublier des nom- breuses situations _militaires désastreuses dans certains pays. On sait que le Liban connait une véritable guerre ci- vile, depuis quelques mois; et dans d’autres parties du globe, I’on voit évidemment un nombre imposant de gens qui se battent continuellement. II suffit de considérer un globe terrestre, du genre de ceux que Ion trouvait a I6- cole, et d’y indiquer 4 chaque emplacement ou il y a des troubles majeurs pour se rendre compte que le globe est littéralement couvert de contlits, des batailles, des com- bats, dans certains continents, les pays ou la paix subsis- te se font de plus en plus rare. Malgré toutes ces difficultés fort Shave surtout dans les divers pays d‘Afrique, et ‘Asie, Ion se rend compte que ‘Amérique du Nord est encore un pays ou il existe encore des régions ou les gens peuvent vivre, sans avoir a porter des armes a la main continuellement. L’on nous dira qu‘il y a aux Etats-Unis et au Canada de nom- breux bandits armés, et un nombre considérable de meur- tres surviennent chaque jour. Cela est malheureusement vrai, mais malgré ces problémes, il convient de souligner, gu‘aux Etats-Unis, la vie, dans Il’ensemble est encore re- lativement calme; par ailleurs, c’est encore au Canada une l'on peut le mieux vivre. Quand on regarde le globe terrestre et que I’on cons- tate combien il y a de nombreux emplacements ou des combats armés se déroulent constamment, I’on peut avec raison, étre fier que le Canada est un pays ou les citoyens peuvent encore vivre en paix, malgré les difficultés que l'on y trouve. L‘on peut encore apprécier le calme dans ce pays, et ‘on vetrouve dans nos diverses provinces, et nos grandes villes, des situations exceptionnellement agréables.. Mais, la présence de quelques bandits, et de ces individus cra- puleux que I’on trouve dans toutes les grandes villes du Canada est encore _préférable 4 ces guerillas armés que l'on rencontre en Afrique et en Amérique Latine. 1/ est a souhaiter que le Canada, et toutes ces provinces conti- nuent de bénéficier de ce climat que l’on ne trouve plus que dans certains endroits privilégiés, du monde. ourquol les syndicats s’opposent | aux controles salariaux S parEd FINN Le mouvement syndical canadien estime’ que le programme fédéral de lut- te contre 1l’inflation etles restrictions qu’il compor- te, menacent sa_ survie; aussi, s’y oppose-t-il fa- rouchement. Son raisonnement est sim- ple. En imposant des limi- tes maximales aux salai- res et aux avantages so- ciaux qu’un syndicat. peut obtenir, le gouvernement a rendu toute véritable né- gociation collective im- possible. Or, étant donné que les syndicats ont pour fonction premiére de re- présenter et de défendre leurs adhérents 4 latable de négociation, leur enle- ver ce rdle amenuise con- sidérablement leur utili- té. La Commission de lutte contre l’inflation a expli- qué, dans une déclaration sur la rémunération émise au début de son mandat, qu’elle n’a pas 1’intention de se substituer au pro- cessus de négociation col- lective. Elle compte que les parties feront preuve de bonne foi dans leurs né- gociations en vue de con- clure des accords confor- mes aux lignes directri- ces. ; : L’absurdité °d’une déela- ration aussicontradictoire en elle-méme trahit | une méconnaissance totale du processus de la negocia- tion collective.. Aprés. a- voir pris connaissance de la loi anti-inflation, M. Stanley Hartt, avocat et médiateur chevronné, a fait cette remarque: ‘‘Lecon- tenu. en est si-peuréaliste qu’on serait porté Acroire qu’aucun spécialiste des relations dutravailn’a col- laboré a sa rédaction’’ Il] a souligné que la ‘‘né- gociation collective estun processus de concessions réciproques mettanten jeu différentes combinaisons de propositions et de com- promis entre les avanta- ges pécuniaires etnon pé- cuniaires’’. Comment les parties peuvent-elles, a- t-il demandé, aboutir 4 des compromis _intelli- gents quand elles demeu- rent dans |’incertitude en- gendrée par les _ lignes _ directrices. * D’ailleurs, le mot ‘‘in- certitude’’ décrit mal la Situation. Pour la dépein- dre plus fidélement, il faudrait parler de confu- sion ou méme-de chaos. La formule elle-méme prévoit un écart de 8 4 12% et exige un compliqué pour l’attribu- tion d’un chiffre équita- ble A chaque groupement de négociations. Elle ac- corde, en outre; &certains groupes, plusieurs exemp- tions . et ‘‘considérations spéciales’’, qui sont fonc- tion de l’époque 4 laquel- le leurs .contrats ont été négociés, de la date de la signature dela convention, calcul’ de l’importance des ac- cords conclus par le pas- sé et de leurs ‘‘relations historiques’’ avec les au- tres groupes. La grande majorité des syndicats pourront se pré- valoir d’une ou de ~-plu- sieurs de ces exemptions pour justifier, au moins 4A leur propre satisfaction, une augmentation qui cré- verait le plafond imposé par les lignes directrices. La clause concernant les relations historiques est particuliérement vague, é- tant donné que toutes les organisations syndicales, presque sans exception, déterminent leurs reven- dications -salariales par rapport aux normes. éta- blies par un autre syndi- cat. La Commission de lutte contre 1l’inflation a cepen- dant interprété cette clau- se et d’autres d’exemption de fagon trés étroite et les augmentations qu’elle a consenties ne dépas- sent pas, dans la plupart des cas, les lignes . di- rectrices que de quelques points procentuels. En ou- tre, alle a statué que la parité entre les groupe- ments ne pourrait 6tre at- teinte avant plusieurs an- nées. La rigueur apporteée” aux décisions. relatives’ aux augmentations desalaires, associée au fait que la Commission n’a pas su juguler une seule montee des prix pendant ses 3 premiers mois d’existen- ce, a renforcé, au sein des syndicats, -la con- viction que les restrictions leur sont exclusivement destinées - les. salaires devant 6tre tenus rigide- ment en laisse et les prix, les bénéfices, les loyers, les honoraires et autres formes de revenu ayant par contre, libre cours. Dans cette optiqu¢, les employeurs paraissent chargés d’exécuter le programme anti-syndical de l’Etat. Le hien-fondé de cette allegation importe relativement peu. Ce qui compte, c’est le fait que les syndicats croient que les pouvoirs les chefs d’entreprises se sont ligués contre eux, et qu’ils se débattent pour échapper 4 l’anéantisse- ment. Cette. crainte peut sem- bler quelque peu exagérée. Il faut cependant convenir de la disparité du traite- ment qui est appliqué en vertu des restrictions aux entreprises et aux syndi- cats. Dans le cas del’en- treprise moyenne, les af- faires se déroulent com- me d’hahitude. Au pis, les bénéfices pourront étre quelque peu diminués. Pour le syndicat, par contre, les régles du jeu ont subi des modifications . profondes. Son réle.principal, la né- gociation collective, s’en publics et est trouvé réduit a une formalité vide de sens. L’injustice d’une_ telle Situation devrait sauter aux yeux. Les prix sont fixés unilatéralement par le chef d’entreprise, qui n’est subordonné,, si tant est qu’il le soit, qu’aux seules contraintes de la Commission. Les salai- res, par contre, ne sont pas établis de fagon unilatérale par le syndicat, mais de facgon bilatérale par voie de négociation collective. Le syndicat bute donc, désor- mais,” sur deux sortes d’écucils - ccux qui vien- nent du patronat ct ceux qui viennent de la Commis- sion. Une victoire rem- portée au détriment du patronat, avec ou sans dé- brayage, risque d’étre an- nulée par la Commission et le sera fort probahble- ment si l’accord salarial déborde le cadre des _ li- genes directrices. Il ne serait pas. étonnant qu’un grand nombre — de travailleurs s’interrogent quant 4 la necessité d’a- voir encore des syndicats dé&iués de tout pouvoir. Sans doute. remettront-ils en question les recher- ches approfondies et. les programmes éducatifs que , le .mouvement — syndical a intégrés a la negocia- tion collective. De plus, la mise en 0eu- vre , des restrictions sa- lariales peut freiner les efforts déployés en vue du recrutement syndical. Quel motif pourrait inciter un travailleur non syndiqué -A adhérer a un syndicat limité par les lignes direc- trices, si ce n’est queson employeur lui accorde une somme encore plus déri- soire. Les syndicats of- frent, bien entendu, aux non-syndiqués, autre cho- se que la perspective de toucher une paye plus ron- delette; mais la question des salaires importe é- normement pour la part de ceux qui envisa- gent d’adhérer a unsyndi- cat. Aussi, peut-on dire que les restrictions ne peuvent que nuire aux ef- forts déployés en vue de la syndicalisation. Devant cette menace qui pése sur leur existence, les syndicats ont éprouvé, de fagon assez . .compré- hensible, des sentiments d’indignation et de dépit. ils se sont, toutefois, heur- tés a plusieurs obstacles dans la préparation de leur contre- offensive. Leur probléme principal, c’est que seuls les dirigeants Syndicaux saisissent clai- rement les dangers ins- titutionnels que présentent les restrictions. Le syn- diquée moyen, lui, n’entre- voit que la limitation pos- sible de sa prochaine aug- mentation salariale. - La Gazette du-Travail— pus wii Ens Seal SCD tT |