ES SYLVA 16— Le Soleil de Colombie, vendredi 15 juin 1984 La mort de Jean-Baptiste Goulet Suite de la page 1) Maillardville, il s'implique! dans les rouages du systéme! coopératif, considérant qu'une communauté franco-| colombienne humaine par son. essence, doit nécessairement jouir dans une large mesure,: d’un palier de liberté, d’auto- détermination dans l’organi- sation économique de ses pro- pres rapports. De 1951 a 1952, Jean- Baptiste Goulet préside aux destinées de la Caisse puis a la suite d'une crise intérieure, il en assure la gérance 14 années durant. La, il a cétoyé des grands noms du Conseil, Arthur Chéramy, président de la Fédération canadienne- francaise de la Colombie bri- tannique, Napoléon Gareau, Emmanuel Parent, Maurice Lizée, Sylvio Chabot, Georges Perron, Georges Ledet, etc. Il a participé a la fondation de cette F.C.F.C.B. A 58 ans, il ne connaitra pas le repos du guerrier. La, fai- blesse de notre systéme coo- pératif appliqué a nos caisses populaires (Maillardville et l’ex-Saint-Sacrement) réside dans le fait 2 i cest bien peu pour servir l’ensemble d’une communauté franco- colombienne dans notre vaste province, comptant 100 000 ames dit-on ... Un militant de la premiére heure, André Piolat, qui n’a pas l’esprit de corridor, mais bien l'oeil bionique, entrevo- yait déja et toujours la com- munauté franco-colombienne au dela du périmétre étriqué de notre métropole. Pour lui, Vhorizon doit étre plus loin- tain, la preuve, le périodique «L’Appel» de Maillardville, {1 lui a donné un successeur de taille, en lespéce «Le Soleil ». André Piolat ‘s'est donc porté a s’attacher a cet autre militant Jean-Baptiste Goulet, J.-B. (Jibé), de son surnom, qui €pousait ses vues dotées d’une certaine «universalité». Les deux se rendirent, en 1963, a Port-Alberni, ot il ya une forte concentration canadienne-francaise, mais une caisse anglaise Alberni District Credit-Union. II leur fallait une franco- colombienne, ce fut fait (Raymond Duquette, gérant) . Notre mal chronique sintégra, elle n’opéra que durant trois années, désaf- fection ou esprit de clocher, quoi d’autre? L’anglaise prit le dessus. Loin de se décourager, J.-B. Goulet et A. Piolat se lancent dans une autre ten- tative, entre 1973-1974, la Caisse populaire de Colombie, a Haney (District de Maple Ridge), acaractérelaique, ou de nombreux Canadiens- francais de Maillardville s‘étaient établis. J.-B. Goulet en assuma la gérance, faisant tous les jours le trajet Maillardville-Haney, dans sa. camionette, qu'il avait pour se rendre aussi a sa ferme de Ruskin (District de Whonok, vers Chilliwak), des légumes pour la nombreuse famille. Puis la désaffection chroni- que, liquidation. Une autre et derniére ten- tative du tandem J.-B. Goulet et André Piolat, le Crédit Franco-colombien, Avenue Brunette, une affaire com- merciale, avec Georges Ledet, Gérance, Mme Racine. Durée trois ans. Jean-Baptiste Goulet a recu la décoration de l’Ordre de la Fidélité francaise du Conseil de l’Amérique du Nord. Mis a VYhonneur au 25éme _ anni- versaire de la Caisse popu- laire de Maillardville, en méme temps que M. Arthur Chéramy et Uldéric Charpentier. Décédé au matin du 7 juin a l’h6pital, juste aprés la visite des siens qui ne s’attendaient pas a ce douloureux départ. Pour Maillardville et toute la communauté franco- colombienne, il a marqué une page de leur histoire et laisse un grand vide. Environ deux cents per- sonnes se sont données rendez-vous lundi 1] mai a léglise Notre-Dame de Lourdes, a Maillardville, pour assister aux funérailles d’un des Maillardvillois les plus actifs de ces quarante der- niéres années, Jean- Baptiste Goulet. Au son de la chorale des Echos du _ Pacifique, l'assemblée a €couté: lhomélie du ‘curé de la_ paroisse, Stan Fryteck, qui a souligné le courage de Jean-Baptiste Goulet qui «était fort dans ses principes et les défen- dai. Le pére Stan Fryteck était assisté du pére Lemire, de la paroisse Saint-Sacrement. Le temps fort de la messe fut le discours d’André Piolat, juge a la cour de la Citoyenneté et fondateur du Soleil de Colombie qui a rendu un Le cercueil de J.-B. Goulet est porté par ses plus anciens camarades. Ses funérailles hommage vibrant a celui quil a. bien © connu, lorsqu’il était gérant de la caisse populaire de Maillardville et plus tard (voir l’article d’alexandre Spagnolo). «Vous avez perdu un €poux et un pére, a dit André Piolat, en s'adressant a la famille de Jean-Baptiste Goulet, mais nous, nous avons perdu un ami et la langue fran- caise a perdu un de ses défenseurs les plus achar- ne», André Piolat a briéve- ment présenté l’oeuvre et surtout l’importance de Jean-Baptiste Goulet dans la communauté franco- phone... Il a souligné deux . mots : langue francaise et mouvement coopératif, qui étaient selon lui les deux choses auxquelles Jean-Baptiste Goulet tenait le plus. «Je me rappelle le travail qu'il a fourni, a- t-ifajouté, pour: -que la Ces lieutenants. Société bi-culturelle de Maillardville survive: et qu'elle puisse construire le foyer Maillard. Il n’était pas tout seul, mais une armée doit avoir un géné- ral et Jean-Baptiste était celui-la. C'est donc a ce général que deux cents personnes, parmi lesquels certains de ses plus vieux «lieutenants» ont rendu hommage lundi dernier. ont porté le cercueil et ils avaient leur place au pre- mier rang de l’église, tout a cété de la famille. Nous avons demandé a certains le souvenir ils garderont de Jean- Baptiste Goulet. °Georges Ledet : C’était une personne trés active et trés forte de personnali- té. Il aimait a se faire entendre. Je garderai le souvenir de quelqu’un qui était toujours 1a, 4a Maillardville. Que ce soit a la Fédération, a la Caisse populaire, ou dans la poli- tique. I] s'est toujours occupé de politique muni- cipale, provinciale, fédéra- le. Il était fort dans sa partie. eAimable Braconnier : C’était un gentil homme, il aurait pu donner sa che- mise, il l’a un peu donnée dailleurs. Un vrai mon- sieur. J'ai travaillé 4 Fraser Mills avec lui dans la main- tenance, C’était un homme trés fort, trés costaud. *Georges Perron ancien président de la caisse populaire. I] nous a bien aidés. Il a fait son possible, il a travaillé fort pour la caisse. On lui est reconnaissant pour tout ce quil a fait. J’étais son patron quand il était gérant de la caisse, on a eu des problémes, mais on s'est bien arrangé. eAlfred Roy : il était honnéte et __ intelligent. Monsieur Roy était trés ému et avait du mal a s‘exprimer lors de l’entre- vue. JF Fournel Ou Suite de la page 1 cié que le poste de Secré- taire général de |’ACFO soit transformé pour lui en direc- teur général (le mouvement inverse a été refusé a la derniére assemblée de la F.F.C.), qu’on parachute a la téte de lorganisation un Québécois et qu’enfin, on le paye 60000 dollars par anc Un peu d’ordre Interrogé par CBOF sur la facon dont il prend ces cri- tiques, Fernand Cilbert a répondu : «(...) Sila commu- nauté entretient les mémes exigences 4 mon égard qu’a l’égard de l’ensemble des francophones qui occupent, des postes dans la commu- nauté, certainement qu’on pourra faire avancer les en est Fernand Gilbert? débats et les dossiers de fagcon peut-étre un peu plus rapi- dec» En effet, 1’ ACFO est actuel- lement en pleine phase de restructuration et elle est res- tée plusieurs mois sans secré- taire général. Comme en Colombie britannique, Fernand Gilbert se présente donc avant tout comme un gestionnaire qui va. remettre un peu d’ordre. «(...) fe peux comprendre, a-t-il déclaré sur les ondes de CBOF, une entre- prise qui pendant un certain nombre de mois s'est mise en attente d’un gestionnaire, a _ fonctionné au ralenti et a pu prendre (...) des demi- mesures, des demi-services et c'est dans mon intention dans les plus brefs délais de rec- tifier le fonctionnement de interne, de rectifier le tir comme organisation vis-a-vis, . de la clientéle des membres associés et des membres régio- “naux (...)»_ Auto-financement Selon CBOF, il y a de moins en moins de Franco-Ontariens qui s'‘intéressent a ce que fait l’Association canadienne francaise de l'Ontario. D’aprés Fernand Gilbert, il faut donc que 1l’ACFO se remette a l’écoute de la communauté, en dépit de moyens financiers moins faci- les que par le passé. En Ontario, comme en Colombie britannique, on parle beau- coup d’auto-financement et Fernand Gilbert se joint au discours: général _ peut-étre plus nettement qu'il ne l’a jamais fait a la F.F.C. «Il est grand temps qu’on commen- ‘ce a s’'abreuver d’argent ail- leurs (qu’au Secrétariat d’Etat NDLR) (...) et que l'on mette a contribution d’autres ministéres. (...) Il faudra dans les prochaines années ue les associations comme VACFO trouvent des moyens, des sources de financement autres pour devenir un peu plus autonomes». A ce point de l’entrevue, Fernand Gilbert a carrément envisagé la com- munauté franco-ontarienne puisse posséder une agence de voyages, des hotels, des res- taurants, etc. Déja entendu Un discours qui, pour avoir été renforcé a légard de lOntario, n’en est pas moins connu des francophones de Colombie britannique. JF Fournel Suite de la page 1 trop, juste ce qu'il fallait. Plus tard, a Paris, j'ai remarqué toutes ces fines herbes coupées qui séchaient sur les étals. Quant nous sommes retournés en France aprés avoir vécu six ans 4a Montréal, j'ai essayé d’y penser. Mais c'est a Vancouver que je m’y suis mis sérieusement. C’est un restaurateur d'ici qui m’a poussé en quelque sorte. Il n'y avait pas de fines herbes fraiches disponibles toute l’année. Ce restaur- rateur voulait du_basilic toutes les semaines. J'ai cherché des nuits entiéres les solutions pour la cul- ture de ces herbes aroma- tiques. J’ai trés souvent frappé a la porte du minis- tére de l’agriculture pour des conseils. Méme pour lui c’était linconnu», ex- plique Daniel. Mais celui-ci et son épouse ont toujours été les précurseurs en quelque sorte. Lorsqu’ils ont acheté une ferme dans |’Ariége, il y a quelques années, ils ont voulu faire pousser des pousses de soja. «On nous a traité de hippies, 1a-bas», se rappelle Monique en riant. N’empéche que lors- qu'ils ont quitté la France pour Vancouver, il y avait pousses de soja sur le sol local. La France, Daniel et Monique ne veulent plus en entendre parler. En tout cas au point de vue travail, Ils s’étaient acheté une ferme ow il faisaient l'élevage des vaches. «C’était infernal, | pour lagriculteur. Oui, l’Etat vous aide mais a quel prix! Ce sont formulaires sur formulaires qu’il faut rem- plir. Notre vie privée est disséquée. On nous demandait ce que nous faisions de nos heures de loisir : vous étes allés au cinéma, combien aviez- vous dépensé?» Les herbes dans le pot deux a trois concurrents de - L'agriculteur n’est plus le maitre chez lui. Nous n’aurions jamais pu: accomplir ce que nous avons fait ici. Nous avons quitté la France avant méme d’avoir vendu la ferme. Nous _ voulions retrouver le Canada, mais pas le Québec, trop froid pour Monique, née a Nantes, mais ayant vécu dans les pays chauds d'Afrique. Ils ont choisi Vancouver pour le climat plus clément. Six ans aprés, Daniel et Monique ont réussi. «On paie nos dettes», dit en riant Daniel. Mais dans le milieu agricole,, les vacances ¢a n’existe pas. Ils travail- lent sept jours par semai- ne, se lévent tous les jours a cing heures et ne se cou- chent pas avant dix ou onze heures du soir. «On nous traite de fous! On aimerait partir en vacan- ces pour se changer les idées, mais on ne peut manquer une semaille. Sinon c’est la catastrophe, et on se ferait tuer si nous rations une livraison». Les chefs sont des personnes trés exigeantes. Les livraisons prennent a elles-seules trois jours par semaine. En entrant dans une serre, Daniel me demande si j'ai été aupa- ravant dans les champs. - «Mes serres ne sont pas traitées chimiquement, ce serait la catastrophe si des bestioles se propageaient 4 Vintérieur. Il fait une chaleur tropicale dans les ~ serres €clairées jour et nuit (la note d’électricité se monte mensuellement de 1 500 a 2 000 dollars), le basilic, le thym, la men-~ the, la marjolaine, l’aneth sont controlés réguliére- ment : le dioxyne de car- bone (Co2), l'air, la tem- pérature, Virrigation:, Daniel a tout monté lui- méme, mais il réve de tout controler par ordinateur. Cela viendra certainement un jour. Le Québec et le Fédéral tombent d’accord sur le prix de la langue minoritaire Le gouvernement fédéral et le ministére de 1’Education québécois se sont mis d’accord sur le financement de |’édu- cation aux minorités. Pour les trois ans a venir, Ottawa versera environ 250 millions de dollars au Québec pour combler la différence de coat entre un enseignement tra- ditionnel et les cours dis- pensés dans la langue autre que la langue maternelle francais pour les anglopho- nes du Québec et anglais pour les francophones. Cette entente s’inscrit dans une série d’accords intervenus cette année entre fédéral et l’ensemble des ministéres pro- vinciaus de ]’Education, alors que l’entente fédéral- provinciale n’avait pas été renouvelée depuis six ans. Elle a été réalisée sur de nou- velles bases comparables au contrat passé en septembre dernier entre le Secrétariat d’Etat et le gouvernement de Colombie britannique : le ministére a regu pour cette année un peu plus de cing millions pour trois ans, mais — avec droit de regard du Secrétariat d’Etat sur l'utili- sation de cet argent. Auparavant, au Wuebec comme en Colombie britannique (et ailleurs), le Secrétariat d’Etat donnait une certaine somme calculée en fonction du nombre d’anglo- ‘ Con, phones (et de francophones pour la Colombie. britanni- que), résidant dans la pro-— vince. Mais il n’avait par réel- lement la possibilité de con- tréler que cet argent n’était pas utilisé a la construction de routes. Dans le nouveau type d’accord, le Secrétariat d’Etat recevra un rapport annuel d’une part, et il alloue d’autre part ses subventions pro- gramme par programme au lieu de distribuer une enve- loppe globale comme par le passé. Ainsi, il pourra repé- rer si trop d’argent est alloué a un domaine par rapport a un autre et il pourra s’assurer que les subventions additionnelles- demandées par le ministére pour un programme donné ne trouveront pas meilleur emploi ailleurs. Le congrés : de l’ACELF L’Association canadienne d’éducation de langue fran- | \gaise (ACELF) tiendra son és de 1984 a Saskatoon — (Saskatchewan) du 15 au 19 _ aoit 1984. Le théme de ce Congrés sera, «L’informatique — dans l'éducation de langue francaise». Fondée en 1947, l’ACELF oeuvre depuis plus de trente- six années pour la cause de l’éducation francaise au ser- ~ vice des francophones cana- diens. si