coon tne tn ttt ee ae Rea Si ae ten, UN VILLE DE REVE Par Roger Dutrane Le -31 mai dernier, A la Salle de 1’Alliance Francaise de Vancouver, Mademoiselle ide la Bourbonniére, étu- diante en architecture, a son projet de centre culturel francophone, qui consiste A encastrer dans Vancouver la ville un village frangais. Ot trouver les fonds pour réaliser ce mirifique projet? Mademoiselle de la Bour- bonniére propose le lotisse- ment d’une portion considé- rable de terrain, non loin du centre de Vancouver, et d’y attirer, par l’appeau d’ une école bilingue, d’une bi- bliothéque frangaise, etc..., tous les francophones. Dans son réve, elle voit Radio- Canada cohahiter avec le Journal le Soleil, l’Alliance francaise dévalant du haut de Cambie, les restaura- teurs remontant de Gastown, et les visiteurs dansant sur les places sous le regard amusé des résidents de ce nouveau pays de Cocagne. Cet flot frangais ancré au milieu d’une mer de langue anglaise me paraft une belle utopie. La langue ne suffit pas pour harmoniser les gofts et les moeurs de gens venus des quatre coins du Québec, de la France ou d’ ailleurs. Quant aux commer- gants, s’ils brandissent par- fois une enseigne francaise, c’est pour mieux appater une clientéle cosmopolite. Peu importe qu’ils viennent eux- mémes de la Syrie ou du Liban, pourvu que les Amé- ricains de passage les ima- ginent parisiens et appré- cient leurs crépes flambées. Encastrer: Enchasser, en- fermer parmi les pierres. Du latin ‘‘Castra’’, quisign- ifiait ‘‘chateau, camp for- tifie’’. Mirifique: | Merveilleux. Méme racine latine que le verbe ‘‘mirer”’ (briller). Lotissement . d’un terrain: Division d’un terrain en.vue de la vente par lots ou por- tions. parlé pendant une heure de © Pourquoi dés lors abandon- neraient-ils leurs mines d’ or des artéres passantes pour un quartier plus éloigné: : Mais, pense Mademoiselle de la Bourbonniére, 1’union fait la force; et les nouveaux- venus de langue francaise ne se sentiraient plus en exil. Erreur psychologique ! N’ou- blions pas que ces nouveaux- venus sont souvent bilingues et disposés 4 s’ouvrir aux moeurs que la lutte pour la vie leur propose. Toute so- ciété est fort complexe. On aime se retrouver entre gens de. m@éme pays; mais pas toujours. Rien ne peut em- pécher qu’un médecin fran- cophile ne préfére habiter A codté d’un médecin anglais ou australien, plutdt qu’a coté d’un plombier franco- phone. Ainsi est le monde. Certains déplorent la dispersion des groupes d’ expression fran- cgaise 4 l’étranger. Mais rien n’est plus naturel. Com- parons les trois groupes principaux de Vancouver et nous comprendrons. Fondée en 1903, 1’Alliance Francaise de Vancouver est indépendante de celle de Pa- ris, mais s’y rattache par des liens subtils, un peu comme une dame féale se rattache A sa suzeraine. Cette association, fondée en 1883 pour entretenir le pres- tige: de la. France. aa l’étranger, se réclame des grands noms de Paul Cambon, Victor Duruy et Ferdinand de Lesseps. L’ esprit de ses origines ra- yonne par le monde. Pro- fesseurs, avocats et indus- triels, s’y retrempent dans un climat de France d’outre- mer. Des activités cultur- elles et mondaines y amor- cent des relations utiles. Fondé en 1968, le groupe des ‘‘Francophones’’ répon 4 d’autres besoins. Se participants, de professions manuelles ou intellectuelles, y entretiennent le goft des loisirs sainement entendus. Les problémes culturels les intéressent: ils veulent leurs enfants bilingues. Mais les débats intellectuels et les soiréesde gala les sollicitent moins que bals et pique- niques entre amis. Les ‘*Copains’’, fondes e 1969, rassemblent surtou des Canadiens-Frangais. Ils s’intéressent peu 4 ce qui se passe 41’Académie Fran- gaise. Ils ne connaissent que par oui-dire les promenades & Robinson et les feux d artifice du 14 juillet. I jugent le patrimoine ca- nadien-frangais assez riche pour les occuper. Faut-i les croire régionalistes? Loin de 14! Certains d’entr eux ont beaucoup voyagé. D’ailleurs, ils se rappro- chent des ‘‘Francophones’’ par le godt des sorties e de ‘‘l’Alliance’’ par celu des causeries. Voila pourquoi je crains| bien que le gentil village de Mademoiselle de la Bour- bonniére ne continue A dor- mir dans son coeur et le notre comme un village auj bois dormant. Alors que j’écris, un ange aux ailes couleur du temps qui passe se penche sur mes songeries et murmure: ‘‘Tais-toi! L’ouragan de la foi culbute les montagnes.’’ Appeau: Au sens propre: instrument, parfois un sif- flet, servant 4 imiter le © cri des oiseaux pour les’ capturer. - Ici, au sens fi- guré: Attirance, attraction. Pays de cocagne: pays riche et imaginaire. Mat de co- cagne: méat ot les enfants et jeunes gens grimpent, au cours des fétes, pour dé- crocher un prix. Appater: Attirer comme on, attire les animaux avec de la pate, de la nourriture. Les artéres passantes: les artéres fort fréquentées. Francophile: Ami de la France et de sa civilisa- tion. Ce mot semble perdre du terrain au profit du terme francophone, qui pourtant recouvre un sens moins large. La franco- philie suppose, outre le goat pour tout ce quiestfrangais, une certaine connaissance de la langue. Robinson: Lieu de pique- nique aux environs de Paris. Causerie: Conférence sans prétention, souvent donnée dans une demeure particu- liére. : THEATRE ADIO— ‘(PHONIQUE ROBERT DHERY ET LE MONDE DU RIRE Avec sa piéce ‘‘Branquignol’’, en 1948, il fascine d’emblée le grand public qui apprécie um comique loufoque qui met l’accent sur Il fut une époque, en France, aux environs des années ‘60 ot |’on exportait chez les Anglais et les Américains non seulement des parfums, des vins et des fromages, mais quantité de films de Brigitte Bardot et de Robert Dhéry. L’un était au comique ce que |’autre était au sex-appeal. Sorte de phénomeéne qui inventa quelques-uns des meilleurs gags du inéma francais, Robert Dhéry sera interviewé sur “le Comique’’, par Martine de Barsy, a l’émission Entretiens fe vendredi 7 a22h304 CBUF-FM/97.7 Robert Dhéry (né. Robert Fourrey) ‘ose, le premier, rompre la radition familiale, refuse de devenir meunier et, a 14 ans, s’engage dans n cirque. : I] entre ensuite au Conservatoire d’ot il démissionne avant la fin de Pes études. Mais le monde du spectacle le tient et il devient tout 4 la ois: auteur, comédien, metteur en scéne d‘abord de théatre puis de cinéma. Aprés avoir erré un temps, participé comme comédien 4a des films le fantome”, i! trouve enfin son style personnel dans une certaine forme e comique: le “nonsense” a |’américaine qu’il adapte au gout francais. - Vabsurde pour l’absurde. La piéce qui confine au ‘burlesque’ laisse els que ‘‘Monsieur des Lourdines’’, “les Enfants du Paradis’; ’’Sylvie et. une part trés grande a l’interprétation personnelle des comédiens. Si ‘‘Dugudu’’ n‘obtient pas le succés de ‘’Branquignol”, il confirme cependant Robert Dhéry dans son talent de comédien-metteur en scéne. Puis, avec ‘‘la Plume de ma tante’’, un ‘show’ exporté d’abord en Angleterre puis aux Etats-Unis, Dhéry obtient un succés international qui les retient, lui et sa troupe, quatre années hors de France. Chose assez rare, au pays méme ou triomphent Buster Keaton, le Marx Brothers et Danny Kaye, un Francais, Robert Dhéry, remport \’Oscar du music hall américain avec ‘‘la Plume de ma tante”’. C’est en 1949 que commence vraiment la carriére de Dhéry comm réalisateur, scénariste et interpréte quand il porte a l’écran son “Branquignol”. Par la suite, avec ‘‘Bertrand coeur de lion’’, ‘Ah! les’ belles bacchantes” et, surtout, en 1961, avec “‘la Belle Américaine”, il conquiert définitivement la notoriété. Malgré la célébrité et la fortune, Robert Dhéry est demeuré un homme simple qui n’oublie pas les amis de son petit village, qui aime parler de son expérience de comédien et faire part de ses réflexions sur “le Comique’’. we