6— Le Soleil de Colombie, vendredi 3 mai 1985 Histoire $e souvl Par Paul Cipywnyk La derniére bataille disputée sur le sol canadien eut lieu pendant la Rébellion du Nord- Ouest en 1885, dans ce qui est aujourd’hui la province de la Saskatchewan. En 1985, les Canadiens et les visiteurs s‘uni- ront par tout le pays pour célébrer le patrimoine du Canada et pour commémorer le centenaire de nos parcs nationaux. Le grand projet du cen- tenaire de Parcs Canada pour la région des Prairies porte sur le Parc historique national de ‘ Batoche, o& les troupes in- diennes et métis commandées par Louis Riel livrérent leur dernier combat contre les forces canadiennes il y a 100 ans. Louis Riel, un métis d’origi- ne franco-indienne, naquit en 1844 a Saint-Boniface, aujour- d’hui annexée 4 Winnipeg, au Manitoba. Plus instruit que la majorité des premiers habi- tants de l'Ouest, il fut choisi pour diriger l’opposition con- tre la vente du territoire de la Compagnie de _ la Baie d’Hudson, qui comprenait alors presque tout l’Ouest du pays a partir de l'Ontario, au gouvernement du Canada. Louis Riel mit sur pied un gouvernement provisoire pour défendre les intéréts des Métis qui craignaient que le gouver- nement du Premier ministre Sir John A. MacDonald em- piéte sur leurs traditions lin- guistiques et religieuses ainsi que sur leur mode de vie semi-nomade. La province du Manitoba fut créée en 1870 et l’on accorda des garanties _ autochtones, mais Louis Riel dut s’enfuir aux Etats-Unis aprés l’exé- cution d’un anglophone “trai- tre” a sa cause. Délogés de leurs terres par des spéculateurs del’est, beau- coup de Métis émigrérent vers louest ou vers le nord, pour s’établir enfin dans une région située entre les __riviéres Saskatchewan Nord et Sud. Mais, a leur suite, on vit bientét arriver le chemin de fer et les arpenteurs du gouver- nement chargés de morceler le territoire et de promouvoir la colonisation. En 1884, aprés avoir parcouru 965 milles, une délégation arriva au Montana pour demander a Louis Riel de revenir diriger les siens. L’affrontement De Batoche, Riel envoya une pétition 4 Ottawa pour expli- quer les doléances des Blancs, des Indiens et des Métis de la région. Devant le manque d’intérét de MacDonald, il mit sur pied un nouveau gouver- nement provisoire. Ses tentati- ves d’organisation des bandes indiennes réduites a la famine par la disparition des bisons et par la négligence du gouver- nement effrayérent bientét les colons blancs. La police montée du Nord- Ouest (ancétre de la GRC) fut envoyée en renfort a Prince Albert, l’établissement blanc important le plus proche de Batoche. Gabriel Dumont, le brillant commandant en chef de Riel, voulut attaquer sans attendre mais son chef s’'y refusa. Le 26 mars 1885, le surin- tendant Crozier de la Police montée, commandant le fort Carlton a 382 kilométres a l’ouest de Batoche, marcha sur Duck Lake, a 11 kilométres de Batoche, avec une centaine d’hommes, policiers et volon- taires. La Saskatchewan Il fut accueilli par une troupe de Métis, et les adversaires consentirent a parlementer. Mais un coup de feu déclencha la bagarre dont le frére de Gabriel Dumont, Isadore, fut l'une des premiéres victimes. Aprés 40 minutes de combat, Crozier avait perdu 12 hom- mes et 11 autres étaient blessés. Plus habitués 4 com- battre sur la plaine, les Métis ne comptérent que quatre morts. La répression Quelles qu’en aient été les causes, le “massacre” de Duck Lake scandalisa la population canadienne. De Halifax a Winnipeg, des centaines d’hommes se portérent volon- taires pour étouffer la rébel- lion. Le général Middleton arriva 4 Winnipeg le 27 mars; le 10 avril, il marchait sur Batoche. Dans le Nord-Ouest, les Cris du chef Poundmaker assié- geaient Battleford, tandis que des tétes chaudes de la bande du chef Big Bear avaient massacré neuf Blancs a Frog _ Lake. Malgré les consignes de leur chef pacifiste, les guer- riers de Big Bear assiégérent le fort Pitt et firent plusieurs prisonniers. Le détachement de la Police montée, comman- dé par l'inspecteur Francis Dickens (fils du romancier Charles Dickens) s’échappa et gagna le fort Battleford. Pendant ce temps, Middleton avancait toujours vers Batoche; la jeune localité de Saskatoon (70 habitants) lui servait- de poste de ravi- taillement et d’hépital de campagne. Dumont était pressé d’atta- quer, conscient que les tacti- ques de guérilla représentaient la seule porte de salut, mais Riel ne voulait rien entendre. Celui-ci avait d’ailleurs un comportement étrange depuis quelque temps: il semblait se prendre pour un nouveau messie et assurait que son peuple n’avait rien a craindre a Batoche. A Fish Creek, juste au sud de Batoche, Dumont tendit une embuscade a Middleton. La bataille fit 50 victimes dans l’armée et 29 parmiles Métis et leurs alliés indiens. Middleton avait pour lui le nombre et les “ cimetiére ae Batoche, l’église et le presbytére nou réserves; en outre, il disposait d'une nouvelle invention, le fusil Gatling, ancétre de la mitrailleuse. Les Métis de Batoche résis- térent pendant quatre jours; lorsque Middleton en vint finalement a bout, ils en étaient réduits 4 charger leurs vieux fusils avec des cailloux et des clous. Louis Riel se rendit le 15 mai, tandis que Dumont parvenait a s’enfuir aux Etats- Unis. Attaqué a Cut Knife Hill, Poundmaker eut peine a empécher ses guerriers de mettre en fuite une colonne commandée par le colonel Otter. Ayant tenté, mais trop tard, de rejoindre Riel plus au sud, il déposa les armes devant Middleton a Battleford. Le procés Toujours en proie a la famine, la bande de Big Bear se battit 4 Frenchman's Butte et a Steele Narrows. Les prisonniers furent relachés sans avoir subi de mauvais traitements et les Indiens abandonnérent la partie. Big Bear alla se livrer 4 la Police montée le 2 juillet. Louis Riel subit son procés a Regina, ov il fut reconnu coupable de trahi- son le ler aout. Pendu le 16 novembre 4a la caserne de la Police montée, il fut exposé pendant deux jours chez sa mére a Saint-Vital, aujour-. dhui en banlieue' de Winnipeg, puis inhumé le 2 décembre a la cathédrale de Saint-Boniface. Gabriel Dumont voyagea plusieurs an- " nées avec le Wild West Show de Buffalo Bill Cody, ow il faisait des démonstrations de tir, avant de revenir 4 Batoche en 1890. C'est 1a qu'il repose depuis sa mort en 1906, sous cette terre qu'il a si ar- demment défendue, tout prés de sa chére riviére Saskatchewan. Il avait fallu des semaines au général Middleton pour tra- verser la prairie; aujourd’hui , des autoroutes sillonnent en tout sens le Manitoba et la Saskatchewan que l'on peut aussi atteindre facilement en avion, en train ou en autocar. Les hétels, les restaurants et la vie nocturne qu’on y trouve ne laisseraient pas d’étonner les _ Canada, le ent de_ Louis [photo Tourisme Canada]. combattants de 1885. Saskatoon, la “Ville des ponts”, est un port d’attache idéal pour ceux qui veulent visiter les lieux de la rébellion. Cette ville moderne et animée de 155,000 habitants, traver- sée par la riviére Saskatche- wan, est desservie par les . principales lignes aériennes, le chemin de fer et l’autocar, et se trouve au carrefour de plu- sieurs grandes autoroutes. Parmi les attractions de Saskatoon, mentionnons le Musée du développement de l'Ouest, le Musée ukrainien du Musée d’art Mendel et l'Université de la Saskatchewan. En direction de Prince Albert se trouvent plusieurs sites historiques: le fort Carlton, Duck Lake et Batoche. Le fort Carlton, qui a été reconstruit, abrite diverses présentations _intéressantes. On y donne notamment des démonstrations sur les débuts du commerce dans la région. Le Musée historique de Duck Lake contient des objets qui évoquent la rébellion et les débuts de la colonisation dans l'Ouest. C’est toutefois vers le Parc historique national de Batoche que se tournent les regards en 1985. Léglise Saint-Antoine-de-Padoue, qui domine le champ de bataille, a été restaurée et rouvrira offi- ciellement ses portes cet été. Les murs du presbytére voisin portent encore des traces de balles. Les touristes peuvent aussi visiter le musée, les anciennes tranchées et le cime- tiére. La reconstitution De concert avec les groupes autochtones et métis, Parcs Canada organise des circuits et des manifestations pour com- mémorer la bataille. Un vaste projet de restauration et d’a- ménagement est en cours pour agrandir le site historique de Batoche. Prince Albert (30,000 habi- tants) est le point de départ pour les célébres lieux de péche du nord de la Saskat- chewan. Dans le parc national de Prince Albert, 4 60 km au nord, les visiteurs peuvent pécher, faire du canotage et du bateau a4 moteur, jouer au golf et au tennis, monter a cheval, camper et faire de la randonnée. Situé dans les limites du parc, le centre de Waskesiu est l’un des lieux de villégiature les plus populaires de l’ouest canadien. North Battleford (18,500 habitants) se trouve a l’ouest de Prince Albert ou 4 138 km au nord-ouest de Saskatoon. On y visite notamment le Parc historique national de Battle- ford et le Musée du développe- ment de l’Ouest, tandis que les parcs historiques provinciaux de Frenchman’s Butte, Fort Pitt, Steele Narrows et Cut Knife Hill s’étendent plus loin 4 l’ouest et au nord. On peut aussi pratiquer le camping, la péche et les loisirs de plein air dans les parcs provinciaux de Battleford et du lac Meadow, a 185 km (115 mi) vers le nord. En 1985, North Battleford commémore la rébellion en célébrant le “€entenaire de la paix”. On peut obtenir des renseignements en appelant la Chambre de commerce de North Battleford au (306) 445-6226. La capitale de la Saskatchewan est Regina, ville de 160,000 habitants située a 250 km au _ sud-est de Saskatoon. Ici, dans le cadre historique de la Maison du Gouvernement, le procés de Louis Riel est recréé une trentaine de fois au cours de l’été. Il s’agit d’une piéce passionnante de trois quarts d’heure, condensée a partir -d’archives judiciaires authen- tiques, qui en est a sa 19e saison. Pour obtenir des bil- lets, écrire 4 la Chambre de commerce de Regina, 2145 Albert St.; Regina, Saskatchewan: Le souvenir Le musée de l’Académie de la GRC a Regina posséde une précieuse collection d’objets appartenant 4 l’histoire de la Police montée et de la rébel- lion. On y voit notamment le crucifix que tenait Louis Riel lorsqu’il monta a la potence. Située sur la Transcanadien- ne, Regina est desservie par deux lignes aériennes; on peut également s’y rendre en train ou en autocar. Parmiles autres 8 rappellent les é6vénements tragiques de la rébellion du nord-ouest, il y a déja 100 ans points d’intérét, mentionnons l'édifice del’ Assemblée législa- tive, le Musée d’histoire natu- relle et l'Université de Regina. Louis Riel repose dans sa ville natale de Saint-Boniface (aujourd’hui annexée 4a Winnipeg) , 2580 km al'est de Regina par la Transcanadien- ne. La maison de sa mére, ou son corps fut exposé, existe toujours: déclarée monument historique national, elle se dresse sur un terrain qui a apartenu a la famille Riel de 1864 a 1968. Louis Riel est inhumé 4a la cathédrale de Saint-Boniface. Au musée de Saint-Boniface, on peut admirer des scénes de la vie au début de la colonisa- tion dans l'Ouest ainsi que des souvenirs de Riel. Winnipeg, la “Porte de l'Ouest”, est une métropole de prés de 600,000 habitants. Ses principales attractions touris- tiques comprennent le Parc historique national de Lower Fort Garry, qui fait revivre lépoque de la traite des fourrures au début de XIXe siécle, le Musée des beaux-arts de Winnipeg, le Musée de _VHomme et de la Nature, et l’édifice de l’Assemblée législa- tive du Manitoba. Ayez du talent, on vous reconnaitra peut-étre du gé- nie. Ayez du génie, on ne vous reconnaitra jamais du talent. Guitry Construction de Dé- | fense Canada lance un appel d’offres pour construire une addition au bitiment 1017 a bfe Chilliwack (Colombie Britanni- que). La date limite prescrite de récep- tion des soumissions est le 30 mai 1985. Pour de plus amples: renseignements s’a- dresser a la section des plans a Ottawa. (613) 998-9549. Réfé- rence CK50010.