Par Keith SPICER VANCOUVER.- Vous vous demandez encore si le Cana- da est si spécial que cela? Souvenez-vous d’un détail: dans les autres pays, le Parlement se prononce sur de grands problémes mo- raux comme la peine de mort ou l’'avortement. Au Canada, on va voter sur la langue - ou les langues - du contrdle du trafic aérien. Il y a quelques jours, le ministére fédéral des Trans- ports a apporté un souffle tardif de bon sens dans la tornade qui, pendant la cani- cule de juin 1976, avait pro- fondément déchiré le Canada. Cinq mois plus tard, les pilotes se mirent en gréve pour protester contre le bilinguisme dans I’aviation au Québec: l’antagonisme franco-anglais était attisé et, grace a lui, en grande partie, René Lévesque allait rem- porter une victoire éclatante aux urnes. _Le rapport du ministére doit encore étre discuté par une commission d’enquéte composée de trois juges; il sera ensuite débattu au Par- lement. Le rapport se base sur 18 mois de tests simu- lés portant sur Dorval et Mirabel, les deux seuls grands aéroports - avec celui de Québec - 4 étre affec- tés. : Les tests - dont on ne peut contester l’autorité techni- que - démontrent que le contr6le bilingue du trafic aérien au Québec “n’aura aucun impact préjudiciable a la sécurité”; qui plus est, avec certaines nouvelles pro- cédures, le contréle franco- anglais des airs pourrait méme, ajoute le rapport, amener “quelques améliora- tions dans le systéme de sécurité”. Ce jugement sans amba- ges est précieux. Pourquoi? Jusqu’a présent, le débat sur la sécurité et la langue dans aviation s’est empétré dans des marécages de confusion (en partie délibérément en- tretenue). Déja plusieurs préparent des livres sur notre guerre sainte des airs, des pages pleines de qui, de quoi et de pourquoi, mais d'ores et déja les grandes lignes sont évidentes: — La question technique: le noeud et souvent le pré- texte de l’affrontement. Bien que l’on ait, chez francopho- nes et anglophones, essayé de faire croire que le pro- bléme de la sécurité aérien- ne était clair comme de l'eau de roche, c’est en fait un vrai casse-téte. ‘SoQa-apng beau inopyer: slogans a anglais est langue internationale de | Yaviation”) ou brandir des’ réglements internationaux (sur l'utilisation de la langue normale du sol plus l|’an- glais), un fait reste certain: jamais la vérité sur la ques- tion technique n’avait été abordée en termes spécifi- quement canadiens. Les exemples de New York et Paris ne pouvaient } pas vraiment nous dire ce qui convenait le mieux a Montréal: la densité du tra- fic, le mélange d’appareils privés, commerciaux et mili- taires, la formation et les capacités linguistiques de pilotes et contrdleurs, la terminologie, 1’équipement radar et radio, et méme notre climat désolant, tout réclamait une solution-mai- son. En stricts termes de sécu- rité, deux dangers égale- ment graves étaient a évi- ter: précipiter l’introduction du bilinguisme dans les tours de contréle montréa- laises ou refuser d’admettre que la chose puisse méme étre concevable. Quelques pilotes francophones vont sans doute rechigner contre les échéances que |’étude du ministére des Transports as- signe au bilinguisme pour l'ensemble du Québec (sept a huit ans, contre onze semai- nes seulement pour Mont- réal); l’étude en question tente au moins de définir une solution sur-mesure ala sécurité de passagers et équipages au Québec. - La question culturelle: Tout comme les rancunes anglophones, l’humiliationn francophone était clairement le rejeton du conflit entre la renaissance culturelle qué- bécoise d’aprés 1960 et les vieux stéréotypes sur les rapports franco-anglais. Aprés avoir investi une quinzaine d’années pour étoffer leur instruction scientifique et technique longtemps négligée (voir le rapport Parent), les Québé- cois ne pouvaient accepter de jouer les sous-fifres dans une sphére technologique aussi prestigieuse que l’avia- tion. Il leur fallait savoir que leur langue maternelle était respectée dans la cabine de pilotage et la tour de contré- le: question de simple di- gnité... Du cété anglais, on était souvent peu au courant des hauts faits québécois de Vaviation (Roméo Vachon, Vescadrille Alouette de la deuxiéme guerre mondiale), et la proposition du fran- cais dans les airs heurta en plein de vieilles images: les réussites techniques des Québécois n’étaient tout bonnement pas encore no- toires. La surprise fut donc gran- de chez les Anglais lors- qu’apparut une nouvelle gé- nération de Québécois inspi- rée par de grands noms de la science comme Pierre Dan- sereau et Fernand Séguin (reconnus a l’étranger, eg Pecnon pas'ap, Canada, Beaucoup de Canadiens. =~ glophones, y compris des pilotes et des contrdéleurs, se mirent 4 l’abri derriére des slogans réconfortants sur la volonté divine: l'anglais, dé- ja langue des Cieux, devait étre celle du ciel. - La question politique: des deux cétés de la bar- riére linguistique, des hom- mes politiques en mal de croisade saisirent le poten- tiel politique de ces émotions francaises et anglaises. Du cété anglais, certains de nos représentants (avec un bon coup de pouce de quelques chefs syndicaux) furent ra- vis de jouer les éléphants dans le magasin de porce- laine du fair-play linguis- tique dans la fonction publi- que: ils insinuérent, grotes- quement, que les libéraux étaient préts a verser le sang des passagers pour une question de langue. Pour certains hommes po- litiques francophones, ce fut Voceasion révée pour aiguil- lonner les sentiments anti- anglais. Ils montérent en épingle une poignée de mini- Icares mal dégrossis pour essayer de faire croire que les Canadiens anglais étaient, jusqu’au dernier nouveau-né, des racistes dé- chainés. Dans tout cela, Ottawa peut difficilement jouer les. victimes innocentes. I] a fallu une année entiére au gouvernement pour avoir ne serait-ce que quelques lu- eurs sur l’ampleur du danger pour le pays, puis il a laissé le litige aller ala dérive et pourrir en crise. La fin des haricots... (Suite de la p.2) avec les déficits géants de - notre Joe prodige et prodi- gue, le dollar tombera a 80 ou 75 cents. Car les spéculateurs de Zurich, ainsi que les Japo- nais, les Allemands et les Arabes, ne soutiennent pas ‘des monnaies baties sur des espoirs partisans, surtout ceux de dirigeants n’ayant aucune expérience de |’Etat. Ils se sont méme gaussés des tentatives de restriction pourtant assez fermes du président Carter (qui, lui, a réduit son déficit de $41 a $29 milliards); comment ju- geront-ils l’ardeur de Joe. Clark a nous plonger un peu plus encore dans la mer-de- la-dette? La ruine, enfin, par le chémage. Comme linflation provoquée par le déficit aura une fois de plus mis les produits canadiens hors de prix sur les marchés mon- diaux, M. Clark sera sans doute acculé a une nouvelle série de dévaluations du dollar. La perspective d'un grignotage ‘des’ bénéfices rR). “rapatriables” Set an - La question des emplois: toutes les nobles considéra- tions que nous venons d’évo- quer ne sont que douces broutilles comparées a ce facteur terre-a-terre et bien humain: la concurrence pour les emplois. Exarcerbée par les rivalités personnelles et intrasyndicales, elle était inscrite dans le succés méme de la réforme de l’instruc- tion au Québec: toute une nouvelle génération de tech- niciens francophones arriva sur le marché du travail... pour trouver la place pas mal encombrée d’Anglais. Professionnels francopho- nes et anglophones tendent a nier cette concurrence un soupcon indigne, disent-ils. - Pourtant on ne peut com- prendre complétement - et encore moins juger avec quelque vague réalisme - la crise de 1976 sans noter. ce dernier point. Autant de sujets de médi- tation pour nos parlementai- res lorsque le Hindenburg de la question linguistique atterrira sur leurs pupitres, probablement a l’automne ‘prochain ou au printemps 1980. En supposant que le comi- té tripartite de juges adopte le rapport du ministére, il serait peut-6tre prudent de déclarer que le débat est un vote de bon sens, et non de conscience. Bien plus encore que pour l’avortement ou la peine capitale, quelques consciences canadiennes ris- quent, la-haut dans les airs, de s’envoler sur les ailes du préjugé et de la politique. les investissements étran- gers, ce qui provoquerait la récession et un choOmage bien plus graves que la pagaille actuelle des libé- raux. Le critique financier des conservateurs en personne, Sinclair Stevens, nous a avertis le 17 novembre der- nier: méme le déficit rela- tivement modeste des libé- raux “condamne des centai- nes de milliers de Cana- diens a rejoindre les pauvres de ce pays”. En somme, |’équation de M. Clark - paniers percés égale coffres remplis - dé- truit le seul atout avec lequel les conservateurs pouvaient damer le pion aux libéraux: I’économie, que les tories pouvaient soi-disant prendre en main avec un peu de poigne. Avec tout cela, les fas- tueux libéraux prennent des allures - grands Dieux! - de gars qui serrent les cordons de la bourse. Vous pouvez étre certains que doréna- vant ils vont les serrer encore un peu BU s du cou de Joe Pk ee Age Chronique haineuse par Le Mesquin Malgré une publicité trés limitée jusqu’a présent, les choses vont bon train pour le club des haineux. De nombreuses personnes n’ont pas hésité a nous faire part de leurs premiéres impressions, en y ajoutant souvent des commentaires et méme des suggestions. Nous sommes heureux de souligner que toutes ces personnes se sont montrées franchement désagréables et certaines merveilleusement insolentes et hargneu- ses. Voila qui laisse bien présager de |’avenir! L’un de nos correspondants, d’un enthousiasme débordant, souhaite voir le club des haineux devenir international. Son siége social serait bien sir dans le Hainaut, en Belgique. Une jeune dame, admirablement insupportable, et visiblement en faveur du mouvement de libération de la femme, nous a demandé si le club des haineux était réservé aux hommes. Non, hideuse créature, le club est ouvert a4 tous: aux hommes, aux femmes et aux autres, pourvu que tous se haissent chaleureusement les uns les autres, réciproquement et vice versa, avec ou sans vice. (Si cela s’avére nécessaire, un tourne-vice sera fourni gracieusement ou grassieusement dans les cas désespérés.) Plusieurs slogans ont été proposés. Celui qui a été retenu par le j jury de sélection (en fait, par le président du jury qui n’a pas jugé bon de consulter les autres membres, pourtant tous idéalement antipathiques) établit clairement la politique du club: “Faites 4 autrui ce que vous n’aimeriez pas qu’on vous fasse”. . politique. Et maintenant, M. Bennett offre des actions | gratuites a tous les ‘résidents de la province; es . autour —} A batons rompus par Jean-Claude Arluison “La Colombie-Britannique n’est pas & vendre” devait déclarer M. Bill Bennett, premier ministre de la Colombie-Britannique, 4 propos de |“affaire MacMil- lan Bloedel”. Notre premier ministre n’a pas trouvé — d’objections, par le passé, 4 ce que des compa- gnies américaines investissent dans des compagnies de notre province. Mais cette fois, alors quill s'agit de compagnies canadiennes de l’est, il s'y est opposé ouvertement. Allez comprendre les mystéres ae pt membres des partis d’opposition ont di se pincer avant de réaliser qu'il ne révaient pas. N’empéche que c'est une premiere originale... Mis a part notre premier ministre, M. Bill Bennett, les habitants de la Colombie-Britannique ne brillent pas par leur humour. Les canulars sont rares sur la céte du Pacifique. C’est déprimant. Maintenant que nous avons enfin un club des haineux, pourquoi ne pas eréer un club des joyeux farceurs? _En faisant travailler ensemble notre matiére grise, nous trouverions de multiples idées de canulars. Et lorsque les idées manqueraient, il serait toujours possible de “faire du déja fait”, avec le méme succés. Un seul exemple: plusieurs statues, a Manele se prétent admirablement a des farces . “M. Jeannette Baillaut, ainestaiée du Centre Culturel Colombien...” pouvait-on lire 4 la une de notre dernier numéro. Nous avons souvent invité les francophones 4 sortir de leur coquille; mais cette fois, — nous nous empressons de rentrer dans la notre. La Coopération, moyen de promotion sociale Le C.C.C.B. présente une SESSION D’ETUDE SUR LA COOPERATION du vendredi soir, 26 janvier 1979 au dimanche p.m., 28 janvier 1979 dans le Grand Vancouver. Cette session est organisée par le Conseil de la Coopération de la Colombie Britannique. Des spécialistes de la formule coopérative nous seront délégués par le Conseil Canadien de la Coopération. Le nombre de participants est limité. Les interne sees sont priés de communiquer avec le C.C.C.B. par écrit ou par téléphone. ~ Le Conseil de la Coopération de la C.-B. 1013 avenue Brunette (Boite postale 1130) Maillardville, C.B. V3J 624 Tél. 525-3336. =a Roméo ‘Paquette, ’ Directeur Générale aout oG Oy. eereksetacs Dea rivedoly