Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 12 mai 1995 - 10 Exubérance de la peinture contemporaine russe PAR JEANNE BAILLAUT Si l’on part du principe ° que l’oeuvre d’art prend Naissance au coeur méme des expériences culturelles et personnelles de |’artis- te, on peut alors ajouter qu’inévitablement elle se rattache 4 un style, un genre, un mouvement et parfois une origine ethnique. Finale- ment, c’est ce fait qui est en partie responsable de Il faudrait parler longuement des bouquets «4 la russe» la diversité que l’on trou- ve dans le domaine des arts. C’est aussi ce qui nous permet de parler de sages rappelant, par le sens de ]’es- pace et le sentiment de solitude, les images canadiennes du célébre «Groupe des sept» mais aussi pay- sages plus sophistiquées, aux jeux de neige et de lumiére (Olga Dushechkina). I] faudrait parler lon- guement des bouquets «a Ja misse» pour vraiment exprimer le sentiment de joie, d’abondance, de vie qui émane des gerbes de fleurs, le plus souvent champétres, fixées sur la toile. Cette chroni- que ne nous le per- mettra pas, compte tenu de |’espace dont nous dispo- sons, car nous ne peinture japonaise, chi- pour vraiment saurions omettre de ni allemande, etc. Est- ee ape mentionner. les deux ce a dire qu’aujourd’hui Xprimet enti toilesdu jeune Emzar i Zaridze ou, dans un les oeuvres produites en do igie d’abondance, as ee Russie peuvent se ratta- surréalisme nimbé cher a une école particu- de yie qui émane des 4’or, les personna- liére ou un genre qui per- : ges habitent un pays met de les identifier com- gerbes de fleurs, le de nulle part ow me reflétant une sorte l’étrange s’est ins- d’identité russe dés le tallé. A Vancouver, premier coup d’oeil? Cer- tes pas! Ce serait ne pas 's’apercevoir que les ar- ka toile. Sc ee eee _ des pays voisins et sont soumis 4 _ des modes de vie trés divers d’une région a l’autre. De plus, il faudrait ne plus tenir compte du réle que la peinture de |’Europe occidentale a joué en Russie au cours de I’histoire. Et pourtant... 4 travers la cinquantai- ne d’oeuvres que comprend |’expo- sition A Russian Journey, dés le premiercoupd’oeil, onnepeuts’em-_ pécher de noter le classicisme dans le choix des sujets, l’exubérance et l’intensité dans l’emploi de la cou- leur, mais aussi une certaine rusticité, la méme peut-étre que celle que l’on retrouve dans les danses folklori- ques de ce peuple slave ot finesse, subtilité, joie de vivre et mélancolie ' s’entremélent. C’est cet ensemble de «particularités» qui permet d’identifier les toiles, avec une cer- taine réserve évidemment, comme étant «de Russie». Si ce n’était de quelques natures mortes, les toiles, pour la plupart trés figuratives, pour- raient presque étre classées par thé- mes de paysages et de fleurs. Pay- champétres, fixées sur nous sommes peu habitués 4 voir de telles expositions. Le figuratif est dans trait. Peut-étre certains amateurs d’art seront tentés de voir dans ce regroupement d’oeuvres un man- que d’évolution de |’art en Russie ou un trop grand rattachement 4 ce qui a caractérisé |’art européen et particuliérement 1|’impressionnis- me... mais ce serait faire fi de la spontanéité et de ]’intensité qui sont véritablement la marque russe des artistes représentés dans cette ex- position. Il est bien évident que leurs préoccupations intellectuelles sont trés loin de celles qui habitent les artistes de 1’Occident. Enfin, ce se- rait ne pas savoir que tous ces pein- tres sont passés, aprés plusieurs années d’études collégiales, par la trés sérieuse «ACADEMIE SURIKOV>». Pourune bouffée de fraicheur dans un monde trop souvent artifi- ciel, voir A RUSSIAN JOURNEY jusqu’au 28 mai, a la «RENDEZ- VOUS ART GALLERY», 1009 Cambie Street (au coin des mes Nelson et Yaletown). Réginald Martel: critique et écrivain PAR JOHANNE CORDEAU Réginald Martel, pour les lecteurs du quotidien La Presse, est d’abord une voix populaire, puisque le journalisme littéraire se penche autant sur les oeuvres résolument intellectuelles, quesurles publications grand public. Qu’on partage ou non ses opinions littéraires, i] n’en demeure pas moins qu’il est celui qui nous parle de littérature québécoise depuis plus de vingt-cing ans. «Le Premier lecteur. Chroniques du roman québécois, 1968-1994», nous livre, selon Vordre alphabétique des auteurs et auteures, les découvertes de Martel, son engouement pour une oeuvre, pour un écrivain. Le chroniqueur littéraire a du flair. I] a su repérer, dans le paysage littéraire québécois, les oeuvres marquantes et les auteurs prometteurs. Il serait redondant et inutile deciter les critiques de Martel. Quelle serait la pertinence de sélectionner dans une sélection? Car il est bien des articles a été effectuée par Pierre Filion, directeur littéraire de Leméac, et par Gaston Miron. Tel que mentionné dans |’avant-propos, la demande d’une anthologie avait été soumise a Réginal Martel 4 plusieurs reprises et depuis fort longtemps par les éditeurs. Martel ne donnait jamais suite a la requéte. Devant la persévérance de Filion et de Miron, le chroniqueur accorda son consentement. «En nous donnant carte blanche, le critique insista sur l’entiére liberté de notre choix. L’aventure commenca.» Les éditeurs ont sélectionné les articles «en fonction de Villustration des divers aspects de sa démarche critique et en tenant compte aussi de l’importance que le critique lui-méme avait accordé a certaines oeuvres dans le temps.» Devant cet amas impressionnant de chroniques, les éditeurs ont divisé en deux la publication de ]’ensemble des articles. La premiére partie, Chroniques du roman québécois, 1968 a 1994, sera suivie par un ensemble de textes regroupant des entretiens et des panoramas, des portraits et des bilans. évident que je n’ai pas La lecture, ou la Suivi ae aes Les éditeurs ont relecture de ces articles. Qui le sélectionné les articles, nous permet pourrait? Je suis d@’abord allé feuilleter articles «en fonction de mieux comprendre — -. les oeuvres et nous | es tronics des do Fsratin des ‘ome est! Is j’affectionne (Ferron, divers aspects desa — mémece livre offrira-t- see a démarcecitqu et 0% ten & Harvey, Brossard...), @ff fenant compte. _ de confronter leurs ensuite ceux que je connais et que j’aime moins (Thériault, Carrier, Parizeau...), pour terminer par les auteurs que je ne aussi de importance que le critique lvi- méme avait accordé a suggéré, pour le cerfaines oeuvres propres souvenirs de lecture a ceux du critique et, comme celui-ci l’a toujours plaisir du texte... ?» connais pas (Jacques Si vous aimez Benoit, Francine dansle femps.» univers romanesque d’Amour, Louis québécois, Le Premier Lefebvre...). Et je suis convaincue que. vous aussi vous ferez une lecturesujette 4 votre humeur, guidée par la curiosité. Ce que je me dois desouligner pour Le Premier lecteur, c’est avant tout la qualité de la présentation. L’introduction 4 l’oeuvre intitulée Eléments pour le portrait d’un journaliste littéraire est, d’un point de vue critique, savoureux. Rappelons que la sélection vous invite a Un voyage russe d'huiles récentes par Oleg Ardimasov Raiza Lebedeva Elena Burkova ‘Aleksei Timoshenko Mikhail Trunkov Emzar Zharidze et autres (604) 687-7466 GALLERIE RENDEZ-VOUS une collection passionnante 1009 Cambie (coin Nelson et Yaletown) sei Timoshenko _ Du 6 au 28 mai Ouvert du lundi au samedi de 10h & 17h30 et le dimanche de 12h a 16h lecteur vous invitera 4 y faire un court pélerinage. Visite guidée par Réginald Martel comprise. Miron et Filion ont bien raison lorsqu’ils écrivent que Martel est «(...) plus qu’un commentateur et qu’un analyste, c’est un €crivain qui. s’exprime tout au long d’un quart de _ siécle de _ chroniques romanesques». KREKHHEEE Réginald Martel, «Le Premier lecteur. Chroniques du roman québécois, 1968-1994», Leméac Editeur, Montréal, 1994, 355 p. Quelques suggestions pour cette semaine: More Sex Tips for Modern Girl avec Ed Astley, Wendy Van Riesen, Hilary Strang et Christine Willes. Le Arts Club Theatre présente une toute nouvelle version d’un vieux succés. Cette comédie musicalemontre un point de vue amusant des femmes sur leurs rencontres avec les femmes. Jusqu’au 27 mai. Informations et billets :687-1644. The Balcony, un classique de Jean Genet, est présenté au Studio J, au 152, Hastings Ouest. II sera intéressant de vérifier comment cette comédie dramatique insensée du grand auteur francais est adaptée en anglais. A voir jusqu’au 20 mai. Informations et billets :877-0940. Oh Coward! est une comédie musicale de Roderick Cook, qui rend hommage a Noel Coward. Vous pouvez voir ce spectacle, dans une mise en scéne de Johnny Duncan, au Metro Theatre, jusqu’au 20 mai. Informations et billets :266-7191. Of Mice and Men, de John Steinbeck, parledela relation entre ‘deux ouvriers immigrants en| | Californie. L’un d’eux, un simple d’esprit et |’autre son protecteur, révent de ramasser assez d’argent pour acheter leur propre ferme. Mais c’est la dépression et les choses ne vont pas comme ils le voudraient. A voir jusqu’au 27 mai au Deep Cove Shaw Theatre. Informations et billets :929-9456. Souvenez vous que: Four Dogs and a Bone, de John Patrick Shanley, au Station Street Arts Centre, commence le 11 mai pour quelques jours seulement. Un spectacle qui se moque de la lutte de pouvoir dans le monde du cinéma nord-américain. Informations et billets :688-3312. A venir: Homeward Bound, de |\’auteur canadien Elliott Hayes, commence le 18 maiau Vancouver Phayhouse. C’est une comédie satirique qui a pour cadre une réunion de famille. Luttes de pouvoir et relations explosives, c’est ce que le metteur en scéne Steven Schipper a fait ressortir du texte. Informations et billets : 280- 3311. Solgnez votre Image de marque auprés des Jeunes! Tél. au 730-9575 pour en savoir plus sur notre formule sponsor