VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 14 avril 1988 - 11 Par Jean-Claude Boyer Séoul, 22 juillet 1985. Je me léve t6t pour profiter pleinement du temps qui fuit. C’est aprés-demain, déja!, que je m’envolerai_ vers le Japon. Sachant qu’il faut réserver au moins vingt-quatre heures a l’avance pour aller a Panmun- jom, dans la zone démilitarisée (60 km au nord de Séoul), je me rends promptement a |’hdtel d’ot' partent les bus. Malheu- reusement, il n’y aura pas de visite demain: les deux Corées se sont entendues_ pour entreprendre des pourparlers exceptionnels, les premiers du genre, parait-il, depuis la séparation en 1944 - l’année de manaissance. Tant pis. Il aurait fallu. que j’emprunte des souliers propres, un pantalon, une chemise... Je cause de ce «village de la tréve» avec un couple américain d’un certain Age qui ira le visiter aujourd’hui. Depuis |’armistice de 1953, les positions militaires et politi- ques des deux camps sont demeurées les mémes. D’inter- minables échanges se poursui- vent en vue d'une éventuelle réunification dela Corée et pour prévenir les violations des accords de cessez-le-feu. J’ai impression que cette excur- sion m/’aurait rappelé ma traversée du mur de Berlin - en 1979. Visiter Panmunjom aide, dit-on, atrouverlaCorée du Sud encore plus sympathique... En déambulant ensuite sur un large trottoir surpeuplé, je me fais accoster par un étudiant qui me demande, tout simple- ment, s'il peut pratiquer son anglais avec moi _ pendant quelques minutes. Why not? Nous nous asseyons sur un banc ombragé, pres d’un adolescent qui s’amuse avec une balle de tennis retenue asa raquette par un élastique. Ce nest pas demain que cet étudiant deviendra bilingue, mais j’admire sa détermination, et le lui dis. Plus tard, alors que je suis en train de me choisir des cartes postales dans un centre d’achat souterrain, un autre étudiant me demande, large sourire aux lévres: «Do you need help?» («Avez-vous besoin d’aide?»). Il a tot fait de miinviter au restaurant pour pratiquer son anglais. Puis il accepte de m’accompagner au grand mar- ché-qui s’étend sur une dizaine de rues - pour m’aider a magasiner. Il se montre enjoué et trés obligeant. Je finis par marchander un grand sac a dos moderne bleu et rouge pour. seulement 18.000 wons (22$), et deux T-shirts rouges de qualité pour 5$. Mon jeune ami doit me quitter: @change sincére de «Kamsa Hamnida». ll est grand temps de me mettre quelque riz sous la dent. Repas abondant, délicieux et bon marché. L’un des trois jeunes gens de la table voisine moffre ensuite d’aller prendre un café avec eux dans un restaurant élégant. J’accepte volontiers. Quelle élégance, en effet! C’est srement un restaurant cing étoiles. (Certai- nes tables sont munies au centre d’une plaque chauffante Récit d’un tour du monde in de séjour en Corée et d'une hotte.) Ces trois jeunes sont bien mis, d’allure aristo- cratique. Je leur donne une lecon d’anglais animée au moyen de questions et répon- ses a la chaine (voir l'article intitulé «Jour de l’An a Nazareth»). C’est Song Tae Whan qui paie la note - peu modeste - d’un geste machinal. «Kamsa hamnida» de part et d'autre. Les heures passent vite, trop vite. En fin de soirée, je fais la connaissance de David Elling ton, un grand Noir américain qui enseigne l'anglais a Tokyo. Il me donne Sa carte d'affaires et s'offre a m/’héberger... dans deux semaines. J’en suis tout a fait enchanté, d’autant plus que je ne connais absolument personne dans cette gigantes- que capitale. Le 23 juillet. En quittant ma chambre, j’apercois le jeune de Calgary rencontré au sud du pays, a qui j'avais recommandé l'auberge Daeji. Petit déjeuner ensemble dans un restaurant grand comme ma main. (Mon journal note: «Le monde est petit et merveilleux, tout compte fait». Pourquoi ai-je écrit cela?) En retournant a |’auberge, nous observons deux Coréennes en train de se battre © autant des poings que de la... gueule. De vraies tigresses! Les femmes autour ne parviennent pas a les séparer. Ou est Tarzan? Plus tard, en chemin vers une banque, j’apercois Song Tae Whan, _ l’aristocrate-au-porte- feuille-bien-garni d’hier. Il re- grette de ne pas avoir le temps pour une mini-legon d’anglais. Parvenu ala banque, je change un chéque en moins de trois’ minutes, sans méme qu’on me demande de signer quoi que ce soit - une premiére dans mon tour du monde. Je me rends ensuite au Centre culturel francais, prés du musée national, oll je prends d’abord mes aises dans un_ fauteuil moelleux, un «Paris-Match» en main. L’airclimatisé me pénétre agréablement. Un — Coréen m’adresse la parole en frangais. En plus de sa _ langue maternelle, il parlerait chinois, japonais, anglais et allemand, cette derniére langue seconde étant celle qu’il préfére «a cause des relations économiques de plus en plus étroites entre la Corée et |’Aliemagne», affirme- t-il. Il vient ici réguliérement pour améliorer son francais. Je butine maintenant dans la bibliothégue, d’un rayon a l'autre. A 16h00, désopilante comédie avec sous-titres an- glais dans la petite salle de cinéma: «Allez France», avec Jean Lefebvre. Je suis le seul non-Coréen. Rires a gorge déployée. C’est une parodie de l’accent frangais en anglais. On réagit vite puisque les dialogues se lisent plus rapidement qu’ils ne s’entendent. En quittant ce sanctuaire de la francophonie, un. couple m’adresse la parole en anglais. Jeles invite a causer dans le granc parc voisin. lls s’en montrent ravis. Toujours cette obsession nationale: améliorer son anglais. Je me couche tét, ce soir-la, surexcité a la pensée de partir demain a la découverte du Japon. . Le 24 juillet. Lever, 6h00. Avant de quitter l’auberge, je légue mon vieux sac a dos au propriétaire, «générosité» qui le déconcerte. J’arrive a l’aéroport bien avant |tneure du départ. En sirotant un . bon café, jedresse, apartirdela carte du pays que je jetterai ensuite, une liste de noms de ville dont les sonorités rappro- chées portent a confusion. Je demande a une serveuse de bien vouloir lire ce fouillis verbal. Elle y consent, amusée. Le Chongju, Kwangju, Chonju, Wonju, Chungju, Gongju, Jinju; ©Chunchon, Daechon, Daejon, Gimchon, — Inchon, Sunchon, Suwon... J’y perds plus que mon latin. L’heure du départ approche. Un agent me demande mon visa japonais, ajoutant aussitét: «Pas besoin puisque vous étes canadien». Et me voila bientét assis prés d'un hublot. Je visionne une démonstration des mesures de sécurité sur vidéo pour la premiére fois. C’est tellement plus explicite. On présente méme des passagers en train d’ouvrir les sorties de tes boissons comprises. (Marge de mon journal: «Ma vie commence AUJOURD’HU!».) Jeglisse maintenant dans une bienheureuse somnolence, la téte pleine de Corée, ce beau «pays du matin calme». Je revois Séoul (fondée au Xle siécle), relevé de ses cendres - guerre de Corée, 1950-53 - pour devenir la neuviéme métropole du monde. Je revois ses hauts buildings, ses boulevards a douze voies, sa_ circulation incessante. Cette pulsion extra- vagante de ciment, de verre et d’acier voisine palais royaux, temples, pagodes séculaires, portes de l’ancienne ville, jardins traditionnels ot s’efface le reste du monde... Contrastes fascinants. Ville au caractére unique, dont les gratte-ciel lancent des ombres géantes sur la vie trépidante des rues et ruelles et sur le peu de vestiges épargnés par la guerre. Je poursuis toujours mes réveries, a travers la campagne coréenne et ses montagnes verdoyantes. D'excellents transports en commun (et bon marché) y circulent rapidement, partout. (Une dizaine de compagnies, par exemple, opérent plus de NEUF CENTS BUS EXPRESS.) La Corée, petit pays habité par des gens travailleurs et amicaux, qui prennent souvent plaisir a engager eux-mémes la conver- sation... La Corée, dont la culture a’été incommensurable- ment enrichie par le bouddhis- me... Bien reposé enfin, je redresse mon dossier et ouvre la revue de Korean Airlines. J’y lis, entre autres, que la Corée du Sud n’a que 200 km sur sa plus grande largeur et que sa superficie équivaut a celle du Portugal. Son ciel, ses montagnes et ses cours d’eau en font la Suisse d’Asie. Ses «matins calmes» et l’hospitalité de ses habitants en font un des pays que je préfeére. Mais |’avion entreprend déja sa descente. A moi le pays du voici : Kyongju, Kongju, | secours. Succulent repas, tou- Soleil Levant! a Les excursions : a du Royal Hudson Train Mai, juin, juillet, aodt et nuits, les autres de3jours et 2 imagés de la Colombie-Britan- septembre ont défilé sous vos yeux Sans que vous nepreniezle - temps de vous ballader a bord du Royal Hudson Steam Train, ce ravissant tortillard qui crache une é€paisse fumée... C’est malin! Vous avez perdu une occasion d’admirer la nature canadienne... Et bien non! Tout n’est pas perdu! La société du Royal Hudson Steam Train accepte de faire des heures supplémentaires au mois d’octobre. Mais la, il ne s’agit plus d’un_ aller-retour Vancouver-Squamish. Notre train sort le grand jeu: il se ‘lance dans des excursions de plusieurs jours. La société du Royal Hudson Steam Train propose en effet six excursions et autant de par- cours, les uns de 4 jours et 3 nuits.. Au choix. Départ de Calgary, d’Edmonton ou de Vancouver. Au choix toujours. Le plein d'images est assuré, que ce soit a Jasper, a Prince George ou ailleurs, dans les Rocheuses. Payez-vous cette excursion! nique et de |’Alberta, deux provinces a découvrir et a redécouvrir. A travers une vitre, tout en prenant un bon déjeuner. Attirant, non? Information: (604) 681-8377. Des Etats-Unis, appel gratuit au 1-800-663-9157. Elle vous laissera des souvenirs P.R. RobinaB | alleLy e@ Meubles antiques @ Royal Doulton ~@Oriental,lvory = = @Decoiiection 2412 Main St. tekcaeee: BC. Master Card Tet: 877-1500. Visa