page 2 Allo! Ici la FFC TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VO Entretien avec le Dr. Nick Ardanaz, directeur des services de la langue fran- caise au ministére de l'éducation de la Colombie-Britannique. QUI ETES-VOUS? Question: M. Ardanaz, vous accompagnez la F.F.C. a tra- vers la province pour infor- mer les francophones sur “le programme-cadre de fran- cais” qui a été écrit sous votre direction. En plus, vous avez été nommeé récem- ment directeur des servi- ces de la langue francaise au ministére de |’éducation, poste qui a été créé spécia- lement pour les classes fran- caises. Est-ce a dire que vous étes responsable de l'implantation des classes frangaises dans cette pro- vince? Réponse: Pas du tout. Le communiqué officiel du mi- nistre de l'éducation, M. Pat McGeer, indique bien que j'ai été chargé “d’assister” a (implantation du program- me de francais. Vous devez comprendre que ce sont les commissions scolaires qui ‘ont la responsabilité d'ouvrir les classes francaises dés qu'il y a une demande suffi- sante. Le ministére lance une politique générale mais le travail en tant que tel est fait par les commissions sco- laires en fonction de leurs possibilités et surtout en fonction des besoins de leur district. Mon réle est donc d’aider ces commissions scolaires en les renseignant sur ce pro- gramme tout a fait nouveau ‘pour elles et en les conseil- lant sur différents aspects pratiques nécessaires a l’ou- verture des classes fran- caises. Question; N’est-ce pas un curieux hasard pour un an- cien professeur de Montréal de se retrouver a la téte des services francais d'une pro- vince située géographique- ment et culturellement si loin de votre lieu d’origine et de carriére? R.: Peut-étre, mais il faut dire que les choses ne se sont pas produites aussi subitement. En 1975-76 déja, je travaillais en Colombie- Britannique, plus particulié- rement a Vancouver, en tant que coordonnateur du Fran- cais, langue seconde pour le Vancouver School Board. Aussi depuis deux ans, je suis directeur de l’institut de Frangais (estival) au Collége Pearson du Pacifique. L’an- née derniére, j'ai été “pré- té”’ par la commission sco- laire de Baldwin-Cartier de Montréal pour diriger ]’équi- pe de conseillers pédagogi- ques et de professeurs qui a mis au point le program- me-cadre de frangais, et, depuis cette année, je suis au service du ministére de _ l'éducation. Vous voyez done que ma nomination a ce poste n’est pas si “curieuse”, comme vous dites. Question: Vous semblez par- ticuliérement fier du pro- gramme cadre de francais. A part le fait que vous avez joué un réle prépondérant dans sa préparation, y a-t-il d'autres facteurs qui expli- quent cet enthousiasme? Réponse: Evidemment. Peu de gens se rendent compte que ce programme représen- te ce qu'il y a de plus récent dans le genre. Déja, nous avons eu des demandes de l'extérieur du pays pour le consulter. I] est déja question de traduire le programme de musique et arts plastiques en anglais. EST-CE QUE CA VA DURER? Question: Vous avez déja employé le mot expérimen- tal en parlant du program- me. Que voulez-vous dire par 1a? Réponse: I] ne faut pas prendre le mot dans le sens de temporaire mais plutdét dans le sens scientifique. Ce que je veux dire c’est que le programme est tout nou- veau et encore unique. Nous I'avons créé spéciale- ment pour les besoins de la population francophone d'ici. Mais comme tout projet innovatif il va falloir le tester, vérifier qu'il réponde a nos attentes et méme: modifier certains de ses as- pects s'il s'avére nécessaire de le faire pour améliorer la qualité de l’enseignement. Question: Mais n’est-il pas expérimental dans l'autre sens aussi? Par exemple qu’arrivera-t-il en cas de changement de gouverne- ment? : Réponse: Un programme scolaire n’est pas aussi facile a écarter qu’une promesse électorale, vous savez. Un programmme du genre de celui que nous sommes en train d'implanter obligatoi- rement met en marche une énorme machine administra- tive et pédagogique. Une fois lancée cette machine ne peut pas étre arrétée du jour au lendemain. Si en plus le programme s’avére populai- re et répondant a un réel besoin de la population, c’est bien évident que les classes francaises disparaitraient seulement a cause d’un chan- gement de gouvernement, en imaginant bien sir le pire sur l’attitude de ce prochain gouvernement... Question: Quelle garantie avez-vous de la sincérité du gouvernement provincial ac- tuel. Aprés tout il n’est pas tout a fait reconnu pour son appui a la cause frangaise, du moins jusqu’a ce que le premier ministre Bennett annonce que son gouverne- ment allait donner l’opportu- nité aux parents de faire éduquer leurs enfants dans ‘la langue officielle de leur choix. Réponse: Le Programme- Cadre de Francais a obtenu V'approbation officielle du Cabinet provincial le 15 juil- let 1978. De ce fait, ce Ministére de 1'Education s'engage a implanter le Pro- gramme-Cadre de Frangais dans les années qui suivront comme on fait avec les pro- grammes qui sont identifiés au secteur anglais. Les pro- grammes qui recoivent |’ap- probation officielle du Cabi- net deviennent inscrits dans les statuts d’éducation de la province d’une fagon perma- nente. Question: Malgré tout, n’est- on pas en train d’utiliser les parents francophones a des fins politiques? Par exemple, est-ce que le programme ne risque pas de tomber dans l'oubli lorsque la question de V'indépendance du Québec sera apaisée et qu'on parlera moins d’Unité Canadienne? Réponse: Si les parents fran- cophones répondent en mas- se a l’opportunité qui leur est offerte maintenant et que des dizaines de classes et mémes des écoles frangai- ses voient le jour au point de eréer un systéme paralléle, il m’apparait certain que tout cela ne pourra pas disparai- tre aussi facilement. N’ou- bliez pas que la demande pour du francais du cété de la population anglophone de- vient.de.plus en plus pres- sante ce qui prouve qu'il y a un intérét réel et répandu pour le francais en Colombie- Britannique. ECOLES FRANCAISES? Question: Peut-on vraiment espérer voir la création d’ECOLES frangaises? Réponse: Pourquoi pas? Les statistiques accumulées par la compagnie Canadian Facts Ltée qui a fait un sondage pour le gouverne- ment l'année passée démon- trent que le nombre d’en- fants serait suffisant 4 Van- couver et a Victoria pour ouvrir une école. Méme Co- quitlam pourrait avoir son école francaise en supposant que tous ceux qui ont répon- du oui y inscriraient leurs enfants. . Question: Qui prendra ce genre de décisions? Méme pour les classes, comment sera décidé le nombre de classes et l'emplacement de celles-ci dans les districts? Réponse: Ce sont les com- missions scolaires qui pren- dront ce genre de décisions. Lorsque les résultats des pré-inscriptions seront connus, les commissaires scolaires, en fonction du nombre d’inscriptions’et en fonction des possibilités phy- siques et géographiques de leur district décideront du nombre de classes a ouvrir, de l’endroit ot elles seront situées, du nombre de pro- fesseurs qu'il sera nécessai- re d'engager et du transport a organiser s'il y a lieu. Question: Est-ce qu'on va eréer des ghettos frangais 4 l'intérieur des écoles? S’ily a seulement une classe fran- caise dans toute une école anglaise est-ce qu’on ne ris- que pas de soumettre nos enfants aux railleries des autres? Réponse: Au début il y aura sirement des problémes de ce genre a certains endroits, pas partout. Mais ¢a ne durera pas. Les enfants qui seront dans ces classes comprendront vite qu’ils ont un avantage sur les autres: ils seront bilingues et il n’est pas nécessaire d’avoir at- teint lage adulte pour réali- ser que cela est un avantage de nos jours; ¢a c’est un point. L’autre point que je vou- drais souligner est qu'il est a fort probable que les classes ne seront pas isolées, du moins pas longtemps. Com- me je !’ai mentionné plus tot, le programme d’immersion francaise est de plus en plus demandé par les anglopho- nes. On s’attend a ce que plus de 20 commissions sco- laires l’aient l’année prochai- ne. Présentement il y a 13 commissions scolaires qui loffrent représentant un to- tal de 2,000 étudiants. Et ¢a ne fait que commencer... D’ailleurs un programme d’immersion a maintenant été mis au point par le gou- vernement provincial qui a encouragé les commissions scolaires 4 l’appliquer. Done avec la présence de classes frangaises et de classes d’im- mersion francaise dans une méme commission scolaire il est probable que celle-ci verra les avantages 4 re- grouper les deux dans un méme bftiment. Moi je vois beaucoup d’avantages a cela: l'administration en sera sim- plifiée, le matériel pourra étre partagé, les professeurs pourront s’aider et surtout il sera possible de créer une atmosphére francaise dans l'école. IMMERSION VS CLASSES FRANCAISES Question: Puisqu’on parle , ‘d'immersion, la question que _ beaucoup de parents se po- sent est celle-ci: y a-t-il une différence entre le program- me d’immersion et le pro- gramme cadre de francais? Réponse: Il y a une énorme différence. Dans le program- me d'immersion, le francais est enseigné comme lan- gue seconde. C’est-a-dire que l’enfant anglophone qui suit ce programme devient bilingue pas parfaitement mais assez pour fonctionner adéquatement en francais tout en conservant l'anglais comme langue premiere. Donc une grosse partie du programme se déroule en anglais. Dans le programme-cadre de francais, le francais est la langue d’usage, tout le temps. Sauf, bien sir, du- rant la période de la journée réservée a |’enseignement de l’anglais comme langue seconde. En fait c’est la méme chose que si votre enfant étudiait au Québec. La seule différence c’est quiici le milieu a l’extérieur de l’école est anglais ce qui a l'avantage de permettre a l'enfant de perfectionner son anglais tout en conservant le francais comme langue pre- miére. Question: Etes-vous sir de cela? Est-ce qu’au contraire l'enfant ne risque pas de devenir unilingue francopho- ne ce qui n’est pas lui rendre un service dans le contexte ol nous sommes. Réponse: C'est sous-estimer l'influence du milieu. Qu’il le veuille ou non, l’enfant est constamment exposé la langue anglaise: sur la rue, dans la cour de récréation, a la maison en regardant la télévision, etc... Demandez a des gens qui arrivént du Québec a quel point 1’in- fluence du milieu est forte. Quelque temps aprés leur arrivée ici en général, leur enfant commence 4 s’expri- mer en anglais. Donc, non, il n'y a aucun danger que l'enfant devienne unilingue. Comme il ne risque pas de perdre l’anglais qu’ils ont déja. Question: Mais puisque dans les deux programmes on forme des étudiants bilin- gues quel est l’avantage pour un francophone d’envo- yer son ou ses enfants dans les classes francaises? rera un francophone qui pourra s’exprimer trés bien en anglais. Dans le second cas il deviendra un anglo- phone qui peut s’exprimer en francais. : Pour étre plus explicite, disons que dans les classes francaises, le francais est la langue d’enseignement — tout se passe en francais —, dans les classes d’immersion on utilise l'anglais pour en- seigner le frangais. Vous voyez? ATTENTION FRANCOPHONES ’ SEULEMENT Question: Vous dites que les classes francaises sont pour les enfants de francopho- nes seulement. Est-ce a dire que les enfants d’anglopho- nes qui s’expriment bien en francais ne seront pas admis dans ces classes? Réponse: Les directives du ministére précisent bien que la priorité doit étre donnée aux enfants de francopho- nes. Pour étre précis, il est textuellement mentionné que “le programme a été congu pour les enfants de parents francophones qui ont une compréhension suffi- sante du francais pour étre éduqués dans cette langue”. Ceci une fois dit il est bien sir que les classes qui ne ‘seront pas complétes pour- ront accepter des enfants d’anglophones qui ont une compréhension suffisante du frangais. Et la j'insiste la- dessus car jLest bien impor, , ‘Réponse: Cest une question, |. ‘culturelle, Dans le program- me francais l'enfant demeu- ULU SAV