6 Le Soleil de Colombie, vendredi 30 avril 1982 Société Historique Franco-Colombienne. Figures du Passé Pére James-Maria McGuckin (1835-1903) suite Recherches historiques d’Alexandre Spagnolo Erratum Une ligne a été, par erreur omise, dans un des paragraphes de M. Spagnolo sur le pére James Maria McGuckin. I fallait lire: “Il eut, également, a faire face au Pére Paul Durieu qui voulait, en priorité, de poursuivre la conversion des Indiens, tandis que lui optait pour le développement des missions, des écoles, du bien-€tre social des Indiens, de leur obtenir des terres, sans négliger pour autant |’évangélisation: mais les du Pére McGuckin étaient contrés par l'insuffisance de uses de Sainte-Anne et l'implantation rapide et e de missions protestantes et d’écoles laiques: la était dure, parce que les Oblats ne pouvaient admettre écoles garcons-filles. nique, un Irlandais sans humour, mais un b&tisseur, rendit son dernier soupir 4 la tombée de la nuit. Il n’avait que 68 ans, lorsque le Pére Francois Marie Thomas avec une jeunesse de typhoide, de tuberculose, de faiblesse physique a tenu, parmi les tribus indiennes jusqu’a l’orée des 89 ans... CONCLUSION: Nous nous sommes penchés sur l’oeuvre des Missionnaires- Oblats de l'Ordre de Marie Immaculée, en mettant en évidence ceux qu’on a appelé les “Grands”, ceci entrant dans le cadre des objectifs de la Société Historique Franco-Colom- bienne, sans pour autant dénier l’oeuvre soutenue de leurs ' collaborateurs, immense également. Revenons au Pére James Maria McGuckin, l'indomptable Irlandais qui fut désigné comme Supérieur de la Mission St. Charles, Curé de l'église St. Pierre(pour les Blancs), I’église St. Charles(pour les Indiens), et directeur et enseignant au Collége St. Louis, le tout 4 New Westminster. Il lui incomba d’assumer la d’auménier a l'H6pital Sainte-Marie, de Sapperton-New Westminster, dont la construction fut en ise sous les auspices du Pére Fouquet, mais ce n’est qu’en 1887 qu'il fut béni comme hépital catholique, il est toujours la débordant d’activité. Comme, sile Pére McGuckin n’avait pas assez d’occupations et de préoccupations, il fut encore nommé auménier de F des Soeurs de Ste-Anne(Ecole pour filles 4 New Westminster) et trésorier de la communauté des Oblats. Il i, durant son mandat, un travail considérable pour sa et le bien-€tre des tribus indiennes, ainsi que celui des colons blanc. LE PERE JAMES M. McGUCKIN A OTTAWA: En 1889, 264 ans, il fut envoyé a Ottawa, ov l'Université des Oblats faisait face a de sérieuses difficultés financiéres, au bord de la faillite. Il fut nommé Recteur. Résultats: Succés dans les finances, ordre et discipline rétablis, le standard des études a un plus haut niveau, plus grand nombre d’étudiants donc l'université remise sur pied, contribuant a devenir un centre de culture en fléche en cette fédérale. ogee nécessita neuf années d'un constant labeur, malheureusement suivies d'une intervention ag re majeure, doublée d'une pneumonie, il avait déja 63. ans. On lui proposa un repos dans son Irlande natale...il refusa, il aimait trop l'ambiance de la Colombie Britannique, incidemment la ville de Vancouver avait officiellement treize ans ae dans l’enfance. LACA' RALE DU SAINT ROSAIRE - VANCOUVER: Aprés quelques mois de convalescence 4 New Westminster, le in était déja sur la bréche. Etait-il bien remis de sa maladie? On en doute...Une nouvelle tache l’attendait, &tre le curé de la petite Paroisse du Saint Rosaire, a Vancouver, qui venait d’étre prise en charge par les Oblats du diocésain. Il se trouva ne _ btinee: oteligde baptisée église, trop petite pour la congrégation...et affli d'une dette de $15,000., grosse somme pour |’époque. Nous l’avons signalé ci-haut, la ville de Vancouver n'avait 18 ans seulement avec environ une petite population de ,000 &mes et une minorité de catholiques. Etre curé d'une bf&tisse en bois, quoiqu’un lieu de recueillement religieux et de priéres, n'était pas dans les cordes de cet Irlandais, qui voyait grand dans une vaste Audacieux, il ’était ce prélat. Il envisagea un ambitieux projet, celui de construire une cathédrale de style gothique, pas moins...avec une dette sur l'ardoise de $15,000... Quand la minorité catholique fut mise au courant de ce jet grandiose, elle l'appela la “Folie de McGuckin”, cela ne nullement ses vues, car il avait derriére lui sa pee Pere et l'Archevéque Augustine Dontenwill. était Augustine Dontenwill? Né, en 1857, en Alsace, alors qu'elle était francaise depuis le Traité de Westphalie de 1648, jusqu’a la défaite de 1870, lorsqu’il a fallu l’'abandonner au eur allemand. Tout jeune, Dontenwill alla avec les siens aux Etats-Unis od il se familiarisa rapidement avec la langue anglaise, avec Yallemand, il était , un important atout pour son avenir, Brillant étudiant, il eut l’appui de son oncle, prélat américain. On l’envoya l'Université d’Ottawa(alors Collége Saint-Joseph), od il demeura quatre années. A 2c ans, ordonné prétre, puis envoyé comme Recteur du Collége Saint-Louis de New Westminster, ensuite devint Evéque de New Westminster au décés de Paul Durieu, en 1889. Finfin, en 1908, S.S. le Pape Pie X le nomma Archevéque de Vancouver mais, en méme temps, supprima le Diocése de New Westminster, et Vancouver déclaré Siége Episcopal, les Evéques de Victoria et du Yukon, suffragants. La décision de l'archevéque fut de donner au Pére McGuckin tous les pouvoirs afin qu'il puisse concrétiser son projet, al'égard duquel l'Evéque Paul Durieu, était jadis, trés réticent. Oud trouver les fonds nécessaires, avec une dette de $15,000.? Qu’a cela ne tienne, on hypothéqua la Maison Mére de France, bel exploit...Sur cette lancée audacieuse, on construisit cathédrale, paroisses, orphelinat, etc. La cathédrale du Saint Rosaire devint, et est encore, I’épicentre du catholicisme en Colombie Britannique. LA FIN DU PERE JAMES M. McGUCKIN: Le matin du 7 avril 1903, aprés la célébration de la messe, le Pére McGuckin eut une syncope, la séquelle de la pneumonie de 1898, on le transporta dans sa chambre. Cet homme charitable, pieux, missionnaire-pionnier en Colombie Britan- Ils ont effectué un travail colossal pour tirer les tribus indiennes de leur paganisme ancestral et les placer au niveau d'une civilisation qui devait tét ou tard les atteindre. Ces Missionnaires-Oblats n’étaient pas les seuls 4 oeuvrer dans les profondeurs des régions sauvages: il y avait, en méme temps qu’eux, peut étre en un nombre moindre, les Missionnaires des diverses doctrines et églises issues de la Réforme, dont notamment, les Anglicans ou Episcopaux avec les Révd. John Sheepshanks et. Brown, les Méthodistes ou Wesleyans, avec les Révds. Docteur Evans et Taylor Lacker, les Presbytériens écossais, avec le Révd R. Jameson. Nous croyons savoir que ces derniers poussaient sur la corde de l’enseignement de la langue anglaise, tandis que les Francais, eux cherchaient de préférence 4 apprendre les dialectes indiens. Question d’angle d’optique. ; Est-ce que des conflits, des rivalités surgissaient entre ces deux croyances, tout de méme chrétiennes? Oui, sans nombre, mais toujours sur du velours, car les contacts réciproques étaient empreints d’une relative fraternité: les Oblats étaient, plus que les autres, aux aguets. Ainsi, lorsque l’Evéque Anglican de Victoria, le Révérend Hill recommanda vivement aux évéques, pasteurs, ensei- gnants de prévenir l’expansion de |’Eglise Catholique en Colombie Britannique, l’Evéque Louis D’Herbomez dut prendre les mesures nécessaires afin que ses Oblats ne ralentissent es leurs efforts face 4 la recommandation du Révérend Hill. Un autre fait saillant illustre cette stratégie de se regarder “en chiens de faience”. _ Un presbytérien, le Révérend R. Jameson, en 1862, inaugura une école sans dénomination religieuse, 4 New Westminster, elle attira de nombreux éléves de parents attirés plus par l'éducation que par l'instruction religieuse. D’Herbomez riposta, en priant les Soeurs de Sainte-Anne d'ouvrir une école pour filles, 14 aussi 4 New-Westminster, afin de faire obstacle aux Protestants de gagner plus de terrain: payante pour les Blancs et gratuite pour les Indiens. En 1842, les Péres Langlois et Bolduc devaient se rendre de l'Est canadien, en mission pour I’Quest, 4 Fort Vancouver (Territoire du Washington), ils furent l'objet d’obstacles provoqués par le Révérend Herbert Beaver, quiforca, en sous main, le Gouverneur de la puissante Hudson Bay Company, George Simpson, de ne pas laisser les Missionnaires utiliser les canots de la compagnie: ils durent adopter la voie maritime par le Cap Horn, de la Terre de Feu. Ceci n’empécha pas que l’oeuvre des Oblats de Marie Immaculée a joui d'une vive appréciation de la part des autorités Gouvernementales. Le 15 aofit 1910, lorsqu’ils célébrérent le 50e anniversaire de leur implantation en Colombie Britannique, le gouverneur de l’époque, Sir Richard McBride prononga une allocution, mettant en relief l’oeuvre considérable des Oblats et tout particuli¢rement celle du Pére Léon Fouquet. Tant catholiques que Protestants ont, indiscutablement, jeté les jalons, alors que notre province n’était presque pas une entité reconnue comme telle, pour nous donner ce que nous avons par de longs cheminements de sueurs, larmes, » voire du sang. Ces Missionnaires sont-ils morts? Disparus, ne dit-on pas que la mort est un autre cété de la vie. FIN Est-ce la guerre? Les Iles Falkland Par Alexandre Spagnolo Depuis quelques jours, beaucoup d’encre coule, la presse internationale est en vive ébullition, “Le Soleil de Colombie” se doit d’y ajouter quelques gouttes. La raison, !’affaire des Iles Falkland ou plutét l’invasion du plus grand groupe de ces fles par l’Argentine, qui prétend avoir des droits de souveraineté totale et indis- cutable, se substituant ainsi a l’occupation, qui lui paraft injustifiable, de la Grande Bretagne depuis 1833, soit exactement 149 années, ce qui n'est pas peu dire. Curieux sursaut a retarde- ment... Penchons-nous sur ce grou- pe d'fles ou flots, puisqu’il y en a environ 200, qui, tout d'un coup, brusquement de- vient le point de mire du monde entier et un jeu d’échecs belliqueux entre Angleterre blessée dans son orgueil et l’Argentine. Qui déclarera Echec et Mat? Remontons loin dans lhis- toire. Nous empruntons quelques éléments d’infor- mations de l’historien H.R. Raup, qui signale que l’explo- rateur anglais John Davis, en 1592, vit ce groupe d’fles: un siécle plus tard, en 1690, le capitaine anglais John Strong, le premier mit pied a terre et lui donna le nom dies Falkland, du Vicomte Falkland, trésorier de la Marine Royale Britannique. Curieusement, on passe sous silence une certaine occupation de la France, de 8 a 9 ans, grace a ses gars de Saint-Malo du calibre de notre Jacques Cartier, le malouin, ces corsaires qui se rendirent redoutables aux Anglais du XVIe au XIXé siécles, d’ot l’appellation Iles Malouines. On trouve encore un site nommé Anse Choi- seul, du nom du Ministre des Affaires Etrangéres de Louis XV. Aprés cette bréve mise au point, passons a |'Espagne, sa domination fut plus percu- tante, 50 bonne années, de 1770 4 1820, et de nouveau un baptéme, Islas Malvinas. A cette époque, qui disait Argentine disait Espagne, puisque cet empire avait 1a un vice-roi, d’ailleurs délogé par le révoluttionnaire José de San Martin, et, l’Argenti- ne eut sa domination de 1820 a 1833, treize années...c’est maigre, maigre aussi pour ses revendications actuelles. Pourquoi seulement treize années? La encore, des événements en sous-main. Les Etats-Unis, excédés par les vexations argentines au passage de ses navires prés des Islas Malvinas, fit_ touts son possible pour préparer le terrain a une occupation anglaise. Pour comble maintenant, les Etats-Unis liés par le Traité de Rio et celui du T.LA.R.E. avec les Pays de Amérique du Sud, devrait se ranger du cété de l’Argen- tine, si ce pays est attaqué. Puisque les Nations-Unies ont condamné I'invasion des Falkland par l’Argentine, il semble que les Etats-Unis soient passablement heu- reux de s’esquiver honora- blement de cette impasse...la politique est une dréle de fille capricieuse. Donc, Le Lion britannique déja reconnu comme la pre- miére puissance du monde sur les mers et les océans, ne fit pas la petite bouche pour avaler ce groupe d'fles, né- cessaire a ses escales, relais,.- etc pour sa puissante flotte, - le Canal de Panama n’était pas encore dans l’esprit du grand Lesseps. Le nom de Falkland revint avec le calme plat de 149 années d’aujourd’ hui. Passons a la géographie. Cette “Colony of the Falk- land Islands and Dependen- cies”, son nom officiel, com- prend deux grandes files: Falkland Est(6,680 kms car- rés), Falkland-Ouest(5,280 kms carrés) pas trop mal pour moins: de 2,000 habi- tants. Cet inventaire n’est pas complet, son vaste périmétre comprend aussi !'Ile de Geo- gie du Sud(aujourd’hui base des opérations que |’Angle- terre compte effectuer). Il y a les Iles Sandwich-sud, Iles Orcades-sud, Iles Shetland- sud. Devant ce casse-téte, l'administration Britannique des Colonies, en 1962, réunit ces fles en un “Territoire Antarctique Britannique“ a- vec un statut spécial. L’Ar- gentine voit loin et veut tout le paquet... Que trouve-t-on la-bas? “me des ma Des statistiques de 1970 mentionnent 4 médecins, un hépital de 27 lits, 51 écoles et 81 enseignants pour 360 éléves. Par contre, plus de 600,000 moutons. Un gouverneur, aidé d’un Conseil Législatif et Exécutif administre cette “Colonial Dependency”...ce n’est pas l’Eldorado. Le courrier, une fois par mois, via Montevideo (Uruguay), pas de confiance envers les Services Postaux argentins. Le climat ne permet pas les foréts. On quitte les fles pour l’éternité ar l'artéri ies ‘du coeur et érose, la gam- _ vec quelques centaines de canots pneumatiques... Passons a une digression historique. Suivant l’histo- rien W.E. Ireland, le premier gouverneur des Falkland fut notre célébre Colonel Ri- chard Clement Moody, né aux Barbades, en 1813: trop jeune pour étre gouverneur a 28 ans, tandis que notre historienne Margaret A. Or- msby le cite “fut gouverneur des Falkland” sans date précise. En tout état de cause, le Steeple i Jason™/3~ WEST & & 3 Pe FALKLAND ys. BO 3. > Ki0E Cao pe Os ~ fptgep oe OWI Rs OSE ae 7 Zeaver 1 SUNS Sion, / is Vaddall F pues fateh Pai ae 8 Yor ees Port Stopheas \. \. oa al \. live he Georgel “5 20 40k! Poth /a / Ss A ee eee ay C Meteditsr- Spectnalll bra Fig ey Barren t ae 5, FALKLAND ISLANDS (ISLAS MALVINAS) (To United Kingdom) 1:5,000,000 CDolphin POE, ae Yachride HY bs ate age a foluntenr Fe is Cae erkeley Sound Nene ec) C. Pambroke. LH 7° Stanley_ 2 \ 24 Choismil Sound te hale ga sy FALKLANO f- * Seaton [* Ge une kyrielle de maladies aux noms barbares. La capitale des Ils Falkland est Port Stanley. Quel Stanley a voulu; honorer l'Angleterre? Elle en a eu plusieurs: en tout cas pas notre Frédérick Arthur Stanley of Preston, Ist. Ba- ron, puis 16th Earl of Derby, Gouverneur du Canada de 1888 a 1893, de la Coupe Stanley, du Parc Stanley. En 1914, l’Angleterre rem- porta une grande victoire navale sur l’Allemagne au loin des Falkland. Ce qui “chicote” l’Argenti- ne, c'est de laisser ces fles aux Anglais, situées face a sa Patagonie ot se trouvent des nappes pétroliféres qui pour- raient se prolonger, par voie sous-marine, sous ces iles. Ceci explique cela, - en outre, l’Argentine doit croire fermement que les Islas Malvinas(pour ne pas écrire Falkland) sont situés dans sa zone d’influence a cause de leur proximité rela- tive de son vaste territoire et faire jouer son orgueil natio- nal et s’en faire un “credo”. Thése, ridicule sur _les- bords: si, elle est valable, le Canada, pour ne citer que celui-la, pourrait ala suite de son “amical” différend avec les Hes de St. Pierre et Miquelon, au sujet de la limite des 200 milles des eaux _territoriales, les envahir a- envoyé en Colombie Britan- nique au lieu de celui de Nouvelle-Calédonie de l’ex- plorateur Simon Fraser, dés 1808, avec chef-lieu Fort - St.James. Ce nom de Colombie Britan- nique ne plus pas 4 Henry Pelham Clinton, Duc de New- castle, qui le trouva “ni trés heureux, ni trés original”. Qui le contradirait? mais, il eut l’heur de plaire a la Reine Victoria, déja embarrassée -de trouver un nom, son Secrétaire d’Etat poéte, au- teur dramatique, on lui doit les Derniers Jours de Pom- péi portés a l’écran par Hollywood, le lui suggéra respectueusement al’oreille. Nous voila done bien nanti... C'est le Colonel Moody qui choisit pour des raisons mili- _oitaires navales et stratégi- “ques le site de New West- minster, comme capitale de notre nouvelle province, c’é- tait en 1858, cela n’a duré que peu de temps. Son quartier général des Royal Engineers fut 4 Sap- perton(de Sapper Town, la ville des Sapeurs). Il fut nommé Lieutenant- Gouverneur honoraire, chef du 165e Régiment des Royal Engineers, Commissaire aux Terres de la Couronne et des “Travaux. Publics. Mourut a Bournemouth(Angleterre), en 1887, agé de 74 ans. PROG ERE eR TOG RI SN, ta ans