2 Le Soleil de Colombie, Vendredi 3 Juin 1977 LE MREIL ve conomare LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE.LA COLOMBIE-BRITANN: QUE CEREERERREE ERE DIRECTEUR: André Piolat ASS.-DIRECTEUR: Marc Béliveau REDACTEUR: Jean-Claude Arluison MISE EN PAGE: Danielle Leclaire PUBLIE PAR LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, 3213 rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Téléphone: 879-6924 Courrier de deuxiéme classe sous’ - le numéro d’enregistrement 0046: Editorial Ah!...Les maudits francais Nous imaginons d'ici le succés d‘un personnage qué- bécois, ou méme canadien, qui se présenterait aux bureaux de I’Hétel de Ville de Paris, pour saluer la foule et crier “VIVE LA BRETAGNE LIBRE”, ou encore “VIVE LA CHARENTE MARITIME LIBRE” ou mieux encore “VIVE LA LOIRE-ATLANTIQUE LIBRE!”. Nous avons limpression certaine que les autorités francaises, dont..M. Jacques Chirac, actuel Maire de cette Ville de Paris, nous diraient de nous méler de nos affaires; et I’on nous inviterait, 4 plier bagages, sans la moindre hésitation, et 4 quitter le pays le plus tt possible. Nous savons tous que vers les années 1600, la France enveyait en Nouvelle France- des navigateurs, soldats, paysans, pécheurs et méme missionnaires pour tenter de civiliser, (d’autres diront pour s‘accaparer des richesses d‘un immense territoire occupé par des tribus indiennes). Jusqu’aux années 1760 environ, c’est-a-dire pendant une période de pres de cent cinquante ans, la France conti- nuait d’envoyer des soldats, paysans, pécheurs, défri- cheurs, et missionnaires pour occuper ce pays. Puis aprés 1760, la France oubliait la Nouvelle France d’Amérique maintenant occupée par les troupesanglaises, — lesquelles avaient pris de justesse, ce territoire que les Américains convoitaient et avant qu’‘ils ne mettent la main dessus. Or, aprés 1760, et jusqu’aux récentes années, il y a toujours eu certains rapports entre le Canada (ex-Nouvel- - le France) et la France dite d’Outre-mer. Mais les rapports étaient extrémement distants, et jamais durant ces deux cents ans (de 1760 4 1960, les gouvernements d’Ottawa, ou de Québec n’ont demandé I’aide des autorités frangaises pour diriger le pays, ou tune des provinces canadiennes. Toujours, les rapports ont existé, au point de vue culturel, et du point de vue social, entre la France et la province de Québec, mais exclusivement du point de vue de l'emploi d’une méme langue; quaiqu’en disent les experts en linguistique. Par ailleurs, il suffisait ces der- niéres années, et il suffit encore, 4 date, de voir ‘attitude gu’ont les Québécois, dans I’ensemble, vis-a-vis des néo-canadiens, originaire de France, en particulier, qui viennent d‘installer au Québec. Demandez a n‘importe quel Québécois, dans n‘importe quelle industrie et dans n‘importe quel commerce ce qu’il pense, en général, des étrangers, et des Européens, en particulier. Ils vous répondront de fagon catégorique qu'il s‘agit, d’aprés eux, de gens qui viennent tenter de prendre leurs emplois;.et informez-vous en général, dans la Belle Province, de (‘attitude de la population québé- coise vis-a-vis des “FRANCAIS de FRANCE!” La trés grande majorité des Québécois ne se géneront pas pour donner leurs opinions sur ces visiteurs. Et nous sommes davis que s‘il n’en tenait qu’a eux, le Québec serait fermé @ de nombreux citoyens qui viennent s‘installer ici. Faut-il en déduire que les Québécois sont anti- - sociaux, ou simplement qu’ils n‘acceptent pas que de nouveaux immigrants viennent chercher des emplois, au Québec, alors que cette province tient le record du point de vue chémage, pour toutes les provinces cana- diennes. MARC PILON Les Héritiers de Lord Durham - Volume 2 - Le deuxiéme volume “Les Héritiers de Lord Durham” a été rendu public la semaine derniére lors d’une conférence de presse tenue simultanément dans neuf provinces: du Canada. Ce document trés volumineux fait le point sur la situation francophone dans chaque province et sur les divers plans d'action proposés. Probablement df a la lecture attentive que demande ce document, la rencontre prévue au début du mois de Juin entre la FFHQ et le premier ministre Trudeau a di étre reportée 4 une date ultérieure indéfinie. Dans ce deuxiéme volume, chaque province expose de facon succinte et claire la situation des francophones vivant a l’extérieur du Québec. En ce qui touche la Colombie-Britannique, pour comprendre Ia situation actuelle, on nous présente un tableau évolutif de la présence et de la situation des Canadiens dans cette province. Ainsi, on apprend qu’en 1838, 60% de la population blanche de la Colombie-Britannique étaient des Canadiens-frangais, sur une population de 6,900 fmes. De plus, on nous explique en détail quelle est la nature du mandat de la F.F.C.: “... La F.F.C. sert donc de porte-parole officiel des Franco-Colombiens, de centrale de communications entre les organismes francophones, d’identité provinciale aux Franco-Colombiens, d’agent de regroupement et de création pour de nouveaux projets ou d’organismes.” : L’exposé de la situation des Franco-Colombiens, telle que présentée par les rédacteurs de ce deuxiéme volume, nous indique avec tableaux statistiques & l’appui quelles sont les voies les plus sires qui nous conduisent vers l’assimilation. L’absence d’écoles frangaises dans notre province conduit a la perte “instantanée” de la langue maternelle des enfants francophones dés que ceux-ci atteignent l’age scolaire. Il est malheureux de constater que les trois écoles indépendantes francophones aient des pourcentages si bas d’enseignement en frangais. En ce qui touche I’action politique vers laquelle semble s’orienter la F.F.C., force nous est de constater que sans l’appui de personnes expérimentées dans ce domaine, !’action politique réelle de la F.F.C. se résumera a des discours de principe. Il ne faut pas minimiser l’apport de ressources humaines que constitue la F.F.H.Q., mais sur le plan provincial la F.F.C. devra redoubler ses efforts pour rassembler des personnes occupant déja des postes-clés au sein de Yadministration publique, de l'industrie privée et de certaines institutions gouvernementales. La F.F.C. doit tenter de rassembler des francophones et des francophiles qui comprennent de facon trés concréte comment s’exerce une action politique. Il est fort heureux que la publication de ce deuxiéme volume “Les Héritiers de Lord Durham” donne un résumé assez net de la situation des francophones hors Québec. Les personnes devant étre approchées en vue d'une action politique pourront se sensibiliser trés rapidement sur les droits qui sont accordés et reconnus aux francophones des diverses provinces hors du Québec. Bien que le document concéde un changement de mentalité des anglophones a l’endroit des Canadiens-francais de la C.B., on aurait aimé plus d’explications sur ces évaluations contenues dans le document, a savoir: “... 30% des anglophones acceptent le bilinguisme, 40% le tolérent et 30% sont “anti-french”. Le: document aurait pu élaborer ses perceptions sur ce présumé 30% | “d’anti-canadiens-francais” et sur les moyens que ceux-ci utilisent pour s’exprimer. Dans bien - des cas, faut-il le dire, le fanatisme raciste qui se manifeste a l’endroit des Canadiens- francais dans cette province provient de Canadiens qui se prennent ou veulent devenir plus Canadiens que d’autres. - : Marc BELIVEAU eee Ignorance et préjugés Les préjugés & Végard des Canadiens-francais, du Québec, des minorités francophones vivant en dehors du Québec, proviennent la plupart du temps d'une profonde ignorance de l'histoire canadienne. Tandis que l’enseignement du francais, malgré des progrés plus ou moins rapides ‘selon les provinces, est généralement considéré comme une matiére d'importance secondaire, Tenseignement de Vhistoire est lui obligatoire, mais une fois de plus oe qui lui est accordée n’est pas uniforme au plan national. Un sondage effectué d'une part auprés du grand public et d’autre part auprés des étudiants & la fin de la douxiéme année serait certainement révélateiur. Les Canadiens, selon certains, ont ’ souvent une meilleure connaissance de Vhistoire de l’Angleterre et des Etats-Unis que de lhistoire de leur pays. Il est souhaitable que les ministéres de l'éducation des dix provinces se consultent en vue d’aboutir a la création d’un programme d’enseignement de l’histoire canadienne qui soit aussi complet que possible et qui soit objectif. Le matériel, livres et documents, qui serait utilisé, devrait étre le méme, d'une céte a l'autre; i] devrait étre publié en francais et en anglais. ; Il est inadmissible que l’enseignement de l'histoire canadienne soit négligé, alors que les écoles s’assurent, par ailleurs, que les étudiants disposent du temps nécessaire pour apprendre le tissage, la poterie, et autres matiéres facultatives. Il‘serait bon de demander a M. Roger Cottle quelle est son opinion sur cette question. M. Cottle est l’ancien président de la Chambre de Commerce de Kelowna; le mois dernier, M Hubert Gauthier, directeur général de la Fédération des Francophones Hors Québec s'est rendu “a Kelowna et s’est adressé 4 la Chambre de Commerce de cette ville dans un effort pour la convaincre de revenir sur sa décision de s’opposer a la création dans I’O de stations de radio et de télévision francaises. M. Hubert Gauthier dut s’avouer vaincu: impossible de convaincre ces personnes, supposées étre iti aera étant donné le cgi de leur ignorance et de leurs préjugés. En particulier, M. Roger Cottle demanda pourquoi les Canadiens frangais, en tant que groupe minoritaire, devraient se permettre de réclamer et de s’attendre a des priviléges supérieurs & ceux accordés aux nombreux autres groupes d'origines et de cultures étrangéres qui maintenant vivent au Canada. Voila une anecdote qu’ v'l faudra rapporter au Dr Pat: McGeer, notre ministre covessal de l'éducation. Sans nul doute, il pourrait en tirer profit lorsqu’il décidera d’améliorer son fameux core-curriculum. ‘Jean-Claude ARLUISON nee ee ae C LCRA IE AS GR ED Batt ach ae «Sab Dla ae Sa s Ri DRONE OLE