_—— ot tc eee = [i a ts eet tt a a A we 2 - Le Soleil de Colombie, vendredi 26 janvier 1990 INFORMATION EDITORIAL La mer, les montagnes et le Crédit Social En écoutant mercredi soir dernier le discours télévisé du premier ministre Vander Zalm, on avait |’impression qu’aprés trois années sous sa judicieuse administration, la province était devenue quelque chose de trés voisin de |’idée qu’on peut se faire du paradis terrestre. Hélas, ce n'est pas tout a fait le cas! S'il est vrai que la Colombie-Britannique a connu ces derniéres années une certaine prospérité économique, il est fort présomptueux de sa part de s’en attribuer |’essentiel du crédit. En fait, il n’y est pour rien, la province n’ayant jamais que profité des retombées de la bonne santé d’une économie qui déborde largement ses frontiéres et, par le fait méme, son contréle. Ajoutons également que cette prospérité n’a pas touché tous les Britanno-Colombiens de la méme facon, beaucoup d’entre eux n’en ayant guére ressenti les effets, leur sensibilité aux fluctuations de l'économie n’étant programmée que pour les odeurs de récession. Cela dit, quand on va a la péche, il faut bien accrocher quelque chose de comestible 4 son hamecon si l'on veut attraper des poissons. C’est ce qu’a fait le premier ministre en pronongant finalement un discours ajusté aux exigences d’une bonne partie de !’électorat, le tout bien emballé et servi pour plaire a une clientéle qui depuis des années imagine difficilement la Colombie-Britanniquesans les montagnes, la mer et le Crédit Social. LaT.P.S.,; les taux d’interéts qui sont ajustés a |’économie del’Ontario, lelac Meech, il n’en fallait pas plus pour que Bill Vander Zalm rassure son auditoire. Ce sont la des sujets qui plaisent, méme si personne ne les comprend ou ne mesure vraiment leurs implications et leurs conséquences sur la province et |’ensemble du pays. En partant du principe que les gens achétent de la politique comme ils achétent du savon, son «one man show» de 22 minutes a été du plus bel effet. Il a probablement suffi pour couper|’herbe sous les pieds dela plupart de ses détracteurs, notamment au sein du parti, et (puisqu’il n’est pas permi a tout le monde de chambouler la programmation réguliére des télévisions pour tenir en toute intimité un soliloque avec la population) pour regagner la confiance d’une bonne partie de |’électorat. Bill Vander Zalm a marqué des points et ceux qui pensaient qu’il ne tiendrait pas le coup jusqu’a la prochaine élection doivent aujourd’hui déchanter et se poser de sérieuses questions. L’homme a des principes et une morale qui agacent ou qui font sourire, mais il ne faut pas pour autant le sous-estimer. ll faut également noter que dans |’ensemble, le climat économique, politique et social de la province est sain. Certes, tout ne tourne pas rond, il existe des zones grises, mais pour peu quel’on nesoit pas une victime du systéme, on reste sous |'impression que la Colombie-Britannique est bien gérée et que le gouvernement fait correctement son boulot. Ce n’est pas une vérité absolue, mais elle est largement suffisante pour que les Britanno-Colombiens - qui ne sont pas particuliérement portés sur le changement - fassent une fois de plus confiance au Crédit Social. Bill Vander Zalm n’est pas un grand politique, mais c’est assurément un excellent comédien qui n’est pas encore prét a faire son dernier tour de piste. Patrice Audifax ‘CAREALOEUVRE TIBLE DE | >0T. ECRIVEZ A CARE CANADA, C 10. OTTAWA K1G 4x6 | Les «Canadiens en faveur de |‘accord constitutionnel»... Le Lac Meech rallie des célébrités anglophones et francophones OTTAWA (APF): Aprés «Les Amis du lac Meech», voila que d'autres prestigieux Canadiens se regroupent pour sauver l'accord constitutionnel. Alors que «Les Amis» regrou- pent surtout des intellectuels, des Canadiens des milieux universitaires et des francopho- nes hors Québec, «Les Cana- diens en faveur de |’accord constitutionnel» réunit une centaine de personnalités de grande renommeée dans tous les secteurs dela société. Les deux groupes ne veulent pas se piler sur les pieds, et entendent travailler en étroite collabora- tion. Parmi les personnalités anglo- phones les plus connues, on retrouve les anciens premiers ministres Brian Peckford de Terre-Neuve et Richard Hatfield du Nouveau-Brunswick, |’ex- gouverneur de !a Banque du Canada, Gérald Bouey, et les anciens ministres Roy Mc- Murtry de JlOntario, Jack Pickersgill, et Eric Kierans. Chez les francophones québé- cois, on retrouve les. ex- ministres fédéraux Francis Fox, Monique Bégin et Jean-Luc Pépin; les hommes d'affaires Thomas Bata des chaussures du méme nom, Paul Desmarais de Power Corporation, Pierre Desmarais 2d’Edimédia, Marcel Dutil, Bertin Nadeau ; du monde de la finance Claude Caston- guay de La _ Laurentienne assurance-vie, et André Bédard de la Banque nationale du Canada. Méme le directeur général du club de hockey Le Canadien, Serge Savard, «Le Sénateur», aapposé son nom au bas de la déclaration commune dévoilé ala presse nationale. Le porte-parole de ces éminents Canadiens est |’ancien secrétai- re du Conseil Privé, Gordon Robertson. Les signataires de cette déclaration conviennent que l'accord du lac Meech refléte la réalité du Canada et répond aux préoccupations légitimes des provinces, «tout en garantissant . que le gouvernement fédéral demeure fort et dynamique». La légitimitédel’accord, disent les signataires, provient du «con- sensus remarquable» qui lui a donné naissance. Six raisons incitent ces Canadiens a appuyer|’accord de 1987. Selon eux, l’accord reconnait le réle des commu- nautés nationales et provincia- les. ll assure la participation du Québec dans l’ordre constitu- tionnel et reconnait son caractére distinct, de méme que |'importance des minorités dans chaque province. Il reconnait pour la premiére fois que le gouvernement fédéral peut exercer son pouvoir de dépenser dans des champs de juridiction provinciale. Il instaure le principe des nominations parta- gées a la Cour supréme. ll garantit que les futurs change- ments constitutionnels chant les institutions centrales du fédéralisme nécessiteront l’assentiment de toutes les provinces. Enfin, l’accord don- ne une légitimité aux conféren- ces annuelles des premiers ministres sur |’économie et la constitution. Pour Roy McMurtry, |’échec de |’Accord du lac Meech va donner un message diinstabilité au reste du monde, et va créer un climat négatif pour les investis- seurs. Selon lui, les divisions constitutionnelles ne vont que transmettre du Canada une image d’immaturité politique, et va diminuer d’autant le leader- ship du Canada dans la communauté internationale. L’économiste Diane Cohen s’est dite inquiéte du temps et de toute |’énergie dépensée sur cette question constitutionnel- le, et sur l’approche de confrontation que le pays projette au reste du monde. André Bédard de la Banque nationale a averti le Canada anglais que toute forme d’accord sans le Québec va porter un dur coup au Canada. Selon lui, l'accord du lac Meech est le meilleur accord jamais écrit, et il sera impossible de s’entendre si on tente de répondre dans ce docurnent a toutes les préoccupations des premiers ministres provinciaux. Dans le cadre de la globalisa- tion des échanges commer- ciaux, et de l'accord de libre-6change, le Canada reste un petit joueur avec une sérieuse dette nationale, rap- pelle M. Bédard. Si en plus on ne peut s’entendre sur un document constitutionnel, le pays est condamné a aller nulle part. Pour |’ex-premier ministre Richard Hatfield, qui a signé l'accord du lac Meech en 1987, cette entente va encourager activement les Canadiens vivant au Québec a participer active- ment aux réformes constitu- tionnelles a venir. Il croit que l'accord doit étre supporté par les «Canadiens ordinaires», des gens généreux dit-il, et plein de bonne volonté. Ce qui frappe le plus l’ex-ministre Francis Fox, c’est que tout le monde, méme les opposants, s’entendent sur les objectifs et tous reconnaissent que les cinq demandes du Québec sont raisonnables et valables. «Vouloir déchirer l'accord du lac Meech ne me semble pas une facon positive de batir sur les acquis du passé». Claude Castonguay, qui est a la téte d’un important regroupe- ment de gens d’affaires québé- cois en faveur de |’accord du lac Meech, adit en anglais que les gens d'affaires avaient hate de passer a autre chose, et que c’était bien laderniére fois qu’ils se prétaient a un tel exercice constitutionnel. «//s ont dau- tres défis a relever». || aaverti le Canada anglais qu’aucun pre- mier ministre québécois ne voudra prendre le risque de relancer le débat constitution- nel al’avenir, si l’accord du lac Meech venait a ne pas passer. «Si le lac Meech échoue, c est /a fin pour un bon moment de la réforme constitutionnelle». L' UNICEF offre toute l’année une magnifique sélection de cadeaux réservés aux enfants. unicef &@ Pour obtenir une brochure gratuite contactez: OU appelez sans frais le numéro 1-800-268-3770 (Téléphoniste 741) ~ &{3 S©2L8]2 Leseul journal en fraricais de la Colombie-Britannique do Catorsdis Président-Directeur: Jacques Baillaut Rédacteur en chef: Patrice Audifax Journaliste responsable de |'‘APF: Yves Lusignan Journaliste-coopérant: Pierre Sejournet Photocomposition: Suzanne Bélanger Soordonnateur administratif; Jacques Tang Publié par le Soleil de Colombie Ltée 980 Main, Vancouver, V6A 2W3 Association de la Presse francophone hors-Québec APF ie. 683-7092 & 683-6487 cco CCC Abonnement 7 an: Canada, 20$ - Etranger, 25$ Numéro d’enregistrement: 0046 - Courrier de 2éme classe tou- ~ Les lettres adressées au Soleil de Colombie par ses lecteurs doivent étre lisiblement signées par leur(s) auteur(s). La rédaction se réserve le droit de corriger ou de raccourcir le texte s'il est trop long. 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