set a ey ee eee aan yseur Morax est le seul 4; .|moi de bridge, eépreuve de |matation, compétition de golf, | 9 rands professionnels de | fore des gardes mili- Par P.V.Morax Introduction : L.Kardos L’ATTENTAT DU PALAIS ROYAL DE SKIRRAT, LE; 10 JUILLET 1971, lors de}; la féte célébrant l’anniver-_ Saire du Roi Hassan II. Le Professeur Pierre Ves Morax, éminent ophtalmolo- | giste parisien, médecin du Roi Hassan II, de sa famille et de beaucoup de dignitai- res de la cour marocaine, les généraux Oufkir et Med- | bouh y compris, étaient, | comme chaque année, invités & Rabat pour célébrer l’an- ‘niversaire du roi. Cette an- née, son fils Serge, jeune médecin, qui fait justement son service militaire au Ma- roc, au titre de la coopera- tion, l’accompagnait. Trois médecins frangais étaient invités. Le Profes- étre sorti vivant de cette cé- lébration, qui se termina si tragiquement. Il a bien voulu me donner le récit de cette aventure hallu- cinante : ‘Dans un court délai de quatre heures, qui a semblé | bien long, nous venons de vi- | vre, sans doute, l’un des} épisodes les plus dramati-_| ques de notre existence. Les | témoignages ne manqueront | (pas pour conter cette féte, ' qui a débuté comme unconte | des Mille et Une Nuits et qui. s’est terminée en massacre. | Cette féte qui se déroule : chaque année dans le Palais | d’éte du Roi, donne lieu A! tions, de compétitions dans es domaines les plus di-| vers : | fons une série de distrac- tir au pigeon, tour- etc.etc. Cette année un grand tournoi de golf était orga-— nisé, pour lequel les plus tous les pays étaient conviés. Nous avons assisté 4 des parties extraordinaires. — Contrairement aux années , précédentes, le Roi ne nous. recevait pas A l’entrée du Palais et je remarquais que ; le service d’ordre et le dé- | aires n’étaient pas aussi | importants que d’habitude. Vers 13 heures, le déjeu-: ner a commencé. Le faste, l’ordonnance des plats, la qualité, la variéte des mets et des boissons alcoolisées | qu’on ne pouvait consommer | qu’a l’extérieur de l’enceinte ; du Palais, ont vite apporté: l’euphorie aux convives sou- | riants, qui trouvaient 1a une, occasion de se détendre dans | une atmosphére d’allégres- | se. Parcourant, vers la fin du repas, le long parterre du palais, ot le déjeuner avait lieu, nous nous sommes ar-' rétés aux cdtés de la tente; royale. Le Roi y déjeunait, seul comme 4 l’habitude. A coté de lui, une autre table, pour quelques convives pri- vilégiés, ot se trouvaient, entre autres, Louis Joxe, ministre frangais et le Prin- ce Moulay Abdallah, frére du Roi. Derriére eux, sous la tente également, mais se tenant 4 distance, tout un groupe de familiers du Roi. Derriére le Roi aussi, son fidéle médecin,-le Dr. Ben Yaich, qui devait étre tué une heure plus tard. Je m’en- tends encore dire A mon fils : ‘‘Regarde, tu assistes, en 1971, 4 un repas digne de Louis XIV. Tu n’auras pas _-er mpi, Vattentat du _ palais d’autre occasion de voir un tel spectacle.’’ J’échangeais quelques mots avec le Dr. Ben Yaich, lors- que tout commenga. La suite se déroula affreusement vite. Onentendit des crépite- ments de balles que 1’on prit d’abord pour des tirs d’allé- gresse. Ils étaient couverts par la musique de l’impo- sant orchestre, qui jouait tantét des airs marocains, tantét de la musique clas- sique. C’est alors qu’une petite porte qui donnait sur | le dehors s’ouvrit, pour lais- ser entrer une dizaine de personnes, dont une blessée 4 la jambe. Un messager vint dire deux mots au Roi, qui se leva pour aller vers le blessé. A ce moment, une panique silencieuse mais intense, s’ empara de toute l’assis- tance. Certains, dont mon fils, eurent l’intuition d’une véritable attaque du palais royal, et tout le monde cher- cha 4 s’enfuir, 4 ne pas res- ter dans cette enceinte fer- mée, qui servit, hélas, aux rebelles, comme on le sut plus tard, d’un véritable ‘*fermé de lapins’’. Les grandes glaces, qui ferment l’enceinte du cdté de la mer, furent cassées en certains endroits, sans mal, et tous ceux qui le purent, nous fOmes de ceux-1a, s’échappérent vers la mer. Nous essayions, en suivant la plage, le long de | la mer, de nous éloigner du palais, mais un tout petit nombre seulement parvint jusqu’au village de Amphi- trite, lieu d’un hdtel de luxe bien connu. Beaucoup furent massacrés au passagepar les rafales d’une auto- mitrailleuse. Un barrage de grenades, qui tua plusieurs ' personnes autour de nous, nous fit abandonner, mon fils cette direction. Il semble que ce soit sur cette plage qu’il yeut le plus grand nombre de victimes. Par ré- flexe ou par intuition, nous remontames la falaise de sable qui pendant quelques , Minutes nous avait protégés non ; | des balles et nous sommes | restés un moment adossés au petit mur de l’enceinte du palais, dans l’espoir de | trouver 14a, aumoins momen- © tanément, un meilleur abri. C’est alors que vint s’as- seoir, ou plutdt s’affaler a coté de moi, un homme que je connaissais bien et qui Occupe 4 Rabat un des pos- tes les plus importants con- cernant la sfreté de la ville et du palais royal. A ma’ question : ‘‘Excellence, qu’ est-ce qui arrive ’’, je fus trés étonné de 1l’entendre répondre : ‘‘Mais, moncher, : je n’en sais absolument | ‘rien’’. Ceci pour dire que le coup avait été préparé dans le plus grand secret. C’est 14 que nous avons été pris et qu’on nous obligea a lever les bras en IJ’air. Dans une cohue affolante, nous fQNmes rassemblés a coups de crosse par ces jeunes soldats en colére, le doigt sur la gachette. Puis, on nous fit repasser par les bréches faites dans l’enceinte, retraverser le parterre du Palais, ot, sous les tentes et parmi les mé- chouis encore tiédes, gi- saient déja des dizaines de morts et blessés. Dans cette foule sans armes et sans défense, les meurtriers ti- | raient de temps 4 autre, es- | timant sans. doute que nous | n’avancions pas assez vite. Mon fils a ainsi failli étre abattue Son voisin de droite avait regu une balle, tirée a | moins d’un métre. Ce mal-— heureux, un jeune marocain, | a été transpercé de part en . part, ce qui a sauvé mon fils. La balle, ainsiamortie, © ne lui a fait qu’une petite estocade dans le dOSe. C’est | a ce moment que, dans cet affolement, nous ftmes sé- parés, malgré nos efforts pour rester ensemble. Les bras toujours en l’air, sans. | cesse menacés, injuriés, mes compagnons de misére et moi-méme, fOmes entas- sés dans des camions mili- taires qui restérent sur pla- ce. Cette situation, avec les bras en l’air en plein soleil, pendant plus d’une heure, dans un silence de mort que nos agresseurs n’avaient méme pas besoin d’imposer, fut affreusement pénible. Une heure plus tard, sans que les camions aient bougé d’un métre, on nous débar- qua et on nous obligea 4 nous coucher par terre, 4 plat ventre, les yeux fermés, les mains derriére le dos. Pour avoir essayé de regarder au- tour de moi, j’ai eu droit 4 un coup de crosse sur la téte. Une demi-heure plus tard, on nous fit lever, nous ranger encolonnes par trois, pour nous laisser 14, immo- biles, toujours avec les bras en l’air. Nous fOmes alors fouillés,, probablement pour rechercher une arme quel- conque. Ne trouvant naturel- lement aucune arme sur nous, on me délesta du peu d’argent que j’avais et - il y a de l’humour partout. - mon voleur, en me prenant mon argent, ajouta ‘‘sa- laud’’, sans doute pour se donner bonne conscience. Deux cents métres plus loin, au milieu de cadavres et de quelques grands bles- ° sés que personne ne pou- vait secourir et qui gémis- saient ou demandaient gra- ce, nous fOmes de nouveau forcés de nous coucher A plat ventre, face contre ter- re, surveillés par des sol- dats, fusils-mitrailleurs braqués sur nous. Je me trouvais alors couché A cd- té d’un homme déja 4agé, ou plutdt mélé a lui, car nous étions entassés comme des harengs. Je devais le retrouver par hasard le len- demain 4 Rabat. C’était un colonel en retraite, qui, con- naissant la mentalite de ces cadets surexcités, m’assu- rait que si par malheur le roi avait été tué, tous ses invites auraient été froide- ment assassinés. A_ l’en- tendre, quoique hors de dan- ger, je frémissais rétro- spectivement. Tout. a coup, sur un ordre qui semblait avoir été com- muniqué de bouche 4 oreille - le téléphone arabe existe aussi chez les militaires - | la plupart des soldats qui nous gardaient remon- térent en toute hate dans les camions et disparurent. I resta toutefois assez de gar- diens, ou disons plutdt gar- des-chiourmes, surveiller, nous menacer et , éventuellement nous abattre. J’ai appris plus tard que c’était une éventualité fort possible, et que c’est par miracle qu’elle ne s’est pas} produite. Le temps paraissait inter- | Minable. Toutefois, je su | de nature optimiste et j | pensais que le risque d’étr 'tués comme des béte |S’amenuisait au fur et Mesure que le temps pas- ‘Sait. Le flottement et les! hésitations dans le compor- tement des soldats me ras- suraient. Nous efmes le . droit de nous retourner et d nous asseoir. Nous respi- rions. Je constatai alors, que par le plus grand des hasards je me trouvais A quelque ‘métres du roi. Celui-ci avait Subi jusque 1a le méme sort que nous. Il semblait calme, ‘plein de sang-froid, et son] attitude donnait confiance A ‘ceux qui, comme moi, étaient ‘tout prés de lui. | Alors s’opéra un vrai coup de théatre. On appela un co-- ‘lonel par son nom, que j’ai ,oublié. Il sortit du ‘‘tas’’ ‘que nous formions et dis- ‘parute. Nous cradmes qu’il ‘avait été abattu, car peu ‘aprés son départ, il y eut ‘quelques coups de fusil. Puis on appela le général Oufkir. ‘Nous pensions qu’il allait ‘aussi @6tre tué. Il y eut un ‘bref conciliabule entre Ouf- ‘kir et quelques autres hom- ‘mes, et tout 4 coup on cria i**Vive le Roi !2’. Ce crise irépercuta partout, répété, ;Scandé méme, mélé a des | applaudissements. Un nou- iveau spectacle, celui-ci de : vaudeville, survint alors. Le ‘général Oufkir, devant cette ‘foule silencieuse de prison- iniers apeurés, se déshabilla ;Pour endosser l’uniforme ,d’un soldat, troquant ses ef- fets avec lui. Son costume 'estival disparu, il était de {nouveau le soldat, le Géné- ‘ral, l-homme fort du régime ‘et il allait le montrer. Notre captivité semblait fi- iniey) mais mon épreuve ‘n’était pas terminée. Je ne \retrouvais pas mon fils, dont |j’avais été séparé. Tous ceux |que je connaissais et rencon- ‘trais ne l’avaient pas vu. pour nous | (A suivre )