Par Nigel Barbour Me voici, par une matinée fraiche et ensoleillée de fin d’été, dans Strathcona, joli quartier rénové du_ vieux Vancouver. C’est un peu vieillot, c'est paisible, les petites maisons en bois du début du siécle ont revétu des couleurs - pastel... Je dois emprunter une rue indiquée en anglais et en chinois, passer devant une église russe, emprunter encore une jolie vieille rue devant la Chiesa del Sacro Cuore 1905 et son voisin le Katerina Tekakwi- Je débou- tha Native Centre... che enfin sur un charmant petit parc, trés vert. Aujourd’hui, les couleurs aiguisent ma sensibili- té. Je vais voir une artiste dont jenesais apeu prés rien. Jeune, vieille, riche, pauvre, gentille, méchante? Un groupe de maisonnettes, gris-pales.... Je sonne. Une jeune femme, élégante, m’ouvre. Nous mon- tons un escalier en bois, en jasant comme deux amis. La série de maisonnettes fait partie de la rénovation du quartier Strathcona, sans pour autant ressortir de la méme période... «Nous avons demandé cet aménagement architectural», me dit-elle dans son doux accent de Québécoise. «Les chambres sont en bas, mon atelier est carrément au sous-so! et le salon-vivoir, la cuisine, sont en .haut, nous voyons bien les montagnes. Nous». Le terme représente trois personnes: l’artiste elle- méme, son mari le sculpteur anglophone Michael Banwell (si vous étes allé au Carré Robson, c’est lui qui sculpte les jolis objets aux couleurs gaies, qui font la joie des enfants) et Marie-Josée, 9 ans et demie, éléve de |’Ecole Anne-Hébert. «C'est une enfant heureuse, épanouie», me confie sa meére. «Nous avons passé une année en Europe, en 1981-82. Marie- Josée avait entre deux et trois ans, elle disposait de son pére et de sa mére tous les jours a longueur de journée. Jai l'impression quelle se sent beaucoup plus sire delle, a cause de cela». Et, c’est une petite francophone a 100%: «Nous ne nous sommes jamais, jamais parlés en anglais. Bien sar, elle parle anglais a son pére... mais a table, par exemple (en me_ montrant encore un des jolis meubles jolie, douce,’ Monique Fouquet : étre artiste, étre francophone artistiques de sa maison ravissante, qui respire tant de calme et de confort) elle parle frangais avec moi et anglais avec lui, en passant d'une langue a | autre». Michael enseigne au Collége Emily Carr, a plein temps. Ce voyage était un temps d’appren- tissage, pour toute la petite famille. Rome, Paris, |’art européen, les paysages... Monique Fouquet avoue trente-huit ans, a ma grande surprise, je lui donnais dix ans de moins. Née a Québec en 1950, elle est éléve de |’Ecole des Beaux-Arts pendant trois ans. Enseignement classique, enseignement trés complet de l'art du dessin... «Mais a ce moment-la_ |’Ecole _regardait vers le passé, vers |'Europe, au lieu de sintéresser a /art contemporain de |’Amérique du Nord. J’avais envie depuis toujours de voyager, je suis partie». En 1970, elle avait vingt ans. «J avais surtout envie de découvrir le contexte ou je vivais. J‘allais a Toronto, me voici parachutée dans !a grande ville». Elle a fait l’apprentissage de l’anglais, d’elle-méme ei ses capacités de la vie... dans une grande banque. Toronto au début des années 70 c’était déja mouvementé mais elle ressen- tait le besoin d’un changement. En 1973, elle arrive € Vancouver ou elle a déja quelques amis. Re-banque, re-apprentissage de laville, si belle... Et un jour, rue Pender, elle entre dans l’Ecole des Beaux-Arts située alors au Centre-Ville; c’est une journée Portes Ouvertes: «Je me suis apercu que je pouvais continuer mes études artisti- ques». Etudes de lithographie, et quelques cours d’eau-forte: deux techniques reliées au dessin. Et enfin, la chance; en 1979, succés rarrissisme pour une artiste débutante, elle a droit a une exposition person- nelle a la Galerie d’Art de Vancouver. Elle expose régulié- rement, a présent, souvent en expositions de groupe comme celle qui inaugure la nouvelle Galerie Diane Farris. En février, cette galerie prestigieuse serala scéne d’une autre exposition personnelle. Une artiste peut- elle vivre uniquement en francais & Vancouver? «Qui, peut-étre, mais alors a condi- tion de parler un peu d’anglais pour communiquer avec la galerie qui vend ses oeuvres!» - plus Et, peut-on vivre de son art a Vancouver? «Non ou_ trés difficilement. J’en connais quelques-uns, mais ils expo- sent aussi dans d autres villes... moj, j ‘enseigne». ll faut donc travailler. Mais en choisissant bien son travail... Artistique? ou non? En milieu artistique, «stimulant, créa- teur», comme elle a Emily Carr, au Arts Umbrella, et maintenant a la TV de l’Open Learning Institute du gouvernement provincial. «Mais, certains préférent un travail ordinaire, pas du tout artistique, quitte a reprendre la vraie vie une fois rentrés chez eux». Je lui pose une question directe: Monique Fouquet, artiste, aime-t-elle enseigner? «Beaucoup! Au début, enseigner me faisait trés peur, jene me sentais pas préte du tout! Mais c’est un bon milieu, j’apprends beaucoup aupres de mes collégues, et ce que je _ fais stimule la créativité... je suis /a pour transmettre mon savoir aux étudiants». Deux soirées par semaine a Emily Carr, lle Granville, prés d’adultes, la plupart dipl6més des Beaux- Arts, retournés aux études. Deux journées a |’institut Arts Umbrella, ce sont des adoles- cents. «Certains ont une grande aptitude pour les arts visuels». Et si elle découvre un futur Michel-Ange, une jeune Rosa Bonheur? Elle a un sourire tendre. «Cela me jette un pont vers l'adolescence, je me rappelle de la petite Monique de 73 ans...» La Monique de 1988, c’est une artiste mire, sire d’elle: «i/ faut seservir dela technique, mais il intégrante de I’histoire de I’art. L art refléte, aujourd ‘hui comme dans les siécles passés, le contexte de notre civilisation moderne. En entrant dans une galerie on doit avoir l’esprit ouvert alaprésence de | artiste, écouter ce que I’artiste veut vous communique. Monique Fouquet miavait parlé de «dessins», je m’atten- dais adu petit, du noir et blanc. Oui, ce sont des dessins, mais elle dessine au fusain et aux pastels secs (les craies de couleur de |’artiste) directement sur des grandes feuilles de papier cartonnée affixées aux murs de son atelier. Ce sont de grands dessins, ceux exposés a la Galerie Diane Farris font deux métres de haut. J’aime beau- coup, beaucoup’ ce que Moni- que me communique. Non, ce n'est pas figuratif, mais que c’est joli, que c’est calme... les formes géométriques, les for- mes étranges comme suspen- dues dans une espace de joie, de paix... faut aussi la maturité, avoir vécu. Le dessin était, ancienne- ment, une technique préparatoi- re; on apprenait a dessiner afin de pouvoir faire de la peinture, tard. Mais en art contemporain, le dessin est tenu en égal respect que la peinture, c'est une forme d'art qui est une fin en soi. J’aime le dessin, cest direct, c’est immédiat, je peux m’exprimer et regarder tout de suite ce que jai dit». L’art contemporain, |’art abstrait, choque-t-il toujours? «Non, je ne trouve pas. L histoire de! art ce n’est pas un regard vers le passé, qui commence a Monet et va en arriére. Elle continue, les artistes contemporains sont eux et elles aussi une partie Et la Galerie que vient d’ouvrir Diane Farris au 1565 de la 7e ave ouest, est un joyau. Il s’agit d’un grand entrepdt, dans lequel le jeune architecte talentueux Alan Hart a créé une peinture noir et blanc en trois dimen- sions. A_ l’exception des tableaux, tout est noir et blanc dans ce grand espace étrange- ment accueillant. J’ai demandé a la ravissante Diane Farris, dans la blouse rouge et blue jeans ultra-chic qui I’habillesi la grande taille des peintures exposées était voulue. «Mais, bien sar!» me _ dit-elle, en Ouvrant* de beaux yeux tout grands. «Mais les écrans sont en fait des murs amovibles, qui permettraient plus tard, de créer une espace intime qui convien- drait mieux a des petits tableaux intimes». Tout ici est abstrait. Il y a relativement peu d'art figuratif ; notons quelques belles fleurs en grands panneaux hauts d’un meétre et demi. Y a-t-il encore de la résistance a l'art abstrait, chez le grand public, ou chez ses clients? «Non, j'agrée pleinement la pensée de Monique. L’art est émotif. Je suis ici avec vous, nous sommes assis devant ces tableaux, nous sommes joyeux et en paix, nous ne comprenons peut-étre pas pourquoi, mais nous ressentons le message de lartiste. Ca nous donne de la joie». Et, je reviens a Monique, qui parle avec une jeune amie, francophone aussi. «Le fran- gais? Bien sar. Je ne peux pas vivre sans le francais». Elle s’arréte pour réfléchir, et me sourit, joyeuse: «Le frangais, cest mon héritage». I+. Décision 88-584. Ocean Pacific d'affaires. Vous pouvez du C.R.T.C. en re et Vancouver (604) 666-2111. Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes Canadian Radio-television and Telecommunications Commission APPROUVE - Renouvellement de la licence Vancouver du ler octobre 1968 au 31 aofit 1990. Oa puisje lire les documents du CRTC? Les documents du C.R.T.C. uvent étre consultés dans la «Gazette du Canada», ureaux du C.R.T.C. et dans la section référence des publiques. Les décisions du Conseil concernant un titulaire de licence peuvent étre consultées, 4 ses bureaux, durant les heures normales également obtenir copii joignant le Conseil 4: Ottawa-Hull (819) Halifax (902) 426-7997; Montréal (514) 283-6607; Winnipeg (204) 983 6506 Canada = ORIC Ine. Vancouver (C.-B.) radiodiffusion de CKXY 1, aux iothdques ie des documents et