LA La deuxiéme condition, toute aussi importante: la tempé- rature. C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas (Victor Hugo). N’avez-vous jamais re- marqué combien une plante en hiver semble soupirer: **Qu’il fait chaud ici, de Vair par pitié’’, quand el- le se trouve confinée dans V’atmosphére artificielle de nos appartements. Le chauf- fage provoque soudainement dés les premiers froids,des conditions climatiques de désert; c’est alors que l’on voit agonir la plupart de nos plantes, A notre plus grande consternation. NATURE DANS NOS DEMEURES | (Suite) - Ces plantes seront différen- tes sous un climat tropical, €quatorial, tempéré ou po- laire. Les unes pourront supporter des changements de température extrémes (déserts), d’autres deman- deront une température constante, chaude ou froide, d’autres encore pourront s’adapter 4 différentes tem- pératures 4 condition de mo- difier dans le m@éme rapport leur environnement. 3) L*hygrométrie: l’humidi- té atmosphérique que nous devons avant tout différen- cier de lhumidité du sol est cette troisiéme condi- tion d’importance capitale qui compose un climat. La lumiére, la température et Combien de fois j’ai enten- du accuser soit la plante, soit le marchand, soit des vers dans le sol ou méme la bonne, A moins que l’on ait méme pensé A une malé- diction. Non, c’est beau- coup plus simple! Soyez comme un bon docteur, é- coutez d’abord votre mala-. de avant de diagnostiquerl 2) La Température: la caractéristique de n’importe; quelle atmosphére sera en premier lieu sa tempé- rature. Nous verrons plus tard qu’il existe alors un rapport étroit entre la tem- pérature dans les conditions vitales des plantes. Dans leurs conditions natu- relles, les plantes vont se définir des locations préci- ses ou des périodes données de croissance et de végéta- tion en raison de la chaleur.: et Vhygrométrie. Vhumidité de 1l’air pourront se trouver dans des propor- tions trés diverses dans chaque coin du monde pour certaines plantes données, le rapport devra rester constant pour assurer leur survie (ex: pour des plantes tropicales: lumiére annuel- le: 14 h. par jour, tempé- rature: 70 degrés, hygro- métrie: 60 4 70% - Dans notre demeure, nous_ pourrons conserver ce gen- re de plantes dans les mé- mes conditions en été mais, au cours de I’hiver, il fau- dra modifier toutes ces con- ditions pour les équilibrer, la lumiére n’étant seu- lement que de 8 heures et, quand il fait beau, cela nous donnera: lumiére: 8 heures, ' température: 55-60, humidi- té: 50% ou moins. La plante ayant moins de soleil ou de lu miére vit au ralenti, elle n’a donc pas besoin de cha- leur et d’humidité qui pro- voquergient son étiolement (plante qui s’étire ala re- cherche de la lumiére); un excés de chaleur mais peu d’humidité: votre plante de- viendra jaune ou brune de desséchement (et votre plan- desséchement (et des arro- sages ne pourront pas com- penser l’humidité que la plante obtient par les feuil- les - c’est facile de s’en rendre compte avec les fou- géres par exemple - trop d’eau aux racines provoque- ra leur pourriture). Il est bien facile de réali- ser que ces deux conditions de température et d’hygro- métrie ne sont pas du tout les mémes, sous nos_ cli- mats, 1’été et I’hiver. La technologie moderne a ap- porté les systémes les plus divers pour combattre le froid; le résultat, s’il est apprécié par nous, humains, n’est pas aussi parfait pour nos plantes: la température est trés élevé mais l’air est desséché. Et bien souvent, on ne peut trouver un seul coin de nos maisons moder- nes qui ne soit chauffé, pas un seul coin frais. C’est un probléme trés important qu’il ne faut pas négliger quand vous allez choisir vos plantes; pour avoir unrésul- tat avec la plupart de vos plantes tropicales et plan- tes fleuries, il vous faudra compenser cette lacune soit par des soins appropriés ré- guliers, soit par un syst¢me qui pourra se révéler effi- cace mais 4 quel coat! Dans le cas inverse, il faudra choisir des plantes qui puis- sent se plaire dans de tel- les conditions. Coyccotn i Woe PERPLEXITE ’ par Ariéle Marinie : de coin de Foffice de — A par Louls-Paul Béguin Le doux temps des bleuets Quelqu’un qui n’aurait ja- mais vu d’ananas, jamais goaté ce fruit, ne pourrait juger de sa supériorité, en tant que fruit, sur l’orange ‘ou le pamplemousse. Il n’en saurait que le nom a- na - nas que les Anglais ap- pellent, beaucoup moins po- étiquement, pineapple, pom- me de pin. L’ananas, fruit mystérieux et exotique s’il en fut un, serait pour notre homme un son, doré et plein de résonance A cause.de sa ‘voyelle rebondissante. Comme un aveugle qui en- tendrait parler du soleil et qui n’en connaftrait que le mot et-la chaleur sur son visage fermé, — celui-qui- n’a -jamais-mangé-d’ananas réverait, en le sublimant, au goft que pourrait avoir l’ananas. Facilité d’évoca- tion du langage, mystére, mythe méme de la langue humaine! D’au-dela des flots, un fruit, venu on ne -sait d’ot, s’impose A no- tre esprit simplement par le son et aussi, avouons-le par suite des dires des voy- ageurs qui en parlérent a- prés en avoir gofté sur des gréves chaudes, sablonneu- ses, écrasées de chaleur, trés loin sous les tropiques. Pour les Européens qui ne connaissent que la-myrtille, le bleut évoque un fruit mystérieux, typique du Qué- bec. Quoi, diront certains puristes, vous acceptez le mot bleuet. Pourquoi pas. Si lV’ananas, mot tupiguara- ni, s’est si bien propagé, pourquoi ne pourrions-nous pas faire connaftre nos mots - 4 nous, légitimes reflets de notre climat, de notre fau- ne et, dans ce cas, de notre flore. Les bleuets sont con- nus depuis Champlain. En .1615 notre héros écrivait: ‘‘Car je vous assure qu’il se trouve le long des rivié- res si grande quantité de blues, qui est un petit fruit fort bon & manger’’. Montcalm souligne que les bleuets sont ‘‘ramassés par les sauvages’’. Donc, l’his- 'toire est 14 pour nous donner raison d’employer bleuet, canadianisme de fort bon a- loi. D’ailleurs, on peut lire dans le Littré de 1863 que le ‘‘bluet du Canada est le nom vulgaire d’une espéce du genre airelle’’. J’ai admiré et dégusté - en France d’ap- pétissantes tartes aux myr- tilles. Il faut avouer que le mot: myrtille est aussi jo- li que le mot ananas-~ et qu’il évoque en l’esprit un fruit frais et de saveur ai- grelette. Pourquoi cette évo- cation. Parce que je suis po- éte 4 mes heures, pardi. Quant au mot bleuet, il me fait revoir le lacSaint-Jean, les frafches nuits passées prés de son eau jamais trés chaude. Ah, bleuets violacés et poudrés que l’en ramasse par 14, dans les bleuetiéres qui ondulent sous le ventsec venu du large! Le mot bleuet a ‘fengendré’’ —bleuetiére, terrain ot les petits fruits aux teintes de saphir, mais diaprées, poussent, chaque année pour le grand bien d’ une industrie créée grace 4 lui et qui prend de l’ex- pansion d’année en année. C’est Paul Delmet, il me semble, qui écrivit une trés jolie chanson ‘‘Les Bleutets’’, qui commengait ainsi: ‘‘Mignonne, les bleu- ets sont bleus, etc...’’ Ah donc nos bleuets poussent en France. Non, non et non. Il s’agit d’une fleur des champs, trés bleue, da cen- taurée, A ne pas. confondre avec notre fruit national. En fin de compte, nos bleu- ets ont droit de s’appeler ainsi, n’en déplaise A cer- tains puristes. La myrtille est bien de la méme famille, {airelle), mais c’est tout de méme un fruit different. Maintenant que cette ques- tion est réglée, qu’on m’ap- porte les tartes aux bleuets, fumantes, dorées et crous- tillantes au sortir du four, avec le jus violet qui s’é- chappe, comme un suc vi- vifiant, de l’intérieur par- fumé, quand d’un couteau gourmand, je les entaille? Qu’on me fasse goftter de la confiture de bleuets, su- crée A point, comme savent si bien la faire les femmes de chez nous. Et qu’on n’ou- blie pas le vin de bleuet, quand il sera prét, pour ac- compagner comme il se doit un bon souper de ragott de pattes ou de boulettes. Faut-il que j’fasse du sentiment. C’est bien moins cher qu’au cinéma J’irais plus seule au restaurant et j’mennuierais plus dans mes draps Jésus-Marie, qu’ga s’rait gentil quand j’aurais des accés d’cafard de pleurer sur 1’épaule amie avant d’aller m’mettre au plumard! Cn m’a dit: ‘‘Quand tu s’ras grande La vie s’ra bien différente!’’ J’ai attendu j’ai attendu... J’ai attendu J’pourrais placer mes espérances dans une brillante carriére et mettre mon intelligence A Votre service, mes Fréres... j’ai attendu... et rien n’est jamais v’nu. Et rien n’est jamais v’nu! P’tét’ que j’manque de bonn’ volonté **Mam’zelle vous devriez sortir Mais je sais vraiment pas pourquoi, malgré mon désir de Servir Vous étes jeune, faut en profiter on vieillit vite, il faut se l’dire. . .’’ Faut-il que j’m *inscrive 4 un club et que j’fréquente les boft’ de nuit.- tout ¢a, j’l’avoue, ga m’convient pas ¢a m’donne plutdt envie d’m’enfuir. . . Y’a-t-il quelq’chose qu’j’ai pas compris. Peut-étre un’ Raison Supérieure. J’pourrais aller m’asseoir au Pub et m’étrangler dans mon Whiskey. . . Est-c’que c’est vraiment ga, la Vie, ce qu’on appelle le ‘*‘ Bonheur’’. Québec, Jan. 1973.