20 Le Soleil de Colombie, vendredi 8 décembre 1978 TOUT-AM-KHAMON et son temps par Alexandre SPAGNOLO de Coquitlam Président du Cercle Frangais Au total, 33 tombes roya- les furent retracées, mais chacune avait recu la visite des pillards, de vrais profes- sionnels. Les Européens ne trouvérent que des restes, et au XXe siécle, la croyan- ce que la Vallée des Rois avait livré tous ses secrets, prédominait dans l’esprit des chercheurs. Howard Carter, qui avait passé trente années de sa vie en Egypte n’était pas de cet avis; il étayait sa convic- tion sur trois précédentes découvertes, renforcée par l'idée que la tombe du Pha- | raon Tout-Am-Khamon de- vait se trouver quelque part dans la Vallée des Tombes des Rois. La premiére découverte, une coupe en faience cachée sous un rocher portant le nom du pharaon. La deuxie- f} me, une cachette contenant des feuilles d’or avec des La premiére découverte, ’ une coupe en faience cachée sous un rocher portant le nom du pharaon. La deuxié- me, une cachette contenant des feuilles d’or avec des gravures et des inscriptions aux noms de Tout-Am-Kha- mon et son épouse. La troi- siéme, une cache avec des poteries au sceau du pha- raon, des bandelettes en lin pour la momification, des couronnes funéraires, des atours se référant aux an- ciens rites des morts. Un riche américain, Théo- dore Davis, qui avait payé les travaux d’excavateurs professionnels, comme Car- narvon paya ceux de H. Carter, prétendit avoir dé- couvert la tombe de Tout- Am-Khamon. I] s’attira les sarcasmes des experts; en fin de compte, Théodore Davis déclara que sa décou- verte n’avait aucune valeur... Cette déclaration intrigua H.E. Winlock, direc- teur du Metropolitan Mu- seum, qui se mit en contact avec T. Davis, examina les poteries et en accord avec ce dernier et le gouvernement égyptien, les envoya aux Etats-Unis aux fins d’exa- men. Winlock réalisa que les objets entre les mains de Davis impliquaient la pré- sence non lointaine d’une tombe royale; il fit part de son impression a4 Howard Carter. En ce temps 1a, afin de prévenir que la Vallée des Rois ne devienne un champ de bataille entre des arché- ologues rivaux, le gouver- nement égyptien avait établi un systéme de concession annuelle. Davis abandonna, en 1914, sa concession; dés lors, Howard persuada Lord Carnarvon de la’reprendre. Carter vint a l'idée qu’un petit triangle bordant les tombes de Ramsés II, Me- neptah et Ramsés VI,n’avait pas été exploré du fait que. les déblais de la tombe de Ramsés VI, qui vécut 200 ans aprés Tout-Am-Khamon, . avaient couvert ce triangle. Carter, bien qu'il eut dé- passé lage du service mili- taire, se vit devoir assumer, lors de la premiére guerre Professeurs: Monica Fiel "Sanger amstnaaabeor enn mondiale, la mission de cour- rier diplomatique au Moyen- Orient. Il visita souvent la Vallée des Rois, lors de ses congés; ce ne fut qu’en 1918-1919 que son travail de recherches reprit. En 1922, Carter retourna en Angleterre pour discuter avec Lord Carnarvon de Vavenir de ses recherches, qui les associa quinze an- nées durant. Excepté l’intérét porté en- vers l’Egypte, Lord Car- narvon n’avait rien de bien commun avec son partenai- re; Carnarvon, agé de 56 ans, avait fait ses études supérieures 4 Eton et Cam- bridge. Il avait beaucoup voyagé, était propriétaire d'une ferme de 36,000 acres. Collectionneur,. photogra- phe-amateur, il était pro- priétaire d’une trés impor- tante écurie de chevaux de course. Bien qu'il fit un sectateur du culte des pur- sang, il était un mordu des automobiles. Ce fut un sérieux accident d’automobile en Allemagne qui le porta, par ricochet , a s'intéresser a l’Egypte, ou il chercha le climat chaud de ce pays pour soulager ses arti- culations endolories. Ce climat ne pouvait se trouver qu’a:Louxor. Son goit pour les excavations se développa, sans succés d’ail- leurs, mais il connut Howard Carter. En 1922, Carter avait 49 ans. Originaire du Norfold, fils et petit-fils de peintres animaliers, il vint en Egypte en 1890, comme dessinateur. La, il devint inspecteur au Département des Antiqui- tés. Il démissionna parce qu'il refusa de s’excuser auprés de |'Ambassadeur de France, a la suite d’un inci- dent avec un groupe de touristes francais qui, visi- Ce ieee “tant les pyramides et Ies tombes de Sakkara, avaient eu des attitudes révoltan- tes, refusant de quitter les lieux. Une plainte fut dépo- sée auprés dudit ambassa- deur. Howard Carter fut décu lorsque Lord Carnarvon lui signifia son abandon de la concession, se soldant par une perte de plus’ de $500,000, pour n’avoir, en contrepartie, que des trous dans le sable des déserts. Carnarvon, en fin de compte, se laissa fléchir. Les travaux continuérent jusqu’a trouver une modeste porte qui cachait d’inestima- bles trésors qui sont la tombe méme du Pharaon Tout-Am-Khamon et tous les objets d’art que nous connaissons. Pour Howard Carter, c’était le triomphe total de sa constance, son opiniatreté, sa conviction. Lord Carnarvon, 4 la stu- péfiante nouvelle, annonca sa venue a Louxor avec sa fille, Lady Evelyn Herbert. Le cheminement pour par- courir les galeries de la nécropole fut ardu et plein d’anxiété. Que va-t-on trou- ver? Bref, ce fut la merveil- le des merveilles: des objets d'art, des articles de confort qui ont une signification, que FR regret d, Nicole Ford le Pharaon devait prendre dans son voyage a travers l'éternité... Carter était convaincu que deux reprises, pas bien long- temps aprés les funérailles, probablement avec la complicité des gardes cor- rompus. Cette sensationnel- le découverte occupa, dix années durant, l’heureux obstiné. La nouvelle de la décou- verte se répandit partout, notamment a Louxor: Car- narvon décida de célébrer i officiellement le stupéfiant événement, le 29 novembre 1922, en présence de Lady Edmund Allenby [maréchal anglais, Haut Commissaire en Egypte de 1919 a 1925], et des notables égyptiens. Carter fit appel a des tech- 1 niciens pour l'étude de ces i trouvailles. Le merveilleux 4 sarcophage de Tout - Am - 4 Khamon ne fut découvert que plus tard, le 17 février 1923, dans un milieu d’or, de pierres précieuses, de bois précieux sculptés, Son masque funéraire est. le plus beau trésor artis- tique du monde. Carnarvon ne put contempler cette merveille; malade, il mourut en avril 1923, une piqfire de moustique infectée par une entaille du rasoir de son bar- bier ayant aggravé son état auquel s'ajouta une pneumo- . nie, pas faite pour ses faibles poumons. Ce décés provoqua, des années durant, une légende bien enracinée qui voulait qu'une malédiction s'abattait sur toute personne violant le repos éternel d’un pharaon (roi). Les voyageurs au Moyen- Orient parlaient de la malé- diction du Roi comme étant la prosaique “diarrhée”qu’on appelle au Mexique “Ia re- vanche de Montezuma” |’em- pereur aztéque. Personne ne prit au sérieux l’inscription sculptée portant la mention: La Mort touchera de ses ailes celui qui dérangera le Pharaon”. Un fait curieux: au mo- ment du décés de Lord Carnarvon, une panne de courant électrique, inexpli- quée, plongea Le Caire dans une obscurité totale. D’au- tre part, a distance, son chien fidéle aboya désespé- rément et mourut au méme instant que son maitre. A SUIVRE Les questions salariales On entend parler en ce moment de masse salariale. On veut dire l’ensemble des salaires et des traite- ments de plusieurs catégo- ries de travailleurs. Il faut remarquer que le terme salaire prend de plus en plus un sens général. __ Le salaire d’un ouvrier, le traitement d’un fonctionnai- re, les honoraires d’un mé- decin ou d'un avocat et les ‘gages du domestique (ou de lemployé de maison comme on dit maintenant) sont tous compris dans le mot salaire. Il faut éviter de traduire l'anglais salaries and wages par salaires et gages: salaire est suffisant. i L’anglais fait aussi une distinction entre salary et hourly wages, dont les équi- valents sont: salaire men- suel ou hebdomadaire et salaire horaire. ~ Le mot rémunération est la tombe avait été pillée a- " Lisezles écrivains francophones ANDRE MALRAUX Ecrivain francais né a Paris en 1901, mort en 1976. Ancien éléve de |’Ecole des Langues Orientales, il a mené de front carriére litté- raire et action politique. Avant 1927, il voyage en Extréme-Orient pour des re- cherches archéologiques tout en participant aux lut- tes révolutionnaires puis il se révéle avec ses trois romans. asiatiques. Il entre dans la lutte contre le fascisme et partici- pe a la guerre d’Espagne dans les rangs de l’aviation républicaine. Mobilisé en 1939, prison- nier évadé, il devient le Colonel Berger de la Résis- tance. Emprisonné par les Voie royale, archéologie et action révolutionnaire dans la jungle indochinoise. Le Temps du Mépris, contre Vhitlérisme et. ses prisons. L’Espoir: vécu du cdté répu- blicain, le drame de |’Espa- gne déchirée par la guerre civile. Parmi ses ouvrages' sur l'Art: Les Voix du Silence, Le musée imaginaire. Editeurs: Gallimard, Livre de Poche. D’une intelligence surai- gué, il a pour thémes favoris la dignité humaine, le coura- ge, la fraternité, l'Art, en un mot tout ce qui éléve l’hom- me angoissé qui ne croit plus en Dieu. Ses récits hachés a Allemands, il est sauvé par la Libération, rejoint l’armée et participe aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne. En- suite, il ne cesse de soutenir laction du Général de Gaulle et devient Ministre de 1'In- formation en 1945, Ministre des Affaires Culturelles en 1958. SES OEUVRES LES PLUS CONNUES: Les Conquérants, en Chine, a l’époque d’un grand mou- vement révolutionnaire. La ...la trompe militaire de l’auto de Chang-Kai- Shek commenga a retentir sourdement au fond de la chaussée presque déserte. Tchen serra la bombe sous son bras avec reconnaissance. Les phares sortaient de la brume. Presque aussitét, précédée de la Ford de garde, la voiture entiére en jaillit; une fois de plus il sembla 4 Tchen qu’elle avangait extraordinaire- ment vite. Trois pousses obstruérent soudain la rue, et les deux autos ralentirent. Il essaya de retrouver le contréle de sa respiration. Déja l’embarras était dispersé. La Ford passa, l'auto arrivait: une grosse voiture américaine flanquée des deux policiers accrochés & ses marchepieds; elle donnait une telle impression de force que Tchen sentit que, s’il n'avancait pas, s'il attendait, il s’en écarterait malgré lui. Il prit sa bombe par I’anse comme une bouteille de lait. L’auto du général était a cing métres, énor- me. Ii courut vers elle avec une joie d’extatique, se jeta dessus, les yeux fermés. » (La Condition humaine). ‘la fagon des scénarios de | cinéma peuvent sembler dif- _ ficiles a lire mais le lecteur patient sera captivé par un style puissant, tantét réalis- te, tantét lyrique, aux ima- ges et aux formules saisis- santes. LISEZ POUR COMMEN- CER: La Condition humaine. (Prix Goncourt) En Chine, en 1927, la victoire de Chang-Kai-Shek est suivie d'une atroce répression des communistes. aussi en usage. Ainsi une annonce fran- caise demandant un direc- teur régional indique que “sa rémunération ne_ saurait étre inférieure 4 5500 f par mois.” _ Louis-Paul Béguin Le Mot du Jour TEXAS. Pour ne pas rendre 4 la police la bague qu’il venait de voler (une bague a diamant de 3.17 carats,d’une valeur de $16,000), le voleur l’a avalée. Mais ila fini parla — rendre... aprés 24 heures d’attente, beaucoup de pru- nes et autres laxatifs... yee ee a Oe ee tail he et bat dil Gare, se FUT PP ary iit i Pee er.