14 - Le Soven, venorep! 7 JANvIER 1994 Concours "Correspondant en region” Du Koweit a Victoria C’est Jean-Claude Boyer, déja bien connu des lecteurs du Soleil pour ses récits de voyages, quia gagné le concours de I’automne dernier “correspondant en région”. Il s’agissait d ’écrire, en moins de 800 mots, un portrait de francophone vivant a l’extérieur du Grand Vancouver. La rédaction du journal a sélectionné, parmi les différents textes, ce portrait de Louis-Carl Baron, de Victoria, qui a participé a l’extinction des feux au Koweit. Nous publions également un témoignage hors catégorie, celui de madame Lyse Hales. . Bravo et merci a tous les participants, et félicitations au gagnant. Au fil desannées, la fran- | cophonie a faconné © implaquablement tout mon étre. Par le souffle de mes ancétres et les chants berceurs de ma mére, je suis ce que je suis... MA FRANCOPHONIE, c'est la douceur tout au chaud de mon coeur, qui me rappelle les réveillons de Noél, les cloches de Paques, les bénédictions de mon pére le premier jour de I'An... MA FRANCOPHONIE, c'est l'amertume des cau- ses perdues, les injustices d'un monde intolérant et égoite... MA FRANCOPHONIE, c'est la victoire de mes moeurs, la conviction de ma langue qu'on ne pourra jamais m’arracher... MA FRANCOPHONEE, c'est le courage instillé dans mes veines par un pére impliqué, une mére convaincu et des mentors de vision... MA FRANCOPHONIE, c'est la tristesse de l'assimilation de mes enfants loin de mon berceau familial... Lyse Hales ..MA FRANCOPHONIE. c'est la perception esthétique et le sens d'humour imprégnés dans mon Ame frangaise, qui me distingue des autres... MA FRANCOPHONIE, c'est le pinceau qui colore les teintes vives de mes tableaux et influence mon artisanat... MA FRANCOPHONIE, c'est la pincée d'épices, la saveur particu- liére des recettes de ma gran-maman... MA FRANCOPHONIE, c'est mon péché d'orgueil et d'hésitation qui m'empéche de remuer des montagnes... J'ai choisi l'isolement de ma province et je ne regrette aucunement les décisions prises au courant de ma vie. Ma conclusion ? Je partirai satisfaite d'avoir assuré mon étemnité dans le coeur et l'dme de mes enfants... Lyse Hales CR. 4G Canada Décision 93-730. Fairchild Broadcasting Ltd., Vancouver (C.-B.) ; APPROUVE - Acquisition de I'actifde l'entreprise de programmation spécialisée 4 caractére ethnique autorisée comme service régional facultatif et dont la Cathay International Television Inc. devient actuellement la licence. La licence expirera le 31 aodt 1997. "Vous pouvez consulter les documents du CRTC dans la "Gazette du Canada", Partie |; aux bureaux du CRTC; dans les bibliothéques de référence; et aux bureaux de Ia titulaire pendant les heures normales d'affaires. Pour obtenir copie de documents publics du CRTC, priere de communiquer avec le CRTC aux endroits ci-aprés: Ottawa-Hull (819) 997-2429; Halifax (902) 426-7997; Montréal (514) 283-6607; Winnipeg (204) 983-6306; Vancouver (604) 666-2111." ed Conseil de la radiodiffusion et des’ Canadian Radio-television and talécommunications canadiennes = Telecommunications Commission Décision OFFRE D'EMPLOI Position plein temps temporaire (possibilité permanente), représentant au service a la clientéle, grande compagnie d'assurance. Qualifications requises : anglais / frangais écrit, parle, expérience en dactylographie ou entrée de données. De 6h a 14h, flexibilité et disponibilité sont un plus. Contacter Shauna Wilson, manager, 669-2626 ou envoyer CV a: Shauna Wilson, 500 - 840 Howe St., Vancouver, BC Fs re > E: V6Z 2M7 Ey Téte bien en place sur de solides épaules. Voix et poignée de main chaleureuses. Il na ni froid aux yeux ni la langue dans sa poche. Coeur palpitant jusqu'au bout des doigts. Oeil vif, moqueur; panache et joie de vivre. Le bon vin l'endort, mais l'amour le réveille encore. Louis-Carl: prénom doublement noble. Un autre francophone bien né dont la valeur n’attend pas le nombre des années? Sans aucun doute. A peine 18 ans aprés sa sortie turbulente de ses langes de coton, Louis-Carl endosse le vétement d'amiante, excessivement lourd et chaud, qui lui permet de se rendre au fond des enfers koweitiens - lors de la guerre du golfe. Fait digne de notoriété: il fut le seul Canadien, parmi plus de 200 jeunes bénévoles, a étre sélectionné pour cette mission hautement intrépide: provoquer des explosions afin de réduire les mons- trueux foyers d'incendie. “Allons! Courage!”, devait constamment se répéter Louis-Carl. D'un pas d'éléphant, soutenu par toute la force, l'énergie et l'ardeur de sa jeunesse, il lui fallait précéder un puissant bulldozer. Puits de pétrole en flammes sous un ciel couleur d'encre, de sang, de feu... Réservoirs de nytroglycérine (constituant essentiel de la dynamite) aux détonations extrémement violentes... L'appel implacable du feu a étouffer par le feu... Cette expérience, jamais Louis-Carl ne l'oubliera. “Toute ma vie, affirme-t-il avec conviction, cette épreuve unique vaudra son pesant d'or.” Passons a d autres cordes que le jeune homme aime ajouter 4 son arc. D'abord, le théatre, «lui de Banff. Déja trois piéces a son actif, autant sur scéne qu’a l'arriére-scéne. Evénement marquant: interprétation, dans la longue Révolte des fermiers de 1837, de trois rdles principaux, ainsi qu'une quinzaine de réles de figurants. Peu a peu, la passion de Louis-Carl pour l'art dramatique l'incite 4 développer son talent naturel de musicien. Instrument de prédilection: I'harmonica. Depuis prés de deux ans déja, il fait partie de deux groupes - blues et jazz - qui se réunissent pendant les week-ends dans des boites de nuit de Victoria. L’art de la Louis-Carl Baron | } | photographie, par ailleurs, lui permet, comme a son amie spécialisée dans ce domaine, de perfectionner i d'autres techniques artistiques. Il faudrait, certes, ajouter mille et un autre aspects 4 cette minibiographie de M. Baron-Choquette. (Louis-Carl associe généralement au nom de famille de son pére celui de sa mére, plus typiquement québécois.) Pour rendre entiérement justice a ce dynamique francophone de chez-nous, poursuivons avec d'autres faits saillants qui illustrent la diversité de ses talents. Un tout premier métier exercé dans | Ouest (dans le Nord éprouvant de I'Alberta) consistait a manipuler i des échantillonnages de sol et a calculer leur épaisseur, puis, 4 maitriser les procédés de raffinerie de pétrole, — de lubrification de tuyaux 4 froid, et tant d'autres choses. Arrive a ce point de l'entrevue, Louis-Carl laisse échapper spontanément un bon “céline de beant!”, familier 4 tout Québécois pure laine. Rions. Et que dire de son amour de grizzli pour les splendeurs de la nature? Les occasions ne lui manquent pas de communier étroitement avec elle. Moniteur de ski dans ses loisirs depuis 3 ans, Louis-Carl adore | également l'équitation (discipline appropriée au... joual qu'il maitrise 4 merveille) et le karaté. Bon nombre © de jeunes au seuil de I'adolescence profitent de ses compétences sportives 4 la Killy et van Damme. Le métier qu'il exerce présentement? La direction d'une dizaine de travailleurs qui s'‘emploient tantot a la mise en place d'infrastructures, tantét a de lourds travaux de charpentes, tant6t au nettoyage systématique du revétement extérieur des gratte-ciel... Ces édifices ne dépassent guére qu'une quinzaine d'étages, assez — cependant pour donner le vertige. Le jeune homme a un sage avis sur les courants politiques, la religion, l'enseignement, le monde du travail, et cette fin de siécle aux perpétuels rebondissements sans Cesse accélérés ov il n'est pas facile de s'y retrouver. Il déclare: “Qui détient la vérité? Qui doit se montrer le plus responsable ?* Et il conclut avec © assurance: “I! faut d'abord étre honnéte en soi-mémes.” Sur la population rentiére de Victoria, Louis-Carl ne miache pas ses mots: “Toutes ces p'tites vieilles qui conduisent a l'inverse des sens uniques en jouant du klaxon pour faire crotre que c'est toi qui a tort, elles me font rager! Je leur ferais passer un certain temps dans l'obscurité et l'humidité d'un donjon de leur époque!” (Peu s'en faut que je l'invite a danser, comme je le fais moi-méme chaque jour, la... BUSsa-nova.) Louis-Carl ajoute finalement, avec l'air sérieux d'un juriste: Je suis persuadé que tout chauffeur de 50 ans — et plus devrait passer un minitest de conduite chaque année - ou du moins tous les deux ans.” Pour terminer, je l'engage a exprimer briévement sa philosophie de la vie. “Tout compte fait, ce qui aide le plus a étre heureux, c'est de faire ce qu'on aime, ou d'aimer ce u'on fait, sans jamais lacher, aussi — yd longtemps que “bien” peut devenir “mieux” et que “mieux” peut devenir “le mieux”.Sa devise: Une fois suffit? Tant mieux.” A toi ma révérence, cher... Baron de Victoria. Jean-Claude Boyer |