2001 OTTAWA | — En fan 2001, Montréal et Toronto seront deux villes géantes de 6.5 millions d’habitants cha- cune tandis que Vancouver sera’ devenue la troisieme mé le du Canada avec une population de pius de 2 millions. De plus, le ‘pays ymptera neuf autres villes de plus d’un million d’habitants. ‘Ces prévisions sont contenues dans un rapport intitule “‘L’avenir urbain’’, rédigé par des experts en démographie a la demande du ministre d’Etat res- ble des Affaires urbaines, M. Ro- ert Andras. Ces experts MM. A. Goracz (décédé depuis), Irwin Lithwick et L.O. Stone, soutiennent également, dans leur étude, a la ville la plus prospere sera alors milton, ou chaque habitant, homme, femme ou enfant, disposera d’un revenu annuel moyen de $6,700, ou environ deux fois celui dont il dispose aujourd’ hui. _ Les auteurs du rapport concluent qu'il est indispensable alors de doter le Canada dans les plus brefs délais dune politique -saine, certains pro- blemes ayant déja attejnt selon eux, un stade quasi-insoluble. _“Plus la prise en main de la situa- tion tardera, plus cette dernitre se détériorera et, par voie de conséquen- ce, moins efficaces se révéleront les mares employés, si énergiques soient- Dans une communication de M. An- dras distribuée hier 4 Ottawa, on sou- ligne que lavénement des mégapoles, métropoles et grandes villes ra a peu pres inhabitées de vastes par- ties du pays. Cette concentration hu- maine, estime-t-on, aura alors des ré- percussions sur Tléquilibre existant entre les zones hautement urbanisées uate nesta et leur pendant aux Etats- nis. Cette . situation sera -vraisemblable- ment de nature 4 eréer des problemes quant au. contréle national ‘des paliti- ques des deux pays. = Voici la liste des villes canadiennes appelées a: devenir les: plus populeuses} en!’an 2001: ta Toronto (6,510,000 . habitants), “Mon- tréal (6,374,000), Vancouver (2,482,000), Ottawa (1,616,000), Winni (1,614,- 000), Edmonton (1,223,000), Hamilton} (1,301,000), ‘Québec (1,178,000), Calga- ty (937,000), London (674,000), Windsor (577,000) et Régina (438,000). L’eco Au moins une douzaine,. a I’éle- mentaire; plus de trente, au secon- daire; des chiffres du méme ordre, au college et a luniversité; au total: plus d’une centaine. Voila, approximativement, le nombre de professeurs auxquels chaque 6tu- diant est obligé de s’adapter au cours de sa carriére. Le moins qu'on puisse dire, c’est qu’on a trouvé un reméde efficace contre le dogmatisme .et linfluence abusive des. maitres. De son cédté, le professeur peut rencontrer jusqu’a 300 étudiants chaque année, ce qui peut vouloir dire une dizaine de milliers dans sa carriére. Pour mieux compren- dre la signification de ces chiffres, notons que le précepteur, au siécle de Louis X1V, devait faire la con- naissance d’une vingtaine d’enfants tout au plus et que, dansnos éco- les de campagne d’autrefois, l’insti- tutrice voyait au plus dix nouveaux visages chaque année, c’est-a-dire 400 dans toute sa carriére. Quand un professeur regarde un éléve, il a donc plusieurs milliers de points d'interrogation dans les yeux; l’éléve, de son cété, en a quelques ceniaines. Cela constitue un brouillard si épais qu’il y a fort peu de chances que les deux re- gards se rencontrent. De toute évi- dence, l’école est a l'image de cette société ol, comme chacun sait, les relations des hommes avec les choses et avec leurs sembla- bles sont de plus en plus nombreu- ses et ephemeres. : Meéme diversité en ce qui a trait a ta fagon de penser et d’ensei- gner. De I'unité, aujourd’aui, il n'y en a que dans les fronts communs. Tel professeur va puiser sa sa- gesse aux sources du yoga; tel autre aux sources antiques ou chrétiennes; tel autre aux sources psychédéliques. Un fort pourcen- tage pratiquent la méthode kaléido- scopique et un certain nombre enfin ne puisent rien nulle part. Toutes les expériences sont permi- ses; toutes les fantaisies, toutes les remises en question, tous les retours en arriere. L’école ne doit-elle pas étre dans un état perpeétuel de restructuration ! Le premier professeur de fran- cais enseigne le meépris des regles de Jl'orthographe au nom de la spontanéité; le second essaie de les faire respecter au nom d’une conception différente de la méme spontaneité. Et le troisieme--nous sommes a la fin de !’élémentaire-- se hisse, en sage dialecticien, au- dessus de la mélée: il enseigne Camus et fait dialoguer ses éléves sur l’absurdité, étant bien persuadé qu’il est impossible d’apprendre a lire et a écrire avant d’avoir fait cet angoissant détour. Quant aux mathématiques et aux sciences, chacun sait qu’elles évoluent 4 un rythme si endiablé qu’il suffit que les professeurs soient a jour pour que les étudiants ne puissent ja- mais |’étre. Comme on peut le deviner, la li- berté des enfants est largement mise a contribution. Tout est pro- posé. Rien n’est irnposé. Il ya tou- tefois une exception a cette régle, et elle est de taille: on impose la conception de I’homme selon. la- quelle rien ne doit étre imposé. Notons que cette contrainte sera vraisemblablement la cause des fu- tures contestations parce que, étant a la fois englobante et hypo- crite, elle est infiniment plus nocive que les contraintes manifestes et partielles qu’elle a remplacées. Les professeurs sont au moins aussi libres que leurs éléves. Dans tous les domaines ou la science n’a pas réussi 4 maintenir son au- torité, imagination peut régner a son aise. Et elle n’est pas tenue d’étre créatrice. De toute maniére, chacun a droit a sa propre concep- tion de la créativité. ll arrive que les étudiants, excé- dés de n’avoir ni maitre ni pensée a force d’en avoir trop, s’accro- chent au premier homme qui a lair de se tenir debout et ala premiére doctrine qui présente un semblant de cohérence. ‘ ll arrive aussi que les profes- seurs, fatigués d’avoir des éléves quiils ne connaissent pas assez pour leur faire connaitre la vie et ‘le monde, perdent tout intérét pour leur travail et en sont réduits ane pouvoir partager que leur insatis- faction. Tel , est le tableau d’ensemble. Certains le trouvent sombre; d’au- tres, prometieur. Une chose, en tout cas, est certaine: on apercevra de plus en plus fréquemment les symptémes de cette maladie qu’Al- vin Toffler appelle “massive adap- tational breakdown” (en frangais infidéle: névrose collective d’adap- tation). Pour éviter d’en mourir, il faudra limiter les mesures dépay- santes au strict nécessaire et en- courager tous les efforts visanta créer plus d’unité, de stabilité et de continuité. Si on abuse des fa- cultés d’adaptation des jeunes, on en fera a coup sir des épaves. @ “L’école, m/’a-t-on dit récem- ment, devient une vie cauchemar- desque et la vie une école en- nuyeuse”. Je venais de dire a l’au- teur de cette réflexion mon étonne- ment devant le fait que l’école est a la fois de plus en plus décriée et de plus en plus fréquentée. Je lui avais aussi fait remarquer, entre autres choses, 4 quel point il est 6trange qu’il y ait, le soir, aprés le travail, plus de monde dans les classes d’éducation permanente que dans les salons et Jes salles de théatre ou de concert. Les rapports entre la vie et I’é- cole, décidément, ont besoin d’étre clarifiés. Ce qu’un enfant peut ap- prendre sur la nature en faisant une promenade avec son pére, ou sur la vie en participant a une con- versation amicale entre adultes in- telligents et réfléchis, jamais, est-il nécessaire de le rappelrer, aucune ecole ne pourra le lui apprendre. La moindre indication donnée dans un contexte chaleureux porte en général plus de fruits que les plus grandes découvertes communi- quées dans le cadre d’un cours ou d’une conférence. Le livre que nous lisons avec le plus de profit, la’ page d’histoire ou la régle de vie qui s’inscrivent en notre esprit de la fagon la plus durable, ne sont pas ceux dont on nous parle savamment pendant de longues heures, mais bien plut6t ceux au- quel un ami a fait allusion au cours} d’une conversation ou I’attention a § autrui tient plus de place que I désir de persuader. La vie sous toutes ses formes (la | vie familiale, sociale, -le contact avec la nature) est le lieu premier et privilégié du savoir et de l’ap- prentissage. C’est elle qui fournit la matiére de la culture. L’école ne peut fournir que la forme. Elle a pour fonction d’organiser et de systématiser le savoir surgi de la vie. Mais bien qu’elle soit comple- mentaire cette fonction est néces- saire. Par rapport a la vie, l’école joue le méme réle que le raisonne- ment par rapport a l’intuition. De méme que I’esprit se gate, lorsque. Vintuition faisant défaut, la raison est obligée d’assumer des taches} qui ne lui conviennent pas, de méme l’école se dénature lorsque Jacques DUFRESNE Le Soleil, anciennement Le Soleil de Vancouver, fondé en 1968 et L’Appel, fondé en 1965, est un journal indépendant publié chaque semaine par Le Soleil de Colombie Ltee, Case Postale 8190, Bureau L, Vancouver. 14, C.-R. Directeur- Rédacteur en chef : Directeur administratif ; Gilles Aerts = Jacques Baillaut Alain Clerc Brigitte Clerc Gerry Decario Roger Dufrane Le Soleil 266-9422 Abonnement (] ‘Réabonnement L) Tél. 266-9422 Myriam Bennett - Robert Bennett Jean-Claude Arluison Daniel Montroty Edmond Girault * A.A. Hards Ladislas Kardos Jennifer Lulham Carmen Primeau Jean Riou Nancouver, 14, B.C. Coupon d’abonne ‘NOM se eeee © ecccccccccccccccccodcccecede VILLE : .. ae e So tess PROVINCE : cccccccces DATE ccccccescccceses. ; .Boite Postale 8190 ‘Station L lan : $6.00 6 mois: $3.50 _| eect at pt tN AN AN A Net A OO At NA ALAR ARN AAA RAIL AS, NIN ARAN NO NN ty en ge AA ee Il, LE SOLEIL, 10 SEPTEMBRE 1971 aocse, ia Bileeiateede ee ee RR Ra aa sol aS