par Roger ‘Dufrane FORTES DE LA BARBADE Deux saisons se partagent notre année: celle du soleil, qui court de mai 4 octobre; et celle de la pluie,ds novembre & fin avril. In gros, voila les deux visages de Vancouver: celui de 1'été, paré de verdures; et celui de l'hiver, aux paysages gris et déprimants. Quand on y est né, on n'en souffre guére, ni les gens venus des pays nordiques. Mais que pen- sent les méridionaux? Accoutumés aux longues présences du soleil, ils doivent parfois, malgré une vie matérielle plus facile, re- gretter leurs climats. Pour moi, si je déteste les pluies tenaces, j'aime certains jours voilés d'arriére-saison. Ils dégagent un charme nostalgi- “que, propice & la réverie. C'est le temps ot les gazons humides du Pare Stanley brillent d'un vert plus profond. Les arbres longue- ment rougissent, et les buissons frissonnent contre les troncs ligneux des cédres. Sous le pont courbe de la la- gune, le ciel tremblote et se dé forme. Penché sur l'eau, on res- terait des heures & voguer en ré- ve, parmi des labyrinthes de ciel et de verdure. Mais les canards sont 14 pour nous rappeler 4 la réalité. Ils filent, leur bec jaune tendu, vers les miettes qu'on leur tend. Laissons-les & leurs ébats, et passons sous le petit pont qui donne sur " English Bays". Le soleil, qui réussit 4 percer entre deux nuages, tra- ce sur la mer une ligne p&le. Les arbres laissmt choir sur le sol leurs petites mains mortes, recroquevillées, et qui attris- tent. " Fortes de La Barbade, nous pensons & vous! Du temps ot vous gardiez cette plage, vous deviez parfois, en des jours sombres comme celui-ci, regretter votre ile natale." Le monument de Fortes se dres- se au pied du Pare Alexandra.I1 consiste en une stéle de marbre garnie d'une fontaine. Un bas- relief en bronze représente | trois marmots qui se baignent, et au-dessus Fortes les surveil- le de sa bonne téte ronde. La pierre porte en anglais cette inscription: " Les enfants l‘'ai-. Maient!" La fontaine fut érigée en 1927 par les citadins et les en- fants de Vancouver. Il faut re- connaitre qu'une ville qui é1é- ve un monument de marbre & un homme d'humble naissance, et par surcroit de race étrangére, est une ville généreuse. Séraphin Fortes vit le jour & La Barbade, aux Petites Antil- les, d'un planteur noir et d'une mére portugaise. Il arriva & Vancouver en 1885. Il fut d'a- bord portier dans les saloons, ot il n'avait pas son pareil pour vous jeter les ivrognes & la porte. A travers les turpitu- -des dont il fut témoin, il gar- dait une Sme pure. Les jours de loisir, il aimait se promener sur les plages, et se baigner. Vers 1890, il se retira dans un petit cottage, sur "English Bay". Dés lors, i1 travailla comme journalier pour les riches propriétaires; et il consacrait ses heures libres 4 l'entretien de la plage. Bient6t, on apprit ‘A le connaitre. Il enseignait la natation aux enfants; et il gar- dait pour eux, dans une bonbon- niére, les sucettes dont il les régalait. Le Comité du Pare le nomma maitre-baigneur. Les jours de tempéte, sa barque sautait comme un bouchon sur les vagues. Il accomplit, souvent au péril de Sa vie, des centaines de sauve- tages. Quand Fortes quitta ce monde, le 4 février 1922, toute la vil- le vint lui témoigner sa recon- naissance dans la Cathédrale du nosaire. Deux vieillards sont assis sur le bane, adossé au Pavillon de Mugique. On aimerait pouvoir se méler A leur conversation. Ils ont dfi connaitre Séraphin Fortes de La Barbade. Peut-étre que le bon géant leur a confié, par un jour gris comme celui-ci, qu'il regrettait les bananiers aux larges feuilles et les oiseaux aux vives couleurs de ses An- tilles natales. Non Assistance Richmond— Une foule de personnes ‘a regarde passivement le sauveta— ge d'une femme et la noyade d'un horme aprés qu'une camionnette soit tombee dans la riviere Fra~ ser du pont de l'tile Twigg. Monsieur Swanson, un na— geur moyen, fut le seul 4 porter secours aux occupants de la cami- onnette quand celle—ci brisant uw “ne partie du coté du pont tomba dans l'eau, Monsieur Swanson dit qu'il a demandé aux deux acciden- tés s'ils savaient nager et aprés une reponse négative, de la fem- me, il lui porta secours, Le — sauveteur déclare qu'au moment ou il plongea, l'homme était toujours a moitie hors de l'eau et qu'il ‘ aurait pu étre sauvé si une des personnes de la foule avait plon- Be s La femme qui fut sauve e- st Mme Lydia McClelland de Bur— naby.e Monsieur Harold Robert _ Wheeler de Coquitlam n'a pas ete retrouve et est considéré comme noye. Le Soleil, page 5,le 13 Octobre,1968 e e e Les jardins publics de Paris seront ouverts la nuit Les grilles qui entourent plusieurs des parcs publics de paris seront bient6t supprimées, vient d'annon- cer le préfet de Paris, qui a décla- ré en méme temps qu'un meilleur é- clairage serait assuré pour que les jardins publics restent ouverts tou- te la nuit, rapporte Air France. "Une révision approfondie de la con- ception dont s'inspirerent a l'ori- gine les squares de Paris parais— sait necessaire", a déclare le pré- fet de Paris. "Il a semble trés souhaitable de réintégrer 1'espace vert dans la cité, c'est-a-dire dans la vie du plus grand nombre de ses -habitants,." La creation de parcs de stationne- ment sous plusieurs jardins offrait l'occasion d'appliquer ces heureuses dispositicris, Ainsi en est-il du square d'Anvers, dans le 9é arron- dissement, du jardin Bergson dans le 8& dont 1'aménagement doit étre acheve au printemps ou a 1'autome 1969. Le jardin des abords de la tour | St-Jacques sera termine en totalite conformement 4 ses principes vers le 15 octobre de cette annee, SEYMOUR BOOKS véus offre des livres de luxe de langue francaise : & prix populaires. 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On peut a juste titre étre fier de ce premier resultat surtout si:l'on con- sidere que ces gens ont consenti des frais d'inscription de $20.00 et se sont engages a couvrir des distan- ces de trois 4 cing milles chaque semaine pour se rendre a l'ecole, Mais il reste difficile de concilier cette attitude nouvelle avec ce qui s'est passe récemment lors de l'ou- verture de la maternelle, 45 ins- crits 14 ou on en attendait 90, ins- .cription si faible qu'elle risque non seulement de compromettre cette experience, et l'avenir de ceux qui la vivent, mais aussi de donner a penser & notre gouvernement que nous aimonsmieux "parler du francais" que | "parler francais", Pierre Perreault