2 , Le Soleil de Colombie, Vendredi 21 Janvier 1977 SOLE ko Sait DE ee LESEUL JOURNAL DE LANGUE FRANCAISE '_ .DELA COLOMBIE-BRITANNIQUE | Conseil d’administration A. Piolat J. Baillaut N. Therrien ‘ PUBLIE PAR Téléphone: DIRECTEUR: André Piolat REDACTEUR: Jean-Claude Arluison MISE EN PAGE: Danielle Leclaire LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, = 3213 rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Les propositions du Parti Québécois pour un tarif com- mun ou une union douaniére entre le Canada et un Québec séparé laisse beaucoup de questions sans réponse. De toutes les provinces, le Québec est celle qui dépend le plus de la protection tari- faire. Dans les industries ca- nadiennes qui sont protégées par des tarifs plus élevés que 20 pour cent, plus de 60 pour cent des employés sont au Québec. En outre, 37 pour cent de l'emploi de fabrica- tion au Québec est rattaché aux ventes dans d'autres provinces. ‘ eee Si Je Québec se séparait, le centre de gravité du Cana- da se déplacerait vers l’ouest. Les quatre provinces occi- dentales constitueraient 37 pour cent de la population totale, comparé 4 27 pour cent: a l’heure actuelle, Leur principale source de com- merce est dans les produits ‘primairés (grains et miné- raux). De tout temps, elles. se sont plaintes que les taux de fret étaient truqués pour plaire aux fabricants et trai- teurs en Ontario et au Qué- « Leurs. produits ‘voyagent vers l’est @ un tarif peu élevé ce qui encourage le traite- ment dans lest du Canada. Mais, par contre, elles paient un taux plus élevé sur’ les produits manufacturés expé- diés 4 l’ouest. eee L’ouest a avalé cette'injus- tice uniquement pour renfor- cer la base de fabrication ca- nadienne dans le contexte de la Confédération. Mais con- tinuerait-il a le faire sile tiers de cette base, représenté par le Québec, était dansun autre: pays? Ce qui est plus proba- ble, c’est une demande pour mettre un terme a la discri- mination. de tarifs de fret et organiser le traitement dans louest. “eee Les intéréts des provinces occidentales seraient mieux servis par des tarifs plus bas. Ceci réduirait le coat des marchandises importées. Ici encore, dans le cadre de la Confédération, les provinces occidentales acceptent le be- soin de protéger l’industrie du Canada oriental. eee Mais la plus grande partie de cette protection est pour le ‘bénéfice du Québec. Si le Québec se séparait, est-il pro- bable que les provinces occi- dentales ou les provinces ma- ritimes se laissent pénaliser par un tarif élevé pour pro- téger les industries d’un pays étranger? Qu’arriverait-il au 37 pour cent dela fabrication québécoise maintenant ven- dus dans les autres parties du Canada, si les tarifs étaient baissés? as eee See En avril 1975, les résultats d'un. sondage national fait par les membres de la Fédé- ration canadienne de l’entre- ©. prise indépendante sur la - question du libre échange avec les Etats-Unis étaient répartis comme suit — 44 pour cent pour et 50 pour cent contre. Sans le Québec, il ne fait guére de doute que opinion des petites entre- prises pencherait du coté du libre échange. _ @ee : Lidée d’un Québec séparé dans une union douaniére avec le Canada, c’est prendre ses désirs pour des: réalités. La séparation serait com- pléte. Le Québec serait seul. meray tangs 4 |. Québécois. de communiquer en frangais dans le ciel de leur 2k Se aia Pee et : pam s‘opposant a l'utilisation du francais, pourra décréter i aie nettq! ae hi : Séparation couteuse pour le Québec . “touche qu’une infime partie de la population, par sa capitulation province. EDITORIAL Dans la mesure du possible ? La décision du Juge Louis Marceau de la Cour fédérale (décision qui a fait la manchette a la une du “Vancouver Sun”), rejetant la demande de l'association des Gens de I’Air de désavouer le décret de M. Lang, ministre fédéral des Transports, interdisant l’usage du francais dans les principaux aéroports du Québec, est plus qu'une défaite pour les Gens de I’ Air, elle est une admission de |’inefficacité de la “loi sur les langues officielles”. _ Par son interprétation de la phrase “dans la mesure du possible” qui parait dans l’un des articles de cette loi, la décision du Juge Marceau crée un précédent qui pourra servir a tout ministre, qui, dorénavant, 4 sa guise, pour faire plaisir a n’importe quel nterdiction de l'utilisation de cette langue dans tel ou tel service découlant de son ministére. es : ‘Pourquoi les: . tomme ils en ont Je droit, en Cour Supréme du Canada, la décision } du juge Marceau? Ce n’est pas le manque d’argent, puisque M. Lévesque leur a assuré corp financier du gouvernement du uebec. ‘Ne serait-ce pas p ilitants du séparatisme? : Si Vutilisation du frangais comme l'un des media. de communication entre contréleurs et pilotes est une question qui ne utdt une décision des statégistes abjecte, devant l’'ultimatum des syndicats des pilotes et des contréleurs (C.A.L.P.A. et C.A.T.C.A.), le gouvernement fédéral, en ne désavouant pas le décret du ministre des Transports interdisant l’utilisation du frangais dans les principaux aéroports du Québec, sous le soi-disant prétexte de sécurité* aérienne, en a fait une question de principe des plus émotives. Le droit des Est-il possible de trouver un plus beau sujet de propagande anti-fédéraliste pour les militants séparatistes? André PIOLAT * Le Québec séparé, le francais devenu langue de communication, par sécurité, les avions canadiens devront-ils terminer leurs vols a la frontiére Ontario-Québec, les passagers continuant leurs trajets a Montréal en autobus? Le 15 novembre dernier, le Québec venait d’effectuer un autre pas de géant de son histoire. Démocratiquement, les Québécois se sont dotés d'un gouvernement qui leur offre le choix d’une remise en question fondamentale du systéme dans lequel ils vivent: le systéme fédératif. ; Les communautés franco- phones hors Québec éprotivent un profond respect a I'égard des * Québécois qui se sont montrés _ .déterminés a prendre leur desti- ‘ née“en ‘main. En ce sens, l'atti- . tude du Québec est exemplaire et *. les francophones .hors Québec — _ veulent s’en inspirer. C'est bien avant le 15 novem- bre dernier, cependant, que les -communautés francophones hors Québec ont commencé a faire leur examen de conscience. Et maintenant, toute la conjoncture actuelle donne lieu a des clarifications: ¢ 1) Le Québec vient d’accepter de se pencher sur I’étude du dossier de l'indépendance. 2) Toutes les provinces sont mal a Taise dans le revétement politique de la confédération. 3) Quant au gouvernement fédé- ral, il doit établir la preuve de la validité du systéme confédératif. Face a ce jeu qui s‘amorce, les communautés francophones hors Québec tiennent a énoncer claire- ment leur position. Les commu- nautés francophones hors Qué- bec n’ont pas l’intention de servir de pions l'une ou I’autre des parties en cause.Cependant, elles ont ja ferme intention d’interve- nir dans le débat. avec toute la force du million de personnes qui les composent, ét de faire connaf- tre a l'ensemble du pays Jeurs aspirations profondes. .... En 1968, par l'adoption:-de Ja politique sur Je bilinguisme; ‘Je gouvernement fédéral posa un’ geste qui faisait reluire un avenir . prometteur pour la francophonie canadienne, et qui du méme coup visait a consolider l'unité cana-. dienne. Or, qu’en est-il aujourd’hui? L’heuure a sonné ov il faut établir un bilan. L’heure a sonné parce qu'elle oblige les parties a prendre position face au choix du Québec, et aux débats sur la constitution canadienne. Plus que jamais, c'est le temps d'intervenir pour les communau- tés francophones hors Québec. Conscientes que personne d’au- tre ne pourra faire ce travail 4 leur place, elles ont déja annoncé leur plan d'action. La F.F.H.Q.: L’exemple du Québec La stratégie adoptée est déja en marche: 1. Les communautés francopho- nes se sont concertées et sauront faire entendre un = message commun. fs 2. Elles feront preuve d'une discipline impeccable de. solida- rité.: 3. Ce message sera celui d'une vaste communauté d'un million de personnes ‘qui partagent les mémes conditions ‘d’existence: celui de groupe’ minoritaire d'ex- pression francaise. \".: ee 4, Les communautés _franco- phones hors Québec préparent — un dossier exhaustif décrivant: leur situation, le contexte dans” lequel elles vivent, et les besoins -engendrés par cette situation, afin qu’elles puissent arriver sur un pied d’égalité avec l'ensemble de la population. - 5. Ce message, il se fera entendre prochainement, en temps et lieu. En bref, Jes. communautés francophones hors Québec veu- lent faire savoir 4 toutes les parties intéressées qu’elles ne se contenteront plus de demi-mesu- res. Elles indiqueront ce qu’elles veulent et 4 quelles conditions minimales. 4G) re