12 Le Soleil de Colombie, Vendredi 13 Janvier 1978 Les couleurs du jour par Roger DUFRANE Les pelouses grésillaient de givre et une fine poudre blanche recouvrait les toits. Au loin, les montagnes s’en- veloppaient de vapeurs déli- cates. Elles étaient striées de neige et a part moi jimaginais, dans leur_sous- sol, les skieurs réjouis empa- quetant leur barda. Un avion passait dans le bleu du ciel. Il avangait laborieuse- ment, déja incliné pour I’at- terrissage. Le bruit de ses moteurs témoignait de la limpidité du jour. C’était Vhiver et déja le printemps. Les saisons s’entremélent parfois. Qui oserait affirmer que les mois d’aoiit, pluvieux a l’oceasion, ne recélent pas un soupcon d’hiver? Qui oserait dire que cet hiver-ci, avec ses soleils d’argent doré éclairant un jour sou- dain tout bleu, ne recouvre pas une sorte d’été entr’a- percu a travers un voile? J'ai tourné vers l’ouest et me suis mis 4 grimper la colline dans la direction du quartier de Dunbar. Au sommet de l’avenue, une sorte de belvédére découvre une belle vue sur la ville. A mes pieds se déroule une apparence de forét due a Vabondance des taillis et ov s‘éparpillent, pour dix mille arbres, mille maisons. Je suis passé 4 hauteur d’un garage aux portes ouvertes. A travers la fenétre opposée se découpait au loin la vi- gnette du centre-ville: un troupeau de. blancs édifices tassés contre la muraille a la fois proche et lointaine des montagnes. Sur la pelouse centrale de la magnifique avenue que je montais maintenant, de jeu- nes sapins, alignés en rangée assez lache, tournaient commedes toupies. “Que dites-vous la! m’interrom- pez-vous. Les sapins sont des €tres bien enracinés dans le sol et qui ne bougent pas, sinon de leurs branches dans le vent.” Ici je vous arréte et je vous affirme qu'ils tournent, et follement. Comme jadis Galilée, et d’ailleurs sans risquer ma vie comme il risquait la sienne, je suis prét a procla- mer: “Eppur si muove!” - “Et pourtant ¢a tourne!” Nous vivons dans un mon- de double, celui que nous percevons 4 !’oeil nu et celui que nous révélent les appa- reils de la science et les déductions des savants. Or ces deux mondes, souvent contradictoires, peuvent l’un et l'autre inspirer les poétes. La poésie n’est que l’appa- rence des choses embellie par nos réves. Et tout savant est une sorte de poéte qui avec sa lorgnette ne fait que multiplier les apparences. Dans les ré- duits humides, les liquides manoirs dont parlait La Fon- taine, l’eau des mares sem- ble croupir et non vivre. Or cet univers, exploré par le microscope du biologiste et agrandi sur l’écran de télévi- sion, éclate en mille merveil- les: des animaux et des plantes, des créatures énig- matiques, qui procédent a la fois des uns et des autres, des poissons bleus et roses voguant sur des bancs de corail. Et l’espace qui nous parait si vide, qu'il devrait étre enivrant de pourvoir le parcourir en fusée et de circuler a une vitesse verti- gineuse dans, ce que Victor Hugo appelle superbement, le champ d’or des étoiles! Les anticipations font tourner la téte. Pour garder La philatélie Le ministre des Pastes, Jean-Jacques Blais a annon- cé que les Postes lanceraient le 18 janvier prochain un des aprés la Seconde Guerre mondiale. Ces produits chi- miques ont nui a la repro- duction en portant atteinte a www ww oe a i a, | H 5 postage-postes Falco eles i ~wwwvwvvwevwvevvwvvwvvuwwuVvVUVUUVUU. ywuwwvwwvwvwuwvwwew' autre timbre de 12 c. dans le cadre de la série consacrée aux espéces menacées d’ex- tinction. Le nouveau timbre représentera le faucon péle- rin. En annoncant la nouvelle émission, M. Blais a tenu les propos suivants: “Il y a quarante ans, on retrouvait le faucon pélerin originaire du Canada dans presque toutes les régions du monde. Aujourd’hui, il est menacé d’extinction”.. “Certains chercheurs d'Europe et d’Amérique du Nord ont découvert qu’il . existait un lien entre la baisse importante du nom- bre de faucons pélerins sur les deux continents et l’utili- sation répandue de pestici-..bre, . . - la formation de la coquille de Yoeuf. Lutilisation contré- lée de ces pesticides donne au faucon pélerin une chance de survie en Amérique du Nord, mais son existence est toujours menacée et c’est pourquoi il est important de sensibiliser les Canadiens au probléme de la survie du faucon.” Robert Bateman, célébre peintre canadien de la faune, a dessiné le timbre-poste, qui sera tiré 4 31.8 millions d’exemplaires par la maison Ashton-Potter Limited de Toronto. Les postes n’ont pas enco- re décidé ot aura lieu le lancement officiel de ce tim- notre esprit sur la terre, suivons les sentiers, parcou- rons les routes et flanons dans les jardins. La plus courte promenade éveille d’étranges sortiléges. Des univers dorment dans les flaques frangées de givre. D’autres s’animent avec la brise dans les feuilles; cette brise d’un hiver moins rude qu’on ne I’avait prédit, et qui décoiffe une jolie blonde au visage rieur. Assez de folatreries! Cet- te sortie a un.but pratique et précis. Je me rends ce matin a l’épicerie de mon ami VItalien. I] me jettera un “bonjour patron!” en cli- gnant de l’oeil et en prome- nant le regard du maitre sur sa femme et ses trois enfants qui s’affairent dans la bouti- que. C’est chez lui que je m’approvisionne en spéciali- tés européennes. Aujour- d’hui j’éprouve un double plaisir a le visiter. Car il va | me servir dans son arriére- magasin, a l’occasion de |’an- née nouvelle (il n’est jamais trop tard pour bien faire!” un verre de liqueur ot semble briller la gaité pétil- lante qui danse dans ses yeux. ~ La Caisse Populaire et la communauté par Roméo PAQUETTE Caisse Populaire de Maillardville 3éme article d’une série Dans les deux premiers articles, nous avons tenté de décrire ce qu’est une caisse populaire et de démontrer qu'il s'agit 14 d’une institu- tion bien enracinée dans la tradition canadienne-fran- caise. Sous le nom de Credit Unions, nos compatriotes an- glophones, de méme que nos voisins des Etats-Unis, ont suivi l’exemple du Québec, berceau des coopératives d’épargne et de crédit en Amérique du Nord. Les Caisses Populaires et les Credit Unions ont, par leur croissance accélérée de- puis quelques années, assu- mé le leadership dans le domaine coopératiff. Toute- fois, les animateurs du mou- vement des caisses populai- res et credit unions sont conscients d’un probléme qui se pose de plus en plus a mesure que progressent les caisses populaires. Le pro- bléme est le suivant. Les caisses populaires et credit unions comptent. une proportion de plus en plus grande de “clients”. C’est-a- dire que, de plus en plus, ceux qui demandent leur adhésion le font dans le méme esprit-que s’ils s’a- dressaient a toute autre institution financiére. Nous vivons dans un sys- téme que l'on est convenu d’appeler “de production et de consommation”. L’éco- nomie occidentale, capitalis- te, considére a tort ou a raison que son progrés se mesure par un approvision- nement massif de biens de consommation et par une demande toujours croissante de ces mémes biens. Le consommateur de biens for- me l'ensemble de la popula- tion, alors que l’on a tendan- ce a considérer la contrepar- tie du secteur de la consom- mation, le producteur, non plus comme l’homme qui transforme la matiére au gré de ses besoins, mais comme une suprastructure indus- trielle, plus ou moins indé- pendante de son contexte ‘humain, de qui le consomma- teur se voit comme le “cli- ent”. La Caisse Populaire, dont Vobjectif principal est d’hu- maniser, pour ainsi dire, le | capital et son réle social, se eso F IGG 29 2 retrouve, en cette fin du “siécle de l’abondance”, a devoir convaincre ses “mem- bres” qu’ils ne sont pas des “clients” mais des personnes qui veulent, ensemble, transformer leur capital col- lectif en vue de leur promo- tion sociale. Le systéme coopératif est souvent percu comme une formule de secour's en temps de crise, ou en tant que formule d’entr’aide pour les démunis, ou comme moyen de se défendre contre |’ex- ploitation. I] est vrai que, grace au coopératisme, l’on a réussi a combattre l’usure. Lorsque les caisses populai- EEF FEES STE SESS EELS = Le coin du traducteur % 2 PESEEESESELELELIS ILE BONUS (FAUTE) I touche un BONI % BONUS haute fois qu'il dépasse les normes de production. . (CORRECT) Il touche une PRIME chaque fois qu’il dépasse les normes de production. (FAUTE) Cette année, les ouvriers n’ont pas touché le BONUS habituel de Noél. (CORRECT) Cette année, les ouvriers n’ont pas touché la GRATIFICATION habituelle de Noél. (FAUTE) BONUS accordé pour l’augmentation du cofit de la vie. (CORRECT) INDEMNITE DE VIE CHERE. CUEILLETTE (gén.) 1) Action de cueillir, se dit en particulier de la récolte de certains fruits. Ex.: Faire la cueillette des framboises. 2) Au sens technique, le mot CUEILLETTE ne s‘emploie pas pour désigner le ramassage systéma- tique. (FAUTE) (CORRECT) (FAUTES) CUEILLETTE des oeufs, du lait, des données. CUEILLETTE des vieux journaux :, CUEILLETTE des ordures ménagéres CUEILLETTE du courrier (CORRECT) RECOLTE des pommes de terre COLLECTE des oeufs, du lait, des données. CUEILLETTE des pommes de terre RECOLTE des pommes de terre RAMASSAGE des vieux journaux. ENLEVEMENT des ordures ménagéres LEVEE du courrier. res ont débuté, l’usure était ' une plaie sociale. Les fer- miers, en formant des coo- pératives, ont réussi a se protéger contre le marchan- dage et.a organiser leur propre réseau de mise en marché des produits agrico- les. Par la méme voie, ils ont pu assurer leur approvision- nement en matiére premiére et en outillage en créant leurs propres agences. Le coopératisme n’est done pas, fondamentale- ment, une formule de se- C’est un outil démo- cours. cratique d’autodétermina- tion. C’est une formule d’affranchissement, de libé- ration, d’émancipation et de fraternité humaine. C’est l’alternative a l’individua- lisme qui réduit la personne al’impuissance devant les pouvoirs établis. En somme, c’est la démocratie dans sa forme la plus pure. Dans le systéme coopéra- tif il n’y a pas de notion de profit. Tout montant excé- dentaire au prix cofitant est appelé ‘trop-pergu’. Ce trop- pereu doit étre réparti sous forme de services accrus ou de ristourne aux membres, au pro-rata des services utilisés. Cela peut étre sous forme de dividende, d’un intérét plus élevé sur les dépéts, d’un remboursement d'une partie des intéréts payés sur les emprunts. Mais, ce qui est trés important, en ce qui concer- ne les membres, c’est l’esprit qui les anime dans leurs rapports avec leur coopérati- ve. Ils n’y entrent pas comme clients mais en tant que co-propriétaires d’un service qu’ils se rendent a eux-mémes. Dans le cas d’une caisse populaire, les membres-usa- gers ont mis en commun leurs épargnes individuelles pour pouvoir, ensuite, utili- ser ces capitaux selon les besoins particuliers de cha- cun. S'il s’agit d’une coopérati- ve de consommation, ce sont les membres qui se sont mis ensemble pour acheter cer- tains biens de consomma- tion. Il est possible qu’une partie des activités coopéra- tives rejoigne les deux as- pects des échanges: produc- tion-consommation. Il s’agi- rait de producteurs unis en coopérative qui échange- raient le fruit de leur pro- duction contre des biens fabriqués par d’autres cco- pérateurs. A ce niveau, l’on peut commencer a percevoir le développement possible d'un systéme coopératif qui devient intercoopératif. Un autre exemple sur lequel nous reviendrons est celui du logement coopéra- tif. Dans ce cas, il s’agit d'une formule qui-prend un essor important et qui con- siste a mettre en chantier et a habiter des maisons ou édifices 4 logements multi- ples dont les usagers sont collectivement _ propriétai- res. La semaine prochaine, nous chercherons a analyser en plus de détails l’applica- tion particuliére des princi- pes que nous venons de considérer. MOS <7 Saviez-vous oR LE COURRIER: DE LA NOUVELLE-CALEDONIE informait les premiers colons de la Colombie-Britannique Procurez-vous les exemplaires existants du 11 septembre 1858 au 8 Octobre 1858. ECRIVEZ A: SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-COLOMBIENNE. A‘ LE SOLEIL DE_COLOMBIE 3213 RUE CAMBIE VANCOUVER, C.B. V5Z 2W3 — _ PRIX: $1.00 + $0.25 pour la poste : qu'il existait un journal en francais au début de la colonie? 1S 29M iries i mee eae ae PPMP ODD FY ame ce-spn in fata Paa are ara arate area ees ere yen eee