16 Arts et Spectacles Décidément, les instru- ments a vent deviennent les ve- dettes de notre orchestre sympho- nique. En effet, trois des grandes étoiles de la musique symphoni- que canadienne sont des musi- ciens principaux du VSO. On connait Camille Churchfield, dont la fliite aérienne, au ton si pur, ne cesse de surpren- dre les mélomanes. Roger Cole, prin- cipal hautbois de renom, fait aussi bien partie du VSO que du pres- tigieux ensemble vancouvérois de la CBC. Quant a Wesley Foster, principal clarinet- tiste, il m’a donné énormément de plaisir musical. Je les ai ap- préciés, ainsi, en octobre, dans le premier concert de la série «Chefs d’oeuvre»; enlevé avec la miaitrise calculée, pourtant toute lyrique, de Sergiu Comis- siona. Las, Las! La violoniste invitée a jouer, en premiére partie du programme, le Concerto no 5 en la majeur de Mozart, m’a semblé trop imbue de sa propre virtuosité technique pour donner suffisamment de place a la parti- tion. Quel contraste avec la limpi- dité mielleuse de l’orchestre, sous le baton de Sergiu Comissiona... Il ne craint pas de nous donner son Mozart. Mais quelle préci- sion, quelle clarté! VSO Un vent d'harmonie J’étais venu pour la Sym- phonie «Manfield» de Tchaikovs- ki, oeuvre trop longue, trop ro- mantique, un demi-échec musi- cal. Mais le troisitme mouvement, «Andante con moto», consiste essentiellement en un dialogue vents-cordes, des plus difficiles. Non seulement les musiciens prin- cipaux l’ont-ils joué; ils l’ont Les instruments 4 vent du VSO, en plein concert. On apercoit Camille Churchfield (deuxiéme 4 gauche), Wesley Foster (cla- rinette), Roger Cole (hautbois), Christopher Millard (basson). Photo: David Cooper. enlevé, |’ont transformé en beau- té 4 1’état pur. Les deux sections des violons, bien tenues en main par Sergiu Comissiona, ont fait l’écho, puissant, majestueux, aussi bien aux clarinettes de William Jenken et Nicola Everton, qu’au piccolo de MKathleen Rudolph, au cor de Beth Orson... Ce fut un triomphe. Encore une démonstration du haut niveau des instruments a vent lors du 2éme concert de cette série. Un programme russe: Stravinski (Jeu de cartes et le Capriccio) et Shostakovitch (Symphonie no 1). C’est Mario Bernardi qui a dirigé l’ensemble. Nous avons eu droit 4 une exposi- tion brillante, trés personnelle, du cété léger, du Stravinsky mon- dain des années 40. Cette premiére oeuvre, écrite pour le ballet, lui a semblé un jeu; soit Mario Bernar- di a dirigé fer- ~ mement ile # VSO vers une brillance dure, fF, polie. L’exécu- tion suivante, du Capriccio pour piano et orchestre, m’a dégu. La soliste invitée, Cristi- na Ortiz, a joué | passionnément cette partition, composée par Stravinsky en tant que pia- niste soliste de l’Orchestre Philharmoni- que en 1928. Mais ce n’est pas en suivant, a la lettre, le compositeur que 1’on interpréte une oeuvre musicale...! Comme 1’a compris 1’au- ditoire, en entendant |’aimable Divertimento pour cordes du compositeur torontois Oskar Morawetz. C’est joli, c’est har- — monieux, ce sont de longues va- gues de musique exquise, langou- reuse, dans la plus pure tradition de Brahms, selon l’interprétation de Mario Bernardi. Mais en choi- sissant la clé de sol, Morawetz n’a sirement pas voulu donner une telle densité Emotive a son charmant petit divertissement! Voila la faute opposée a celle que je reproche a Mile Ortiz; mais les grands musiciens sont, je le ré- péte, des interprétes. Enfin, le tout s’est terminé par l’exécution de la longue pre- miére symphonie de Shostako- vich. Les vents du VSO ont don- né, au cours d’une interprétation intéressante, une démonstration époustouflante de ce lyrisme qui transcende la virtuosité techni- que. Voila le but - l’ambition! de tous les orchestres. Nigel Barbour Le concert des 22 et 23 novembre présente, entre au- tres, quatre des musiciens prin- cipaux du VSO, sous la direc- tion de McCoppin. Au pro- gramme: Stravinsky («Pulci- nella») et Mendelssohn («