Le Moustique Volume 3 - 12% édition Décembre 2000 Suite et fin de l'histoire de ... L'Académie francaise Du Francois au Francais. La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres : une controverse récente. En 1984, le Premier ministre crée une « commission de terminologie relative au vocabulaire concernant les activités des femmes ». Le décret indique notamment que « la féminisation des noms de professions et de titres vise a combler certaines lacunes de l’usage de la langue frangaise dans ce domaine et a apporter une légitimation des fonctions sociales et des professions exercées par les femmes ». L’Académie frangaise, qui n’avait pas été consultée, fait part de ses réserves dans une déclaration préparées par Georges Dumeézil et Claude Lévi-Strauss. Elle annonce en particulier le contresens linguistique sur lequel repose |’entreprise : il convient de rappeler que le masculin est en frangais le genre non marqué et peut de ce fait désigner indifféremment les hommes et les femmes ; en revanche, le féminin est appelé plus pertinemment le genre marqué, et « la marque est privative. Elle affecte le terme marqué d’une limitation dont l'autre seul est exempt. A la différence du genre non marqué, le genre marqué, appliqué aux 6tre animés, institue entre les deux sexes une ségrégation. » Aussi la féminisation risque-t-elle d’aboutir a un résultat inverse de celui qu’on escomptait, et d’établir, dans la langue elle-méme, une discrimination entre les hommes et les femmes. L’Académie conteste enfin le principe méme d’une intervention gouvernementale sur l’usage, jugeant qu’une telle démarche risque « de mettre la confusion et le désordre dans un équilibre subtil né de l’'usage, et qu’il paraitrait mieux avisé de laisser a l’usage le soin de modifier ». Une circulaire du Premier ministre recommanda, en 1986, de procéder a la féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres dans les textes officiels et dans l’administration, Elle ne fut guére appliquée. Puis, en 1997, certains ministres du gouvernement préconisérent pour leur compte la forme féminisée « la ministre », ce qui provoqua une nouvelle réaction des académiciens. Dans une circulaire du 6 mars 1998, le Premier ministre constata le peu d’effet du texte de 1986, mais recommanda a nouveau la féminisation « dés lorsqu’il s’agit de termes dont le féminin est par ailleurs d’usage courant ». Il chargea la commission générale de terminologie et de néologie de « faire le point sur la question ». Le rapport de la commission a été remis au Premier ministre en octobre 1998. Il rappelle qu’une intervention gouvernementale sur l’'usage se heurterait trés vite a des obstacles d’ordre juridique et pratique, et qu’on peut douter, de toute fagon, qu’elle soit suivie d’effet. Il établit une nette différence entre les métiers d'une part (ou les formes féminines sont depuis toujours en usage et ne posent pas de problémes particuliers), et les fonctions, grades ou titres d’autres part, qui doivent étre clairement distingués de la personne. La fonction ne peut étre identifi¢e a la personne qui l’occupe. Le titre a la personne qui le porte, etc. ; pour cette raison, l'utilisation ou invention de formes féminines n’est pas souhaitable. COMMUNIQUES DE PRESSE 23 novembre 2000 : Candidature L'Académie frangaise, dans sa séance du jeudi 23 novembre 2000, a enregistré la candidature du Dr Henri Amoroso, au fauteuil de M. Alain Peyrefitte. L'élection aura lieu le jeudi 14 décembre 2000. 16 novembre 2000 : Candidature L'Académie francaise, dans sa séance du jeudi 16 novembre 2000, a enregistré la candidature de M. Pierre Clavaud, au fauteuil de M. Jean Guitton. L'élection aura lieu le jeudi 14 décembre 2000. 9 novembre 2000 : Candidature L'Académie francaise, dans sa séance du jeudi 9 novembre 2000, a enregistré la candidature de M. Albert Memmi, au fauteuil de M. Alain Peyrefitte. L’élection aura lieu le jeudi 14 décembre 2000. Page 22