La narra~ trice, qui comme » l’auteur s’appelle Margue- rite, s’ap- préte a fé- ter ses 84 ans avec sa famille. Hantée par cette question qu’on lui pose souvent : “ D’ot venez-vous?”, elle se met a fouiller dans les replis de sa mémoire afin de retrouver ses souvenirs. Le li- vre est constitué de courtes vignettes ou elle fait un va~-et- vient entre son passé, depuis sa petite enfance en Allemagne et sa vieillesse aujourd’hui a To- ronto. Marguerite Anpeasee: Le figuier sur le toit Elle évoque ses grands- parents, ses vacances a Ahren- bourg ol sa mére a hérité @une maison ou elles vivent parfaitement heureuses. Plus tard, elle voyagera de par le monde « mais le village au bord de la mer Baltique restera son domicile inté- rieur. » (p.101). Avec la mon-~- tée du nazisme, elle observe que sa mére se trouve divisée entre son allégeance envers 16 Depuis 1941... Marguerite Andersen, Le figuier sur Ie toit, Editions l’Interligne, Ottawa, 2008. son pére, professeur respecté nationaliste et antisémite, et son mari Théo qui rejette com- plétement ces idées. Pour cette raison, exclu de toute vie pu~- blique, Théo consacre son énergie a lécriture tandis que la famille vit de plus en plus pauvrement a Berlin. Autour d’eux, les Juifs perdent peu a peu tous leurs droits, sont bientot envoyés dans des camps de concentration oui ils seront exterminés. En 1936, Marguerite, agée de 12 ans, doit faire obligatoirement par- tie de la jeunesse hitlérienne et porter l’uniforme nazi décoré de la croix gammeée. En réflé- chissant sur cette période de sa jeunesse, la vieille dame se de- mande si elle n’était pas vrai- ment consciente de ce qui se passait, si elle a oublié ou bien si elle a voulu oblitérer ces an- nées qu’elle qualifie de désas- treuses. Quand Berlin est bombardée sans merci par les forces al- liées, Marguerite part pour Vienne en Autriche, puis plus tard se réfugie a Londres et commence pour elle l’errance. Finalement elle s’établit au Ca~ nada ou, aprés avoir obtenu un doctorat en lettres francai- ses, elle enseigne dans diffé- rentes universités. A partir de 1970, elle commence a s’inté- resser au féminisme et s’a~ donne a l’écriture. La vieille dame, qui raconte son histoire, cultive sur son toit un petit figuier dans l’es- poir que, comme le font cer- tains immigrants italiens, elle pourra en enterrer la cime au début de Vhiver et ainsi il re- prendra vigueur au printemps. Mais la veille de ses quatre- vingt quatre ans, elle s’aper- coit que son figuier est mort. Comme lui, Marguerite ne pourra recommencer sa vie. Le livre suit de trés prés les étapes de la vie de l’auteure. Bien qu’encombré parfois de détails insignifiants, dans l’en~ semble, cette autofiction, écrite dans un style simple, constitue une lecture intéressante, un témoignage valable sur la fa- con dont une jeune Allemande grandit sous le régime nazi. Marguerite Andersen a obtenu en 2009 le prix des lecteurs de Radio-Canada pour cet ou- vrage. Monique Genuist