Loisirs 13 Vient le moment de sortir sur le préau trois énormes marmi- tes noires. On me charge de verser du riz dans une centaine d’assiettes - une autre premiére dans ma vie - qu’un «cuistot» recouvre ensuite d’une sorte de fricassée brune. Rappel de la multiplication des pains et des poissons. La «foule» rassa- siée, Jean-Paul est invité 4 couper le traditionnel gateau, glacé de blanc, avec un «Happy Birthday» vert éme- raude. Santé et longue vie! Quelle chaleur! C’est a ramollir des volontés de fer! Une sieste prolongée s’impose. Mieux vaut, en effet, économiser ses ges- tes, se momifier. En soirée, nous nous retrou- vons, les quatre Québécois, James, un jeune frére indien, et les Suédoi- ses, a la résidence du directeur adjoint pour un souper de volaille au curry. Notre hétesse sert de généreuses portions, comme ma mére autrefois. (Cette brave In- dienne périral’ année suivante dans un accident de moto.) Joyeuses libations et non moins joyeuse bombance, le tout ponctué de pro- pos badins, ironiques ou piquants. Un Sacré-Coeur en manteau écar- late - encastré dans un mur - nous ouvre tout grand les bras; la Vierge, tout prés, monte au ciel dans un vieux cadre démodé. Je léve par- fois les yeux sur eux, comme pour saisir dans leurs visages doucereux un tantinet d’indignation. Leurs sourires ingénus ont l’air de parti- ciper aux festivités. Une derniére explosion de rire, et chacun re- tourne se glisser sous sa mousti- quaire dans le silence de la nuit. Je consacre la jounée du lendemain 4 l’enseignement de quelques rudiments d’anglais - a ceux qui en ont le plus besoin - et de chant, ainsi qu’a des séances de... repos complet. Mes petits éléves finissent par pouvoir nommer sans trop d’hésitation bon nombre d’ ob- jets qui les entourent, les couleurs usuelles et les principales parties du corps, «from head to toe». Ils parviennent également 4 me chan- ter, tant bien que mal, «Doe, a dear, a female dear», refrain bien connu de «The Sound of Music» (La Voyages Repos et benevolat Mélodie du bonheur). La plupart de ces jeunes sont en effet fort «talentés» (talented), comme se plaisenta le répéter les missionnai- res. Peu avant le déclin du jour, Jean-Paul me prend en photo avec celui que les enfants appellent «Brother André». Nous portons le traditionnel «lengua», tissu atta- ché simplement autour de la taille. Entre nous deux, une statue du frére André, justement, (le fondateur de l’Oratoire Saint-Joseph de Mon- tréal), agenouillé dans Vherbe, soutane blanche, mains en priére. Au premier plan, un jeune bana- nier nouvellement transplanté. Clic! Nous observons ensuite le frére Pearson vider des rayons de leur mie] doré. Bavardage légére- ment salé, taquineries mutuelles... André nous montre sa photo de passeport, prise a 1’époque ot il ne portait pas la barbe et affichait de respectables rondeurs. «Cette pho- to a failli me causer des ennuis ala banque, raconte-t-il. Le commis m’a longuement dévisagé en fai- sant une dréle de téte.» Et la frai- cheur de la nuit nous raméne de nouveau au beau pays des réves. Le 29 mars. Ce matin, je me rends a la Banque de |’ Inde (Ban- galore) avec le frére Conrad pour déposer un chéque de 3,000$ au nom des Fréres de Sainte-Croix, comme convenu avec un de mes fréres qui vient de me l’envoyer du Québec. (Ce montant devrait suf- fire pour la fin de mon tour du monde.) En me voyant sortir le chéque de son enveloppe, le reli- gieux me fait remarquer que le cotit de cet envoi par courrier re- commandé équivaut 4 au moins quatre repas complets dans un res- taurant populaire! Transaction bancaire rapide, grace a l’excel- lente réputation de mon ami mis- sionnaire et 4 son expérience dans le domaine. [1 ne restera plus qu’a me procurer pour 2,000 $US de chéques American Express, et fi- nies les préoccupations financit- res. Retour 4 Whitefield, sous un soleil de plomb, pour d’autres lecons d’anglais et de chant. Ma premiéreclasse estau rendez-vous. Revision. Puis je m’ingénie a pi- quer la curiosité, 4 provoquer des questions. L’étude d’une langue seconde étant un travail difficile, méme pour un enfant, elle doit se faire le plus naturellement possi- ble, comme un jeu, en ayant du «fun». Des réactions amusées ne manquent jamais de me stimuler, de rendre mon enseignement sans doute plus efficace. Maintiens |’in- térét, le reste viendra par surcroit, voila mon principe. a faire répéter 4 chacun cette cita- tion bien tournée: «L’important, _ce n’est pas de faire tout le bien possible dans le monde mais de faire son possible dans le bien qu’on peut faire». Nous passons ensuite a une sorte de concours de vire-lan- gue («Petit pot de beurre, quand te dépetitpotdebeurreras-tu? - Je me dé-petitpotdebeurrerai quand tous les petits pots de beurre se dépetits- potsde-beurreront.»), puis au récit d’anecdotes diverses. Terrible, ce chatiment que raconte Jean-Paul: un camarade d’école primaire (en Gaspésie, Québec) a été forcé par ses parents de coucher avec des cochons parce qu’il «mouillait» son lit. Cruauté mentale par excellence. Je retourne bient6t 4 ma chambre, heureux de m’allonger, méme si mon matelatn’arien de thérapeuti- que. Un maudit maringouin com- mence a jouer avec mes nerfs sous le filet. Mort a Vintrus! Combat sans merci. «Clap!» Voila, c’est fait. Jean-Claude Boyer Fin d’apres-midi. En terminant la demiére serve une fillette aban- donnée qu’un agent de police vient d’amener au centre. Sa main droite posséde six doigts, l’au- tre sept, et chaque pied six orteils. Son regard trahit des troubles émo- tifs et visuels. Le pro- fesseur de kannada (une des langues officielles du pays) tente de la faire parler. Les mots qu’elle finit. par arracher ala malheureuse enfant permettent d’espérer qu’elle pourra accéder a une vie relativement normale. On devra la conduire, demain, dans une institution religieuse ou l’on prendra soin d’elle. J’ai soudain I’im- pression de ne plus avoir le droit de me plaindre. Et maintenant, un «p tit verre de brandy», en bonne compagnie, sous prétexte de mieux sombrer, plus tard, dans lecon, ma petite classe . S réussit 4 chanter, avec < autant de coeur que de | $ = fausses notes, «The Ants Sle Go Marching» («Les | 3 fourmis marchent une ® c par une»), chanson scout 2% aurythme bien marqué. eu Chant et mime: excel- | $ lents moyens d’appren- = g tissage. = 8 En soirée, j’Ob- ° $3 of 22 ae cole Beaulieu, ctc Agente de voyage Gunn's Travel Ltd. Gs) Ni lesommeil. Jem’ amuse Interglobe Travel 2128 Kingsway Vancouver V6N 2T8 - Tél.: 439-0080 Téléc: 439-0822 + 112$ (Taxe, surcharge carburant et TPS) wiles * MONT a partir de 3 5 9G $ ALLER-RETOUR 2 49 $ ALLER SIMPLE 2 REAL + 20 (Taxe, surcharge carburant et TPS) 2 vols directs par semaine le LUNDI & le JEUDI MINIMUM SEJOUR: 3 JOURS MAXIMUM SEJOUR: 6 SEMAINES HORAIRES: Dép. Vanc. 10h50, Arr. Mont. 18h40 Dép. Mont. 6h40 Arr. Vane. 9h20 COMPAREZ ET ECONOMISEZ Consultez votre agent de voyages pour réservations et conditions. English Bay Travel Ltd. 1267 rue Davie Vancouver, V6E 1N4 Philippe Gohier (604) 687-8785 Les mots croisés de Tima Sekkat Grille 26 Solution de la semaine derniére Grille 25 Il It IV V VI VILVINIX xX Horizontalement Verticalement I D0 WIV V Vi ViVi ix 1 1. Destitution. I. Confirmer. UDILTISIPIEINIS|TEIR 2. Déteste. - Lu. II. Bois noir. - Propres. 2 3. Petit écran. - Porte en III. Déplacement dans les airs.- 2] E [VE MIT IE AIN justice. Régle. - Lue. 3 4. Préfixe. - Se débarrassa du IV. On ne peut pas les faire sans 311 Mm E T K O}C 4 poids. casser les oeufs. 4\A U A TIlE 5. Réjouissances.- Dieudes V. Adverbe de lieu. - Fils 5 vents. d’Isaac. 5 C 2 E N D 6. Maniére d’étre. - Ferme VI. Sont bétes. - Ont droit a 6 6H LIE|T refus. l’Oscar. 7 7. Adverbe de lieu. - Il VII. Essaie. - Dans l’oeil. 7\ 2 U CT? 8 n’écoute pas. - De méme. VIII. Mouche. - Double voyelle. E 8. Espéré. - Priére. IX. Ornement architectural. - La 8 B S A 9. Celés. - Palpables. méme pour tout le monde. - Vu. 9 10. Direction. - Hardis. X. A quitté les affaires. - Cédés. 9} L G R E 10 | 10} E TIE|RIS: Le Soleil de Colombie Vendredi 25 janvier 1991