rs St ee => = : + Les timbres deAaZ En parcourant le livre de Yves Taschereau, Collec- tionner les timbres, je me suis fait la réflexion que si j’avais eu a ma dis- position un guide pareil, a l'€ge ou, jeune adoles- vent, j'‘avais commencé de collectionner les timbres, je serais sans doute au- jourd’hui un maniaque de la philatélie. Quel bel héri- tage j‘aurais Iégué & mon fils qui, il y a deux ou trois ans, s‘était laissé prendre a ce divertisse- ment! J‘imagine la collec- tion de timbres. a tout casser qu'il aurait entre les mains. Si je cite mon cas, c’est qu'il est celui de milliers d’autres. Je ne crois pas m‘abuser en disant que rares sont les jeunes, tant d‘hier comme _ d’aujour- d‘hui, qui n’ont pas été séduits par la philatélie. Hélas! plus rares encore sont ceux qui se sont obstinés. Pourquoi tant de défections ? Je veux bien croire que les emballe- ments de cet Age sont aussi foudroyants que fu- gaces, mais ¢a n’explique pas l’abandon par lassi- tude d'un des passe-temps ° par Albert Brie les plus satisfaisants qui soient. Le livre de Taschereau me fournit l’explication: il n‘existait pas. Il a manqué aux néophytes un guide de ce genre. A ma con- naissance, Collectionner les timbres est le pre- mier ouvrage sur le sujet, publié au Québec (édi- tions de l'Homme), qui dit l‘essentiel sur ce divertis- sement a I'intention ex- presse des amateurs d'ici. Il éclairera| amateurs et professionnels; qui plus est, il en fera naitre de nouveaux, sans compter ceux qui ont mis au gre- nier une collection de timbres déja en _ route, mais négligée faute de stimuli. Collectionner lestim- bres est a la fois un livre d'initiation et de vulgarisa- tion a la philatélie, “‘le plus beau des _ passe-temps” affirme Il’auteur. Je suis tout disposé a le croire aprés avoir lu les onze chapitres qui renseignent sur tout ce que tout col- lectionneur débutant ou avancé devrait savoir. Citons grosso modo quelques thémes traités a Arrivée au Canada L’estuaire du Saint-Lau- rent était déja bloqué par les glaces. Tout le trafic mariti- me était en conséquence dirigé sur les ports de la Nouvelle-Ecosse ou du Nou- veau-Brunswick, Saint-John et Halifax. Notre débarque- ment se fit donc 4 Halifax, le soir, et je n'ai retenu, en souvenir, que le triste et lugubre aspect des quais sous la neige déja largement tombée, mais toute souillée par les transports et camion- nages. Nous devions remonter sur Montréal, dans la nuit, . par un train spécial qui nous donna un avant-gofit du con- fort des trains canadiens et, dans la matinée, nous posa- mes le pied sur les trot- toirs de Montréal, la ville historique chére au coeur des Frangais, avec |’impres- sion d’une reprise de pos- session. Comme nous ne devions pas séjourner longtemps daus cette ville puisque, norimalement, nos achats de- vaient étre effectués 4 notre terminus, c’est-a-dire Ed- monton, nous descendimes dans un gran‘ ot be! hétel, ic - Windsor, et j'xi toujours _ tgardé Souvenance-de Son, hall et de-son-bar tout en” 2 nee OUT ~ onyx ou-marbre-vert. _ = — < rabattait le- paneau, supé du continent canadien puis- que, de |’Atlantique et la province de Québec, nous allions jusqu’aux Montagnes Rocheuses de la province de l’Alberta, la derniére avant le Pacifique et la Colombie- Britannique. I] nous fallait donc traverser, en plus du Québec, l'Ontario, le Manito- ba et la Saskatchewan, rou- lant pendant cing jours et cing nuits avec parfois des arréts forcés dans les gares ot des voies de garage avaient été disposées. En effet, sur presque tout le parcours, il n’y avait a Vépoque qu’une voie unique, et ces épis servaient aux croisements, quand deux trains étaient signalés dans le méme secteur. Mais les trains canadiens étaient parfaitement équi- pés pour de tels voyages et donnaient, méme dans la classe «Tourist» qui corres- pondait en somme a notre troisiéme classe, un confort réel. Les wagons, «les chars», comme disent les Canadiens, étaient partagés- dans le sens de la longueur par un couloir ouvert, de “chaque cété- duquel. les. sié: - _es étaient ‘placés par qua- -~ métres; foréts -qui laissaient us se faisaut face-deux:par >: fois=s 3 ‘deux. Re : travers les 175 pages de ce guide: Quels timbres col- lectionnerez-vous? ceux du monde entier ou ceux d’un ou de plusieurs pays ? A moins que vous ne choisissiez les timbres ot apparaissent des tétes po- litiques, des athlétes et leur panoplie, des repro- ductions d’ceuvres d'art, etc.? Un chapitre est en- suite consacré aux outils du collectionneur qui vont de I’album du monde en- tier aux catalogues, en Passant par les albums “faits & la maison’, les classeurs et les détec- teurs de filigrane. Aprés quoi, l’auteur fait des re- commandations quant aux soins dont il faut entourer les timbres. Un passage trés intéres- sant est celui ol Tasche- reau fait la petite histoire de la poste. Ici, il est peut- 6tre utile de rappeler que le collectionneur n‘est pas qu‘’un doux maniaque de petites gravures sur papier collant. Son délassement s’agrémente de faits d’his- toire, de géographie, de _ sciences d’observation. ’ L’auteur attache une im- rieur du compartiment fai- sait glisser les siéges les uns vers les autres, et vous aviez alors des couchettes trés confortables, avec matelas et couvertures, isolées par de grands rideaux et éclai- rées par des lampes de chevet. En outre, a l’extrémité de chaque wagon, deux compar- timents pour la_ toilette «Gentlemen» et «Ladies» a- vec serviettes et siéges, et = sy ur 7 aS non pas de ces «toilettes» de chez nous qui ressemblent plutét 4 une cabine télépho- nique. Quatre ou cing per- sonnes pouvaient, en effet, se laver, se raser ou se maquiller avec toutes leurs aises. Enfin, il y avait, a notre stupéfaction, une peti- te cuisine ot !’on pouvait, si_ on le désirait, préparer soi- méme son repas. Pour nous, célibataires, nous allions au dining-car, ce-qui ne char- geait pas trop notre budget. Ce voyage fut vraiment, pour moi, un véritable film sur nature: le train traver- sait.des foréts-sur des kilo- +.-apparaitre, parfois,-sous leur ... ° .'.-t=;blane manteau de neige, des mn evel Megs la nuit, um négre,. - Jacs une petite maison de: -- Bt le lendemain cémmeén--- attaché A chaque wagon, *4; - ¢a letong voyage au travers trones d’arbres, un- filet de Tfumée montant de sa chemi- portance particuliére aux diverses fagons de se pro- curer des timbres, et ce qu'il faut en penser. II faut lui savoir gré d’aborder franchement la question d'argent. II écrit: ‘“Enten- dons-nous, je vais d’abord aborder la philatélie com- me un plaisir, comme un passe-temps passionnant; mais je le ferai toujours en référant a ce qu’il coate et a ce qu’il peut rapporter. Quitte a faire crever quel- ques ballons, quitte 4 me mettre parfois le doigt dans I‘ceil.” Tout philatéliste digne de ce nom doit aussi étre au courant qu'il existe des clubs _ philatéliques, des grandes sociétés, des cir- cuits de vente et d’échan- ge. II lui est indispensable de les connaitre, utile de les fréquenter et prudent née, gite d'un colon en cours de défrichement. C’était la le type méme de I’installation rudimentaires de |’émigrant, avec sa petite étable, elle aussi en troncs non équarris (des «logs» en jargon du pays), au toit plat recouvert de gazon et de terre; des meules de foin, coupé sans doute dans une clairiére ou au bord d’un lac voisin, a l’automne; la pile de bois fendu au seuil de la porte. image, comme passaient les vues aux lanternes magi-— ques d’antan: apparaissaient alors un chantier de bois ot se taillaient les traverses des rails avec leurs bfiche- rons robustes, aux lourds mackinnaws de laine bario- lée, une petite station soli- taire aux trottoirs en plan- ches; parfois, autour, quel- ques fermes déja mieux installées; des riviéres en- dormies sous la neige, dans leur sommeil d’hiver. La nuit n’arrétait pas no- tre curiosité, et je restais souvent longtemps avant de baisser le store; car, sous la lune, et dans la belle et claire _nuit boréale, ces étendues neigeuses prenaient un as- de percer certains petits secrets d’officines. L’au- teur fait voir aussi que col- lectionner les timbres pose aussi des défis, qu’il faut savoir jouer, suivre les cours comme a la bourse avant d’investir, etc.... - Collectionnerlestim- bres s‘enrichit d’un petit dictionnaire du langage de la philatélie et d’une liste d’adresses utiles relatives aux catalogues, aux pério- diques, aux grandes so- ciétés philatéliques nord- américaines et aux ser- vices philatéliques des ad- ministrations postales. Yves Taschereau, s'il est besoin d’insister, vient de donner aux philatélistes québécois le guide tant ‘attendu, leur» tout-con- naitre en onze lecons clai- res et pratiques. pect irréel, presque fanto- matique. Le deuxiéme soir, nous eames une alerte. Le con- ducteur du train, personna- ge trés galonné, allait de wagon en wagon, prenant les hommes apart pour ne pas effrayer les femmes, et leur recommandait de veiller 4 tour de réle, car il avait été signalé que plusieurs hom- mes, voulant faire un coup de main, pouvaient arréter et attaquer le train... Vrai- ment, nous étions comblés et les récits de Fenimore Coo- per, Mayne Reid ou Buffalo Bill nous remontaient a la mémoire. Mais... aprés avoir dormi d’un seul oeil, le jour vint sans que se fit manifesté le - moindre coupeur de bourses. Nous etimes un arrét de ae quelques heures 4 Winnipeg, déja belle capitale du Mani- toba. Et nous en profitames pour nous dégourdir les jambes en arpentant les trottoirs et les rues de cette cité: quelques années seule- ment auparavant, ce n’était qu'un poste de traite de la Hudson’s Bay Cy, «FORT GARRY». Ainsi appelait-on «forts» ces centres car, pres- que toujours, ils étaient, en méme temps qu'un point commercial, un lieu de garni- son pour les troupes ou la police chargées du maintien de l’ordre dans la région. Et le Grand Trunk Paci- fic (GTP), le Canadian Paci- fic Ry (CPR) ou le Canadian National Ry (CNR), les trois plus fortes compagnies fer- roviaires, comprenant |’im- ‘portance que devait prendre cette ville, y avaient cons- truit de somptueux hétels, ee ee Capsules Deux nouveaux ou- vrages susceptibles d’ap- porter de l'eau au moulin des questions politiques au pays voient le jour: La troisiéme voie d’Emile Colas, aux éditions de ‘Homme, ainsi que Le Canada a-t-il un ave- nir? de Marie-Josée Drouin et B. Bruce- Briggs (un regard sur l'avenir économique, po- litique et social), aux éditions Stanké. CO Un livre séduisant pa- rait aux éditions de I'Homme: Liqueurs et philtres d’amour d‘Hé- léne Morasse. Préparez- vous des potions telles que la ratafia de bleuets, le rossolis de menthe poi- vrée, le nectar de poires, I'élexir de groseilles et l'eau de cerises. O Mariette Lachapelle- Poirier vient de publier Liens d’amour, un ro- man-souvenir, aux édi- tions Bellarmin. CO Les éditions Hurtubise HMH présentent un ou- vrage de Clojay sous le titre 300 vins et spiri- tueux. = =) tel le «Fort Garry», comme d’ailleurs dans les autres capitales provinciales «Cha- teau Frontenac» a Québec, «Chateau Laurier» a Mont- réal, «MacDonald» 4 Edmon- ton, et je crois en surplus, un superbe hétel 4 Banff dans les Montagnes Rocheuses. I] m’arriva, au cours de cette promenade léche vitri- nes, une amusante aventure: étant entré dans un barber shop (coiffeur) pour me faire raser, je ne pouvais tenir une conversation. Or, répon- dant «yes» a toutes les ques- tions du figaro, j’eus a payer, aprés toute la gamme de ses connaissances épuisée, quel- ques trois dollars, ce qui, a l'époque, représentait une certaine somme. Et le train continuait sa route, imperturbable, sur ses rails cloués au bois des traverses, dont la pose, quel- ques années auparavant, a- vaient cofité tant de sueur, de fatigues et de morts aussi. Car c’était la vieille prairie des Indiens, leur grand territoire de chasse, et les tribus qui l’habitaient n’avaient pas vu d’un bon oeil cette intrusion des Visa- ges pales. Et ce furent les embuscades, les escarmou- ches des guerriers qui fon- daient sur les hommes au travail, et laissaient quel- ques instants plus tard, sur _le sol du camp ravagé, des corps sanglants et des cra- nes scalpés. Il avait fallu toute l’auto- rité et la loyauté du pére Lacombe, missionnaire de l'Ouest et Oblat, pour faire prévaloir l’idée de paix entre les Indiens et les pion- niers blanes. [A SUIVRE ]