a LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE LA COL VOL. 14 No 23 VENDREDI 13 NOVEMBRE 1981 OMBIE- BRITANNIQUE COURRIER DE 2éme CLASSE No 0046 SECOND CLASS MAIL 25 CENTS Accord constitutionnel % . Les deux déceptions ra ranger Mercredi, 13h21, devant le YWCA, a Vancouver, _ Yautobus No. 330 démarre ‘a destination de. Surrey; au volant: Louis Briére. Originaire de Montréal, la compagnie de transport Métro-Transit. _Depuis dix ans, il sillonne la métropole et sa banlieue _€n_autobus. Habitant |’Ontario, en 1972, il voyage sur le pouce. Il traverse le Cana- da et les Etats. Arrivé a Vancouver, ils’y arréte. A l’époque, le NPD est au pouvoir, on parle d’expan- sion, on cherche des chauffeurs d’autobus; dans ces années-la, 1;300 nouveaux conducteurs sont entrainés; de nos jours, le nombre est tom- bé a 8 chauffeurs par semaine ou tous les 15 jours, mais ce n’est pas par manque de _postu- Jants! “Il y a beaucoup de candidatures, mais peu de qualifiés” :spécifie Louis. Et pourtant le manque de chauffeurs, et le manque d’autobus appauvrit je service a travers la métro- ‘pole. Le véhicule, dans le quel nous sommes, est presque neuf, mais a déja 118,000 kms au compteur. Louis est un “ancien” dans . ———Les métiers des francophones, : eo } te = Louis a de la chance, son autobus roule au diésel, il n’a plus a sortir de sa cabine et tirer sur les ficelles reliées a la ligne électrique. Mais Louis est, _ passé par 1a, puisque,. avant de faire la navette. entre Vancouver et Sur- rey, il “faisait” la ligne Main-Robson, et c’est pré- cisément sur. cette ligne que je l’avais rencontré, a mon arrivée 4 Vancouver. Il m’avait alors donné plusieurs tuyaux sur la vie en-frangais 4 Vancou- ver. Un détail est a préciser et qui vaut son. pesant d'or, Louis est avenant, souriant et aime parler, dans les deux langues — il est parfaitement bilingue, ayant été élevé en Onta- _ rio— “C’est plaisant, a partir de mai etjusqu’en septembre, les touristes arrivent et avec eux les francophones du Québec, d'Europe etc...” répond Louis. Nous longeons mainte- nant la rue Pender, a 14h00 la circulation est déja dense. “De plus en plus les rues sont encom- brées, et ce n’est pas les clients qui nous causent des problémes, mais les véhicules stationnés ov c'est interdit.” Il y a peu de couloirs pour autobus, dans la métropole et sa banlieue, Louis n’est pas seule- ment au volant pour con- duire et donner des billets de transferts, mais il renseigne sur les lignes des différents autobus qui sillonnent la ville et la banlieue. Il connait ses clients, il plaisante avec eux. suite page 16 ~ identique. L’accord sur le rapatrie- ment de la Constitution, intervenu en fin de semaine derniére entre le Premier . Ministre fédéral et les Pre- ‘miers Ministres des neuf provinces a majorité anglo- phone, a décu les franco- phones du Canada. Ceux qui vivent a l’intérieur du Qué- bec, et..ceux qui vivent a Yextérieur du Québec. L’ori- gine de leur déception est Mais les motifs sont radicalement opposés. L’origine? L’article 23 de la Charte des droits destinée a étre incluse dans la Constitu- tion rapatriée. Selon cet article, ‘tous les gouverne- ments provinciaux s’engage- raient a garantir une éduca- tion primaire et secondaire dans la langue de la minorité, 14 ot le nombre le justifie”. Pour les Québécois proches de René Lévesque, c'est trop. Le gouvernement de Québec estime en effet avoir toujours traité sa minorité anglophone de maniére équi- table. Il se refuse a garantir une éducation en anglais aux Canadiens qui viendraient s'installer dans la province et dont la langue maternelle serait l’anglais. L’actuelle loi provinciale est en effet beau- coup restrictive: elle garan- tit une éducation en anglais uniquement aux familles an- glophones nées au Québec. Les Québécois,donc,crient a la trahison et ironisent: “A- vec cet accord constitution- nel, le Canada a décidé de se séparer du Québec”. Pour les francophones hors Québec, ce n’est pas assez. L’article 23 “est nettement ' Lévesque-Trudeau: le fossé insuffisant pour garantir nos ~ droits linguistiques, indivi- duels et collectifs”, affirme la présidente de la FFHQ, Jeannine Séguin. “Primo, les provinces 4 majorité anglo- phone, sauf le Nouveau- Brunswick, ne se sont pas engagées a reconnaitre le francais comme langue offi- cielle dans les domaines relevant de leurs compéten- Le “nouveau cinéma québécois" Silence, on ne tourne pas ‘Laurent Deboise=«~- “Aujourd’hui pour des rais- sons financiéres, je ne pour- rais pas refaire la “Cuisine rouge””, affirme Paule Bail- largeon. Guy Simoneau, réalisateur de “Plusieurs tombent en amour”, ajoute: “J'ai un autre projet de scénario, mais j’attends tou- jours de quoi acheter la pelli- cule”. Paule et Guy en choeur: “Le nouveau cinéma _ québécois ne tourne plus”. Les deux jeunes cinéastes Tont déclaré au Soleil de Colombie, aprés avoir pré- senté leurs films vendredi - ‘dernier a la Cinémathéque Pacifique, Paule et Guy auraient pour- tant des raisons de se mon- trer satisfaits. A Vancouver, la salle était pleine. Au Québec, les deux longs mé- trages ont été salués par la critique. Avec “la Cuisine Rouge”, Paule Baillargeon, comédienne de métier, choi- sit la fiction pour décrire le cloisonnement social. Dans son documentaire “Plusieurs tombent en amour”, Guy | Simoneau démonte le méca- nisme de la prostitution.Deux sujets et deux voies diffé- rentes. Mais un méme style, dénominateur commun du “nouveau cinéma québé- cois”:; personnel, engagé, sans concessions. Mais au grand désarroi de ses adeptes, le “nouveau cinéma québécois” est désor- mais abandonné par les pro- ducteurs. “Aucune rentabili- té”, disent-ils. Finie la décennie bénie des années 70 pendant laquelle l'Institut québécois du cinéma (provin- cial), la Société pour le déve- loppement de l'industrie du cinéma canadien (fédéral) et l’Office national du film (fédé- ral),. subventionnaient des projets de recherche sans aucune arriére-pensée de profits financiers. La pério- de des “vaches a lait” céde la place a celle des “vaches maigres”. Cinématographiquement parlant, le Québec est un petit marché. Trop petit. Seuls intéressent les inves- tisseurs les productions pres- tigieuses, exportables a |’é- tranger, et destinées 4 une carriére télévisée. Une anec- L.D. Thérése Casgrain s‘est éteinte dans son sommeil, le 13 novembre dernier, a ‘age de 85 ans. Née a Montréal, au Québec, Thérése Casgrain a dit un - jour: “Si J’avais été un ~ homme, j‘aurais soit été nada, soit en prison.”. Car cette femme N’a jamais cessé le combat politique. Elle a conduit la lutte qui aboutit, en 1940, au droit de vote pour les femmes québécoises dans les élec- $$. Hommage 4 une... Femme politique premier ministre du Ca- - 1970, cependant, elle est |. nommée au sénat, pour _ une période de 9 mois, ~cest-a-dire avant di’at- -* ~ teindre l‘age limite de 75 fans. ». Thérése Casgrain s‘est mariée 4 19 ans: avec ‘libéral du Parlement, pré- dote significative: “Quand je préparais la “Cuisine Rouge” _ des techniciens ont quitté l’équipe pour aller travail- _ler sur le plateau des Plouf- fe”, raconte Paule Biaillar- geon. Le souci de renta- bilité des producteurs gou- vernementaux n’est pas dé- nué de justification: l'Institut suite page 15 tions provinciales. Elle a favorisé la syndicalisation des instituteurs, dirigéles premiers mouvements de consommateur, fait pres- sion pour le désarmement nucléaire, et critiqué le réle du Canada dans la guerre du Vietnam. _Thérése Casgrain s‘est- présentée neuf fois aux elections, le plus souvent sous |’étiquette du Nou- veau Parti Démocratique, dont elle a assuré la présidence pour le Qué- bec. Mais ces tentatives furent sans succés. En Pierre Casgrain, qui fut, avant sa mort, membre sident de la Chambre des Communes, secrétaire d‘Etat et juge. Elle laisse derriére elle 4 enfants, 17 petis-enfants, et 5 arrié- res petits-enfants. Thé- rése Casgrain a publié sa biographie en 1971: “Une femme dans un monde- d‘hommes”. ces: services juridiques, so- ciaux ou législatifs. Secundo Yarticle 23 ne garantit pas aux francophones hors Qué- bec le droit 4 la gestion de leurs institutions scolaires et a Yobtention d’écoles fran- caises homogénes”. Mais, résume André Piolat dans son éditorial (voir en page 2), “pour la premiére fois depuis la Confédé- ration toutes les provinces sauf le Québec, reconnais- sent la dualité culturelle et linguistique du Canada”. En termes concrets, un Franco- Coloinbien pourra désormais revendiquer devant les tri- bunaux le droit pour ses enfants d’étudier en francais dans les écoles primaires et secondaires de Colombie Bri- tannique. guyite page 16 cs nt a ee ean an ong ea RE WT MD tg