régionales, un apparentement assez prononcé entre, d’une part, les formes et symboles de l’art Tlingit, Haida, Tsimshian (le “style du Nord”) et, d’autre part, entre les arts Kwakiutl et Nootka, les arts Salish formant une entité plus particuliére (7). Ces sociétés ont été Vobjet de trés nombreuses descriptions et études, surtout en langue anglaise. C. LA CONTRIBUTION FRANCOPHONE I. Cadre général Au Canada, au début du 16e siécle, Jacques Cartier et ceux qui le suivirent furent prodigieusement impressionnés par les moeurs et coutumes des “sauvages” qui vivaient encore, selon eux, dans “Venfance de la Nature” (8). Cette vision de l’homme 4a I’état de nature, de homme “barbare”— ou sauvage —est une conception qui date déja du temps de | Empire romain. Dans les Amériques, le mythe du “sauvage”—noble, cannibale ou monstrueux—a défini- tivement imprégné les rapports des Européens—Frangais et Canadiens-Frangais compris—avec les Amérindiens. Ceci est vrai au début de la colonisation (9) et, d'une maniére peut-étre plus diffuse, a l’€poque contemporaine (10). Dés lors, écrire l'histoire des relations _entre les. Européens et les Amérindiens demeure une tache pleine d’embiches quand elle ne se réduit pas a peindre le miroir de nos propres idéologies. Fait notoire: dés les premiers contacts, les des- criptiofis des Indiens et de leurs traditions furent si nombreuses et souvent si détaillées qu’il est permis d’affirmer que la découverte européenne des Amériques a été déterminante dans le développement des sciences humaines, de l’anthropologie et de la linguistique modernes notamment (11). La céte du Pacifique Nord Ouest a été la derniére “terra incognita” des Amériques. C’est ici que devait se trouver le fameux Passage du Nord Ouest traversant le continent et “par ot on aurait entrée vers le Japon et la Chine”. Ce n’est qu’a la fin du 18e siécle que le premier Européen (12) visitera cette région difficile d’accés, a la cte trés découpée, montagneuse, souvent couverte d’épais brouillards. . . La rencontre entre les Européens et les Amérindiens de cette région se passe 4 un moment exceptionnel de ‘histoire de l’‘Occident, celui qui a vu a la fois basculer “le sol de la pensée classique” (13) et émerger, a la suite des travaux de Condorcet, de Rousseau et des philosophes, les sciences dites humaines. Et pendant que continuait Yexploration cétiére commencée par Juan Pérez, James Cook et Francois de Lapérouse, on créait en 1799 a Paris, la premiére société dethnologie du monde, “La Société des Observateurs de |‘Homme” (14). La contribution francophone a la connaissance des peuples amér- indiens du Pacifique Nord Ouest s'est continuée pendant tout le 19e siécle et jusqu’a nos jours. Elle a évolué en fonction de la situation sur le “terrain”, des rapports entre les grandes puissances (France, Angleterre, Etats Unis, Russie, Espagne) présentes sur le continent nord-américain et, aussi, selon le développement et |’évolution des “sciences humaines’” elles-mémes. II. L’insertion historique. Les contributions francophones a la connaissance des langues et des sociétés des Indiens du Pacifique Nord Ouest s‘inscrivent, au Le chronographe Volume III no. 1-2, Printemps-Eté 1986 LA CONNAISSANCE DE L’AUTRE... USA ‘ ETATS UNIS YUKON TERRITORY TERRITOIRE OU YUKON MOPTYTWVE ST TERRITOMES TERAITOIRES OU MORO. OUEST % CANADA ; n z : @ ETATS UNIS Langes amérindiennes du Pacifique nord-ouest (Affaires Extérieures. Canada, I.S.D.) pf , . . . . : méme titre que celles qui sont produites dans d’autres langues. dans un cadre historique qui est 4 la fois tributaire des conditions politiques et socio-culturelles locales— prédominantes selon moi—et celles qui prévalent dans les centres de décision gérant ce genre de recherches. Ce n’est que lentement qu’a pu émerger, au travers de contradictions inhérentes a cette situation, une recherche dont les résultats puissent 27