Rubrique littéraire Le dernier vol du Petit Prince Ce livre qui vient d’étre publié aux Editions du Vermillon a Toronto, avec de belles illustrations de Christian Quesnel, est écrit dans les deux langues, en francais et en anglais. Lors du Salon du livre de Toronto, j’ai entendu |’auteur, Jean-Pierre de Villers, lire un ex- = trait de son livre. Dans ce passage, il raconte que le 29 novembre 1993, alors qu’il se trouvait 4 New York, il s’est rendu a la bibliothéque Pierport-Morgan pour y voir une exposition de dessins inédits de Saint-Exupéry. Il remarque un monsieur aux cheveux argentés qui lui aussi regarde les dessins avec uné grande attention et qui a presque les larmes aux yeux. A la fin de la visite, quelqu’un a demande a la guide si on savait ce qui s’était passé, le 31 juillet 1944, lorsque Saint Exupéry disparut avec son avion, lors de sa derniére mission de reconnaissance dans le Midi de la France, prés de la Baie des Anges. La guide répondit qu’on ne savait pas exactement. Alors, le vieux Monsieur a murmuré en laissant cou- ler ses larmes: »Ich weiss, Ich weiss, moi, je sais, je sais! » Peu aprés, le vieux Monsieur a raconté a Jean-Pierre de Villers cette histoire fantastique qui est le sujet de ce livre. Il s’appelle Vilhelm von Stadde. Pendant la deuxiéme guerre mondiale, il fai- sait partie des meilleurs pilotes de l’Armée de l’air allemande. Avec d’autres, il avait été envoyé dans le Midi de la France, fin mai 1944, alors que l’Allemagne était en train de perdre la guerre. Lui et ses compagnons avaient pour mission d’abattre les jeunes pilotes de l’Armée ameéricaine, et surtout Saint- Exupéry qui pilotait justement un P-38 américain. Or, Von Stadde n’était pas un nazi, il admirait SaintEx, "homme, le pilote d’élite, l’écrivain. Au cours d’une patrouille en solitaire, il a rencontré dans le ciel le P-38 aux couleurs d’argent du pi- lote francais avec qui il a réussi 4 se mettre en communication et a qui il a demande: - Etesvous le Petit Prince? - Oui, c'est lui. C’est moi. d 2 Ainsi a commence en plein ciel une amitié entre les deux pilotes d’armeées enne- mies. Von Stadde a pu parler avec Saint-Ex et aussi |’écouter s’entretenir avec le Petit Prince sur la liberté, l’amour, la politique, au cours de quelques autres missions ot il \, $ était arrangé pour aller seul. Malheureusement, le 31 juillet 1944, il est accompagné NY cette fois par un Focke-Wulf, piloté par Heichele qui lui est un vrai nazi... Tous ceux qui ont aimé Le Petit Prince voudront lire cette histoire touchante et poétique —= d’une «rare amitié entre les lignes ennemies ».