16 Le Sdléil dé Colombie?*Vehdrédi 15 décembre 1978 ~ Au Rdeniain de la Seizieme par Jean-André LEBLANC La troupe de la Seiziéme a maintenant un nouveau conseil d’administration. Elu le 20 novembre dernier, au cours d’une assemblée extra- ordinaire, les huit membres. du nouveau conseil auront trois mois pour prendre connaissance d’un rapport de cent soixante pages et pour faire connaitre leurs réactions et leur plan d’ac- tion pour la prochaine année. Ce rapport intitulé Au lendemain de la Seiziéme et qui contient une cinquantai- ne de recommandations, a été préparé par un comité provisoire qui a vu le jour a la derniére assemblée géné- rale, il y a presque trois mois, En tout, la troupe de la Seiziéme s’est donné six mois pour se réorganiser et ainsi mieux accueillir l’ave- nir. Or, le 20 novembre 1978 apparaitra comme une date importante dans son histoi- re. C’est en automne '73 qu'elle donna ses premiers soupirs. Depuis, elle a gran- di et connait maintenant sa deuxiéme crise de croissan- ce; comme un adolescent qui connait ses premiers rendez- vous et qui n’a qu'une allo- cation paternelle pour sub- sister en toute indépendan- ce. Et les rendez-vous se multipliérent. L’an passé, la troupe faisait une tournée nationale en méme temps qu elle produisait et tour- nait localement. Tl lui faut, pour s’adapter a ses nou- veaux devoirs, trouver de nouveaux cadres qui lui per- mettent d’absorber cette évolution sans trop de brus- querie. Si le conseil d’adminis- tration doit maintenant se choisir un nouveau directeur artistique, ce n’est pas que ancien ait voulu, comme le pensent encore certaines personnes, laisser la place libre — une place qui n’a jamais été celle d’un artis- te, avant tout comédien —. Mais bien, plutét, parce que le feu sacré, l’amour du métier, la foi de tout un chacun en Sa cause ne sont plus suffisants pour faire face a la vie. Notre jeune adulte doit maintenant ga- gner sa vie. Et pour ce faire, la troupe vient de s’élire un conseil d’administration qui puisse l’accompagner vers de nouveaux rivages. Ce conseil ne devra done pas oublier, en étudiant ce rapport, l’histoire encore toute récente de la troupe, tout en sachant garder tou- jours ardent le feu sacré des premiers jours. Quatre cahiers figurent av rapport. Celui des mémoires d’avenir (sic) qui recomman- de une refonte de la consti tution et la consolidation méme de la troupe sur des assises plus solidement iden tifiables. Le cahier adminis tratif, quant a lui, souhaite qu'il y ait plus de cohésion _présidence du dans l’administration et la gérance méme de la troupe. Le cahier artistique, de loin le plus volumineux, contient prés de la moitié des recom- mandations de ce rapport. Il recommande 1’élabora- tion d’une saison artistique réguliére et surtout plani- fiée, la création d’un systeé- me d’ateliers et préconise la recherche d’un lieu de repré- sentation fixe et permanent. En dernier, le cahier pro- motionnel (sic) s’attarde au réseau de vente de billets et aux méthodes de publicité. Comme on peut le consta- ter, le nouveau conseil a devant lui une tache énorme a réaliser. I] lui faudra du courage et beaucoup a éner- gie pour assurer ce passa- ge difficile. C’est ce que nous lui souhaitons en espérant qu'il saura mettre 4a profit l'ensemble des recommanda- tions qui lui furent soumises, au lendemain de la Seiziéme. Ce qui ne devrait pas étre trop difficile, quand on sait que le président du comité provisoire, M. Mare Béliveau, a été porté a la nouveau conseil. On peut dés lors s’atten- dre que les ambitions futu- res ne pourront se fonder que sur la réussite de cette mission, soit celle d’assurer des lendemains heureux a la troupe de la Seiziéme. Car les six mois que la troupe s’est accordés ont déja grandement altéré sa saison annuelle 78-79. Le fait que les écoles ne cessent de s’enquérir des nouvelles pro- ductions, prouve hors de tout doute, que la troupe, sur ce plan, s’est eréé un public et des besoins qu’il ne . faudrait pas négliger sous prétexte de réorganisation. Cela aussi, concerne le nou- veau conseil d’administra- tion. + Il faut aussi souhaiter que sila troupe se réorganise; elle puisse compter sur les artisans de la premiére heu- re et que ceux-ci ne se déroberont pas devant les changements nécessaires a la survie de la troupe. Jamais, plus qu’aujour- d’hui, la troupe n’a pu comp- ter sur un tel potentiel. Si elle se réorganise adminis- trativement, c’est que le cété artistique lui a un peu poussé dans le dos. II fau- drait, qu’ensemble réunies, ces deux branches de la troupe puissent se motiver et se diriger, l’une l'autre, vers les mémes buts. En somme, si le conseil réussissait dans la tache qui - lui est confiée, on pourrait s'attendre, d’ici la fin-février 79, a voir la troupe de la Seiziéme prendre le gouver- nail d’un bateau plus grand, plus solidement équipé pour faire face aux intempéries et certainement mieux gréé pour les voyages en haute mer. To be ou ne pas étre par le Dr. Pierre-Louis Vaillancourt Suite d’une étude sur la situation de l’éduecation francaise en Colombie britannique Le gouvernement provin- cial confia 4 la Compagnie Canadian Facts le soin de procéder a une enquéte, cof- teuse, pour déterminer les besoins de la population. En méme temps, il enga- gea du personnel qualifié comme M. Michael Wood pour servir d’assistant 4 son coordonnateur provincial de francais, ou comme le Doc- teur Nick Ardanaz, pour la mise en oeuvre d’éventuels programmes et |’administra- tion des données que l’en- quéte en cours pendant le printemps 1978 allait re- cueillir. Enfin, le gouvernement eréait le C.T.A. Task Force et lui confiait le soin de pré- _parer, en collaboration avec la Commission Scolaire Bald- win-Cartier de Montréal, un programme de base entiére- ment en francais (French Core Curriculum). Il est cependant permis de se demander si ce train de mesures quittera jamais la gare. Ces signes spectacu- laires d’ouverture dissimu- lent mal d’autres signes tout aussi significatifs de ferme- ture et les francophones s'interrogent sur la bonne foi _ d'un gouvernement dont le renversement est trop subit pour ne pas étre inquiétant. Je me contenterai de citer deux, exemples: parlant en novembre 1977 devant les membres de la commission scolaire de Kelowna, le mi- nistre de l'éducation, Le Dr. Pat McGeer, leur fit savoir que le gouvernement déblo- querait des fonds pour ensei- gner le frangais en immer- sion totale a des éléves qui parlent déja couramment le francais, mais qu’aucune somme ne sera accordée par son ministére pour les pro- grammes spéciaux, destinés par exemple a engager des spécialistes de l’enseigne- ment du francais aux anglo- phones. Parlant 4 son tour, en jan- vier 1978, 4 une réunion de la Fédération des profes- seurs de Colombie-Britanni- que (B.C.T.F.), le député responsable de |’éducation, le Dr. Hardwick, déclara que les classes de francais pro- mises par le gouvernement, seraient réservées aux en- fants des francophones, la ot leur nombre le justifie, qu’el- les seront peut-étre dans l'avenir ouvertes pour les anglophones, mais que pour Vinstant, il ne fallait pas s’attendre 4 des change- ments majeurs en septem- bre 1978. Enfin il souligna que les cours de frangais pour les enfants francophones seront défrayés par le gouverne- ment, mais que les program- mes spéciaux destinés aux anglophones devront étre défrayés par les citoyens ou par des subsides fédéraux. Sans doute le Dr. Hardwick essayait-il de ras- surer un auditoire dont les emplois sont déja menacés par la réduction des effec- tifs scolaires, mais il est trés prévisible qu'une appli- cation trés restrictive du programme aux seuls fran- cophones, extrémement dis- persés dans la province, en restreindrait considérable- ment la portée. C’est la rogner d’une maniére consi- dérable les ailes de l’oiseau. Le gouvernement fédéral Les programmes et la politique du gouvernement fédéral sont trop connus pour qu'il soit utile de re- venir la-dessus ici. De 1970 a 1976, la Colombie-Britanni- que a touché $7,509,092 au titre des divers program- mes des langues officielles soit $3,063,000 pour la seule année 1976. Notons cependant que ces programmes, qui s’adres- sent a des étudiants, des professeurs, des enfants ou des adultes, sont surtout adaptés a l’enseignement de la langue seconde pour les anglophones du pays, c’est- _ a-dire le francais. Notons aussi que pour des raisons de juridiction, le gouvernement fédéral n’exerce qu'un contréle mini- me sur les fonds lorsqu’ils sont versés dans les cof- fres des ministéres provin- ciaux de I’éducation, et il se fie, A tort ou a raison, a la bonne foi de chacun. Ces politiques ont néan-: moins créé un effet positif auprés de certains éléments de la population 4 l’égard du francais. Les subsides fédé- raux permettent aussi a des expériences trés valables d’immersion, 4 Coquitlam, a Vancouver ou ailleurs de continuer. Malgré cela, leur caractére temporaire dis-, suade bien des commissions scolaires d’y faire appel, car elles craignent une charge financiére accrue lors de la cessation de ces expérien- ces-pilotes. L’action des organismes francophones. La politique globale. Les revendications des or- ganismes francophones s’ap- puient sur la reconnaissance de deux droits: celui des parents a choisir la langue d’enseignement pour leurs enfants, et celui corrolaire au premier, des enfants de recevoir l’enseignement dans leur langue maternel- le. Le premier droit a une portée plus vaste que le second: il suppose que les parents anglophones pour- raient faire éduquer leurs enfants en frangais. I] ne nous apparait qu’aucune rai- son de survivance nationale et collective, comme celle évoquée au Québec, ne sau- rait justifier dans le contex- te colombien, la limitation de ce droit. Le second droit pourrait comporter, dans le cadre canadien, une: limita- tion implicite: les langues accessibles ne seraient que le francais et l'anglais. Mais il n’appartient pas aux fran- cophones déja bien lésés de trancher la-dessus. L’idéal visé par la Fédé- ration des Franco-Colom- Infirmiéres Si votre dipléme est valable en Colombie- : Britannique [RNABC], si vous parlez: anglais couramment, si vous aimez choisir vos horaires, n’avoir qu’un seul malade a soigner, joignez-vous a notre groupe. Nous ne suffisons plus 4 la demande. 1862 Broadway Ouest Vancouver, C.B. 731-3158 ’ Entreprise 4 but non lucratif. Nous ne prélevons rien sur votre salaire et les frais dinscription sont modestes. | Private Duty Directory “ rs Nous souhaitons a tous les 3 francophones de la Colom- bie-Britannique un Joyeux Noél et une Bonne et Heureuse Année! Michel vous invite et vous présentera nos modéles 79 d’autos et camions légers. TEL. 872-7411 L biens est celui de 1’école publique frangaise, qui ait une clientéle d’enfants fran- cophones et un personnel professoral et administratif francophone, dans un cadre autonome. Une telle école est toujours inexistante en Colombie-Britannique. Ce- pendant, pour des raisons pratiques, la Fédération sou- tient toute mesure de créa- tion de classes d’immersion. Pour mettre en oeuvre une politique planifiée et co- hérente, la Fédération sou- haite aussi que soit eréé au sein du ministére de I’éduca- tion, un bureau de |’ensei- gnement du frangais, res- ponsable des programmes et des budgets, et disposant de pouvoirs précis. Ce bureau, dirigé par des fonctionnai- res, devrait veiller au déve- loppement de 1|’éducation francaise en collaboration avec un comité consultatif, ou pourraient siéger des re- présentants de la commu- nauté francophone. De facon générale, la Fédération des Franco-Co- lombiens tente surtout d’ob- tenir une voix au chapitre dans les décisions qui sont prises a l’égard de 1’éduca- tion frangaise. Tous les événements sem- blent se jouer au-dessus de nos tétes. Les récentes no- minations au ministére de l'éducation de MM. Ardanaz et Wood ont été faites sans que la communauté fran- caise, pourtant intéressée au premier chef, ait été méme prévenue. L’information est 300, Broadway Ouest, Vancouver om: d’ailleurs dispensée au compte-gouttes. La présidente de la Fédé- ration avait, par exemple, tenté en vain que soit publié le rapport sur l’enseigne- ment du frangais préparé pour les réunions des minis- tres de l'éducation. Il semble que le ministre québécois, en. cette matiére, ait plus de poids a Victoria que la collectivité franco -.colom- bienne. Soulignons un fait plus récent et plus grave: |’en- quéte en cours auprés des parents pour connaitre leurs attentes élaborée sans consultation des francopho- nes, et ce qui est pis, sans information préalable de la population. Comment demander aux zens ce qu’ils veulent sans leur expliquer les choix pos- sibles, les types actuels de services pédagogiques dans _ la langue de la minorité et surtout leurs implications. Ce questionnaire, distribué 4 grands frais, est simpliste et tendancieux, et dans sa for- me actuelle, il risque de nuire plus que d’aider la zause du frangais. Il est d’ailleurs bien congu al’image des gouvernants | qui le commanditent: ce qu'il © propose d’une main, il le retire de l’autre, et chaque question est suivie d'une res- triction ou de 1’annonce d’une difficulté depp ieee: encore décidé 4 déterminer . lui-méme ce que veulent les francophones. A SUIVRE