10 - Le Soleil de Colombie, vendredi 23 septembre 1988 INFORMATION Par Alexandre Spagnolo Suite de la semaine derniére 1858 toujours. Une année faste pour le Chief Factor James Douglas, nommé le_ premier Gouverneur Général de la C.-B. alors Colonie de la Couronne d’Angleterre par S.M. la Reine Victoria et Fort Langley sur le fleuve Fraser, la capitale. Chief Factor d’une compa- gnie, si puissante soit-elle, et gouverneur d'une vaste province de la Couronne, c’est bien différent. Cette derniére posi- tion requiert des responsabili- tés énormes. Notre premier Gouverneur-général devint sou- dain perplexe, inquiet. Avoir de 20 a 30 000 nouveaux venus de tout calibre, peu de policiers, pas d’armée, un juge, le célébre Matthew Baillie Begbie, sur- nommeéle «Hanging Judge» car, a Barkerville, la potence chémait peu, tant de malfai- teurs, de criminels. L’Honorable Douglas eut des craintes, d’autant plus que les Yankees incitaient lapopulation a se joindre a leur pays, peur aussi, que le puissant voisin du Sud n’eut l’envie d’annexer la région et les champs auriféres. Arrét ici de notre longue lancée sur des faits rétrospec- tifs, mais qui ont émaillé notre histoire, lorsque le Grand Vancouver était a |’état embry- onnaire au milieu du X|lXe siécle. Prenant les devants, le Gouverneur J. Douglas pris le Secrétaire d'Etat aux Colonies, Edward George, Earl Bulwer Lytton (1803-1873), afin de maintenir la loi et l’ordre, il en avait bien besoin, de lui envoyer des Forces militaires. . Earl Bulwer Lytton, qui entre parenthéses, suggéra a la Reine Victoria notre fameux nom de British Columbia en 1858, quele Duc de Newcastle trouva ni original, ni de quoi se féliciter, lui choisit le plus brillant homme de trempe, le Colonel Richard Clement Moody, ancien éléve de la Royal Military Academy (Woolwich), puis professeur de fortifications et forts, en 1838 a 28 ans, le premier Gouverneur des Illes Falklands. Le Colonel R.C.Moody vint, nommeé Lieutenant-Gouverneur suppléant, Commissaire des travaux et terres, surtout Colonel du 165e Détachement des Sapeurs de Génie, avec 159 hommes, pour la_ plupart arpenteurs, charpentiers, ma- cons, architectes, peintres, forgerons, mineurs, etc., méme un photographe pour la postéri- té. Jacques Daguerre venait de perfectionner l'invention de Nicéphore Niepce. Si James Douglas avait une certaine vision des choses, le Colonel Moody en avait une autre plus pragmatique, celle d’un statége, d’un batisseur. Fort Langley, une capitale. Non, tout de méme, sur les bords d’un fleuve, construit en 1827, pour les besoins du commerce des fourrures de la H.B. Cy loin de la _ mer, inaccessible a une force navale britannique, en cas d’attaque, ‘Westminster New Westminster, Port Moody... Un passé memorable d'‘invasion, de la part du voisin du Sud: Bref, de Fort langley, on passa a Queensborough, puis a Queenborough sans le «s», et enfin a New Westminster (La Cité Royale), quatre années durant seulement. Le Colonel Moody, pionnier de l'avenir, établit son quartier général au lieu-dit Sapperton, la ville des sapeurs, oU se trouve depuis 126 ans, le Royal Columbian Hospital. L’oeuvre du Colonel et de ses hommes fut prodigieuse. Pour ensemencer l’avenir, il faut parfois attaquer le présent a la pelle. En effet, s’attaquer a établir des axes routiers de communications a travers des foréts sauvages, carabine en main, d’ou la route de New vers le Port Moody, la fameuse North Road, puis la Douglas Road, |’actuel Canada Way, le False Creek Trail, l’actuel Kingsway, pour des débouchés directs vers la mer, autrement dit le Burrard Inlet, examiné en 1792 par le Capitaine Vancouver et lui donna ce nom d’un compagnon d’explorations, Harry Burrard, plus tard Amiral, membre du Parlement, comme plus tard aussi Vancouver, devait prendre naisssance qui n’était que vastes foréts. Moody entre- voyait des exploitations foresti- éres et le commerce du bois a l’6tranger, ce qui eut lieu de l’avenue Hastings a Port Moody. Tout cela est du passé. Le Colonel Moody poursuivit sa mission de travaux d’infra- structure de toute la région visée, des écoles, des lieux de priéres, une bibliothéque publi- que, un _ observatoire-météo, bureau de poste, etc. méme des sites pour de futures bases militaires et navales, des plans pour la fameuse route appelée Cariboo Road qui devait relier Yale a Barkerville (640 kilome- tres), exécutée plus tard de 1862-5. Moody mit sur la_ carte l’immense ile coupant |’embou- chure du fleuve Fraser en deux bras-Nord et Sud, ou s'est prodigieusement développé le District de Richmond, ile qu'il nomma Lulu Island. Pourquoi? Ici un transport sentimental aurait écrit Marie-Louise Bus- siére, de notre chronique théatrale hebdomadaire. Dans |’Etat de |’Orégon, il y avait a cette époque, une actrice, comédienne, chanteuse d’un grand talent et d’un grand charme, nommée Lulu Sweet, Sweet Lulu pour ses «Fans». Elle venait souvent avec sa troupe au Pioneer Theatre de New-Westminster pour inter- préter une vaste programmation allant du Roméo et Juliette, avec un €énorme succés jusqu’a la farce «Love alone can fix him». Les grands habitués, le Gouverneur Sir James Douglas et Lady Amelia, le Colonel R.C. Moody et sa femme Mary, lui, le grand admirateur a profonde inspiration sentimentale... Le Colonel R.C. Moody et son 165e Détachement des Sapeurs de Génie n’eurent que 5 années pour accomplir |’infrastructure assignée. Rappel en Angleterre en 1863 «Mission accomplie» et dissolution du Détachement, et pour cause, la grande majorité des hommes a décidé de demeurer, d’acquérir des terres, d’y faire souche: d’ailleurs, de trés nombreux prospecteurs Frangais venus de Californie, veinards, en ont fait de méme. Le Colonel Richard Clement Moody, nommé Major-Général, en 1866, mourut a Bourne- mouth, station balnéaire, le 31 mars 1877, l’année ou le train-locomotive 374 arrivait a Port Moody vers Vancouver, il avait 74 ans. Quant = au Gouverneur-Général Sir James Douglas, il |’avait précédé de dix années, méme. age. Deux grandes figures du début de notre province. Lady Amelia Connolly Douglas, qui avait eu treize enfants, mourut en 1890, a 78 ans, sut maintenir avec dignité son rdle de Premiére Dame a Victoria. Apres ce long exposé rétro- spectif qui s’inscrit bien dans histoire de nos plus anciens districts, New-Westminster et Port Moody: revenons a ce dernier encore en liesse pour son anniversaire 1913-1988, en tant que Municipalité reconnue. Au cours de ses festivités publiques, son Maire David Driscoll a regu des mains du Lieutenant-Gouverneur Robert Rogers, son blason modelé suivant les formes et dessins approuvés par Robert S. Watt, Président de la Société Héraldi- que du Canada et le consente- ment royal dela Reine Elisabeth ll. La devise «Blessed by the nature, enriched by the man». On signale, un des plus beaux créé pour une municipalité depuis 1945. Cette célébration 1913-1988 a-t-elle mis en éveil les édiles de Port-Moody? Trés_ probable- ment, puisque un projet, vieux de 16 ans, vient d’étre subitement dépoussiéré. II s’agit de remettre en état de service une partie de la voie ferrée qui aeu salongue période de gloire dés 1886-1887, afin de décongestionner, dans une large mesure, !’autoroute dé- nommée Lougheed Highway sur le parcours Port Coquitlam- Port Moody-Vancouver (Gas- town), et, avec plus d’ambition de Mission-Maple Ridge-Port Coquitlam, par un_ service régulier d’autobus avec les coincidences adéquates sans hiatus. Dés 1981, on avait procédé a |’achat, au cout de 8 millions, cing locomotives Diesel dela Iron Ore Mining, en prévision de ce projet. Selon le: M.P. Gerry St. Germain-’ Mission-Port Moody, le Gouver-i nement d’Ottawa est disposé a allouer 16 millions, si celui Provincial en ferait autant. Les Maires, Len Traboulay, Louis Sekora et Dave Driscoll, respectivement des trois dis- tricts voient leur jubilation bien tempérée par la farouche opposition de |’Honorable Rita Johnston, Ministre des Affaires Municipales et du Transport, une fanatique des Trains du ciel (Skytrain) et du Ministre d’Etat au développement, Elwood Veitch, en somme des batons dans les roues... Un siécle et des poussieres... 103 ans! Par Alexandre Spagnolo Le Foyer Maillard, ce super- ° be centre d'accueil pour personnes d’un age particuliére- ment avancé, a compté pas mal de centenaire depuis ses vingt ans d’existence: mais, l’homme fété dans |’auditorium pousse plus loin: 103 ans. Il s’agit de Pierre Benoit. Né a Boxton Falls (Québec) le 15 septembre 1885, notre métropole n’avait pas encore son nom. Ces jours dans la province d’Alberta, une vie familiale dans un homestead de jadis. Ecole, études. Jeune homme, il ouvre un modeste salon de barbier, auquel il ajoute un débit de friandises. Il trouve moyen de cultiver des Iégumes et des fruits. Libre, il joue aux quilles souvent tard dans la nuit. Une -vie de plein air, saine, sans fumer ni boire, rien que du Chateau la pompe. Voila une recette de longévité. A bon entendeur, Salut! En 1961, il vient s’établir en Figara: Colombie-Britannique, toujours. Son devoir envers la société: mariage avec Margue- rite Girard. Une fille, Pierrette, épouse Lekuk, a Campbell River. Plus de 65 personnes, de trés nombreux pensionnaires ont pris part a cette célébration préparée de longues mains par la directrice Doris Brisebois et son personnel toujours dévoué. ll y a eu de la musique, des chants, |’amuseur de Maillard- ville, Jean Lambert et son «Alouette! Alouette!» version russifiée, le tout dans une. ambiance de joie sereine. Pierre Benoit a toujours été un excellent valseur. Rien ne l’a donc arrété a 103 ans et, il apris dans ses bras, rien moins que la belle Lorraine Dupré, du célébre ballet Dupré de Maillardville, d’ailleurs une parente par alliance.