Par Alexandre Spagnolo Le Soleil de Colombie, dans son édition du 14 décembre dernier, annoncait deux gran- des expositions a caractére culturel pour l'été prochain a Montréal: une, d'une cin- quantaine d’oeuvres de Pablo Ruiz, dit Picasso et l'autre de 75 piéces rares du Pharaon Ramsés II d’Egypte. De son cété, le Vancouver Sun du 5 octobre 1984, sous la - signature de Duart Fargharson, de Southam News, annongait ue Vancouver aura ensuite ladite exposition, cela grace a l'in- tervention du Maire de Montréal, M. Jean Drapeau, considéré comme le grand “qmprésario” du Canada. En effet, M. Drapeau s’est rendu au Caire, afin de s'entetenir avec le gouverne- ment égyptien, au sujet de la tenue et des modalités d’une telle exposition 4 Montréal, insistant pour la faire suivre en temps opportun 4a Vancouver: nous le~remer- cions trés chaleureusement pour cette heureuse initiative. Voila, que le tout dernier numéro de notre hebdoma- daire national, titrant “Une vedette d’outre-tombe” sous la signature de M.J.J. Israél, donne plus de précision sur cette exposition Ramsés II, qui aura lieu du 2 mai au 13 octobre 1986, dans le pavillon dénommé “Les débuts” d@’Expo 1986. Comparaisons Aprés l’exposition des trésors du Pharaon Tout-Am- Khamon, a Seattle (Etat de Washington) en novembre 1979 (voir nos publications en série de la vie de ce Pharaon, dans notre hebdomadaire de novembre-décembre 1979), qui a eu un retentissant succés, celle de Ramsés II sera, écrit le Professeur Marc Pessin, de la Faculté de Beaux-Arts de l’université de Colombie britannique, inévi- Le Soleil de Colombie, vendredi 22 février 1985 tablement comparée a celle de Tout-Am-Khamon, 4 son point de vue (et du nétre) ne saurait lui étre comparable a plusieurs égards. En termes historiques et archéologiques, Ramsés II a été une figure de proue dans Vhistoire- de l’ancienne Egypte, tandis que le jouven- ceau Tout-Am-Khamon, ne régna que neuf années, mou- rut a 18 ans... quoique enter- ré dans un splendide tombeau entouré d'oeuvres d’art d’une énorme richesse, ne laissa politiquement rien de valable a la postérité. Un Pharaon, c’est quoi? Tl convient peut-étre de porter a l’attention du lecteur, le degré de sublimation dont Seaptey un pharaon, au mi- ieu du peuple égyptien: nous croyons faire oeuvre utile. Le mot “Pharaon” vient de la version ce de la Bible ou il apparait dans la Vulgate (version latine de la Bible), sous la forme de “Pharao”, désignantla “Grande Maison” ou Palais Royal et ceux qui Vhabitaient: un peu comme les Francais disent “L’Elysée” entendant par 1a, a la fois la résidence du Président de la République, le président lui- méme, ses services, ses fonc- tionnaires, tout ...comme la “Sublime Porte” en parlant du Sultan de Turquie. Un Pharaon, un roi, un étre vénéré comme un dieu, l'in- carnation d’Horus-dieu égyptien représenté par un épervier ou par un homme a téte d’épervier - on cite. qu’- Horus aurait été le premier souverain d’Egypte. Parmi les hommes, un surhumain, un intermédiaire entre les. dieux ‘ses fréres et les hommes ses sujets. Seul le Pharaon accordait lentrée en Egypte aux étran- gers: les autorisations furent Il était une fois si fréquentes, que de nom- breuses colonies d’Asiatiques se fondérent dans le Delta du Nil, préparant la voie aux invations, dont la peuplade des Hyksos qui dominérent l’Egypte 150 années durant: d’ailleurs Hyksos _ signifie “Peuple étranger”’. Comme les. dieux, le Pharaon est représenté, le plus souvent, le sceptre a la main, coiffé du “pschent”, luréus d’or sur son front avec une barbe postiche. Dés |’Ancien Empire, tout pharaon portait cinq noms distincts, donnés lors des céré- monies de |’intronisation rap- pelant les faits saillants de certains événements mar- quants du royaume d’Egypte. Pharaon est 4a la fois dieu et roi humain. Ces deux aspects de sa personnalité sont inex- tricablement mélés. Pour conserver intacte la pureté du sang divin, le Mariage consanguin du Pharaon avec une de ses soeurs ou demi-soeurs, soit, sinon une régle du moins une pratique trés fréquente. Puissance en déclin La puissance magique ac- cumulée dans la personne du Pharaon grace aux cérémo- nies religieuses du sacre a tendance a s’atténuer peu a peu. Aprés trente années de régne, une féte spéciale dite féte du Jubilé ou Féte-Sed est destinée 4 redonner au souve- rain la force affaiblie au cours du régne. On s'est souvent demandé, si cela ne remplacait pas un rite de l’Egypte primitive, au cours duquel le souverain était mis 4 mort rituellement lors- que, trop agé il ne pouvait assumer physiquement ses charges royales. - On peut citer a ce propos, cite J. Vander dans “‘Les Peuples de l’Orient Méditerranéen, tome II” que ce dernicr rite maca- bre est une tradition de CHAMBRE DES COMMUNES CANADA COMITE PERMANENT DE L’'EXPANSION ECONOMIQUE REGIONALE AUDIENCES PUBLIQUES Le Comité permanent de I'expansion économique régionale de la Chambre des communes tiendra des séances sur le projet de loi C-15, Loi concernant l'investissement au Canada. Les individus, les gouvernements provinciaux et municipaux., les organismes sociaux et économiques, les institutions financiéres et bancaires et les entreprises industrielles et commerciales qui comparaitront devant le Comité seront choisis parmi ceux qui auront soumis leur opinion dans un exposé écrit, avant le vendredi I« mars 1985. Les mémoires peuvent étre soumis en francais, en anglais ou dans les deux langues officielles. Il est recommandé que les mémoires soient dactylographiés sur du papier de 22cm par 28cm, avec marges respectives de 2cm et 3cm. La distribution publique de tout mémoire est laissée a la discrétion du Comité; sauf sur demande expresse. Tous les mémoires, toute la correspondance et toutes les demandes de renseignements, devront étre envoyés a: Greffter Comité permanent de I’expansion économique régionale Chambre des communes Ottawa (Ontario) : KIA 0A6 (613) 996-1549 GUY RICARD, DEPUTE PRESIDENT certaines tribus du Haut-Nil ou ce sacrifice était encore pratiqué, il y a quelques années. Si, aprés la trentaine d’an- nées, le Pharaon avait encore besoin de se revigorer, proba- blement a plusieurs niveaux... la cérémonie dite du Jubilé ou Féte-Sed pouvait étre renou- velée 4 intervalles trés courts suivant les nécessités de l’heu- re. - Certains souverains eu- rent trois Fétes-Sed succes- sivement. Heureux pays... Réle temporel Indépendamment de son ré- le religieux, indispensable a la survie du Monde, Pharaon est aussi, bien entendu, un souve- rain temporel. En théorie, il posséde toute la Terre, les pays étrangers aussi bien que l'Egypte (quelle _préten- tion...) ; les hommes ne sont que les usufruitiers du sol. - Il accumule en sa personne tous les pouvoirs: administratifs, judiciaires, militaires et reli- gieux. - Son Palais (la Rési- dence) est le centre adminis- tratif de l’Egypte tout entiére (en somme, comme I’actuel Roi d’Arabie Séoudite...) Si, le Pharaon, surchargé par ses diverses fonctions, délégue ses fonctions et pou- voirs a des “‘Vizirs”’, toutefois, il garde jalousement la con- duite de l’armée, car, ses prouesses guerriéres réussies doivent lui revenir entiéré- ment avec tous les mérites inhérents, en plus, exaltées tout azimut... La mort d’un Pharaon A son décés, le Pharaon rejoint son pére pour 1|’éter-- nité, aucun doute de ce cété 1a... il monte a bord de la Barque Solaire et il accompa- gne le dieu dans sa. course diurne et nocturne. La s€pulture royale, qui est mise en chantier le jour méme de l’intronisation, peut pren- dre des dimensions considéra- bles, comme on peut en juger par les grandes pyramides de Gizeh, comme celles de Chéops, Chephren et Mykéri- nos de la IVe dynastie ou les hypogées thébétaines du Nouvel-Empire. L’aspect cé- leste de la religion funéraire royale se trouve dans “Le Pharaon. ne meurt pas, il s'envole vers l’éternité”. Il arrive que le Pharaon, de son vivant, érige des statues a sa propre effigie, rendant un culte asa propre personne, du narcisisme en plein... Au moins tous ces Pharaoris ont laissé a la postérité de super- bes monuments, des inscrip- tions qui ont permis aux égyp- tologues de découvrir ce que l’Egypte, plusieurs fois millé- naire, avait vécu, ne laissant aucun hiatus dans histoire de notre monde. Si, actuelle- ment, nous ne savons pas tout, du moins, nous savons pres- que tout. Septicisme pas mort On pourrait croire qu’un Pharaon, véritable dieu sur terre, était traité comme tel par ses sujets: adoré, craint, respecté: ce serait ne pas tenir compte de l’érosion de toute conception, surtout au cours d'une histoire aussi longue que celle de l’Egypte pharao- nique. Suivant A. Moret “Du carac- tére religieux de la royauté pharaonique” et de G. Posener “De la divinité du Pharaon”, les Egyptiens sa- vaient distinguer entre la monarchie fondamentale de leur pays et le titulaire de la fonction, qui pourrait étre faillible, voire méme_ in- digne... Excuses... Nous nous sommes peut- étre trop penchés dans les précédents chapitres sur la ’ personnalité en général d’un souverain égyptien, un Pharaon, il est temps de nous occuper de celui devant faire l’objet de notre narration, le Pharaon, qui, croyons-nous fut le plus illustre de son pays, Ramsés II (1290 - 1223 avant Jésus-Christ) de la XXe dy- nastie: dix souverains ont eu le nom de Ramsés, peu ont brillé durant leur régne. Qui était Ramsés II La dynastie des Ramsés chevaucha les XIXe et XXe siécles, Ramsés II fut le 3e souverain d’Egypte de la XIXe, il y eut onze rois du méme nom. Son régne s’étala de 1304 a 1237 avant J.C: soit 67 années, le second plus long de histoire égyptienne. - Les trois premiers Pharaons Ramsés sont les plus connus des historiens. Jusqu’a la découverte, en novembre 1922, de la tombe du jouvenceau Tout-AM- Khamon, par Howard Carter, Ramsés II, dit le Grand, était le seul roi d’Egypte dont le nom, a part les édificateurs des Pyramides de Guizeh (Le Caire), était familier du pu- blic non-averti des faits de l’archéologie; jusqu’a ce jour, il fait figure de proue dans la longue histoire de la Terre des Pharaons. Ramsés ler, un général, fondateur de la XIXe dynas- tie, monta sur le tréne, alors trés 4gé, vint d’une famille du Delta-Est, ne régna que trois années, son fils Séthi Ier lui succéda, qui guerroya souvent contre des princes en révolte en Palestine, Syrie du sud et surtout les peuplades Hittites d’Anatolie (Turquie du sud) afin de récupérer les provinces égyptiennes perdues. Les victoires de Séthi Ier ne furent que temporaires, sur- tout celles remportées sur les Hittites, solidement retran- chés 4 Kadéche, sur le fleuve Oronte (Syrie). Epuisé, agé, Séthi Ier décide de nommer son fils Ramsés co-régent du royaume et de l’éduquer dans le dur métier des armes: a en croire que les Pharaons n’avaient en vue que la guerre et la construction de leurs tombes pour la postérité. Il donna 4 ce fils privilégié un palais, un harem (de l’arabe haram, chose sacrée...) et son second au cours des batailles. Ramsés II, adulte, se souvint que sa famille était originaire du Delta du Nil; afin d’y posséder une résidence com- me base de ses campagnes en Asie Mineure, il fit batir un splendide palais sur un site dénommé Per-Ramsés avec des jardins, fontaines, jets d’eau etc. Chacun des quatre coins de la propriété portait le nom d’un dieu ou d'une déesse: Amon, Seth, Astarté, Statue de Ramses II, a oeuvre de Per D Cobra. Le premier acte public de Ramsés II, aprés son accession au trone fut de visiter Thébes, lactuel Karnak, la capitale du sud du Royaume d’Egypte, afin de participer a certaines cérémonies exaltant les dieux protecteurs. A part de ses activités de batisseur, la réputation pre- miére de Ramsés II, aux yeux de ses sujets, demeura fon- ciérement celle d’un grand soldat. Un point obscur histoire Il apparait que Ramsés - le futur Pharaon Ramsés II - n'était pas l’ainé des fils de Sethi Ier, mais bien le troi- siéme, a la suite de la décou- . verte d’une inscription sur un bas-relief 4 Karnak, village élevé sur les ruines de Thébes. Un autre fait notoire, que ce troisiéme fils fut nommé coré- gent d’une maniére inhabi- tuelle afin qu’il puisse devenir plus tard lhéritier au tréne d’Egypte. - A neuf ans, il était capitaine dans l’armée de son pére Sethi Ier, probablement a titre honorifique. La bataille de Kadeche En rétablissant la présence égyptienne en Asie Mineure, en concluant un premier trai- té de paix avec les Hittites, peuplade de l’Antiquité, qui, antérieurement a la civilisa- tion phénicienne, fonda un puissant empire dans cette Asie Mineure, l’actuelle Ana- tolie (Turquie du sud), en réorganisant la Nubie et en bloquant les infiltrations li- byennes a l’ouest (tiens, y avait-il déja un Mouammar Khadafy...),'Séthi Ier (1318- 1304) donna les grandes li- gnes directrices de la politique que devra poursuivre son fils Ramsés devenant roi. _ Ainsi, ce dernier continua la lutte contre l’hégémonie Hittite en Asie Mineure, com- me son pére avant lui. Ramsés II partit d’Egypte avec une forte armée, se rendit tout le long de la: céte de la Méditerrannée - l’ac- tuel Israél, le Liban, attei- gnant le fleuve du chien (Le chien Lycus des Anciens) sur la route Beyrouth - Tripoli ou d’ailleurs, se trouve une stéle de l’épouse commémorant ce passage, un de plus, des conquérants Asarhadon (680 - 669), Nabuchodonosor (605 - 562), Marcus Aurelius Caracalla, etc. - Atteignit le fleuve Oronte (Syrie) pour se trouver prés de Kadéche, avec son armée forte de 5000 hommes. Deux prisonniers — Hittites fournirent 4 Ramsés II de faux renseignements sur les positions de ses ennemis, lui faisant croire quiils étaient x h Sn