Le Soleil de Colombie, vendredi 5 octobre 1984 —13 Lettres, arts et spectacles Gaston, Gaston quitte la Colombie britannique et les pages spec- tacles du “Soleil” par la méme occasion. Son Soleil 4 lui se trouve désormais 4 Montréal depuis qu'il a rencontré la femme de sa vie. Bref... ce départ nous autorise a divul- guer une information jusqu’a présent aussi jalousement gar- . dée que les joyaux de la. Couronne: son _ identité. Gaston s'appelle en _ fait Michel Pilon, et les lecteurs assidus du Soleil se rappele- ront peut-étre le portrait’ de francophone du 4 mai qui lui était consacré. Michel est cartographe de son métier et dessinateur toutes catégories de son état. Il a d’ailleurs mis ses talents de nombreuses fois a la disposition de la commu- nauté francophone, notam- ment a la Société historique N c’est lui! franco-colombienne dont il a dessiné les agendas, le chro- nographe... Au Soleil, en dehors des critiques de cinéma, Gaston, pardon Michel Pilon , avait réalisé l’entéte de la premiére page et il a de nombreuses fois monté les pages de la Société historique. Que dire de plus, sinon que nous le remercions pour sd collaboration excep- tionnellement réguliére [] n’a jamais manqué les délais) et appréciéede nos lecteurs. © Cette semaine, vous lirez donc Gaston pour la cerniére fois, mais le cinéma n’arréte pas pour autant de tourner au “Soleil”: Gaston a un rem- placant, il s'appelle Germain Bonjour Germain , au revoir Gaston, et merci encore. LES FILMS DE LA SEMAINE VUS PAR GASTON. «A Soldier’s story» “A Soldier’s story” avec: Howard E. Rollins Jr. et Adolph Caesar. Mise en scéne Norman Jewison(“In the Heat of the Night”). Enfin, un des meilleurs films de l’année sort aprés deux saisons de vaches maigres. Fort Neal, Louisianne, 4 |’au- tomne de 1944: un sergent noir est assassiné -Il était le chef de la compagnie 221 qui la représentait la base dans les matchs de baseball mili- taires. Etant donné que la totalité des officiers était blanche, les soldats noirs et les suspects blancs, la derniére chose qu’on demandait était un avocat militaire noir envo- yé spécialement de Washington pour enquéter sur le meurtre. Jewison, le réalisateur cana- dien, depuis longtemps renom- mé pour des films comme “In the Heat of the Night”, “Jésus Christ Superstar” et “And Justice for All”, fait preuve encore que l’inégalité et la lutte entre les races ne se Prouvent que par l’honneur, -Vhumiliation, la liberté, la frustration, le préjugé et la fierté, et c'est le message prin- cipal que le film tend a véhiculer . “A Soldier’s Story” abonde de détails physiques et laisse 4 ses deux acteprs Suite page 14 Cinémathéque Pacifique Deux films québécois La Cinémathéque Pacifique présente deux films québécois - vendredi et samedi 5 et 6 octobre 4 19h30 et 21h30. Le remier, “The rythm of my eart” est un documentaire du célébre Jean Pierre Lefévre sur sa vie avec sa femme, _Margueritte, morte en 1983. Jean Lefévre avait tourné _deux versions de ce documen- _taire, en anglais et en fran- ¢ais, mais la Cinémathéque | n'a pu se --version anglaise non sous- - titrée. Le deuxiéme film “La. rocurer que la PLP Pais Da said PAA RM quarantaine” est en francais et il a été réalisé en 1982 par Anne-Claire Poirier (“Mourir a tue-téte”). taine” raconte l'histoire de ces hommes et ces femmes qui ‘ont du mal a passer “le cap” et se racontent. I] met en scéne une brochette des meilleurs ac- teurs québécois: Monique Mercure (“Mon oncle Antoine”), Jacques Godin, Louise Rémy... Cinémathéque Pacifique, 1155 ouest Georgia; ..Vancouver...- “La quaran- «Un ouvrage de dames» Un mets piquant pour fins gourmets Par Lise Brousseau C'est au Firehall que se tenait dimanche soir le 30 septembre, la 7iéme et der- niére représentation de la Troupe de la Seiziéme. “Un succés, dit’ Solange Bertrand en fin de représen- tation, méme si le taux de spectateurs était moindre que celui escompté”. “Domma que certains problémes dont nous avons parlé récemment dans les journaux empéchent la tournée . Enfin, ce n’est pas ce qui nousarrétera”, concluera-t-elle. “Ouvrage de Dame” a été écrit par Jean-Claude Danaud a Paris en 1977. D’un sarcas- me grincant et d’un humour noir, le verbe ne cesse, dans une pirouette, de marier le tragique au comique. Mais qu’en est-il au juste? histoire se situe dans un parc. Alors qu'une jeune fem- me (Mania Brassard) en proie a une profonde agita- tion, va confier 4 la veuve (Nicole Robert) le probléme qui l’angoisse. Celle-ci_ est réputée pour avoir solution a tout et s’empressera de l’aider. Le probléme: la téte de son mari coupée accidentellement avec un couteau électrique et dissimulée sous des poireaux dans un panier d’osier qu’elle garde prés d’elle. Probléme courrant quoi! Pour la veuve qui voue une haine implaca- ble envers tous les hommes de la terre, c’est une délectation que cette téte d’homme. Un homme de moins, “Un ouvra- ge de dames”, dira-t-elle a Sophie. — Mais encore faut-il se dépar- tir de cette téte devenue génante. Les hypothéses fu- sent mais aucune d’elles n'est retenue toutes devenant’ in- criminantes. Alors entre en scéne Mlle Petitpas, (Huguette Lacourse), dame d’un certain age, dévouée a la bonne cause et qui conserve.le désir caché d'une relation avec un homme. Elle avoue soudainement avec force, son amour pour un homme, Roger FoiedeVeau, qu'elle croise tous les matins mais qui ne la regarde jamais. Pour la veuve c’est abominable... cet- te créature est vendue a la cause des hommes et de plus, curieux hasard ce Roger FoiedeVeau est justement le mari de Sophie dont la téte repose sous les poireaux. C’est l’affolement. Finalement, avec subter- fuge, la veuve donnera 4 Mlle Petitpas la téte de Roger enveloppée dans un papier. Elle lui dira qu'il s'agit d'une brioche qu'elle doit aller por- ter a son frére, le lieutenant colonel Chapard, officier de la légion d’honneur et grand collectionneur de “tétes”. (Il s’en sert de cendrier...) Mais, Mile Petitpas, “qui a un vice caché congénital pour les brioches”, décide finalement d’apporter la brioche chez- elle. Elle découvre la téte de son Roger et par amour pour lui, décide de la garder. Sa mére étant Egyptienne et son pere Naturaliste, elle sait comment empailler... Pour la veuve et Sophie c’est le grand bonheur, le pro- bléme est résolu ». Oufl Histoire peu banale et rendue avec Brio par les trois comédiennes Nicole Robert, Mania Brassard et Huguette Lacourse. Bravo! La concep- tion décors et costumes revient a Daniel Massé, le-son et l’éclairage 4 David Sauvé et finalement la régie 4 Louis - Marie Bournival. Une telle performance ne peut que nous amener a attendre anxieusement la pié- ce pour enfants “Tout seul” qui sera présentée le 25 novembre au Firehall a 14 heures et 16 heures. Enfin, pour en revenir 4 un “Ouvrage de Dames” un sin- cére Bravo. Une soirée déri- dante aux poireaux et aux brioches, un met piquant et de qualité pour les fins gour- mets! Le dernier Antonine Maillet L’action du livre se déroule au début des années trente, en pleine période de prohibi- tion alors que la morale des uns fait les bonnes affaires des autres. Tout le pays riverain du détroit de Northumber- land (Cap-Lumiére, Cocagne, Sainte-Marie-des- Cétes, Grand-Digue) s’agite pour le rum-running auquel on se livre dans le golfe, Dieudonné en téte et Crache a pic pas loin derriére. A la suite d’habiles spéculations, le Dieudonné (qui di’ailleurs rend hommage a Dieu chaque dimanche de maniére irrépro- chable) s’est rendu maitre des cétes, ce qui est bien utile uand vient le temps de tran- siter le Hand Brand par mer, routes et bois. Lui fait face dans le coin gauche, Crache a pic et ses Galiches. La joute peut commencer sous le re- gard paresseux du connesta- ble Martial. C'est bieh de cela qu'il s’agit, d’une joute entre Dieudonné et Crache a pic, entre Goliath et David, d’un jeu de balan- «Crache a pic» cier qui fait passer l’avantage successivement 4 l’un et a l’autre ou plutét qui laisse a Dieudonné et a son lieutenant Black Willy le soin d’enchai- ner les actions et 4 Crache a pic celui de les conclure. Black Willy n’entend pas a rire et il faut le comprendre: pendant que la “fille d’Aglaé” Joue “dans les pattes des grands bootleggers pour faire rire le pays, prenant plaisir a déculotter les gros sous les yeux exorbités et ravis der petits” (p. 266), lui est assi- gné au réle de l’‘homme de main abusable et abusé qui sans cesse fait les frais de cette lutte ov Ia ruse et le bon droit (fat-ilcelui d’une contreban- diére) l'emportent par me- nues étapes sur la puissance et la richesse de Goliath. | Dés lors qu’on a reconnu cet archétype du roman d’aven- ture, la structure dramatique du livre se précise de facon attendue: Black Willy a pour fonction d’incarner l'arna- queus arnaqué, celui qui dans es scénes comiques s’étale de tout son long devant le savoir- faire de sa belle adversaire. I] a surtout celle de retarder le moment de I’affrontement ul- time entre Dieudonné et Crache a pic. Ce n'est pas le moindre propos d’Antonine Maillet que de “dire” son pays. Une fois de plus elle n’y manque pas, d’abord en ajoutant un élément de plus a sa typologie de I’héroineacadienne et, sur- tout, en se permettant des di; ions dans le fil narratif afin de préciser le contour mi-terrestre mi-marin de Cap- Lumiére. Dans la méme opti- ue, il est fréquent de lire des chaines toponymiques enfilées comme des grains de cha- pelet. Ce procédé de digression a Alliance francaise | Le cinéma, c'est reparti a l’Alliance francaise Aprés“‘La femme infidéle” de Claude Chabrol, le 3 octobre, le programme continue mercre- di 10 octobre 4 19h30, avec “Mon oncle d’Amérique”, un film d’Alain Resnais ( (“Hiro- shima mon aputh qui a obtenu un Bx pec du j au Festival de Cannes 1 80. Mettant Depardieu (“Danton”) et Nicole Garcia (“Les uns et les autres”),...“Mon ___ oncle NOX, \ d’Amérique” expose la lutte de deux hommes et~ une femme pour la possession d’un bien imaginaire. Mais cette lutte se fait sous l'oeil attentif du professeur Henri Laborit a méne une enquéte scienti- que sur les comportements humains. A noter que le professeur Laborit n’est pas une invention de s€nario: il y a bien un professeur Laborit en France et il joue d’ailleurs son propre réle dans le film... Centre culturel Exposition Pamela Hunt Le Centre culturel colom- bien présente du 11 octobre au 15 novembre une i- tion du peintre Paméla Holl Hunt. Paméla Hunt est une “vieille” connaissance du Cen- tre culturel puisqu’elle a déja ses murs deux fois, en 1981 et 1982. Formée principalement en Europe (Paris, Londres, Bruxelles), elle se disait influencée, dans une entrevue récente, par Chagall, ses couleurs et sa fantasie, et. par d'autres Suite page 14 grands comme Matisse, Gauguin... qui ont nourri dans leurs oeuvres une passion pour la couleur. “Mon approche de la pein- ture, dit-elle, peut se résumer ainsi: les es symbolistes francais, que ce soit en littéra- ture ou en arts visuels, cher- chérent a transmettre, non pas la simple apparence d'un objet ou d'une situation, mais la réaction émotionnelle pro- uée par cet objet ou cett situation.”