~Speamntmnnnenta ne annettrocnt aa i a it tt Le Ee aE IO NN hl LN i a } ’ 12 - Le Soleil de Colombie, vendredi 27 juillet 1990 LE PUITS DU BONHEUR CONTE POETIQUE Or pendant que Miriame et Jérémie parlent ensemble, le désir d’aller se réfugier dans le bois s empare aussi de Yannick. ll ira donc également et ne passera chez le disquaire que plus tard. En pénétrant dans ce bois, un parfum magnifique I’enivre. Les plantes étalent fiérement leur coloris et les champignons, au pied des hétres, laissent choir leur silhouette. Quelle joie de purifier ses poumons! Tout pres, des insectes battent des ailes, courent sur le sol ou bitunent les fleurs. Un écureuil S ‘approche, grimpe sur un tronc darbre, regarde ici et /a, puis redescend. Dans ce lieu ot petit Yann se sent bien, dans lespace qu'il Suppose vide de_ souffles humains, un mot soudain entrecoupe le chant de la nature, ensuite d'autres mots, confus. Qu’est-ce?... En s‘avan- cant a lintérieur du bois, les mots peu a2 peu se précisent et bientdt le gamin devine dou ils proviennent. Un peu plus loin deux de ses amis, en partie cachés par un immense feuillage, discutent entre eux. - Mimi n'est donc pas chez elle! Elle n’a dit quelle devait peinturer /a cldture... Yannick, intrigué, apercoit maintenant Jérémie scruter le ciel, lever le bras et dire: - Toi, Miriame, tu monteras. -Je nai pas peur. Je suis brave! - Den-bas, je te guiderai. Que signifient ces phrases? II y a anguille sous roche. La venue de Yannick, pour les deux autres camarades est-elle sou- haitable? Si elle ne | était pas... Quest-ce que Yannick doit faire: respecter une intimité et S enfuir sur le dos d'un cerf, se sauver a travers les pins en Sagrippant aux branches pour accélérer sa foulée, se soustrai- re pluté6t en catimini sans déranger les renards ni éveiller les soupgons? Ces comporte- ments prouveraient sa sagesse! Hélas! le garconnet, incapable dobeir a la sagesse, veut découvrir ce qui se trame. Ses pas le poussent et l’aménent a apparaitre devant ses copains, ébahis. - Yannick! La surprise de Miriame et de Jérémie est instantanée. Plus aucun son ne s échappe de leur gorge ni ne s interpose au bruit du vent. Entre les trois gamins, l'unique échange qui existe se limite a la fixité des regards. - Tunes pas en ville? articule finalement Miriame. - Pas encore... Quant aJérémie dont | expres- LOUISE BRISSETTE PREMIERE PARTIE sion devenue sévére durcit les traits, il demande: - As-tu entendu quelque cho- se? - Peut-6tre... Au moment ou les deux comperes se croient isolés, un intrus arrive et sintroduit a brale-pourpoint dans leur mys- tére. Malgré leurs précautions, le plan se dévoile. Pour en préserver Ja réussite, il faudra donc en modifier les régles. Jérémie se concentre. Une courte réflexion lui suffit pour résoudre ce probléme. En effet, il n’existe qu'une solution. II en informe résolument J arrivant. - Yann, tu te joins a nous. Ne compose-t-il pas avec le présent, avec lui-méme, |’étre second et |’6vénement? La derniére phrase éveille la curiosité de Yannick. Celui-ci attend méme den connaitre plus. Il incite Jérémie a continuer, se doutant intuitive- ment de |’ampleur que tiendra son propos. Un ruisseau coule derriére eux. L'eau contourne les roches et trace une marguerite avant de poursuivre son chemin. - Ce soir, nous découperons un morceau de soleil. - Un morceau de soleil! Cest maintenant au tour de lintrus d’étre ébahi. Comment découper un morceau de soleil? Et,. d’abord, comment oser pareille entreprise! Jamais telle idée naurait effleuré Yannick. Conduit par on ne sait quelle conviction, il demande sponta- nément: - Peut-on faire cela? Miriame dresse la téte avec autorité. Ne concoit-elle pas les choses autrement! Sa logique, en imprégnant tout son étre, l’'améne a s'exclamer: - Pourquoi ne le pourrions- nous pas? - Que dira le monde? Dou émerge cette réplique de Yann: de la porcelaine ou du cristal? Comment dire! Il est difficile de remonter jusqu’a origine des motivations, cha- que parole jaillissant du coeur ayant une histoire. Mimi tente tout de méme d'expliquer a I’arrivant. - C'est lorsquion regarde le soleil, Yann, qu'il appartient a tout le monde, mais le premier a le toucher en devient le propriétaire légal. : - Ah... - Avec un morceau de soleil, nous ferons le commerce de la lumiére. Les gens qui ont besoin de lumiére s’adresseront a nous. Surtout ceux qui désirent s’éclairer la nuit! - ... propriétaire légal... - Nous ne vendrons que des ‘parcelles du morceau a /a fois. Notre trésor sera ainsi inépuisa- ble. Il n’en demeure pas moins qu'un tel projet est foudroyant ; Yannick en a conscience. D’un autre cété, i/ trouve exception- nelle! invitation qu'on Jui lance. Qui, en effet, n’a pas révé un jour de posséder |’astre glo- rieux? Bien que maintenant il soit plus condescendant,_ il objecte quand méme: - Et si les gens découvraient qu on... En interrompant son interlo- cuteur, Jérémie prend /a parole. Sa voix surpasse a peine le murmure du ruisseau. -Ne toccupe pas des Si, Yannick. Les si ne ménent a rien. Tu es beaucoup trop sensible! Yannick, petit gars, écoute. I! réfléchit sans en avoir‘l’air en pesant le pour et le contre. Miriame, avec assurance, conti- nue. - Naie pas peur Yann. Notre plan est parfait. 4 Du moins Miriame le juge-t- elle parfait. Voici pourquoi! Les travailleurs rentrent ala maison lorsque le soleil disparait. Epuisés, ils marchent les yeux baissés et, de ce fait, ne S‘apercoivent pas de ce qui se passe dans les cieux. A cette heure, la voie céleste est entiérement libre. Quelqu’un peut monter dans le ciel sans étre repéré; personne ne le Surprendra. Les mots de Mimi portent. Ils convainquent, et le gamin sent l'appel quion fui lance J/utter contre son scrupule. Lequel sera le plus fort: |’appel ou le scrupule? Au lieu de s opposer, contrairement a ce qui! aurait fait plus tdét, il veut dés lors Savoir. - Comment atteindrez-vous le soleil? Le soleil est si haut qu'un oiseau ne peut s’y percher. II loge si loin au-dessus des” nuages quaucune goutte de pluiene ternira, oh jamais!, son éclat. Jérémie apensé a tout. N’a-t-i! pas concu le plan! Ainsi il explique a Yann que | écoule- ment du temps agit sur une échelle sur laquelle une marche se rajoute a chaque année qui passe. Depuis |’avenement de l'univers, le nombre d’échelons a tellement grossi qu’aujour- d‘hui |’échelle outrepasse les nuages et touche I ‘infini. C'est cette échelle gigantesque qu ils éléveront jusqu’au luminaire. Mots croisés Quand la technique s’en méle, les petites cases noires jouent les filles de l’air et les mots croisés se font casse-téte chinois. Pour nous faire pardonner, nous vous offrons, cette semaine, deux grilles. Les solutions dans le prochain. IV V VI Vil Vill ix xX numéro. lsat Grille1 ; : 3 4 5 6 ee) 5 = es 10 HORIZONTALEMENT 1. Qui fait dormir. 2. Ons’en sert. - Liaison. 3. Relatif ala tribu. - Salut espagnol. 4. Fin de partie. - Longue période. - Désert. 5. Cri d’aréne. 6. Abris. - Nés. 7. Pas tout a fait aride. - Lavé a |’eau. 8. Lettre entamée. - Deux Romains. - Possessif. 9. Espion. - Métal. 10. Titre princier. - Coiffure militaire. VERTICALEMENT |. Qui appartient a |’Etat. ll. Reviser. Ill. Monarque. - Publier. IV. Dés. V. Ressemble au phoque. - «En» chez les Anglais. VI. Tuile a l’anglaise. - Hurlement. Vil. 3@me personne. - Mesu- re chinoise.° - Symbole chimique. VIII. Commander. IX. Mille pattes. - Point. X. Elément d’un building. - Viens d’étre. Wai VeoV MIM elixee Kepner Grille 2 2. Province de la prairie canadienne. 3. On met les voiles quand elle arrive. -Glace en anglais. 4. Déchiffrée. - De méme. 5. D'un godt acerbe. - Permet de réver. 6. Symbole chimique. - Va au panier. 7. Hardiesse. -N’ont pas été inventés. 8. En téte d’Einstein. - Le dernier est chic. - Article. 9. Racontent. 10. Mesurai. - Montre qu’on n’a pas tout dit. { 2 73 4 5 6 7 8 ‘9 : a HORIZONTALEMENT VERTICALEMENT 1. Neiges en marche. |. Climat. ll. Fleuve de France. - Plongé dans une sauce. lll. Parfumé. - Recueils de bons mots. IV. Déchiffres. - Qui n’est pas tout a fait rond. - Soleil égyptien. V. Singe-araignée. - Le premier enchante une ma- man. VI. Lac d’Afrique. - Il a la téte qui tourne. Vil. Dans la combine. - On l’extrait dela féve de Calabar. Vill. Détesté. - Se déplacera. - Double consomme. IX. Démonstratif. - Avant nous. X. Onlesrencontrea Oslo. - Quand le soleil se couchera, Miriame en découpera un morceau et /e tour sera joué. Cest facile. Bien des choses s‘éclaircis- sent. Yannick comprend main- tenant les phrases de ses amis captées plus tét a /'improviste derriére le feuillage. Mimi escaladera!l’échelle, coupera un morceau de l’astre et Jérémie, lui, guidera | ‘opération. - Accepte, Yann, de nous aider, insiste Miriame. Tu verras, tu ne le regretteras pas! - Risquons, Yannick! - D'accord! Je vous suis.