— 5, Le Soleil de Vancouver, 21 aott 1970 NOS ARTISTES CANADIENS FRANCAIS QUI NE SE SOUVIENT PAS DES SOEURS GALLANT? sour PATSY GALLANT, un seul projet: UNE COMEDIE MUSICALE! Patsy Gallant est certainement une des rares chanteuses canadiennes capables de faire de la comédie musicale! Elle sait bouger, danser, possede un rythme endiablé: elle a la chance d’étre de la généeration des ‘‘copains”’ ’ douée d’une voix. Une voix riche en sonorités, une voix qui porte, rehaussée d’un timbre caractéristique, de ce genre d’intonation qui ne passe pas mais s’installe dans votre oreille et marque la distinction, parmi ce qu’on appelle les belles voix, de la voix vouée au succes. UNE PERSONNALITE BIEN A ELLE! Bref, Patsy a un style et ~~..9lune personnalité propre, fait rare aujourd’hui ou la télévi- sion, la radio, le disque et accessoirement, le cabaret dévorent journellement de soi-disants talents, dont le succes ephémére est lié a quelques mesures de musique plutot qu’a leur voix et facon d’interpréter. Ce qui fait que ces vedettes d’un jour passent aussi vite qu’elles sont arrivées, ou plutot, aussi vite que leur chanson a succes, tombée au rang de rengaine, s’efface des mémoires. On oublie souvent la vérité profonde de ce métier: les chansons passent, reste. La comédie musicale est, au niveau des grandes varie- tés, la discipline la plus diffi- cile. Elle exige des interpretes un éventail complet de talents. Il faut savoir chanter et bien chanter, danser, se mouvoir avec aisance sur scene et jouer parfaitement la comédie. I] est curieux de constater que ce sont les anglo-saxons qui, ont créé cet art (car il s’agit bien d’un art) et ’ont mené au sommet de la perfection, tandis que les pays latins ou le chant, la danse et la comédie font partie des caractéristiques de la race, Pont négligé. On ne voit des comédies musicales qu’aux Etats-Unis et a Londres, pas, ou presque pas, 4 Paris, Rome, Madrid et Montréal. Il y a quelques mois Paris se réveillait enfin aux sons de “Y’Homme de la Mancha’”’ avec Jacques Brel. Contre toute attente, ce fut un succeési foudroyant. Reste a se demander quand enfin Montréal, a son tour, prouvera que dans-la matiére comme en d’autres, “Québec sait faire’’. la voix © et d’étre, en plus, Ce jour la sonnera trés cer- tainement l’heure de Patsy Gallant. ELLE CHANTE DEPUIS L’AGE DE 5 ANS Lorsque je lui ai téléphoné elle m’a confondu avec u denommé Serge. Elle était désolée de m’a- voir fait attendre pendant deux heures dans un café et m’a accablé d’explications a un débit de mitrailleuse. Comme il n’y avait rien a faire pour |’interrompre j’ai attendu qu’elle s’essoufle pour lui expliquer 4 mon tour que, malheureusement, je. ne m’appelais pas Serge mais que je serais particulierement heureux de |’interviewer, a condition: qu’elle me fasse attendre un peu moins long- temps. . Elle m’a regu deux jours plus tard dans une chambre encombrée de disques, d’enre gistreurs stéréo et de livres. Ayant enfin trouvé une place pour m/’asseoir, je l’ai détail- lée et j’ai trouvé que le pauvre Serge n’était pas tellement a plaindre. 21 ans, de taille moyenne, cheveux blonds longs, faite au tour, dotée d’une paire de jambes 4 vous couper le soufle, le sourire vif, Voeil gris, le nez fort (tres a la mode depuis Barbra Strei- sand) elle était le rythme de la jeunesse personnifié. PARLEZNOUS DE VOTRE CARRIERE, PATSY? — Je suis née 4 Campbel- ton dans le Nouveau Bruns- wick, quatriéme d’une famille de dix enfants, de descen- dance acadienne. Je chante depuis l’age de 5 ans. Nous chantons devrais-je dire. Parce que nous avions formé un choeur d’enfants avec mes soeurs Angei, Flo et Ghis- laine. Depuis, Angei s’est spécialisée dans le western, Flo, mariée, ne passe plus qu’a l’occasion de ‘banquets, souvent au Queen Elizabeth et Ghislaine chante beaucoup a l’étranger, a cette heure a Porto-Rico. Mes parents ayant compris que c’était tout ce qui nous intéressait nous ont aidées a chanter profes- sionnellement. C’est ainsi qu’a l’age de onze.ans, nous sommes débarquées 4 Mont- Z A DEPUIS 1968, - ELLE FAIT CARRIERE SEULE réal ou, sous le nom de “Soeurs Gallant” nous avons fait nos armes pendant. six ans dans les cabarets, dont le Mocambo. “Nous avions fini par deve nir tres connues comme cho- ristes, poursuit Patsy. Un de nos grands succés du temps des “‘soeurs Gallant” a été notre accompagnement de Donald Lautrec dans une chanson populaire. cana- dienne: “Loin dans la campa- gne’”’. En 1966 vient la télévi- sion. Nous passons tour a tour a “Jeunesse oblige”, a Radio Canada avec Daniel Giraud, puis de nouveau au canal 10 dans une émission de Michel Louvain et Michel Denis. En 1967, a Radio Canada, c’est “Music Hop” au canal 6 et “Discotheque” au canal 2 avec Chantal Renaud. En 1968, séparée de mes soeurs, je débute dans les commer- ciaux avec les Dordomania- ques, aux cotés de Christine Chartrand, Jean Philippe, Denis Forcier ‘et Yves Lapierre. Depuis, je continue les commerciaux et j’arrive a peine a faire face a la demande. En 1968 et 1969, jai passé également § 4 “Zoom”, “Place aux femmes” sans oublier qu’en juillet 68 jai ouvert le spectacle d’Az- navour Place des Arts. J’ou- blie d’ajouter des tournées aux.armées dans le Nord a Chibougamau, Senneterre, Val GRACE A UN STYLE bien personnel, le nom de Patsy Gallant sera bientét sur toutes les lévres. d’Or, et j’en passe. EN RETARD COTE DIS QUES! —Quels sont vos disques, Patsy? —Sur ce plan, je suis en retard. Je devrais en faire plus. Mon seul disque a paru sous étiquette Barclay. Les chansons s’appelaient: “Tout a la fois” et “Mister Lewis.” —Quels sont vos projets? —Je continue ma sérié de commerciaux. Le prochain a passer, sera a la gloire du caramel Malt (Rowntree) avec Denis Forcier du groupe des Sultans. Le 18 février, je retourne a la Place des Arts, dans le cadre d’une émission de Donald Lautrec ou il y aura entre autres, sous la direction musicale d’Yvan Landry, Claude Landré, ‘André Gagnon et les Alexan- ‘drins. J’ai aussi une série de -récitals a faire dans les Uni- versités. A part ca j’aimerais- tellement faire de la comédie musicale!” —Une question indiscréte, Patsy. Etes-vous fiancée ou amoureuse? —“Non. Je suis trop jeune et ma carriére passe avant tout.” (Pauvre Serge. . .) —Quels sont vos sports préférés? —“L’équitation, le ski et le ski nautique.” —de vois que vous étes pour la minijupe. Que pensez-vous de la maxi? —Tres peu pour moi. Quand on est petite et qu’on a des jolies jambes, 1a mini-jupe s’impose.. La maxi ne va qu’aux femmes grandes et bien faites. J’ai pris congé de Patsy, avec regret, je l’avoue, apres avoir écouté son disque et plusieurs de ses: enregistre- ments. Et si j’ai un voeu a lui faire, c’est que Montréal s’ou- vre enfin a la comédie musi- cale. Ce jour la, le nez de Patsy deviendra célébre et on -le regardera plus que ses jambes. Ce qui sera, sans aucun doute, la preuve abso- lue de sa réussite! JEAN BRAT | { | | a — ae cient . ose e rome p ~ - Ri Hi AS ah, as wi - Aa ey el ee.