éditorial - Les récentes manifestations A la frontiére des Etats- Unis ont fourni une nouvelle preuve de l’intérét manifesté par la jeunesse a l’égard des grands problémes actuels. Nous étions 4 Peace Arch, vendredi dernier, 24 septem- bre, parmi quinze-cents personnes, venues bloquer la frontiére, en signe de protestation contre le test nucléaire d’Amchitka, prévu pour la deuxiéme quin- contre la guerre, etc. Un événement trés intéressant s’est produit 4 Burnaby ot plus de deux-cents éléves de devaient apporter une lettre de leurs parents, lundi 27 septembre, donnant la raison de leur absence, le vendredi 24. Mais ot étaient-ils donc? ‘thigh schools’’ zaine de ce mois. Ce qui était frappant A Peace Arch (et il en était de méme aux autres postes frontiéres) c’était 1’énorme majorité de jeunes ; y avait-il seulement trente per- sonnes agées de plus de trente ans’ Cela représen- terait un pourcentage de 98 % de moins de trente ans ! Le jour choisi pour la manifestation - un vendredi - était sans doute mal choisi ; c’était un jour de travail, et si cela avait eu lieu le dimanche, il est tout 4 fait probable que la proportion des plus de trente ans aurait été beaucoup plus importante. Les éléves, appartenant 4 quatre ‘‘high schools’’, avaient tout simplement décidé de manifester, eux aussi, contre le test d’Amchitka, en organisant une marche de trois milles, de Kensington Junior Se- condary School au consulat des Etats-Unis au car- refour Georgia-Burrard. Les éléves étaient absents sans autorisation et de- vront apporter une lettre de- leurs parents, déclara le principal de Kensington, dont les éléves formaient la majorité des marcheurs. En vérité, votre réaction est bien étonnante, Mon- sieur le Principal ! Si vous vous étiez, vous, senti Néanmoins, il n’en reste pas moins que les jeunes se sentent beaucoup plus concernés (pour employer une expression trés en vogue) que leurs. afnés et qu’ils se montrent beaucoup plus actifs : ils n’hé- sitent pas A exprimer clairement leurs opinions et 4 manifester, en masse, chaque fois qu’un grave probléme se pose ; manifestations contre le projet des Quatre Saisons, manifestation 4 Gastown 4 pro- pos de la drogue, manifestations contre la pollution, ‘‘concerné’’, on vous aurait vu au premier rang des marcheurs. Bravo les jeunes ! Vous donnez une belle legon 4 vos afnés ! =e = \ Levesque par BENOIT HOULE PARIS Dans une 're- vue francaise publiée hier, le président du Parti québecois, M. René Levesque. écrit que ‘*1970 a marqué le début d'une décennie décisive au cours de laquelle le Québec: accedera a la souveraineté ou s intégre- ra definitivement au tout ca- nadien, y acceptant un simple Statut de minorite ethnique’’. Le 8e numero trimestriel de **Preuves” consacre en effet ‘12 pages au Parti queébecois, donnant les lignes principales. d'une solution indépendantiste qui seule, selon René Léves- que, permettrait au Canada francais d’évhapper aux dan- gers du terrorisme et de las- servissement par Ottawa. M. Lévesque écrit qu un Québec souverain deviendrait “le deuxieme pays francapho- ne en importance dans le mon- 7deS “Les événements de lan dernier, notamment les €élec- tions. générales dvavril et la ‘crise provoquée en octobre par le Front de libération du Québec, ont été autant de si- gnes _avant-coureurs. d'un choix qui ne saurait étre re- mis a beaucoup plus tard.” M. Lévesque rappelle les résultats des élections d’avril au Québec ou son parti est sorti**grand vainqueur” avec 24 pour cent des voix, contre 20 pour cent pour |'Union na- tionale, 45 pour cent pour le Parti libéral et 11 pour cent pour le Ralliement créditis- e. “Au Quebec, la voie d'une conquete pacifique de la sou- veraineté par des moyens dé mocratiques s'est donc ouver- tele 29 avril.” M. Lévesque estime égale- -ment que c’est parmi les plus jeunes qui ont vu “liniquité du systeme électoral actuel ternir la victoire du PQ’, que se sont recrutés les terroris- tes de l’automne. Leur impa- tience et leur perte de confian- ce en ce systeme en seraient la cause. Le président du Parti québe- cois raconte en détail les évé nements d'octobre qui ont sui- vi le rapt de l'attaché commer- cial britannique James Cross et l'assassinat du ministre que- becois, M. Pierre Laporte. “Dans les _ circonstances, ecrif-il, on aurait pu s’atten- dre a une certaine moderation de la part du gouvernement Trudeau a Ottawa et de celui de Robert Bourassa a Qué bec... Hélas, la réaction gou- vernementale fut, au contraire, marquée au coin de la violen- ce excessive. © “Une réaction aussi exces- sive de la part des autorités gouvernementales nest com- préehensible que si on la relie a la erise plus profonde que traverse le Quebec depuis une dizaine dannées. Car. voi- la bien la conduite de gouver- nements. qui sentent s effriter sous leurs pieds les bases de leur pouvoir.” “Pris de panique. les gou- vemements croient voir par- tout les signes d'une insurrec- tion imminente. % “Pour eux, estime M. Le- vesque. la percée sourerai- ‘niste doit etre stoppée le plus rapidement possible ” Apres avoir analysé la por- tee politique de cette ~per- cée souverain:ste’. M. Léves- que ajoute que la erise docto- bre a eu “également comme consequence d’affaiblir drama- tiquement le gouvernement québécois, surtout dans ses rapports avec le gouvernement central’. “Cest le gouverne- ment fédéral qui menait le jeu: {tui seul controlait l'armée, lui seul pouvait libérer les pri- sorniers, lui seul avait auton- té sur la radio et la telévi- sion meme ‘sil s/agissait dun probleme _ essentielle- ment quéebecois.”” “Ce fut une dure lecon pour tous ceux qui avaient cru possible de faire du gowver- nement du Québec Jinstru- ment principal des destines queoécoises tout en restant dans la Contédération cana- dienne.” “iEntre la violence des ter- roristes et celle des deéfen- seur's du statu quo. poursuit- il, il était évident quil n’y avait que la voie pacifique e reconciliatrice du Parti qué- bécois.” M. Lévesque analyse par 1a suite le systeme fédeéraliste actuel quil accuse détre le responsapie du chomage ele- vé au Québec ‘di. dans une large mesure, a la politique conjoncturelle pratiquée par le gouvernement central pour ten- ter de juguler une inflation ayant sa source dans les pro- ’ vinces plus prosperes de I’ On- tario, de Alberta et de la Colombie-Brita nnique. *De tout temps, !a politique économique féderale a été axée principalement sur la situation de !'Ontario, de sorte que le Québec n'a jamais pu jouir d'une politique fiscale et moné- taire adaptée a sa propre con- joncture. Les choses n ont pas changé sous Pierre Trudeau’ . Le président du PQ passe ensuite au probleme linguisti- que du Quebec, ou le franco- phone doit travailler en anglais et ou cest l’anglophone qui gagne le plus. “Quant a ceux qui ne par- lent que le francais, inutile de préciser qu’ils se retrouvent au bas de |’échelle. Pourquoi devraient-ils accepter d’y res- Lene Parlant. de “l’échec de la révision constitutionnelle’’, M. Lévesque écrit que le Qué bec a “été représenté par un premier ministre fort indécis qui avouait luirméme que ces problémes n’ étaient pas sa spé- cialité.” Selon lui. la formule queébe- coise en faveur de pouvoirs complets et exclusifs, en ma- tiere de legislation sociale Saccompagnait dune *‘for- mule de modification qui eut place toute autre volonté du Québec a la merci du reste de la fédération”™. “Mais, cette dramatique réduction des objectifs queé- bécois ne parvint pourtant pas a rallier les suffrages.’ “Seule la mise en place d'un! nouveau cadre d’asso- ciation entre deux partenai- res €gaux peut, a-la fois, satisfaire le Québec et deéli- vrer le Canada lui-méme de ti- raillements de plus en plus graves et insolubles. Ici en- core, le compte a rebours est commence.” “Ce qui nous ramene au choix fondamental qui confron- te les Québécois: lindépendan- ce politique, ou lintegration définitive 4 l'ensemble cana- dien.”’ ‘Apres avoir donné les rai- sons qui poussent le Québec a abandonner le - fédéralis- me, M. Lévesque donne cel- les qui, selon lui, militent en faveur de la souverainete qui permettrait a sa province de ‘fixer elle-méme ses prio- rités sociales et économiques, batissant sa maison selon ses propres plans.” “L’aventure québécoise, dit- ul, encore, n’est pas un effort de repli sur soi’, puisque le programme du PQ, conscient de l'interdépendance avec les voisins et les autres pays du monde, ‘‘assortit 1 indépen- dance politique d'une associa- tion économique avec le reste du Canada.” “Le Québec, conclut-il, est a la recherche d'une forme d’association, avec le Canada d’abord, avec les autres pays ensuite, qui lui assurera une possibiliteé de développement et de créativité que ne lui reconnaissent pas les struc- tures fédératives auxquelles il appartient a l'heure actuel- le. Sa survie en dépend, com- me en dépendent son épanouis- sement et sa modeste contribu- tion au progres de lhumani- té."* Le Soleil, anciennement Le Soleil de Vancouver, fondé en Directeur-Rédacteurenchef: Myriam Bennett . Directeur administratif : Robert Bennett - pedactelire =” Jean-Claude Arluison _ Daniel Montroty Avec la collaboration de ; Gilles Aerts Peter Allard Jacques Baillaut Vera Bullock Roger Dufrane A.A. Hards Ladislas Kardos Jennifer Lulham Carmen Primeau Jean Riou Emma Thibodeau Gerry Decario 1968 et L’Appel, fondé en 1965, est un journal indépendant publié chaque semaine par Le Soleil de Colombie Ltée, Case Postale 8190, Bureau L, Vancouver 14, C.-R.. Tél. 266-9422 ‘Réabonnement. O) ‘NOM 3: « ce cece ccccccccccccccccccedocccceds ADRESSE 3 e © © 0 © oO POC OHHEHHOO SOO LEASE OOEEO” Nancouver, 14, B.C. d‘abonnement Le Soleil 266-9422 _ Abonnement [(] VILLE 3 ee cna e Rien els PROVINCE : cccccccces . : x DATE s cccccccccccccose Boite Postale 8190 Station L Il, LE SOLEIL, ler OCTOBRE 1971 a haa