coin de loffice de la langue francaise fous men direz tant par Louis-Paul Béguin Je regois de Jean Guirec son trés beau livre de sou- venirs littéraires: La Bel- le Comédie. Délicatesse, raffinement, simplicité et humour. La langue fran- caise dans tout ce qu’elle a de précis et de juste. - Jean Guirec, qui vient de se présenter 4 l’Académie Francaise, au fauteuil vide de Marcel Pagnol, me fait V’honneur d’une ami- cale dédicace. Qu’impor- te 1’Océan! Les littératu- res du Québec et de Fran- ce sont les dignes filles toujours proches de notre mére, la langue frangaise. - Celle-ci, dans sa sublima- tion littéraire, établit un lien fraternel entre les é- crivains de langue frangai- se, quelle que soit leur na- tionalite. ll y ades choses qui ne trompent pas: le talent. Il est en fait difficile pour un écrivain de langue fran- gaise de produire un livre qui se lise biene Nompreux sont les amateurs qui y laissent leurs plumes, au Québec comme en France, d’ailleurs. Mais quand vous avez devant les yeux la page d’un bon auteur francophone, tout de suite vous savez, vous sentez que le talent y est. Jen. Guirec, le délicieux auteur de ‘‘Lucette chez les Chinois’’, est de ceux- - 14. Son style est simple, précis et sQr. Je me rap- pelle avoir parlé des dif- ficultes d’écrire avec An- dré Castelot, grand histo - rien au génie littéraire na- turel, homme délicat mais point pédant. Nous avons parlé de l’oeuvre ensoi, de cette étincelle qui fait qu’un livre est ‘‘réussi’’. J’en avais parlé, il ya long - temps, avec un autre au- teur qui fut aussi un grand acteur.e Michel Balfort, ami de Louis Jouvet, m’a dit un jour, voyant que je -voulais écrire, bien que trop jeune pour ne faire qu’imiter, puisque l’expé - rience de la vie enrichit et permet au talent de ma- rir: ‘‘Attendez, attendez, ' peut-étre cela viendra’’. Et c’est bien vrai. La vie, sa vie, voila ce que l’on raconte le mieux. Il n’y a pas une oeuvre qui soit vraie, si elle ne: fut pas vecue. Proust 1’a prouvé. Ses pre- miéres oeuvres ne furent que la charpente de ce que devait étre la ‘‘somme?’’ de génie, cette Recherche du temps perdu que le monde admire encore, et étudie encore. : On écrit bien, si l’on ne fait pas ‘‘l’effort d’écri - re’’. Et pourtant, cen’est pas le cas pour tout le mon- de : Colette (et Jean Guirec le confirme dans son livre, la -Belle Comédie) suait sang et eau, devant la page nue. Elle dit:, ‘Pour moi, la page blanche, c’est une. obsession, un drame, ‘une - torture’’. Les jeunes’ écrivains s’expriment souvent n’im- porte comment et sem- blent se satisfaire d’un 4 peu prés négligé. Pas tous, néanmoins. Pas tous, néanmoins. Je pense 4 cet auteur québé - cois, jeune, plein de talent qui eut, l’an dernier, le prix du Cercle du Livre de France. Jean-Yves Guay écrit en frangais, pas en joual. La facilité pour lui ‘n’est pas un substitut au ‘‘labeur d’écrire’’. Son livre, La Mise en Liberté, est admirable de précision et de richesse. Les mots sont justes et bien choisis. Son livre de poémes le place au premier rang de nos jeunes écrivains: il s’agit de Porteur d’os. S’il est encore jeune, et manque d’expérience, donc d’envergure littéraire et de détachement, il pro- met aux lettres québécoi- ses a4 venir quelques bel - les pages. eee La preuve. Ces quel- ques lignes de Porteur d’os: ‘*A l’instant, ma_ vie _ se fixe sur mon 4ge, l’om- bre autour d’elle s’envole en bruine, sorte de rosée chaude qui donnera la main 4 mon enfance’’. Quel- le belle image, quelle belle sensibilite. - ne’’, Les ideogrammes par Ron HOLLAND Le syst¢me des idéogrammes chinois, en plus d’étre le véhicule de la culture millénairc de la Chine, s’em - ploie également au Japon depuis l’introduction du bou- ddhisme et de la civilisation du continent dans les. fles nippones, il y a 14 siécles. Voici l’ideogramme qui exprime l’idée de l'homme, de 1’étre humain. Les caractéres expriment non pas des articulations verbales, mais plutét des idées. C’est ainsi que l’ideogramme pour ‘‘l’homme’”’ se dit **hito’’ ou bien ‘‘djin’’ en japonais, tandis qu’en man- darin, il se prononce un peu comme le frangais ‘* jeu- et qu’en cantonais ou en d’autres dialectes chi- nois, ce sera encore different. Nous avons tous vu, dans des livres d’archéologie ou d’histoire, ces chefs-d’ocuvre d’art préhistorique ou figurent des chasseurs 4 la poursuite de bisons et de cerfs. Lasimplicité et la vigueur de cet idéogramme évoquent pour moi ces chasseurs artistiques des épo- chinois ques reculées! a Le'Soleil de Colombie, 11 juillet 1975, Il COOPERATION INTERNATIONALE CONSTRUCTION D’UN TELESCOPE DANS L'ILE HAWAII PAR LA FRANCE ET LE CANADA La France et le Canada ont entrepris de construire ensemble un grand téles- cope optique de 3,66 mé- tres de diamétre. Cet ins- trument d’observation as- tronomique sera installé au sommet du Mauna Kea, 4 4.600 métres d’altitude. Ce volcan éteint qui est le point culminant de l’fle Ha- wai, la plus grande del’ar- | chipel des Hawai (Etats-U- nis) est situé par 20 deg. de latitude Nord. Decesi- te, considéré par les astro- nomes comme l’un des meilleurs du monde, il va étre possible d’observer le ciel tout entier, 4 l’excep- tion de la zone proche du pdle-sud, pendant 2.800 h. par an. Si le grand miroir du té- lescope doit étre poli A l’observatoire canadien de Victoria,les composantsme caniques seront fabriqués tionale de sité d’Hawai. en France. Les deux pays financeront 4 partégale les deniers doivent durer quatre ans. Une fois la construction a- chevée, les frais de fonc- tionnement et les temps d’observation seront ré- partis entre le Centre Na- la Recherche Scientifique (CNRS), le Conseil national de recher- ches du Canadaet1’Univer- JS La folie du savoir ou |’Ere des symboles Les hommes qui s’éduquent par eux-mémes de nos jours sont assez rares. Nous connaissons surtout les hommes licenciés et silencieux. Les contradictions de notre vie moderne fusent aux quatre coins du globe. Méme chez les privilégiés, il y a des confusions trés pénibles 4 supporter. En fait, l’effondrement des sta- tuts hiérarchiques s’opére avec une brutalité encore insoupgonnée. Il n’y a que trés peu de positions défendables 4 l’heure actuelle. Nous avons 4 puiser dans nos richesses intérieures pour nous adapter tant bien que mal aurythme dela vie urbanisée, industrialisée et commercialisée par surcroit. L’une des plus vives agressions auxquelles nous avons 4 faire face est au niveau de notre bien-étre physique. Pour nombre d’entre nous, la ville est devenue un lieu d’incarcération d’une haute technicité. Cro -de bonheur avec l’aide des médicaments. yez-le ou non, on peut ‘‘crever’’ Dans les 4 prochains numéros du Soleil de Colombie, je tenterai de passer en re- vue les divergences fondamentales qui ont été amenées par l’industrie. chimique et pharmaceutique, troublant l’équilibre du monde végétal. A la lumiére du docu- ment de travail présenté par le Ministre Lalonde en avril 1974, je dis¢uterai de certaines conceptions de la santé, s’établissant dans une revendication sociale. et politique. Les faits dont je me serviraisurla santé des Canadiens permettront de formuler certaines alternatives pour le moins critiques. Pour la 3éme partie, je me propose de parler de ‘‘la douleur et son statut social’’; comment une classe privilégiée et bourgeoise en est arrivé Aconfondre ‘‘santé’’ et ‘*régime d’assu- rance-maladie’’. Enfin, j’établirai lelien existant entre lessociétés multi-natio- nales, controlant la production des produits pharmaceutiques, l’institutionna- lisation de la santé et l’épidémie sans précédent causée par notre-non-recours Aa l’autonomie humaine et 4 notre faculté de décision politique. Marc BELIVEAU