Le temps des cerises Qui n'a fredonné cette chanson pleine de charme et de mélanco- lie : J'aimerai toujours Le temps des cerises. . . Nos grands-parents, nos arriére-grands-parents I'ont sans doute chantée dans leur jeunesse et, peut-étre aussi, quand la vieillesse les rendit nostalgiques. Jean-Baptiste Clément I'écrivit il y a un siécle et demi, en 1866. C'est dire si elle a la vie dure! Militant pour la liberté & une époque ou elle n'était pas a l'ordre du jour, orateur populaire, Jean-Baptiste Clément subit plusieurs condamnations par le pouvoir en place et connut les prisons de Napoléon Ill. "Le temps des cerises” devint alors un chant de sou- tien aux détenus politiques, une sorte d'hymne des ouvriers mé- contents préts a l'émeute, et devint bientét un chant révolution- naire dans les manifestations de rues. On I'entendit surtout sur les barricades de la "Commune" de 1971. La « Commune de Paris » fut une page sombre de I'histoire de la France. Les Parisiens venaient de subir un siege éprouvant qui avait affamé la population (on en était arrivé a manger des rats) et la capitulation rendait leur sacrifice inutile. Humiliés par la défaite face a la Prusse, ils se révoltent et s'en prennent aux troupes gou- vernementales qui défendent un régime conservateur. Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif, refuse de traiter avec les mutins, decide de se retirer 4 Versailles avec les membres du gouverne- ment, et fait cerner Paris par la troupe. Paris, mal remis de sa fa- mine, va connaitre un deuxiéme siége. Des barricades s'élavent dans les rues et Thiers lance 5 corps d'armée contre ce qu'il ap- pelle la "“canaille rouge". L'une aprés l'autre, les barricades sont prises. Les “communards" résistent mais sont finalement vaincus. Au cimetiére du Pére Lachaise on fusille les rebelles par centai- nes, les cadavres sont jetés dans une fosse. Ce qu'on a appelé "la semaine sanglante"fit 20.000 victimes. On procéda a plus de 30.000 arrestations, 10.000 hommes et femmes sont déportés dans les bagnes de Nouvelle-Calédonie. Le peintre Courbet échappa par miracle & ces jugements hatifs. Jean-Baptiste