Pacifique Le Moustique! ... Nous voulons tous, de nos racines et dans le coeur, aider les jeunes d’aujourd’hui a devenir les adultes qui demain consolideront les acquis de la francophonie au Canada. Et bien sar que nous serons derriére eux, tout excités, drapeaux a la main et au vent, lorsqu’ils partiront chercher leur coin de paradis dans un monde francophone de l'Amérique a l'Afrique, en Asie et en Europe. Mission accomplie, dirons-nous avec raison, car une communauté francophone qui multiplie ses capacités de rayonnement a déja rempli la condition premiére de sa continuité en terre canadienne et ailleurs. La question qui se pose cependant est de savoir quels outils, en plus des souvenirs, des fleurs et des becs, nous aurons mis dans leurs bagages avant leur départ. Car si parler frangais fait d’eux des francophones entendus par le monde, il s’accorde quiils puissent aussi étre lus, et donc capables d’écrire la langue, de l’exercer, de la faire jaillir d'une plume, d’en tracer les contours, de lui donner des couleurs, d’en exalter les beautés! Des portes infiniment petites et infiniment grandes leur seront alors ouvertes. Et parce qu’ils s’exprimeront clairement, dans un frangais respectueux des régles les plus élémentaires de la langue, le monde sera encore plus ouvert a leurs idées. Leurs lettres, articles, journaux et projets n’iront pas sous la pile de la catégorie « illisible » et ne seront pas ignorés « parce que pleins de fautes ». Mais il y a un os : a moins d’exception, on ne vient pas au monde en criant soudainement un adjectif ou un adverbe a des parents éberlués, encore moins une interjection au médecin qui vient de nous donner la fessée. Remarquez qu'il serait intéressant de savoir quel genre de sermon on aurait bien voulu leur servir en arrivant, si seulement on avait pu pleurer autre chose que « beeuuhh » et « baaahhh» ! Mais enfin, la langue francaise étant ce qu’elle est, c’est-a-dire Volume7 - 6¢ édition SUR LA QUALIT. TE DU U FRANCAIS T. RANSMIS PAR LES MEDIAS 11 ISSN 1704 - 9970 Juin 2004 qu'elle s’apprend a force de la lire et de I’entendre, il vaut mieux a cet age attendre et compter sur la communauté pour nous l’enseigner plus tard. On pourra toujours alors leur écrire quelques mots bien tournés. C’est donc dire que la communauté a une responsabilité fondamentale envers les enfants et les adolescents dans leur apprentissage du frangais, parlé et écrit, surtout quand la langue est un ilot au beau milieu d’un océan anglophone. Nous avons l'obligation de leur montrer correctement les beautés et les difficultés de cette langue, en ne se limitant pas toujours au plus facile, et d’ouvrir toutes grandes les possibilités immenses qui s’offriront a eux grace a la maitrise du frangais. N’avons-nous pas tous le désir de voir nos jeunes, lorsqu’ils rédigeront leur thése, lorsqu’ils représenteront la francophonie dans le monde, le faire en se sentant confortables et tout a fait capables d’exprimer leur étre ? Or dans cette communauté, en dehors de I’école qui fait déja sa part et plus que sa part, se trouvent des organismes qui doivent étre considérés a juste titre comme des services indispensables d’appui a l'éducation francophone. Au premier rang desquels se trouvent les médias d’information. C’est la que les jeunes francophones commencent a se mesurer a lactualité, et c’est la, par l'essence méme de la profession journalistique, qu’ils devraient aussi pouvoir obtenir le complément nécessaire a la bonne maitrise de la langue francaise. Car on demande aux jeunes, et aux adolescents d’une maniére plus insistante, de lire les journaux, de regarder des émissions de télévision et d’écouter la radio pour parfaire leur €ducation en frangais, pour absorber les rudiments de la langue et en comprendre les régles et les détours. Des outils qu’ils mettront dans leurs bagages. Les médias se doivent donc, et doivent a la communauté francophone, d’étre conscients de la qualité de la langue qu’ils transmettent a leurs lecteurs et de l’impact qu’ils ont sur les adultes de