A lire... en musique TRISTAN ET ISEUT Livret de l’opéra de Richard Wagner tra- duit et adapté par Jean Marcel, avec illustrations de Mikie Assif et préface de Charles Dutoit. Editions EEP; Montréal (1982), 73 pages (éditions de luxe et semi-luxe). Trés jeunes, je pen- sais qu’il valait mieux é6tre Tristan que César ou Attila! En relisant Wagner, je me demande si le maitre de Bayreuth n’aurait pas plutdt souhaité et choisi d’incarner Isolde... *“Suis-je donc seule a entendre cette musi- que merveilleuse et plaintive qui m’‘en- vahit avec tant de douceur, s‘éléve et me submerge de ses sonorités sSuaves? L...] Ah, dans fa splendeur des va- gues, dans /a musi- que claire, dans le souffle infini de |’u- nivers, m/‘abimer, m’engloutir, et ne plus rien connaitre... Supréme volupté...’” [derniéres paroles d‘/seut dans la traduction de Jean Marcel] L’androgynie du po- éte, en effet, l’em- porte sur la misogy- nie. Iseut est a la fois la femme et la volonté créatrice: el- le incarne le réve et l'homme wagné- rien. Le Tristan de Wagner m’apparait aujourd’hui un peu niais, suavement “off beat’’ dans la tourmente, dans l‘ouragan passionnel et absolu d’une Iseut non seulement a- mante mais Amour. Musique! La lecture ou |’audi- tion des divers Tris- tan me sont plaisirs toujours renouvelés et singuliérement ac- crus — comme |’ex- périence d’un nouvel amour alors que s‘impose la certitude lointaine de commu- nions et de connais- sances antérieures de la personne ai- mée. J’ai donc ache- té (dans son édition de luxe) le Tristan et lseut traduit et adap- té par Jean Marcel et illustré par Mikie Assif. Je me _ suis d’abord laissé pren- dre par la magie des images: les encres de madame Assif. Déroutantes et en- voutantes! Différen- tes en tout cas des imageries qui illus- trent d’ordinaire la célébre légende mé- diévale. Les nordi- ques ou germani- ques wagnériens. L’océane et éthérée Mikie Assif envelop- pe nos héros d’un parfum venu d’O- rient. La légéreté des tissus, le tracé des maquillages et le lu- naire des lignes com- me l’ensoleilé des coloris ont l’enchan- tement des Mille et une nuits. Et pour- quoi pas? J‘ai ensuite appro- ché le texte en écoutant la_ version de la Staatskapelle de Dresde dirigée par Carlos Kleiber. Et pour compléter I’ ‘‘exercice’’, j'ai comparé la _ traduc- tion-adaptation de Jean Marcel a la traduction de M.S. Caussy. L’écriture de Jean Marcel est celle d’un poéte. Son amour des textes anciens (il a traduit Gilga- mesh, la Chanson de Roland, etc.), son amour de Wagner et de la langue frangai- se s’entendent com- me une rumeur dans le choix des mots utilisés: ils touchent les sens. Compa- rons. Voix d’un jeune matelot: A l’ouest le regard vague; vers I/‘est, le bateau vogue. Frais, le vent souffle vers le pays: enfant d’Erin, ou es-tu donc? Sont-ce_ les _souffles de tes sou- pirs qui enflent les voiles? Souffle, souf- fle, vent! Soupire, soupire, enfant! Fille d'Irlande, fille amou- reuse et farouche! [traduction M.S. Caussy] Les yeux sont tour- nés vers |’Occident — vers /’Orient vo- gue./e vaisseau... Un vent de glace souffle vers le pays. Ou es- tu donc, fille d‘Irlan- de? Est-ce ton long -flez, soupir qui gonfle ain- si les voiles? Souf- zéphirs, souf- flez! Et malheur a toi, sauvage et ten- dre enfant d’Irlande! [traduction-adapta- tion de Jean Marcel) D’entrée de jeu, le regard du marin (sans doute aussi ce- -lui d’Iseut) nous im- pose sa vision. Puis vient le vent glacé du Nord — et le texte nous emporte _ et nous enveloppe com- me les leitmotivs du texte musical de Wagner. Apres |’o- péra, j’ai eu envie de relire le texte. “Comme pour repren- dre cette véritable ‘‘audition’’ toute dif- férente mais encore soutenue et combien mélodique du verbe écrit! C’est une mu- sique intérieure qui, débridée, devient clameur. Le texte du Tristan de Jean Mar- cel se chante et s’é- coute. fl se dit tout bas et il se récite. La musique est au texte et le texte a la musique comme: le ET (“‘conjonction d’amour’’) est a Tris- tan ET Iseut: /seut: Mais ce petit mot ET, s‘il se trou- vait anéanti, com- ment donc la mort le serait-elle donnée si te. francais. instantanées. Angelina ae Bella Animatrice @ la télévision, auteur, éditeur et journalis- Nous disposons de livres et patrons sur la couture en OFFRE GRATUITE Veuillez m’envoyer gratuitement les instruc- tions pour la confection de deux blouses Sener ew eeeweeseesnanae Pour recevoir |’offre gratuite envoyez une en- veloppe standard adressée et affranchie. OFFRE VALABLE = AU ter décembre, 1983 . 446, Station ‘‘H’’ Montréal H3G 2L1, DE RICHARD WAGNER ADUCTION ET ADAPTATION DE JEAN MARCEL iroonf page 4 - Répertoire de la lecture francophone, novembre 1983 | Case postale 636 Verdun, Louise Courteau (514) 761-7849 O EDITION DE LUXE: 135,00$ Tirage limité & 100 copies (presque epuise) ADRESSE O EDITION SEMI-LUXE : 34,95$ Joindre & cette demande votre cheque visé ou mandat poste a l'ordre des éditions E.1.P. erdun, Québec, H4G 3G6 OFFREZ-VOUS LE CADEAU UNIQUE QUI FERA L’ENVIE DES AMATEURS DE LIVRES DE LUXE TR eri CODE POSTAL TEL: (DOMICILE) (TRAVAIL) ce n’est avec ma pro- pre vie? Tristan: Nous irions ainsi a la mort sans nous séparer, ne for- mant qu’un a jamais, sans fin, sans réveil, sans peur, confondus l’un dans I’autre tout a fait pour ne vivre que /’amour... ll faut. offrir.ce Tris- tan et Iseut de Wag- ner/Jean Marcel/ Mikie Assif & nos proches wagné- riens... ET amou- reux! Karl Parent (collaboration spéciale) a Ecrits des Forges nouvelles parutions | Automne 83 SARZENES De Gérald Godin, De Rina Lasnier, perdu’’ De René Lapierre, émotion”’ SEVES De Paule Doyon, s’évadent’’: De Robert Hébert, De Gatien Lapointe, tn ith ‘‘Seule la vie est souveraine”’ CHANT PERDU ‘‘Que le poéte se perde et paie seul le prix de la poésie, la joie brusque du -chant ALEATOIRE INSTANTANE suivi de MIDSUMMER 82 De Paul Chamberland, ‘‘Tout-ce-qui-m’arrive me traverse et j’en deviens sans fin les facettes tournantes”’ PROFIL DE L°OMBRE “La réalite tout a coup n’est plus qu’une - De Madeleine St-Pierre, ‘‘Volée de bruissements d‘éternité’’ RIRE FAUVE ‘*}ouvre la barriére des phrases. Les mots RUDIMENTS D’US ‘Le mot chavire a chaque mille ans”’ TOPOGRAPHIES II De Pierre-Justin Déry, “sur le vert bouclier, pays blason intime, ol encore surgir, réseau, sans régle que des arbres?”’ LE PREMIER PAYSAGE De Gatien Lapointe et Christiane Lemire, CORPS DE LINSTANT Anthologie sonore 1956-1982 disponible sous forme de disque ou cassette LES ECRITS DES FORGES: UNE POESIE EN DEVENIRS De Gérald Gaudet, a 8,00$ 8,00$ 8,00$ 5,00$ 5,00$ 5,00$ 5,00$ 400,00$ 15,00$ 10,008 LES ECRITS DES FORGES INC. 2095, Sylvain, Trois-Rivieres, Québec. G8Y 2H6