t { eee nae aaa 16 - Le Soleil de Colombie, vendredi 29 mai 1987 = 0: ~ Koinobon Par Elise Ramenslle U DEBUT - “Alors, qu’est-ce que tu attends, tt tt - EN REE Se a See ee Ne a TLE LE ST TROL LER Ee ee JRE TIE LEPE We COBO. du mots de mat, partout au Japon, des grands potssons de tissus colorés flottent, comme des drapeaux, devant les mazsons. A lapproche du 5 mat, féte des enfants, chaque famille accroche ces beaux potssons de tissu a un mat dans le jardin. Autant de potssons quilya d’enfants dans la maison! Les koinobori sont parfois rouges ou bleus, mats les plus beaux sont notrs, immenses, et sur leur dos est peint un petit enfant-samourai qui a lair de danser lorsque le vent fait flotter son powsson-monture. E M’APPELLE Yukio et j’ai dix ans. Aujourd’hui je suis triste, je m’ennuie. Personne pour jouer avec moi! Oh, bien sir, tout le monde est gentil avec moi. Ojisan (1) me fait tout le temps des cadeaux. Hier, il m’a offert un magnifique koinobor7. Il m’a dit: Je suis sir que personne n’en a un aussi beau dans tout le Japon!’ C’est vrai qu’il est beau: deux fois plus grand que moi, noir et blanc, avec un enfant-samourai? peint sur son dos. Lorsque le vent souffle, il monte droit vers le ciel, mon beau poisson noir, on . dirait qu'il va s’envoler avec le petit samourat comme pilote. Il a lair content, lui, il n’a pas l’air de s’ennuyer au moins, il a l’air de rire tout le temps. Je suis jaloux. Tous mes amis ont des fréres et soeurs: tous ont plusieurs poissons accrochés devant leur maison. Mais devant chez moi, il n’y en a qu’un seul... La féte des enfants c’est demain: je m’en fiche pas mall! Demain, je serai encore plus triste, méme si on m’offre plein de gateaux et de bonbons. Ca mest bien égal, de toutes facons j'aime pas les bonbons. C’est la nuit maintenant, tout le monde dort dans la maison. Mais je.n’ai_ pas sommeil. Dehors, c’est la tempéte, le vent arrache tous les pétales des pivoines. Otosan (2) sera furieux demain. Moi je m’en fiche, j'aime pas les pivoines.” La tempéte se rapproche, des éclairs traversent le ciel tout autour de la maison. Yukio commence 4 avoir peur. RRRRRRAC... badaboum! Cette fois, la foudre est tombée tout prés de la maison. En tremblant de peur, Yukio ouvre la fenétre. - “Pourvu que mon beau koinobori ne soit pas trop abimé! Et le pauvre petit samourai, il doit étre tout mouillé. Peut-étre qu'il a peur?” Un éclat de rire retentit en haut du mat. - “Tues béte, Yukio! La tempéte ne me fait pas peur du tout! Au contraire, j'adore ¢al” Mais oui, c’est le petit samourai qui parle. D’un seul coup, il saute de son poisson, glisse le long du mat et vient saluer Yukio. - “Alors, comme ¢a, tu. t’ennuies, Yukio? Ca tombe bien, moi aussi! Allez, viens avec moi sur mon koinobori, je t’emmene faire un tour. Ca te dit?” - “Ben ca alors, pense Yukio tout éberlué. C’est la meilleure, celle-1a! Quand je raconterai ¢a aux copains, demain...” : Yukio? Mon poisson nous attend!” Le petit samouraitrépigne au pied du mat. — - “arrive, j'arrive... attends-moi.” Et Ies deux petits garcons s’élancent le long du mat et sautent sur le dos du" nageoires, Yukio, on va a Tokyo.” Le petit samourai hurle pour se faire entendre, tellement le vent est fort. - “Tokyo, mais c’est loin, bredouille le petit garcon. Le petit samourai éclate de rire. “Tu rigoles, avec le vent qu'il y a, on y sera dans une demie-heure. Pas vrai, mon beau poisson? Une rafale de vent plus forte que les autres décroche le poisson de son mat, et E LENDEMAIN matin, Okosan (3) secoue Yukio dans son lit. - “Debout, paresseux, il est tard! Il y a plein de cadeaux pour toil!” Yukio bondit de son lit et se précipite a la fenétre: ouf, le petit samourai est toujours 1a, bien accroché a son poisson. Il lui fait un rapide clin d’oeil et Yukio se. souvient de la promesse qu’il lui a faite la nuit derniére: - “Chaque année, la veille du 5 mai, je viendrai te chercher et nous voyagerons toute la nuit sur le dos de mon koinoborz.” Sr Okasan s’approche elle aussi de la fenétre. -“Quel beau temps ce matin. Et, pourtant cette nuit... Tu as entendu la — Cette tradition wieille de “Ss 2 plusieurs siécles__—_—_s'appelle _ koinobori, gonflé par le vent. ge ay koinobori. - “Accroche-toi bien aux €cailles et aux ~~ tempéte? Je me suis méme levée pour _ voir si le koinobori était toujours 1a... Et bien écoute, tu vas trouver ¢a bizarre Yukio, mais je te jure qu'il n’y était plus. Jai méme cru que le vent I'avait arraché. Mais non, ce matin il était 1a... Pourquoi souris-tu, Yukio?” J 3 (1) Mon oncle. (2) Papa. (3) Maman.