ive PAY dy 9 Ceram CAPITAINE VANCOUVER Nous ne nous arrétons plus . au pied des statues. Nous som— mes des gens pressés; et atailleurs les statues vont se percher aux endroits les plus inattendus. Quel touriste de passage serait capable sans guide de dénicher celle du Ca- pitaine Vancouver, sur la ter- rasse de 1'Hétel de Ville? Le monument domine de vas- tes horizons, qui pour lui commencent 4 se borner. On n'y trouverait rien 4 redire si, de la Rue de Cambie, le capi- taine n'était caché par les blocs massifs de la maivie, et par les. buissons du -jardin mu- nicipal. Les montagnes émergerit de la brume. A l'avant-plan, des -grues jaunes, au long col, pi- votent sur les chantiers. De- bout sur un socle de marbre, le capitaine porte le frac du 13 éme. siécle et les cheveux noués en catogen. Il brave les intempéries comme autrefois sur le pont de sa frégate. Un plan déroulé dans la main gauche, le bras droit tendu, il ressemble & un Gulliver au pays des géants, abasourdi par les gigantesques batisses qui poussent alentour et peu & peu l'emprisonnent. Tl est né en 1767 & King's Lynn, port anglais de la mer du Nord. Ses ancétres étaient originaires du villa- ge de Koevorden, en Hollande, d'ot le nom de Van Koevorden, devenu en Grande-Bretagne Van- couver. Tout jeune, il vit les matelots A boucles d'oreil les déambuler par les rues, et il les entendit se vanter 4 travers les portes ouvertes leg tavernes. Dés 1'Age de 15 ans, il s'embarqua sous les ordres du Capitaine Cook. Sur mer, il apprit & obéir avant de commander. Et aussi 4 rele- ver sur une carte la figure des terres inconnues, et A li- re sa route par les étoiles. On sait comment le Capitaine Cook fut massacré par les in- eS des Iles Sandwich en SL PASIS = Douze ans plus tard, Geor=— ges Vancouver fut chargé par le gouvernement britannique de reprendre les explorations du Pacifique,et d'aller paci- fier le grand océan en allant recevoir des Hspagnols la red- @ition de la céte Nord-Ouest de l'Amérique. Sur les traces de son mattre Cook, Vancouver fit voile en deux bateaux: le Discovery et le Chatham. Il parcourut le Pacifique, don- nant le nom de ses officiers, de sa mére, de ses soeurs, aux lieux découverts: Tahiti, Ha- wai, la Nouvelle-Zélande, la Colombie, 1'Alaska, le virent toura tour. En 1792, le voici dans 1'Anse de Burrard. Le soir, il apercoit les feux des Indiens sur les plages; le jour, leurs canots peinturlu- rés viennent tourner autour de son navire. : Cet homme triste, austére, mort & 40 ans, qui usa 25 ans de sa vie sur mer, but ici du vin et y vécut les plus beaux jours de sa vie. C'est quand il rencontra Don Juan Bodega y Quadra, capitaine au servi- ce de Sa Majesté le Roi d'Es= pagne. Les deux marins heur- térent leur verre en 1'hon- neur de leur pays respectif. Les hommes de noble métier é- ‘prouvent les uns pour les au- tres une solidarité secréte en dépit de leur appartenan- ce A des camps différents. Vancouver et Bodega entrérent en pourparlers et envoytrent lois Tapports. Mais les ré= ponses des Rois d'Angleterre et d'Espagne s'éternisaient, et les deux marins eurent tout Le loisir de se connaf- tre et de se Lier d'une vive amitié. En 1l'honneur de son nouvel ami, Vancouver nomma la grande fle yoisine: Ile- ~ Quadra-et—Vancouver. Les atlas du 19éme. siécle re- produisirent longtemps ces deux noms; puis Les Anglais laissérent tomber celui de 1'Espagnol. Aprés 5 ans de voyage, Vancouver regagna son paySe falade, souffrant des injus—’ tices que les intrigants in- fligent A ceux qui sont loin, Vancouver ramenait d'outremer une liasse de cartes et de papiers, matériaux de ses mé- moires qu'il commenga aussitét. Il abordait le sixiéme volume Lorsqu'il mourut. Son frére acheva l'ouvrage et le dédia au roi d'Angleterre. Tl est de la nature hu- maine de se forger un idéal. L'idéal de notre ville, c'est un marin. Et cela convient ad- mirablement & une cité mari- time. Vancouver! nom évocateur et sonore! vie intégre et aven- tureuse! Ce nom porte aux vas=- tes entreprises. Il insuffle des idées larges comme les é=- tendues de 1'Océan. See prea oa aga a ces ene jPouR LA PLUS FINE CUISINE EUR DINEZ AU Schnitzel House DE VANCOUVER LE RESTAURANT "DU VIEUX MONDE" PAR EXELLENCE | Lundi a Jeudi311.30 AM a 10.30 PM | Vendredi et Samediz11.30 a 11.00 |Dimanche: 5.00 PM a 10.00 PM, sa | 1060 rue ROBSON |_ (ARCADE) MU-2-1210 | Sa a nr EE DT Re LEE LI ST I RE NET RI T_T TTI ge Le Soleil de Vancouver, page 5,21 mars 1969 USAGE ET GRAM- MAIRE Waterproof-Tourist office. TL existe un haut comite pour la défense et’ 1texpansion de la lan- gue francaise, dont M, Philippe Ro s= sillon est le rapporteur genéral,Une note de celui-ci. (nov. 1968) denon- ce, ‘a juste titre, la responsabilite des dictionnaires d ‘usage cou= rant dans la propagation du fran— glaiss , *- Tl est evident qu'aux yeux du public,ecrit-il, l'imtroduction d'un terme anglais dams un dictionnaire lui donne droit de cite, milgre la mention ™ americanisme “ou ™ -angli-_ cisme ", On constate que, malgre la pretention de leurs auteurs a 1'ob= jectivite, les dictionnaires sont necessairement normatifs, en prati- que, * : Et de suggerer, qui est une so= lution de bon sens, de ™ repousser les anglicismes dans des pages ro= ses'", M, Philippe Rossillon a rai- son, et il faut espérer que son ap= pel sera entendu, Cela dit, jtai releve dans sa NOTE cet. exemple discutables w On trouve, dans le PETIT ROEERT,ie ter- me WATERPROOF ( impermeable y qutau= cun Frangais n'emploie, Ce terme a peut-etre figure, vers les annees 20, dans quelque roman a la mode ", Au vrai,ce mot figure deja dans Pierre Larousse ( 1876 ):_ " Manteau impermeable, = Nom donne a une sorte de manteau de femme ", Hatzfeld et Darmesteter ( 1890 } sont plus ex- plicites: "A l'epreuve ( proof ) de l'eau ( water ). Neolog, Manteau impermeable pour dames ",Néologisme? Bloch et Wartburg signalent son ap= parition en 1775 ! OU? | Dans la Description des Arts et Metiers,nous apprend Dauzat,Si on le trouve aussi dans Littre’ (1878 }), ctest marque de la croix qui signifie que le Dic- tionnaire de 1'Academie 1'ignore,les academiciens font ici figure d'ine corruptibles, ' “TL faut done’ louer le grand RO- BERT de flanquer WATERPROOF du signe Vx.,et aussi de nous donner un exele ple de son emploi par les Goncourt: " ..- Je voyais une longue femme, tres pale, empaquetee dans un WATER- PROOF interminable... ( Journal, 28 12-1877 ) "Nous sommes loin de 1920! Et rien ne dit, le vent vestimentai- re soufflant de londres, que le port du WATERPROOF ne , revienne pas bien= tot a la mode, Reconnaissons,neanmoins, que ce VIEUX mot n'a jamais ete’ integre par notre langue, qui se defendait mieux autrefois qutelle ne le fait aujour- dthui, J'ai regu, dtun aimable lecteur de Reims, une lettre bien singuliere par la contradiction de son objet. S'il y proteste, avec raison, contre ltabus de 1*affreux HAPPENING, alors que le francais EVENEMENT. dit la me= me chose, il ajoutes ; * Ala sortie dela gare, ou sur la place de la Cathedrale de nos grandes villes francaises, on trouve l'inévitable SYNDICAT D*'INITIATIVE, deux mots qui n'evoquent pas grand= chose,pour ne pas dire rien du tout. Heureusement, dans notre bonne ville de Reims, le directeur de cet orga= nisme a eu la bonne idee d'inscrire (suite page 12,USAGE.....)