et 16=* VENDREDI 15 AOUT 1986 th i a tN tt tt i LE SOLEIL DE COLOMBIE Al aoe : Samedi 16 aodt, pour 35 minutes, 50. danseurs, 8 saxophonistes et 10 musiciens vont investir les 270 métres de béton et de voitures de I'Highway 86! On attend 5 & 10 000 personnes pour ce spectacle. Samedi 16 aovt, 11H00, Expo... Lil 2. Ce cape ae qui cléture une semaine trés dansante organisée par Danse au Canada. Le Soleil a assisté @ la premiére répétition du «Highway 86 event» et rencontré celui qui le prépare depuis six mois: le chorégraphe montréalais Jean-Pierre Perreault. : 3 : «Je regarde. Puis je crée!» Ils sont cinquante. Tous vétus de manteaux et de pantalons gris, de chaussures Rangers noires. De-ci de-la, juste les taches un peu plus claires de quelques grosses cravates. Ils sont cin- quante: foule anonyme qu'une main supérieure aurait répartie en groupes de deux, trois ou dix piétons. Soudain, un mouvement. Un simple mouvement de l'un des cinquante individus et toute la masse des danseurs s’anime. Au fond dela salle de répétition (1) un homme regarde, silen- cieux. Il porte les mémes chaussures que les danseurs. Mais un ample pantalon noir, un pull jaune et une écharpe blanche. Joan. Pree Perreault regarde sa chorégraphie prendre vie sous ses yeux. votre de travailler? Jean-Pierre Perreault: Je ne dirige jamais directement, en effet. Je passe des notes 4 mon assistante, Tassy Teeckman a qui jai expliqué auparavant mes chorégraphies. C'est elle qui se charge de corriger les séquences. Jai travaillé dix ans avec elle et. nous nous entendons parfaite- ment. Pendant qu'elle dirige, je peux voir le résultat de facon trés objective, chorégraphies. Moi, j’oublie trés vite. Elle, c'est ma mémoirel! LS - Retracez-nous la genése de cet “Highway 86 event”. — JPP: Au cours de l’été 85, j'ai été chargé par l'association Danse au Canada de créer un événement sur le site d’Expo. En T° janvier 86 jai débarqué a Vancouver pour un premier contact avec Expo. Highway 86 est le seul élément qui m’ait vraiment emballé. J'ai alors contacté les gens de Site (un groupe de sculpteurs new-yorkais en oubliant mes - NDLR) qui avaient concu cette sculpture géante: ils ont été séduits par ma proposition et m’ont envoyé toute une pile de documentation que j'ai com- mencé a étudier. Puis, au début du mois de mai, je suis revenu. Plusieurs fois, trés tot le matin, je suis allé m’asseoir sur Highway 86. Et jai commencé 4 jeter sur le papier des centaines de dessins. En fait, depuis deux mois, je passe mon temps a dessiner. Car je ne suis pas seulement chorégraphe, je suis également plasticien (Jean- Pierre Perreault sort de ses cartons un petit carnet aux pages couvertes de notes et de ’ silhouettes stylisées: reconnatssa- bles au premier coup d’oeil, comme celles quit peuplent le dessin reprodutt ci-dessus.) LS - Quel est le message que vous cherchez a faire passer? JPP - Je ne veux surtout pas faire passer de message. Mon travail s'adresse au subconscient, c’est une réflexion au niveau de la forme. Highway 86 est une route: jai voulu créer une masse de piétons, une foule anonyme. C'est pourquoi les costumes créent cette impression d’unité. D’une masse de personnes sur une autoroute claire se dégage une telle énergie, au moindre mouvement, ‘qu'il n’était pas besoin de rajouter des couleurs. LS - Pourquoi cinquante danseurs? JPP - J'ai plutét I’habitude de travailler par douzaines. Cin- quante personnes, c'est un upe assez important pour créer des effets de masses, mais qui reste malléable, pas trop difficile a diriger. En créant cette oeuvre, j'ai imaginé un vocabulaire trés épuré. Cela facilite la communi- cation pendant les répétitions. -nistes sont LS - Comment s’est passée cette premiére répétition? JPP: sires abien!=Je.: ne connaissais pas la moitié des danseurs, qui viennent de tous les coins du Canada. Je suis trés content du résultat. LS - Parlons un peu de la musique... JPP - Elle fera pleinement partie du spectacle. Les dix musiciens et les huit saxopho- intégrés a la chorégraphie. Et j'ai travaillé dés le début en étroite collaboration avec le compositeur, David McIntyre. La musique sera répétitive, mélodique, mélanco- lique et trés accessible... LS - Peut-étre une parenté avec celle d’Urban Sax, qui est passé a Expo il y a un mois? JPP - Jai entendu parler pour la premiére fois d’Urban Sax il y a un mois! A ce moment-la, les gens d’Expo nous ont suggéré de changer d’instruments... Mais nous travaillons avec des saxos depuis des années et il n’y avait aucune raison de changer. Non, je n’ai toujours pas vu Urban Sax. Et je ne veux pas le voir avant le spectacle de samedi... regardant les gens! Je passe mon temps a regarder les gens. Pour moi, cest ca le travail de création. Je regarde.Puis je crée. Charles-Henri et (1) - Les répétitions du “Highway 86 event” ont eu leu au Totem Park Ballroom de UBC. JPP et le GPL* Jean-Pierre Perreault a commencé sa carriére de danseur en 1967 au Groupe de la Place Royale, une compa- gnie montréalaise pionniére de la danse moderne. Il y fait travers le Canada (cette méme année, il a animé une session 4 l'Université Simon Fraser) . En 1984, il retourne a Montréal et fonde sa propre compagnie de danse, la ses débuts de chorégraphe en Fondation Jean-Pierre 1971 et, pendant dix ans, il Perreault. restera co-directeur artistique Le chorégraphe poursuit une du Groupe. En 1981, il quitte le Groupe carriére de professeur au département de Danse de de la Place Royale pour aller l'Université du Québec a enseigner en Europe et a Montréal. (*) - Jean-Pierre Perreault et le Groupe de la Place Royale, bien sir!