-— ’ dour-sur-Glane Le Soleil de Colombie, vendredt 6 novembre 1987 - 13 Hi — VOYAGES Récit d'un tour du monde Oradour, vision d'épouvante Par Jean-Claude Boyer Le matin du 27 octobre 1984. Le train Vierzon-Limoges (centre-ouest de la France) est bondé en ce début du congé de la Toussaint. Le ciel est splendide. En arrivant 4 Limoges (mes Parents ont vécu une trentaine d’années dans un. village québé- cois au joli nom de Val-Limo- ges) , je consigne mon sac a dos a la gare - dite des Bénédictins. le débarquement de Normandie, le 6 juin 1944 (je suis né le mois suivant), les Allemands furieux se déchainent contre la popula- tion civile francaise et se livrent a de laches représailles. Oradour- sur-Glane, jusque-la paisible et prospére village, devient le théatre d’un acte terroriste parmi les plus odieux. Ce jour-la, le samedi 10 juin, les" villageois vaquent a leurs La maison et la voiture du docteur Désourteaux qui rentrait de faire une visite a un de ses malades. I] fut massacré avec les autres et la voiture incendiée sur place. Promenade dans les vieux = quartiers ou deux ponts du XII le siécle franchissent la Vienne; rue dela Boucherie, aux maisons fort anciennes; cathédrale Saint- Etienne (XIIIe-XIVe siécles) et . son portail flamboyant; fameu- ses porcelaines de Limoges exposées dans les vitrines... Repas léger. Puis enfin auto-stop pour me rendre 4 Oradour-sur- Glane, le village martyr de la Deuxiéme Guerre mondiale. C'est le directeur d’une institu- _ tion pour handicapés physiques qui me prend en voiture. Nous roulons dans un paysage harmo- nieux aux souples vallonnements. Parvenu a l’entrée du village en ruines, je me dirige vers un petit magasin ow l’on vend cartes postales et documents divers sur le site tragique. Je tourne les pages de l’ouvrage officiel ORADOUR-SUR-GLANE, VISION D’'EPOUVANTE pour me plonger l’esprit au coeur du drame. Les termes les plus lugubres, les plus macabres de la langue francaise semblent y avoir été €épuisés : cris effroyables, déchirants; muets de frayeur, atterrés, épouvantés; hurlant, les yeux horrifiés; la pire barbarie, les pires atrocités, la derniére brutalité; cyniquement, sinistre- ment; détresse, monstruosités, désastre; horrible massacre, abominables forfaits, affreuse tuerie; cruauté perfide; specta- cle hallucinant, apocalypse, etc. Je remets le livre en place, le coeur serré, achéte quelques cartes-souvenirs et m’achemine vers ce qui reste de l’église (fin du XVe siécle), foyer principal du drame. Rappelons briévement les faits, en nous aidant de cet ouvrage que le syndicat d'initiative de la nouvelle municipalité d’Ora- (construite a proximité du lieu historique) a bien voulu par la suite me faire parvenir. Immédiatement aprés occupations coutumiéres, les enfants vont a |l’école; des voyageurs rrivent, d’autres partent... Vers 14 heures, un détachement de SS (quelque 200 hommes, cantonnés dans la région. avoisinante depuis la veille) envahit le village, enjoignant a tous, sans excep- tion, hommes, femmes et enfants, de se rassembler sur le Champ de Foire, munis de leurs papiers, pour vérification d'iden- tité. La grande place est bientét remplie : plulsieurs centaines de personnes, dont les notables, les maftres avec leurs éléves, les malades, des méres portant leurs bébés dans les bras... Autour d’eux, soldats armés de mitrail- lettes. Il faut trouver un prétexte au massacre qui se prépare. Un interpréte annonce : «Ilya ict des dépéts clandestins d’armes et de munitions accumulés par des terroristes’. Nous allons opérer des perqutsttions. Pendant ce temps, et pour faciliter les opérations, nous vous rassemble- rons dans les granges...» (Il n’existe aucune raison pour justifier les moindres représailles a Oradour.) Les hommes sont alors répartis dans six granges, tandis qu’on améne femmes et enfants dans l’église. Dans |]'une de ces granges, selon le témoignage de survivants, quatre soldats poussant tout a coup un grand cri ouvrent le feu sur les villageois terrifiés. Le mitraillage cesse; les bourreaux, ‘escaladant les corps abattus, achévent a bout portant, au revolver, les blessés qui remuent encore. Paille, foin, échelles, tout ce:qui est combustible est entassé sur les corps... Ils mettent le feu qui se répend, crépite, couvrant les gémissements. Des cing autres granges, personne n’a_ pu s’enfuir, mais la scéne a été sans doute la méme, atroce, inhumai- ne. Cité Martyre : 22 juin 1944. Plus sauvage et plus épouvan- table encore le massacre des femmes et des enfants. Une seule asurvécu : Marguerite Rouffan- che, 47 ans, qui perd dans la tuerie son mari, son fils, ses deux filles et son petit-fils. (On me dit qu'elle vit encore.) Vers 16 heures, des soldats placent dans la nef, prés du choeur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassent des cordons qu'ils laissent trafner sur le sol. On devine la suite. Ces cordons allumés, le feu se communique a Yengin qui explose. Horreur! Certaines, épouvantées, enfon- cent la porte de la sacristie pour s‘échapper. Les Allemands les abattent froidement. Mme Rouf- fanche fait la morte, tandis que sa fille, 4 ses c6tés, tombe sous la rafale. Une fusillade éclate dans l’église méme... Ayant échappée au carnage, sans blessure, Mme rouffanche profite d’un nuage de fumée pour se glisser derriére le maitre-autel. Elle parvient a se hisser jusqu’a une fenétre pour se jeter a l'extérieur. Une femme !’a suivie avec son bébé. Alertés par les cris de l'enfant, les Allemands les mitraillent. La mére et — — l’enfant sont tués. Mme Rouffan- che est elle-méme blessée en gagnant un jardin voisin. Dissimulée parmi des rangs de petits pois, elle attend dans l'angoisse... On ne vient a son secours que tard le lendemain aprés-midi. Ce sont ainsi 643 personnes qui périssent -massacrées dans ces granges et dans l’église. Bien d’autres cadavres sont retrouvés ici et 14 dans les décombres du village pillé et incendié. Tableau pathétique parmi tant d’autres : dans le _ confessionnal, on découvre, épargnés par le feu, les’ cadavres €mouvants de deux tout petits se tenant par le cou; ils portent des traces de balles de revolver 4 la nuque. Une page d'histoire vient d’étre tournée. Et quiconque la ‘lit aujourd'hui s‘étonne justement de la folie de homme. Je marche avec lenteur, dans l’église d’abord. Prés de l’autel : la structure d’un landau, une cloche fondue... Puis je m’ache- mine vers le cimetiére a travers les rues désertes. Je m’arréte devant la voiture rouillée du docteur Désourteaux et les ruines de sa maison. (II rentrait, ce jour-la, de faire une visite 4 un malade.) Poste, boulangerie, Champ de - Foire, puits surmonté d’une croix de bois qui porte un écriteau oi se lit : Ict des habitants furent enfouts. Recuetllez-vous. Les visiteurs ne sont pas autorisés a pénétrer dans les ruines, bien entendu. On distingue, entre les pans de murs de pierre renforcés, bicyclettes, poéles, lits, machines a coudre... Je visite le musée (souterrain) du souvenir oi sont exposés une grande quantité d’objets divers alliances, ciseaux, clefs, jouets, baleines de corsets, objets de piété, billets de banque partiellement bralés. .. Parvenu au cimetiére, je prends le temps de lire plusieurs petits textes fort touchants qui accom- pagnent, sur les tombes, des photos des martyrs. Je déambule le long des allées. Des visiteurs déposent des fleurs. Un couple nettoie 4 la brosse une pierre tombale. Chuchotements a peine percus. Je me recueillé devant les restes d'une famille de sept enfants. Un monument en forme de tour se dresse au milieu de ce jardin de la mort. Je sortirai d'ici bouleversé au-dela des mots. Ma visite terminée, je retourne a Limoges en auto-stop. Le temps est radieux. Un jeune sculpteur de pierre s’arréte et m’invite a monter. Ses propos passionnants sur l’art sculptural et sur le célébre peintre Corot, qui a consacré plusieurs toiles remar- quables aux bords ombragés de la Glane, chassent rapidement mes sombres pensées. La vie conti- nue, sans aucun doute. Oradour (du latin oratorium, oratoire, lieu destiné a la priére) , dont le nom chante a l’oreille, est, depuis 40 ans, ]’un des symboles vivaces de la barbarie nazie. Il restera gravé dans ma mémoire a jamais. : _ INFORMATION Offrez-vous le B.C. Club Vous, messieurs, qui gravitez dans le onde effervescent des affaires; vous, mesdames, qui évoluez dans leur sillage ou a leur cété; faites-donc un détour par B.C. Place, cet espace sobrement futuriste avec juste ce qu'il faut de couleurs pour préserver sa modernité classique. Ici, le British Columbia Club a élu domicile, a l'initiative du gouvernement provincial qui désirait conserver cette structure prestigieuse, créée avec succés lors de l’exposition universelle de Vancouver. Depuis le mois d’octobre 1986, donc, le B.C. Club accueille une clientéle essentiellement compo- sée d’hommes d'affaires, petits ou grands, et de _ responsables politiques. On vient ici pour échapper au décor vu, revu, et corrigé de son lieu de travail, seul ou accompagné, entre amis, ou pour affaires. Ici, on parle achat, on parle vente, on parle accord, on parle contrat, on parle signature, on parle loisir, on parle... Mais on le fait avec plaisir, dans un endroit nouveau, loin du bureau devenu trop conformiste. Tout est organisé pour réaliser l’osmose entre le plaisir et le fonctionnel. Un coup de fil a passer? Le téléphone est a disposition 4 deux pas du bar achalandé! Vous organisez un banquet ou une conférence? Cing salles vous appartiennent choisissez en fonction du nombre d’invités! Vous prévoyez un petit déjeuner, un déjeuner, un diner? Faite le savoir, on s’occupe de vous! Pour cela, cinquante personnes s’affairent en silence, en coulisses ou dans les salles, histoire de garantir un service efficace et discret. Les serveurs défilent dans une unité de ton : ils portent un veston et un pantalon bleu gris, surmontés d'un noeud papillon rose saumon. Tout cela se marie fort joliment avec l'environnement composé de salons aux couleurs pastelles. Feutré, luxueux sans excés, le B.C. Club respire le bon goat. 2500 personnes se sont déja laissées tenter, payant 295 collars leur carte annuelle de membre du club (c'est gratuit pour le conjoint). Les menus, confiés au savoir-faire d’un cuisinier fran- Cais, ne procurent que l’embarras du choix, et la carte des vins n’en finit pas. Bref, le B.C. Club se laisse apprécier sans effort. Bientét, pour y adhérer, il faudra avoir patienté sur une liste d’attente. Cette derniére n’existera qu’une fois enregistrée la cotisation du $000éme membre. Vous, peut-étre? INEQ6 == Postes Services bilingues & Prince George La société canadienne des postes annonce l’ouverture du premier bureau de _ poste auxiliaire 4 Prince George qui offre des services dans les deux langues officielles. Le bureau est situé dans les locaux du Cercle des Canadiens-francais, au 1752, rue Fir. Une gamme de produits postaux dont les timbres, les mandats-poste, les envois recom- mandés ainsi que le pesage des colis sont disponibles aux clients de la Société canadienne des postes. Ce bureau 4 titre bilingue fait partie maintenant d’un réseau de neuf bureaux auxiliaires dans la communauté de Prince George. Les bureaux auxiliaires sont gérés par des commercants et les heures d’ouverture sont souvent trés flexibles - aspect que les clients trouvent pratique. Il existe €galement des bureaux auxiliaires dans les localités de Vancouver, Nanaimo, Kelowna et Delta. En plus, les clients de la Société canadienne des postes peuvent étre servis dans les deux langues officielles, dans deux des bureaux de postes 4 Vancouver,. un a Coquitlam et un 4 Kelowna.