par Ginette Gratton école ne laisse per- sonne indifférent. Sans doute parce qu’elle ha- bite les souvenirs d’en- fance de chacun d’entre nous et qu’elle représente pour nos en- fants la plaque tournante entrela vie familiale et la société. Outre le fait que tous et chacun nous contribuons financiérment a son soutien, l’école ne laisse per- sonne indifférent parce que la vie quotidienne de la majorité des foyers canadiens est organi- sée autour de son horaire et ses exigences. Mais d’une perspec- tive plus globale, l’école inté- resse tout le monde parce qu’on sait trés bien que la qualité de vie des individus et que l’avenir des communautés s’y jouent. C’est cette derniére réalité qui explique toutes les attentes des communautés francophones hors Québec a l’égard de leurs écoles. Au fond de nous-méme, nous savons que 1’école peut contri- buer a l’assimilation de nos enfants, Ou assurer leur épa- nouissement. Pour saisir toute la dynamique qui entoure cette réalité, il faut prendre conscience de son potentiel, puis identifier les conditions qui maximiseront le développement de 1’école francaise hors Québec et, par le fait-méme, de la francophonie pan-canadienne. uo Lécole; toute. école;: est d’abord le reflet de la commu- nauté. Elle doit s’adapter aux contextes, aux besoins, aux aspirations et aux ressources de la communauté qui 1’a créée. Elle doit refléter les valeurs de cette communauté pour laquelle elle existe et la rendre visible aux yeux du monde. L’école, c’est le bastion de la commu- nauté. En méme temps 1’école exerce une influence énorme sur les comportements, les valeurs, les attitudes des enfants, des adolescents et des adultes qui la fréquentent et, par ricochet, de la communauté dont ils sont membres. Elle peut aider une communauté a réaliser son ima- ginaire collectifcomme elle peut tout aussi bien participer a le faire disparaitre. Double pouvoir L’école est donc le reflet de sa communauté, tout en étant un agent qui lui permet d’évoluer. Pour les francophones hors Québec, ce double pouvoir de l’école revét une importance fondamentale. Notre incessante lutte pour obtenir nos institu- tions scolaires et nos revendica- tions pour en avoir la pleine gestion trouvent leur raison d’étre 4 méme notre volonté de perpétuer notre culture, d’affir- mernotre existence aux yeux du monde, de favoriser notre épa- nouissement et de nous permet- tre de participer pleinement a l’évolution de la société cana- dienne. See et caer “eo HdOUNDN Ud sizigiq-sietl Compte tenu de notre disper- sion géographique, compte tenu de notre isolement linguistique et culturel dans les médias, dans la vie culturelle qui nous en- toure, dans notre milieu de tra- vail, dans nos cercles sociaux et dans ceux de nos enfants, comp- te tenu également de la solitude de nombreux francophones a l’intérieur de mariages mixtes: les francophones hors Québec mettent tous leurs espoirs dans V’école. En plus de la transmission des connaissances et du déve- loppement des habiletés, les parents francophones hors Qué- bec veulent que l’école les aide a donner a leurs enfants le sens de leur identité et de leurs possi- bilités. Les parents francopho- nes en milieu minoritaire doi- vent, contrairement aux parents anglophones qui ont d’autres choix, compter sur l’école pour continuer la transmission cultu- relle a leurs enfants et pour affir- mer leur existence aux yeux du monde. Pour répondre a ces attentes, hautement justifiées, 1l’école francaise doit véhiculer des va- leurs et une vision du monde qui correspondent a la culture de l’éléve, de ses parents et de la communauté pour laquelle elle existe. Ces conditions sont es- sentielles pour que les enfants, les adolescents et les adultes qui la fréquentent puissent saisir le sens réel de leur identité, réali- ser leur potentiel et permettre la survie de la communauté. L’école frangaise hors Qué- bec est-elle en mesure de relever le défi? Malgré 1’assimilation croissante et la conjoncture po- litique et sociale qui prévaut actuellement au Canada, l’école frangaise hors Québec peut re- donner a la communauté sa rai- son d’étre et son dynamisme. Aux parents d’abord Pour cela, il faut d’abord re- connaitre que la communauté pour laquelle 1’école existe et a laquelle elle appartient, est composée de ces parents qui, dans la vie familiale, inculquent a leurs enfants la connaissance, le respect profond et l’amour de leur langue et de leur culture. Elle appartient aussi 4 ces pa- rents francophones, ayant aban- donné partiellement le francais et qui désirent sincérement re- donner ses racines et sa vérita- ble identité, 4 leur famille. Ces foyers, qu’ils soient francopho- nes ou mixtes, désireux de vivre pleinement leur culture fran- caise, forment la communauté premiére pour laquelle 1’école frangaise existe. Les responsa- bles del’éducation doivent donc étre sensibles 4 leurs préoccupa- tions, a leurs besoins et a leurs aspirations tant dans le domaine scolaire que communautaire. Dans la majorité des cas, l’école est la seule et unique ressource qui appartienne a cette communauté et qui refléte son existence au monde et a ses -hdH sleod‘i ob inejiooub ol Ssh, propres membres. Par le fait méme, elle ne doit pas étre per- cue comme relevant d’autorités lointaines. Aucontraire, elle doit permettre aux parents de parti- ciper pleinement a1’élaboration et ala réalisation de son orienta- tion. Pour cela, il faut absolu- ment que tous les intervenants se regroupent, laissant de cété leurs différences, pour se con- centrer sans tarder sur l’avenir et le dynamisme de leur école et de leur communauté. La composition du groupe d’intervenants peut varier d’une communauté al’ autre, mais dans lamajorité des endroits elle com- prend des conseillers scolaires, commissaires d’école franco- phones, des parents, des éduca- teurs (enseignants, conseillers pédagogiques) un directeur d’école et des éléves, auxquels s’ajoutent les groupes sociaux et les regroupements d’ affaires. Articuler ensemble Guidés par le leadership des responsables de l’école (con- seillers scolaires/commissaires d’école 14 ov il y en a, ou direc- teurs d’école), tous les partenai- res clés de la scéne scolaire et communautaire doivent ensem- ble articuler de fagon concréte l’orientation scolaire et commu- nautaire qu’ils veulent donner a leur école. Bien sir, l’engagement des parents et de la communauté dans lavie scolaire peutparaitre . menagant pour les responsables de 1’éducation. Cependant, sur le plan scolaire, ceci ne signifie pas que les enfants, les parents et les diverses communautés viendront géreret dirigerl’école ala place des conseillers scolai- res élus a cette fin et des profes- sionnels embauchés grace a leurs taxes. D’ailleurs ce n’est pas l’objectif des parents. Leurs prin- cipaux intéréts concernent les apprentissages et les comporte- ments de leurs enfants, le trans- port et l’aménagement concret de la vie a 1’école ainsi que l’en- semble des activités qui sont dirigées vers la communauté toute entiére. Dans ces domaines scolaires prioritaires, les parents doivent pouvoir assumer un réle impor- tant et positif autre que la prépa- ration de gateaux pour le cama- val ou la vente de papier d’em- ballage pour le voyage de fin d’année. L’école doit surtout réussir a impliquer les parents dans1l’encadrementet]’environ- nement culturels a 1’école et ala maison, afin qu’ils puissent fa- voriser leur propre enracinement culturel et celui de leurs enfants et qu’ ils participent pleinement et avec optimisme a l’avenir de leurs enfants, de leur culture. Par ailleurs, le r6le des com- munautés locales francophones (les clubs sociaux, les bureaux de professionnels, les entrepri- ses privées) doit aussi étre re- connu et maximisé dans la vie scolaire et communautaire de_ 1’école. Grace a leur vocation, a leur compétence spécifique ou a leur disponibilité, celles-ci re- présentent des ressources ines- timables pour les responsables de 1’éducation. Leur participa- tion a la vie de l’école, selon leurs compétences, peut venir compléterles apprentissages des éléves en ouvrant les portes de l’école sur la société et en leur servant de modéles. Lieu de ralliement Sur le plan communautaire, les partenaires clés devrontiden- tifier les moyens que 1’école devra prendre pour redonner ala communauté le godt de la cul- ture (€ducation permanente, équipes sportives, groupes musicaux, etc...). Selon les es- paces et les ressources de1l’école et de la communauté, le groupe devra mettre sur pied des initia- tives qui sauront faire de l’école un lieu de ralliement. L’école, doit étre un lieu de ralliement organisé pour les parlants frangais, tant au cours de la journée scolaire que lors des activités parascolaires et communautaires. Une école qui Sait transmetire aux enfants et aux membres de la communau- té des raisons contemporaines de vouloir vivre en francais, four- nissant des modéles masculins et féminins accessibles dans toutes les sphéres d’activités, _ «Changer l’école, changer la société» ainsi que des héros pour les faire réver. Une école communautaire qui leur donne la passion de vivre en frangais et de vouloir se dé- passer..C’est par cet enracine- ment que l’école peut vraiment devenir un foyer de culture et un agent de développement social. Est-ce réver en couleurs? Au contraire, cette démarche fait preuve d’une reconnaissance réelle du réle de l’école. Elle est optimiste, prometteuse et stimu- lante. Le sentimentde défaitisme et l’engouement aveugle en des pouvoirs politiques et en des structures qui ne correspondent pas aux valeurs de la commu- nauté n’ont pas leur place ici. Il s’agit d’une démarche dy- namique. C’est la revalorisation de 1’école pour stimuler et ren- dre possible 1’épanouissement de la francophonie hors Qué- bec. Enfin, tout dépend de nous, denotre volonté collective d’agir et de notre confiance en nos capacités. L’avenir ne sera pas différent 4 moins que nous soyons décidés a en faire un jour meilleur. Et le point de départ, c’est la co-responsabilité con- certée des partenaires clés de l’école. Ginette Gratton est directrice générale de I’ Association fran- ¢aise des conseils scolaires de l Ontario (AFCSO). ———NORTHERN COLLEGE of Applied Arts and Technology Le succes d’un océan a autre grace a un diplome du College Northern! ‘On salue les employeurs de nos diplomés de 1989 en: Sciences infirmiéres Soins infirmiers auxiliaires Education des petits Techniques en éducation spécialisée Techniques en services de développement Travail social 1-800-461-2167 LLEGE NORTHERN d’ arts appliqués et de technologie 2 066} Siew 6} Np euleWes ‘|| eWN|OA-«jeUOeN Ne[uq» :uoeoNpy