Le Soleil de Colombie, vendredi 9 septembre 1983 — 11

Lettres, arts et spectacles

Un auteur par semaine

Emile Nelligan

EMILE NELLIGAN
(1879-1941)

(S:O:P,);.-—._ -Potte, -né <a
Montréal. Aprés avoir fré-
quenté l’école Olier, le Sémi-
naire de Montréal, le Mont
Saint-Louis, il passe un an au
Collége Sainte-Marie qu'il
quitte définitivement en mars
1897 pour devenir membre de
l’Ecole littéraire de Montréal ;
il assiste aux quatre séances
publiques que les jeunes écri-
vains organisent a la fin de
1898 et au début de 1899.

Les poétes symbolistes, Ver-
laine, Baudelaire, Roden-
bach, Rollinat, Edgar Poe et
la musique de Chopin et de
Paderewski exercérent sur
Nelligan, dés l’age de seize
ans, une influence marquan-
te.

Mais surmené, il doit étre
interné le 6 aout 1899, a la
Retraite Saint-Benoit; trans-
féré en 1925 a l’H6pital Saint-
Jean-de-Dieu, il y restera jus-
qu’a sa mort. Fruit de trois
ans d’efforts, sa poésie, de
facture parnassienne et de
teinte symboliste, refléte un
coeur prématurément meurtri
et une sensibilité surexcitée;
deux de ses poémes, “La
Romance du vin” et “Le Vais-
seau d'or’, résument l’essen-
tiel de son destin d’homme et
' dartiste.

L’oeuvre de Nelligan mar-
que une étape importante
dans histoire de la poésie
canadienne-frangaise.

En effet, la thématique,
autrefois centrée sur le passé
et la patrie, se greffe désor-
mais sur le -présent et la
conscience de l’artiste; l’origi-
nalité de la facture de ses
sonnets et rondels réside dans
leur cohérence musicale; le
style, assorti d’images évoca-

trices et de rythmes expres-
sifs, accentue de maintes fa-
cons la parole poétique de ce
poéte souffrant et solitaire.

Dans sa “Préface” a la
premiére édition des poésies
de Nelligan, Louis Dantin
caractérise ainsi la poétique
de son ami: “II est aisé de voir
que Nelligan, souvent symbo-

‘liste par sa conception des
entités poétiques, est presque
toujours parnassien par leur
expression. Il a le gout trés vif
de cette musique savante a
laquelle les “jeunes” vou-
draient substituer la simple
voix des brises et des flots.

(.:.) Ainsi, de ses attaches"

symbolistes et de son culte-
parnassien, nait une origina-
lité composite, assez bien

balancée toutefois et qui em-
brasse et élargit l’un et l’autre
genre. (...) Emile Nelligan
fut un poéte prodigieusement
doué, a qui il n'a manqué que
le temps et le travail pour
devenir un grand poéte”.

En 1952, en téte de son
édition critique des Poésies
complétes de Nelligan, Luc
Lacourciére souligne 1l’extra-
ordinaire vitalité de l’oeuvre
de l’auteur de la “Romance

du Vin”: “Peu d’oeuvres
canadiennes — parmi les
poétiques surtout — ont

connu faveur aussi grande et
qui se renouvelle 4 chaque
génération.

Il se peut que le sort de cet
infortuné jeune homme, le
malheure qui interrompit sa
carriére avant la fin de sa
vingtiéme année, ait motivé,
dans une large mesure, les
sentiments d’admiration
qu’on n’a cessé d’entretenir a
son endroit”.

Mais la pitié seule ne
saurait expliquer un retour
aussi fidéle vers le poéte du
“Vaisseau d'Or”. A l'occasion
du 25e anniversaire de la mort
du poéte, marqué par une
série d’événements commeé-
moratifs, Paul Wyczynski ap-
porte cette précision: “Au
couchant du XIXe siécle, aux
heures de gloire de 1’Ecole
littéraire de Montréal,
Nelligan fait au Canada fran-
¢cais figure de novateur.

Bercé longtemps par la
poésie patriotique, le public
n‘était pas habitué a l’explo-
sion du moi. L’univers poéti-
que de Nelligan vit de sa
souffrance.

Et dans cette subjectivité a
résonance unique se fixe la
qualité de la forme, qui fait
de Nelligan le premier vrai
poéte lyrique parmi les écri-
vains canadiens-frangais’’.

Son langage est essentielle-
ment cri; frisson, spasme. De
dimension modeste, cent soi-
xante poémes environ, l’oeu-
vre de l’auteur du Vaisseau
d’Or est la légende d'un Moi
dans la légende d’un_ peuple.

Publicité pour une
cure _ damaigrisse-
ment: ‘‘Nous vous
garantissons que vous
perdrez plusieurs li-
vres — et votre mari
aussi + si vous vous
conformez a nos ins-
tructions.’’

Film russe avec sous-titres frangais

les 4 et 10 septembre a 17h00
au Ridge [Arbutus et 16iéme avenue Ouest]

ee

LES FILMS DE LA SEMAINE

VUS PAR GASTON.

‘“‘La Traviata’’

Cette semaine rien de nou-
veau ne sera présenté mais un
cinéma entre autres devrait
retenir l’attention des ciné-
philes pour les prochaines
semaines: commengant le 23
septembre au Park (Cambie
et 18@me) on jouera “La
Traviata”, un film qui décrit
le célébre opéra de Verdi réa-
lisé par Franco Zeffirelli (the
Champ).

Auparavant, trois grands
classiques du Box Office:
2001, A space odyssey qui
terminé cette semaine suivi du
Dr. Zhivago pour laisser place
a Gone with the wind et le
tout sera en 70 mm Dolby
stéréo.

ood

Ceux qui possédent le pro-

gramme du Ridge finissant le
22 septembre devront y effec-
tuer une petite correction: le
film Flight of the Rainbirds a

été annulé pour laisser la
place a la comédie anglaise
The draughtman’s contract
qui durera 3 semaines.

OO

Ne pas manquer le nouveau
film prenant l’affiche cette se-
maine, Pauline at the Beach
d’Eric Rohmer (Le beau ma-
riage). Une comédie dans
laquelle une bande de jeu-
nes s'adonnent a quelques
échanges amoureux pendant
leurs vacances.

Pauline, en francais, aux
sous-titres anglais, devrait
jouer pour une durée mini-
mum de 2 semaines au cinéma
The Bay, 935 Denman.

Prenez aussi note que d’au-
tres films francais seront bien-
tét présentés sur les écrans
vancouverois dont Le Retour
de Martin Guerre et La Nutt
de Varennes.

La Cinémathéque Pacifique

Fantomas et d’autres

La Cinémathéque Pacifi-
que présente a partir du 15
septembre treize soirées de
cinéma francais.

* Le 15 septembre, a 19h30,
un documentaire sur plusieurs
metteurs en scéne sera présen-
té. Marcel Achard, Claude
Autant-Lara, Raymond Ber-
nard, Pierre. Braunberger,
Marcel Carné, Alberta Caval-
canti, Pierre Chenal, Chris-
tian-Jaque, René Clair, Hen-
ri-Georges Clouzot, André
Daven, Jean Dréville, Abel
Gance, Jean-Paul Le Chanois,
Marcel L’Herbier, Georges
Neveux, Marcel Pagnol et
Charles Spaak.

Des extraits de films de ces
réalisateurs seront présentés

ce soir-la: “L’argent” de Mar-
cel L’Herbier, “Autour de
l'argent’”, “Octobre et le cui-
rassé Potemkine”, de Seigei
Eisenstein, “La roue”’ et
“Napoléon” d’Abel Gance et
“Entracte”, “Le silence est
d’or” et “Sous les toits de
Paris” de René Clair.

Une sélection de films de
Ferdinand Zecca sera proje-
tée: “Au bagne”, “L’honneur
d'un pére”, “Noces‘en goguet-
te”, “Cheval emballé”, “Ré-
volution en Russie”.

Et enfin, un film de Louis
Feuillade tourné en 1913
“Fantomas”. :

A la Cinémathéque Pact-
fique, 1155 Ouest Georgia, le
15 septembre a 19h30.

af ‘Odyssée ae

Un excellent voyage

Nous les connaissions déja
sous leur manteau folklori-
que, celui qui les envelop-

. pait lors des Festivals franco-

phones et de la Paciféte. Au
Centre Culturel Colombien,
la semaine derniére, Jean-
Pierre Leblanc et Claude
Giguére ont transcendé leur
réputation et se sont gagnés
celle de musiciens complets.
Il y avait au programme
15000 ans de musique et le
défi de donner un apercu de
son évolution au cours des
siécles. Nous avons effective-
ment voyagé, d’une création
magmatique bien mixée sur
bande magnétique, venue de
l’origine des ages, 4 des duos
pour violon du compositeur
contemporain Bela Bartok.

Sansa et zither

Non, Jean-Pierre Leblanc
ne s'est pas mis au violon: il se
contente de la guitare clas-

sique, de la sansa, du zither,
de la kalimba, et des fla-
tes! Ces duos étaient en fait
interprétés par Claude
Giguére, notre violoniste-em-
bléme, et Paula Wise. Ac-
cords parfaits, méme dans les
dissonances, accord merveil-
leux d’un couple de musi-
ciens dans l’ame. Signalons au
passage une premiére dans
l'histoire de la francophonie
en C.B.: l’interprétation de la
Chaconne de Bach au violon
solo...

Chaque artiste put ainsi
s'exprimer par lui-méme, en-
tre les morceaux en duo, dont
la trés belle Brasiletras numé-
.ro 5 d’Heitor Villa-Lobos.

Chacun nous présentait son
oeuvre, ou l’auteur de celle-ci,
en nous en parlant_simple-
ment et amoureusement. A ce
voyage a travers la musique, il
fallait des guides. Nous nous
sommes laissés promener avec
un immense plaisir. M.G.

Edith Piaf sur l’tle de Vancouver

Devant le succés de la
comédie musicale “Edith Piaf,
ses chansons, ses amours”,
toute la province aura la
chance de la voir.

Puisque Courtenay, Victo-
ria et Nanaimo-~ recevront
cette comédie musicale et
Joélle Rabu, sa vedette.

La tournée se lira ainsi:
Courtenay, Civic theatre, du
20 au 24 septembre‘ Informa-
tion: 922-5234. _ Victoria,
McPherson théatre, du 27
septembre au ler octobre,
386-6121. Nanaimo, Malaspi-
na College, du 4 au 8 oc-
tobre,. 754-1021.

La Troupe de la 16@me

a partir de 13h00.

de leur choix.
bles aux locaux de la Troupe

information,.en téléphonant

Auditions Générales

Des auditions générales auront lieu a la Troupe de
la 16éme, 280 Est Cordova, le dimanche 9 octobre 1983

On demande aux participants de préparer un
monologue de trois & cing minutes dans le répertoire

Des textes d’audition seront cependant disponi-
Vous pouvez vous inscrire ou obtenir toute

pour ceux qui le désirent.
au 682-2628.

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