cee Si i ae at — att ener ena ; VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 16 mars 1990 - 17 Chantilly, pays des Princes de Condé Par Jean-Claude Boyer Logement des religieux de Sainte-Croix (mon ancienne communauté) a Paris, 15 octobre 1984. Je passe la matinée a racheter ma_ nuit «soufferte» dans le train Francfort-Paris : sommeil, mise a jour de mon_ journal, correspondance, conversation amicale avec deux fréres montréalais de passage a Paris. Une journée dans un ermitage ne serait pas plus reposante. En début d’aprés-midi, achat du «coupon jaune hebdoma- daire a insérer dans la carte orange», qui permet de voyager librement a lintérieur de la région des transports parisiens. Jeme rends ensuite ala gare du Nord prendre le train pour Chantilly (Oise), petite ville ' réputée pour son chateau et ses concours hippiques. J’attends l'heure du départ dans un restaurant «Free time» (j’en- tends «fri-time», comme dans «intime»), guide Michelin sous les yeux. Alatable voisine, une Japonaise dessine d’une main. experte une vieille dame assise qu'elle observe par la fenétre. Les regards admirateurs ne la génent nullement. Je monte bient6t dans le train qui m’emporte en Picardie. Parvenu. a Chantilly, je me rends compte que le chateau se trouve a une bonne distance de la gare. Un résident - un Cantilien - me conseille de passer par |’hippodrome, méme si celan’est pas permis. Je me mets donc en marche. Des nuages gris s’accumulent dans un ciel mouvant. Soudain, j'apercois la jeune artiste japonaise, debout a l’entrée du champ de course, jetant au loin des regards circulaires. J’ai tdt fait de la féliciter pour le petit chef-d’oeuvre du «Free time». Elle me remercie avec un sourire hésitant. Nous nous achemi- nons vers l'autre extrémité du champ, émerveillés tous deux par l’aspect royal des Grandes Ecuries et du «Musée vivant du Cheval». «C est bien la premiére fois, lui dis-je, que je suis porté a prendre de vulgaires écuries pour un vaste chateau!» Autre sourire énigmatique. Terrasse du Connétable, statue équestre d’Anne de Montmorency, chiens en bronze, grille flan- quée de copies des Esclaves de Michel-Ange, cour d’honneur. Nous pénétrons enfin dans Villustre demeure des princes de Condé (1643-1830). La jeune artiste présente une carte des «Amis du Louvre» et se dirige vers les galeries de peinture du Musée Condé, .me gratifiant d'un dernier sourire timide. J’attends I’heure de la visite accompagnée des appar- tements et de la chapelle en furetant dans un étalage de cartes postales. Légende derrié- - re une «vue du ciel par Alain : Perceval»: «Légué al ‘institut de ' France en 1886 par le duc . d’Aumale, ce magnifique-cha- ‘teau, ancienne forteresse du Moyen Age, fut reconstruit au XVle siécle par le ‘connétable Anne de Montmorency, puis embelli a diverses é@poques.» Cing chateaux se sont succédés ici depuis 2,000 ans. C’est un gallo-romain, Cantilius, qui édifia sur cette ile rocheuse une premiére maison _ fortifiée. Chantilly est né de ce nom et de cette construction. Le guide nous apprend d’abord que le chateau fut gravement endommagé pen- dant la Révolution, mais plus tard rendu a son ancienne splendeur. Ne retenons de cette visite guidée qu’une simple énumération, évocatrice des raffinements princiers: super- bes boiseries, élégant mobilier, peintures et statues diverses, riche collection de manuscrits, porcelaines «tendres» de Chan- tilly, tapisseries, ensemble de «singeries» dans une profusion de dorures, belle rampe en fer forgé, plafond a caissons, bois, vitraux du XVle siécle, mauso- lée, cippe contenant les coeurs des Condé... Le célébre Musée Condé miintéresse davantage. J’y circule librement, ébloui par tant d’oeuvres de grands “maitres, dont «Les trois Graces» (Raphaél), «L’Automne» (Botti- celli), «Concert champétre» (Corot), «Chasse au faucon» (Fromentin). Me reviennent a la mémoire les legons de beaux- arts du samedi matin a l'internat. La présentation ne manque pas de m’étonner, les oeuvres n’étant groupées ni par époques, ni par maitres. Le guide vert souligne que le duc d’Aumale, fondateur du musée, groupait les tableaux au hasard de ses acquisitions. J’apercois de nouveau la petite Japonaise en train d’achever une reproduction identique du «Massacre des Innocents» de Nicolas Poussin, tableau sai- sissant d'une mére éperdue tentant de retenir le bras de assassin. Je n’ose pas distraire une si grande artiste. Quel talent! Je me remets a circuler, cette fois avec un grand chatain de Biarritz aux airs de «Monsieur le Prince» - moustache parfaite- ment effilée. ll attire mon attention sur plus d’un détail, commele faisait le frére Forand, mon meilleur professeur d’art. Précieuse collection de ta bleaux de petit format, oeuvres des fréres Clouet, de Corneille de Lyon, etc. Autres grands noms: Lippi, Fouquet, Wat- teau, Ingres... Mon compagnon décide de retourner dans une autre salle. M’attardant devant «L’assassi- nat du comte de Guise», je demande a un jeune gardien pourquoi ce tableau n’est pas au chateau de Blois,ou ledramea eu lieu. Il me répond: «Ce.n ‘est qu'une reproduction. - Mais alors, le portrait de Moliére par Mignard [qui illustrait mon histoire de la littérature], c'est aussi une reproduction? - Ah non, ¢a cest /original. - Ne pensez-vous pas qu'on devrait l'indiquer lorsque cest une reproduction? - Bien sar, mais, Monsieur, vous savez bien que rien n'est parfait en ce monde.» Qu’ajouter acela? Je fais part de mon étonnement a trois autres gardiens en train de causer. «Evidemment que cest I origi- nal!, s‘exclame I’un d’eux. On l'indique toujours quand cst une reproduction... Lui, c’t’un ptit con qui sprend pour quelqu'un. Faut parfois s'méfier de ceux qui affirment de maniére catégorique!» Voila pour la morale. Encore quelques tableaux, et ma visite est déja terminée. Magnifique, ce Musée Condé. On dit que, de nos jours, toute tentative de constituer une pareille collection serait sans espoir, méme avec un pouvoir d’achat illimité! Avant de quitter le chateau, je me procure, comme d’habitude, une série de cartes postales- souvenirs. Ne trouvant pas le «Massacre des Innocents», je m’adresse a la serveuse, a tout ~hasard. Elle me présente une boite de vieilles cartes jaunies dans laquelle je finis par dénicher un «Massacre» un peu... massacré. Tant pis. ll me rappellera le sourire a la Joconde de la jolie Japonaise. Promenade a |’extérieur. Le ciel menace de crever a tout instant. Forét, parterres, mi- roirs d’eau, bassin circulaire, reflets du chateau, statue de Moliére... Je resalue le beau Biarrot moustachu en_ train d'observer les effigies de La. Bruyére et de Bossuet. Il me raconte que tous les grands écrivains du XVlle siécle sont venus ici: Racine, Boileau, La Fontaine, Mmes dela Fayette et de Sévigné... C’est méme grace a Condé que Moliére obtint l'autorisation de représenter «Tartuffe». En retournant a la gare, par l'artére principale de la ville, je me surprends a comparer la mairie aux fastueuses écuries: un petit poulailler! Une affiche annonce le film québécois «Maria Chapdelaine» en ces termes: «Carole Laure dans la plus belle histoire d'amour du monde». Maria ‘et Francois auraient donc détr6né Roméo et Juliette? Franchement! J’arréte dans un petit magasin pour acheter pommes, fromage et baguette. «Je regrette, cher monsieur, dit la serveuse, nous n’avons plus de baguettes, et il ne reste qu'une ficelle.» Visage, sourire, voix, accent, tout est ravissant chez cette jeune personne. Nous causons quel- ques instants. Ses voyelles sont d'une pureté parfaite. Combien ~ plus chantante que l'anglais et le chinois, cette langue de Moliére. Et hop!, en train, une fois de plus. Reprennent les bruits monotones. Je m’installe pour un «pique-nique sur banquet- te», arrosé d’eau fraiche, puis pour m’abandonner au som- meil. Réveil en sursaut, tout remis. Mes réveries me raménent a Chantilly et au guide Michelin... Cette ville fut le siége du grand quartier francais au cours de la Premiére Guerre mondiale... C’est aujourd’hui la capitale francaise des pur-sang (3,000 chevaux). Je trouve ce passage sur Anne de Montmorency digne d’un western-spaghetti : «A 75 ans, Montmorency entre en campagne contre les Protestants et trouvelamort ala bataille de St-Denis. Pour abattre ce rude /utteur, i! faut cing. coups dépée qui lui tailladent le visage, deux coups de masse sur /a téte et enfin une arquebusade qui lui rompt la colonne vertébrale. Avant de S effondrer, il brise encore une machoire avec le pommeau de son épée.» Qui dit mieux? De retour a |’étage-résidence des Sainte-Croix, je passe une partie delasoirée devant le petit 6écran. Aux nouvelles, extraits d’allocutions de Jean-Paul II a Montréal. Le frére D’Amour m’invite ensuite a «piquer une bonne jasette» dans sa cham- bre. Nous ne tardons pas a régler les problémes de la communauté, de |’Eglise et du monde. Et vient «/a nuit qui abolit tout, fatigues et pas- sions» (Sartre). La Société historique de Saint-Boniface Description de taches Le difecteur général: - gére la S.H.S.B.; - collabore avec les comités la S.H.S.B.; Exigences connexe); - expérience administrative; patrimoine franco-manitobain; langue officielle. a l’adresse suivante: RECHERCHE UN DIRECTEUR GENERAL - est directement responsable auprés du Conseil d Administration de la Société historique de Saint-Boniface; - assure |’administration générale de la S.H.S.B.; - dirige les projets et activités de la S.H.S.B.; politiques établies par la $.H.S.B.; - applique les politiques du personnel telles que définies par le Conseil d'administration de la S.H.S.B.; - entreprend les démarches pour assurere financement général de - assiste |’administration de la Maison Riel. - bonne connaissance de l'histoire du Canada et de |’Ouest canadien en particulier (spécialisation en histoire ou discipline - connaissances des principes archivistiques; - doit faire preuve d'initiative et d'intérét particulier pour le - bonne connaissance des deux langues officielles; - bonne connaissance et expérience du milieu minoritaire de Entrée en fonction: le 1er juin 1990 Salaire: a négocier selon |’expérience et les qualifications. Les personnes intéressées sont priées d’envoyer leur curriculum vitae (avec références) et tout détail pertinent avant le ler avril 1990, La Présidente La Société Historique de Saint-Boniface C.P. 125, Saint-Boniface (Manitoba) R2H 3B4 pour assurer |’exécution des iv Canadian Radio-television and Vancouver (604) 666-2111. Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes Telecommunications Commission DECISIONS Décision 90-0209. Shaw Cablesystems [B.C .]Ltd., North Saanich, Central Saanich et Sidney (C.-B.). du tarif mensuel de base de 1,74%. Ow puis-je lire les documents du CRTC?Les documents duC.R.T.C. peuvent étre consultés dans la «Gazette du Canada», partie 1, aux bureaux duC.R.T.C. et dans la section référence des bibliothéques publiques. Les décisions du Conseil concernant un titulaire de licence peuvent étre consultées, a ses bureaux, durant les heures normales d'affaires. Vous pouvez également obtenir copie des documents publics du C.R.T.C. en rejoignant le Conseil 4: Ottawa-Hull (819) 997-0313; Halifax (902) 426-7997; Montréal (514) 283-6607; Winnipeg (204) 983-6306 et Canada CRTC REJETTE - Majoration proposée